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LES CINQ SOUS DE LAVAREDE

 

 LES CINQ SOUS DE LAVARED

 

Année : 1939
Pays : France
Genre : comédie
Durée : 2 h 05 min.
Noir et blanc

Réalisateur : Maurice CAMMAGE
Scénario : Jean-Louis BOUQUET, Henri CHABRILLAT

Acteurs principaux :
FERNANDEL (Armand Lavarède), Josette DAY (Miss Aurett Murlington), ANDREX (Jim Strong), Félix OUDART (Le capitaine Heaven Way), André ROANNE (Jim Strong), Henri NASSIET (Jack).

Musique : Casimir OBERFELD     
Photographie : Georges CLERC     
Producteur : Maurice CAMMAGE
Compagnie productrice : Société de Production du Film Les Cinq Sous.


Avions :

  • - Bloch 220, c/n 4, F-AOHD
  • - Bloch 220, c/n 10, F-AOHJ, images d'archives
  • - Fokker F.VIIb/3m, c/n 18, F-ALGT
  • - Wibault 282, c/n 2, F-AKEL

 

Notre avis :

Armand Lavarède apprend par son notaire, que son oncle, Mr Richard, de Marseille, lui lègue 30 millions de francs, à condition qu'il effectue le tour du monde en moins de cent jours, avec seulement quatre sous en poche ! Deux personnes l'accompagneront pour vérifier qu'il respecte le contrat, un Anglais, sir Murlington, dont la fille, miss Aurett, ne semble pas insensible au charme particulier de Lavarède, et Bouvreuil, un créancier de Lavarède. Ce dernier doit partager avec Murlington l'héritage si Lavarède ne parvient pas à réussir son exploit. Le voyage commence par une traversée clandestine de l'Atlantique à bord du paquebot "Normandie". Mais à son arrivée aux USA, Lavarède est confondu avec un criminel recherché par la police. Ayant échappé de peu à la chaise électrique, il parvient à San Francisco avec l'aide d'Aurett, et malgré les intrigues de Bouvreuil, qui cherche par tous les moyens à le faire échouer. Il traverse le Pacifique dans un bateau chargé de rapatrier en Chine les cercueils des Chinois décédés à l'étranger. Lors d'une escale à Calcutta, la princesse Djali est tombée amoureuse de lui, ce qui va l'obliger à fuir, déguisé en bayadère. Arrivé en Egypte, il parvient à s'embarquer à bord d'un avion en partance pour la France, en prenant la place du radio. A Marseille, Lavarède va rejoindre Paris en vélo et arrive au Parc des Princes, en même temps que le vainqueur du Tour de France ! Bouvreuil est évincé et Lavarède peut enfin toucher l'héritage de son oncle, mais aussi épouser la charmante miss Aurett qui l'a bien aidé.

Cette comédie désopilante, où Fernandel se dépense beaucoup, n'est certes pas un film d'aviation, mais on y trouve l'inévitable séquence aérienne, présente dans la plupart des films des années 30. Le tournage eut lieu en partie sur l'aéroport de Marseille-Marignane. On a une vue très partielle de l'ancienne aérogare qui faisait partie du pignon sud du hangar de type Caquot (non vu), et qui sera détruit par les Allemands, lors de leur retraite, en août 1944. On n'utilisa qu'un seul avion, au sol, un vieux trimoteur d'Air France, vu rapidement à la fin du film.

 

Les avions du film :

Au début du film, c'est un Bloch 220 qui permet à Lavarède de sauver ses compagnons. L'avion filmé est le Bloch 220 F-AOHD (c/n 4). Construit en 1937, il fut enregistré au nom d'Air France, en octobre de la même année. Il recevra le nom d'"Auvergne". Réquisitionné par l'Armée de l'Air, en 1939 et rebaptisé "S/Lieut. Morfaux". Après l'Armistice il sera rendu à Air France qui l'affecta au SCLAFN (Service Civil de Liaison en Afrique du Nord). Lors de l'invasion de la zone non occupée par les Allemands, il fut incorporé en novembre 1942, au sein du service des Liaisons Aériennes Militaires des Forces Françaises Libres. Il reprit du service sur la ligne Alger–Bône–Tunis. Ayant survécu, il fut remotorisé en mars 1946, à Toulouse-Montaudran, avec des moteurs Wright R-1820-97 Cyclone et dénommés "Bloch 221". Mais c'était un avion âgé, peu fiable, et il fut accidenté à Gonesse le 3 juillet 1946; les mois suivants, les incidents moteur se multiplièrent. Retiré du service par Air France, en août 1947, il sera vendu en mars 1948, à la compagnie bretonne SANA (Société Auxiliaire de Navigation Aérienne), une compagnie éphémère, transportant du fret et des passagers vers le Maroc et l'Algérie. Il sera baptisé "Ker Guern". Dès avril 1948, il sera stocké à Marseille, à l'usine SNCASE, chargée de son entretien, et son certificat de navigabilité sera suspendu le mois suivant. Il sera radié le 31 mai 1951.

Plus tard, Lavarède et Miss Aurett quittent Le Caire avec un autre Bloch 220, avec Lavarède comme radio (incompétent). Faut-il préciser que cet avion n'était pas un long courrier et que la ligne du Caire était assurée par une compagnie anglaise. Rappelons aussi que l'équipage d'un Bloch 220 se composait du pilote, du copilote et d'un mécanicien radio. Le cockpit et la cabine de l'avion, reconstituées en studio, en contreplaqué, sont purement fantaisistes...Cet avion (vu un instant à l'envers) est extrait d'un documentaire d'Air France, en train de survoler l'étang de Berre. C'est le F-AOHJ (c/n 10), livré à Air France, en avril 1938, portant le nom de "Poitou". C'est un avion (tristement) célèbre, car ce fut avec lui que Daladier se rendit, en novembre 1938, à Munich, pour signer les infâmes "Accords" de Munich, qui annonçaient la seconde guerre mondiale...Réquisitionné par l'Armée de l'Air, en septembre 1939, il fut affecté à une SAT (Section d'Aviation de Transport) créée sur la base aérienne 110 d'Etampes, puis au GAT (Groupement d'Aviation de Transport) 1/144. Reversé à Air France le 13 juillet 1940, il était à Vichy, au moment de l'invasion allemande de la Zone non occupée, en novembre 1942. Le F-AOHJ sera intégré à la Lufthansa, loué par Air France, avec le matricule D-AXWF, pour son transfert en Allemagne, le 25 mars 1943, puis D-AKGE. Basé d'abord à Berlin, il fera, à partir d'octobre 1943, la ligne Vienne-Belgrade. Le 3 mars 1944, il dut faire un atterrissage forcé en campagne et il ne put rallier Vienne, qu'un mois plus tard. Il fut finalement détruit par accident à Belgrade, en août 1944.

(Source pour le F-AOHD et F-AOHJ : Hors série n° 29 de la revue Avions). Toutes les images de ces deux Bloch, dans le film, sont issues d'un documentaire d'Air France "Un avion dans l'histoire", montrant un vol entre Le Bourget et Marseille.

Quand le Bloch atterrit à Marseille-Marignane, il devient bizarrement un Wibault 282, le "F-AKEL" (c/n 2). C'était le prototype du Wibault 281T12, immatriculé comme 282T12 en juillet 1932, au nom du Gouvernement français et prêté à la CIDNA (Compagnie Internationale De Navigation Aérienne), puis muté en 1933, à Air France qui lui donnera le nom de "Le rapide". Le F-AKEL servira à des essais de train escamotable en 1935, un dispositif qui ne fut pas retenu. En septembre 1938, il était basé à Marseille-Marignane. Il sera radié, en juin 1942.

Le Wibault 282 se transforme en Fokker F.VIIb/3m quand il s'arrête prés de l'aérogare ! C'est le F-ALGT (c/n 18), livré à la CIDNA, en mai 1931. Accidenté le 15 septembre 1931 (6 morts), près du village de Balacita, en Roumanie (Cf., Figaro des 17 et 17 septembre 1931, le Petit Journal du 18 septembre 1931 et l'Ouest Eclair du 17 septembre 1931). Bien qu'il ait été gravement endommagé, il sera entièrement restauré en 1932, par la société tchécoslovaque Avia, qui l'avait fabriqué, et recevra de nouvelles ailes et un nouveau numéro de série (c/n 24), ce qui prouve qu'il s'agit d'une vraie reconstruction. Le 23 novembre 1935, il aurait été de nouveau accidenté à Vienne, sous les couleurs d'Air France (depuis 1933, avec le nom "La Railleuse") et censé avoir été complètement détruit (mais sans aucune perte humaine...). Cependant, en mai 1937, il est pris en photo, sur un terrain inconnu (Lyon-Bron ?), et visiblement en état de vol. Sa présence à l'écran (avec son matricule visible en entier sous l'aile gauche et avec Fernandel descendant de l'avion), prouve que ce Fokker increvable existait encore en 1939 ! Il sera réquisitionné, en septembre 1939, par l'Armée de l'Air, mais son sort ultérieur est inconnu.

 

  Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.fr

 

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