Vo. You can’t win ‘em all
Année : 1970
Pays : Etats-Unis
Durée : 1 h 37 min.
Genre : aventures
Couleur
Réalisateur :
Peter COLLINSON
Scénario : Leo GORDON
Acteurs
principaux :
Tony CURTIS (Adam
Dyer), Charles BRONSON (Josh Corey), Michèle MERCIER (Aila), Grégoire ASLAN
(Osman Bey), Fikret HAKAN (Colonel Elci), Salih GÜNEY (Capitaine Enver),
Patrick MAGEE (Général Attatürk), Tony BONNER (Reese), John ACHESON (Davis)
Musique : Bert
KAEMPFERT
Photographie : Kenneth HIGGINS
Producteur : Gene CORMAN
Compagnie productrice : Columbia Pictures
Avions :
-RAF S.E.5, EI-ARI, EI-ARJ, répliques
Notre avis :
Peter Collinson, un réalisateur venu de la télévision, s’est surtout distingué par des films emprunts d’un certain sadisme...Il rompt ici avec cette tendance amorcée avec « The penthouse » (1967) et sacrifie à la mode de l’époque avec ce film d’aventures se passant dans une Turquie en proie à la révolution et à la guerre avec la Grèce, suite à la chute de l’empire ottoman. En cela, il ressemble à un remake (sous d’autres cieux) de « Vera Cruz » (1952), en beaucoup moins bon, et fait aussi penser à un autre film de Bronson sur un sujet similaire, «Pancho Villa », sorti deux ans auparavant.
Ce film tourné en Turquie, bénéficia de la collaboration du gouvernement qui prêta un bateau militaire que l’on voit à la fin du film (le « A598 », en réalité le A593 « Candarli »).
Dans la mer Egée, en 1922, le naufragé Adam Dyer est en mauvaise posture; son canot prend l'eau… Il est enfin recueilli par un bateau turc où se trouve un autre américain, Josh Corey. Ce dernier est à la tête d‘une bande de mercenaires, disposant d’une grande puissance de feu grâce à leurs mitraillettes dernier modèle. Dyer et Corey sont tous deux d’anciens soldats de l’US Army qui louent leurs services aux plus offrants, dans ce pays où s’affrontent Ottomans, Grecs et révolutionnaires turcs. C’est ainsi qu’un gouverneur provincial turc, Osman Bey, les engagent. Ils doivent escorter un chargement d’or, ainsi que ses trois filles accompagnées de leur gouvernante Aila, vers le port de Smyrne où un bateau leur permettra de rejoindre Le Caire. En route, les héros décident d’oublier leur mission et de s’emparer de l’or, mais leur projet est compromis par le colonel Elci qui a la même idée... Adam découvre plus tard que l’or n’est en fait que du plomb ! Aila lui confie alors que le vrai trésor est un coffret plein de pierres précieuses. Adam, Josh et Aila conviennent de se les partager une fois arrivés à bon port. Quand Elci découvre les bijoux, Aila le tue. A Smyrne, le port est aux mains des révolutionnaires turcs. Les trois comparses sont faits prisonniers et les bijoux sont perdus dans la bagarre. Le chef des rebelles, Mustapha Kemal Attatürk, leur apprend que le coffret renfermait, sous les bijoux, un objet encore plus précieux, une copie très ancienne du coran d’Otman. C’est en fait ce qu’il recherchait avant tout, avec l’aide d’Aila, son alliée. Ce coran a valeur de symbole et sa possession va lui permettre d’asseoir sa souveraineté sur le peuple. Pour les remercier d’avoir protégé Aila, et, ainsi, travaillé involontairement pour la cause révolutionnaire, ils les libèrent. Ayant sauvé leurs vies, ils pourront poursuivre leurs aventures, les poches à plat !
On nous montre le soit disant coran du calife Othman (milieu du VII° siècle), un manuscrit très ancien, bien réel, qui est conservé dans le palais de Topkapi, à Istanbul (comme en 1922). On peut douter que Mustapha Kemal (qui était laïque, mais musulman) ait permis à un mécréant de mercenaire, comme Dyer, de porter la main sur ce livre sacré…
Ce film est distrayant, avec beaucoup de scènes d’action réalisées avec de nombreux figurants, mais assez répétitives. La production semble avoir été sponsorisé par la maison Thompson dont sa mitraillette modèle 1921 (avec chargeur camembert de 50 ou 100 cartouches), est l’arme que les mercenaires ont en permanence au bras. Le film reprend tous les cliches du genre « aventures », avec décors exotiques, paysages grandioses, cavalcades, bagarres, trains blindés et avions. Le spectacle remplace ici un scénario sans grand intérêt.
Les avions du film :
Ce n’est que vers la fin du film que des avions turcs interviennent en s’en prenant à un camp grec. Les scènes aériennes furent réalisées par Charles Boddington, Louis Benjamin et Derek Pigott, qui pilotaient les avions. Le tournage eut lieu à Akasaray à 300 km au S.E. d’Ankara, et utilisa deux répliques réduites de RAF S.E.5. Elles avaient été construites par Slingsby Saiplanes LtD. en 1967, à partir de petits Currie Wott. Ces « Slingsby Type 56, Currie Wott » S.E.5 appartenaient à Lynn Garrison, un ancien pilote de la Royal Canadian Air Force pendant la dernière guerre, devenu pilote cascadeur et directeur d’une société (Shillelagh Productions Inc.) sise en Irlande, fournissant des avions pour les tournages de films comme « Le crépuscule des aigles », « Darling Lili », « Zeppelin », « Le baron rouge », « Le tigre du ciel », sans compter de nombreux téléfilms, où apparurent ses « S.E.5 »..
Ces deux avions (c/n 1591, EI-ARI ex G-AVOU, et c/n 1592 EI-ARJ ex G-AVOV) furent acheminés par voie maritime en Turquie, fin 1969, puis vendus au début des années 80, à l’association américaine Fighting Air Command d’Hartfield (Tx). Ils furent livrés sans hélice et avec des bâtis moteurs fragilisés. En 2010, ils n’étaient pas en état de vol.
On notera les très longues passes de mitraillage, alors que le pilote d’un S.E.5 n’avait que quelques secondes de tir (10 secondes pour la Lewis supérieure et 24 secondes pour la Vickers de capot). Quant aux bombes, dispensées généreusement (24 en tout lors de l’attaque !), on rappellera qu'un S.E.5 ne pouvait emporter sous l’aile inférieure que quatre bombes Cooper de 18 kg. Mais dans ce film, on n’est pas à quelques kilos de poudre, ni à une invraisemblance près !
Enfin, rappelons que l’aviation turque ne fut jamais équipée de S.E.5. Au début des années 20, elle était surtout dotée de matériel allemand (AEG, Albatross, Gotha...), voire français (Breguet 14), à part quelques Avro 504K et De Havilland D.H.9 pris aux Grecs.
Christian Santoir
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