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LES BERETS ROUGES

  

 
LES BERETS ROUGES

Vo.The red beret

 

 

Année : 1953
Pays : Grande-Bretagne
Genre : Guerre
Durée : 1 h 28 min.
Couleur

Réalisateur : Terence YOUNG
Scénario : Richard MAIBAUM, Frank S. NUGENT

Acteurs principaux :
Alan LADD  (Canada), Leo GENN (Major Snow), Susan STEPHEN (Penny Gardner), Harry ANDREWS (R.S.M. Cameron), Donald HOUSTON (Taffy), Anthony BUSHELL (General Whiting).

Musique : John ADDISON     
Photographie : John WILCOX
Producteurs : Irving ALLEN, Albert R. BROCCOLI
Compagnie productrice : Warwick Films

Avions :

  • -Bristol Beaufighter T.T.10 (en arrière plan)
  • -Douglas C-47 Skytrain, s/n 43-16048
  • -Douglas Dakota serial HJ252
  • -Handley Page Hastings C.1 serial TG602, document.
  • -Vickers Wellington T.10 (code MH)


Notre avis :

Ce film est essentiellement un film de guerre portant sur l'entraînement et les opérations des troupes aéroportées britanniques, lors de la dernière guerre. Il fut réalisé par Terence Young, le "père" cinématographique des trois premières apparitions de James Bond, à l'écran.

L'action commence en 1940, après Dunkerque, "quelque part en Angleterre", comme mentionné au début du film, sur une base où s'entraînent des commandos parachutistes. Parmi ceux-ci, Canada, un américain engagé dans l'armée canadienne. C'est un homme réservé, déterminé, qui est différent de ses compagnons. Il passe avec brio toutes les étapes de la formation : close combat, saut à partir d'un ballon, puis d'un avion de transport. Il est repéré par le commandant de l'école. Canada est attiré par une jeune femme, Penny, qui travaille au pliage des parachutes. Après avoir reçu leurs ailes, les commandos font leur première mission qui consiste à aller attaquer une station de radar sur la côte française. Il s'agit de prélever des pièces de ce radar pour les ramener en Angleterre. L'opération est un succès, malgré certaines pertes, dont un ami de Canada, qui sera amputé des deux jambes. Les relations de Canada et de Penny deviennent plus intimes, malgré certaines incompréhensions suscitées par des cultures différentes. Penny sait que Canada a un secret et il finit par le lui confier. Il était en fait un officier de l'USAAF, un pilote de bombardier. Un jour, alors que son avion avait eu un problème  avec une roquette restée bloquée sur son rail, il avait ordonné à son pilote de sauter en parachute et celui-ci s'était tué, son parachute s'étant mis en torche. Or ce copilote était son meilleur ami, dont il connaissait bien la femme et les enfants. C'est pourquoi il avait démissionné et était parti au Canada. Cette histoire explique aussi que Canada refuse une promotion au grade d'officier. La guerre continue et les Américains ont débarqué en Afrique du nord. Une autre mission est programmée avec un saut sur un terrain d'aviation allemand, situé non loin de la frontière tunisienne. Canada s'embarque, saluée par Penny. A peine atterris, les commandos font face à une forte résistance allemande. Le terrain est conquis, mais il faut affronter les renforts allemands et traverser des champs de mines, très meurtriers. Canada s'en sort, mais la campagne de Tunisie ne fait que commencer…


Ce film est une œuvre bien réalisée, comme la plupart des films de guerre anglais de l'époque, à la limite du docu-fiction, avec juste une pointe de romance. Le scénario suit d'assez près la réalité, mais prend néanmoins quelques libertés, çà et là. Il fait allusion, au début, à l'accord Destroyers for Bases Agreement, signé entre Américains et Anglais, en septembre 1940. Dans un bar, un soldat anglais se moque de cet accord en expliquant que l'oncle Sam se contente d'envoyer de vieux bateaux de guerre (ce qui était vrai), et que ce sont les Anglais qui se font tuer, ce qui va provoquer la réaction brutale de Canada, né à Los Angeles…

 La première opération de la 1st Paratroop Division, dont Canada porte l'insigne sur l'épaule, ne fut pas appelée "Pegasus", mais "Biting". Elle avait, en effet, pour mission, en février 1942, d'attaquer la station radar de Bruneval, de l'autre côté de la Manche, pour en prélever des pièces importantes. Mais le film ne dit pas qu'un radariste allemand fut également ramené en Angleterre. Aucun destroyer ne participa à l'action, les commandos étant rapatriés par de vedettes rapides, plus discrètes et plus furtives (Cf. "School for secrets" 1946).

La 3rd Parachute Brigade attaqua bien le terrain de Bône, le 12 novembre 1942, un jour après l'invasion de la zone non occupée, en France. Mais son chef n'apprit qu'à Gibraltar, l'objectif final de sa mission. Les avions étaient des Dakota pilotés par des Américains et firent escale à Alger. La Luftwaffe n'avait pas de base à Bône, une ville algérienne, qui était sous le contrôle de Vichy. Les parachutistes allemands devaient occuper, eux aussi, cette ville portuaire, mais ils arrivèrent de Tunis pour constater que le terrain avait déjà été pris par les Anglais et ils firent demi tour. Les alliés occupèrent le terrain de Bône sans rencontrer de résistance, contrairement à ce qu'on voit dans le film. Mais la ville eut à subir, par la suite, de nombreux bombardements de la part de la Luftwaffe, basée en Tunisie.

L'explication par Canada de l'accident subi par son quadrimoteur B-24 peut sembler bizarre : il testait des roquettes sur ce bombardier lourd. Précisons d'abord que le B-24 ne fut mis en service qu'en 1941. Certains furent effectivement équipés de lance-roquettes fixés à l'avant, au niveau du cockpit, ou même d'un triplé de bazookas T-30, fixé sous la tourelle de queue ! Mais il s'agissait de transformations faites en escadrille, vers la fin de la guerre. Le Coastal Command anglais utilisa aussi quelques B-24 équipés de roquettes, fixées sous un moignon d'aile au niveau du cockpit ou sur un support extensible, installé en soute.

Ce film rappellera le film italien "Divisone Folgore", sorti peu après celui-ci, en 1955, qui traite des troupes aéroportées italiennes sur le front de Libye, en 1942. La trame du film est à peu près la même et on peut comparer les méthodes d'entraînement des parachutistes des deux armées. Les Italiens entraient leurs hommes au sol comme les Britanniques (exercices physiques, de close-combat…), mais utilisaient des toboggans et des tours pour les initier au saut. Les Anglais employaient, en plus de la tour (que l'on voit en arrière plan dans une scène, seulement), un ballon captif d'où on voit les élèves sauter, alors qu'un moniteur, au sol leur donne des conseils par haut parleur.

Autre différence, les parachutistes anglais n'avaient pas de parachutes ventraux, le War Office considérant que, vu le prix élevé d'un parachute (60 livres), c'était du gaspillage ! Un ministère très (trop) respectueux de l'argent du contribuable, pardon, de l'argent "public" (impensable en France !)… Le "Somewhere in England" en 1940, est le terrain de la RAF d'Abingdon (Oxfordshire), qui abritait une école de parachutisme de l'armée. Cette base servit aussi à d'autres tournages comme " Babette s'en va-t-en guerre" (1959) et "Opération Crossbow" (1965).

Qui dit parachutistes, dit avions, et ceux-ci sont incontournables; il y en a donc dans ce film, mais ce ne sont pas les vedettes.

 

Les avions du film :

Les parachutistes s'entraînent avec des Vickers Wellington T.10, sans tourelle de nez, de couleur noire (dont l'un, avec la soute à bombe ouverte). Ces avions portent les codes "MH-A/L/X", du squadron 51, une unité de bombardiers, équipée, en 1942, de quadrimoteurs Halifax... Au début des années 50, les Wellington T.10 étaient habituellement utilisés pour l'entraînement des navigateurs. On en voit au moins quatre volant à basse altitude, dont un tout argent (avec un P sur le nez),

Plusieurs scènes ont été filmées dans le vrai fuselage, dont on pourra apprécier la structure géodésique typique, les cadres renforcés, mais aussi l'étroitesse. Dans la réalité, les élèves parachutistes sautaient d'Armstrong Whitworth Whitley (aucun exemplaire survivant, juste des morceaux, au Midlands Air Museum de Bagington).

Dans un hangar, on entrevoit le côté d'un De Havilland DH.82 Tiger Moth, non identifiable.

Les autres avions sont des Douglas C-47, appelés "Dakota" par les Anglais. Abingdon était une base du Transport Command. Tous ces avions sont de couleur alu, alors que pendant la guerre, anglais comme américains, ils étaient recouverts d'un camouflage.

Le premier est un vrai C-47A (s/n 43-16048) américain, tout métal, vu à l'atterrissage, marqué "US Air Force"…En 1942, il n'y avait pas d'"USAF", mais l'"USAAF" (US Army Air Corps), l'aviation n'ayant pas encore sa totale indépendance. Cet avion pose problème. Le s/n 43-16048 fut détruit lors d'une collision aérienne, près de Metz, en juin 1945. Mais on dispose d'une photo d'un C-47 s/n 0-16048, avec, marqué sur le nez "US Air Force", prise à la fin des années 50...

Parmi les autres Douglas, on voit un Dakota, portant le serial "HJ252" (dans la RAF le serial est placé à l'arrière du fuselage) et la lettre "E" près de la porte. Il est déguisé en C-47 de l'USAAF, avec une étoile américaine de faible dimension, modèle de mai 1942 à juin 1943 et un nose art (Mickey avec des pistolets)…Il s'agissait en fait d'un Dakota cédé à l'armée de l'air Indienne, comme l'indique son serial qui ne correspond à aucun serial de Dakota de la RAF (mais attribué à un Mosquito). On remarque que sur la dérive, le drapeau indien ainsi que la mention "Indian Air Force", située juste dessous, ont été masqués. On voit d'ailleurs, subrepticement, sur l'aile droite, la cocarde indienne (orange blanc vert) à ne pas confondre avec la cocarde française (qui, d'ailleurs, était à l'époque, entourée de jaune). Ce Dakota sera détruit le 27 mars 1958, près de Myitkina en Birmanie, après avoir atterri dans l'Irrawaddy, suite à une erreur de navigation. L'avion fut récupéré par les Indiens, mais réformé peu après.

On aperçoit, très furtivement, quand il s'aligne pour décoller, un Dakota revêtu de ses marques de l'Air Transport Command de la RAF. Vu de plus près, quand les parachutistes le rattrapent en courant, il porte (sur le côté gauche) une étoile US, trop petite et une large bande bleue, au niveau des hublots. Il s'agit là, vraisemblablement, d'un avion civil (le nom de la compagnie, Autair ?, a été effacé). On remarque qu'il n'a pas la porte d'un C-47, mais celle d'un DC-3.

Vers la fin du film, quand les parachutistes sautent, ce DC-3 devient un Handley Page Hastings C.1 (TG602, code U) de la RAF, dont on ne voit que la porte et l'empennage. Il fut détruit en Egypte, le 12 janvier 1953, quand les gouvernes de profondeur se séparèrent du fuselage, peu de temps après le décollage, suite à un problème de fatigue ! Cet avion était basé à Abingdon, à la fin de 1952.

Sur le terrain allemand de "Bône", disposant d'une tour de contrôle typiquement britannique, on aperçoit juste le nez d'un Bristol Beaufighter T.T.10, couleur alu et jaune en dessous, qui, à l'époque, ne servait plus que de remorqueur de cible (Target Tug). La scène de l'attaque du terrain, a été, très vraisemblablement, tournée sur la base de la RAF de Llandbedr où était basé la 5 Civil Anti-Aircraft Co-operation Unit, et dont on reconnait la tour de contrôle, entourée de Quonset huts (elle abritait pendant la guerre des unités de bombardiers de l'USAAF) et de baraques préfabriquées. Cette base fut  fermée en 1957. La suite de la bataille fut tournée sur l'ancien champ de manœuvre de Trawsfynnydd, au pays de Galles.


Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.fr

 

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