LES AVENTURES DE ROCKETEER
Vo. The Rocketeer
Année : 1991
Pays : Etats-Unis
Genre :aventures
Durée : 1 h 48 min
Couleur
Scénario : Dave Stevens , Danny Bilson
Acteurs principaux :
Bill Campbell (Cliff Secord), Jennifer Connelly (Jenny Blake), Alan Arkin (A. 'Peevy' Peabody), Timothy Dalton (Neville Sinclair), Paul Sorvino (Eddie Valentine), Terry O'Quinn (Howard Hughes), Ed Lauter
(Agent Fitch), James Handy (Agent
'Wooly' Wolinski), Tiny Ron
(Lothar).
Photographie : Hiro Narita
Producteurs : Charles Gordon, Lawrence Gordon, Lloyd Levin
Compagnie productrice : Walt Disney Pictures
Avions :
- Brown B2, réplique
- Ford Tri-motor 5 ATC, NC414H
- Gee Bee "Z", NR77V, réplique
- Great Lakes 2T-1A,
N312Y
- Ryan STA, NC16039
- Standard J-1 , N62505
- Travel Air R "Mystery ship", NR614K, réplique
Notre avis :
Le film est inspiré de la bande dessinée créée par Dave Stevens en 1981, qui est elle-même issue de la série filmée "King of the Rocketmen" (1949). Les sept épisodes que Stevens publia eurent énormément de succès et dès le milieu des années 80, Danny Bilson et Paul De Meo en entreprirent l'adaptation. Ils inventèrent le personnage de Neville (inspiré d'Errol Flynn) et remplacèrent la trop sexy Betty (copiée sur la sulfureuse Bettie Page), compagne du héros, Cliff, par une plus sage Jenny, jouée dans le film par Jennifer Connelly qui n'a d'ailleurs pas grand chose à envier à Bettie Page (pas plus de 5 cm de tour de poitrine…).
Le film reproduit en détail l'ambiance des années 30, avec ses gangsters, les espions nazis, les courses d'avions, Howard Hughes, Hollywood, sans parler des voitures, des costumes, des émissions de radio et de la musique de l'époque, avec ses grands standards : "Begin the beguine", "When your lover has gone"...
En 1938, à Los Angeles, le pilote de course Cliff Secord essaie son nouveau racer en vue d'un prochain meeting aérien. Alors qu'il survole par hasard une fusillade entre des agents du FBI et des gangsters, son avion est touché par une balle et il doit se poser d'urgence. L'avion est totalement détruit à l'atterrissage ! Pour payer sa reconstruction, son mécanicien, A. 'Peevy' Peabody, décide de retaper un vieil avion qui lui permettra de gagner de l'argent lors du prochain meeting. C'est alors que Cliff trouve dans l'avion un sac caché par un des gangsters. Il contient une sorte de fusée munie de bretelles qui permet à un homme de voler ! Cet appareil a été inventé par Howard Hughes et il est convoité par les nazis qui veulent en équiper leur armée. Hitler vient justement d'envoyer un zeppelin en démonstration à travers les Etats-Unis. Aidé de Peevy, Cliff essaie l'appareil et apprend à le maîtriser. Lors du meeting, il sauve avec cet engin un aviateur en difficulté. Le public est époustouflé par ce qu'il croit être un nouveau numéro et Cliff est baptisé "the Rocketeer" (l'homme fusée). Mais cette publicité attire sur lui l'attention du FBI, du gangster Eddie Valentine et de Neville Sinclair, une star d'Hollywood à la solde des nazis. Ce dernier tente de séduire Jenny, une starlette fiancée à Cliff. Il finit par l'enlever pour l'échanger contre le précieux équipement. Cliff est obligé de venir à son secours. Une rencontre a lieu à l'observatoire de Griffith Park où une bagarre éclate entre les nazis et le FBI, au coté duquel se range finalement Valentine, réalisant que Neville n'est qu'un vil espion. C'est alors que survient le zeppelin qui doit se poser à Los Angeles, et où ont embarqué Sinclair et Jenny. Cliff qui est parvenu à bord grâce à sa fusée, se débarrasse de Sinclair et sauve Jenny. Peevy survient à point pour les enlever dans les airs avec un autogire, peu avant que le zeppelin explose !
Le film fait allusion aux accusations portées contre Errol Flynn, alias Neville Sinclair, paru dans un livre publié en 1980 et faisant de l'acteur un sympathisant nazi, ce qui était totalement infondé comme il le fut démontré par la suite…Au début du film, on voit l'affiche de "Wings of honor" dans lequel Neville est censé avoir tourné. Ce film est bien sûr fictif et rappelle "Wings (1927) de Wellman, ou "Shield of honor" (1927), ou mieux encore, "Squadron of honor" (1938) de Coleman.
Le film souffre de certains anachronismes. Le dirigeable "Graf Zeppelin" (LZ-127) ne fit pas son tour du monde en 1938, comme le fictif "Luxemburg", mais en 1929. Il ne traversa pas les Etats-Unis d'est en ouest, mais dans le sens inverse en provenance du Japon. En 1938, aucun zeppelin ne fit de tournée de propagande aux USA, le "Hindenburg"(LZ-129) ayant explosé à Lakehurst l'année précédente ! L'avion de Cliff, un Gee Bee "Z", fut construit en 1931; il était dépassé en 1938. Quant à l'hydravion géant d'Howard Hughes, le "Spruce Goose", dont la maquette est utilisée par Cliff pour s'échapper, il ne fut conçu qu'en 1942…On est donc en plein téléscopage spatio-temporel !
Le réalisateur, Joe Johnston (celui de "Chéri, j'ai rétréci les enfants"...) a fait ici du bon travail, et les critiques furent relativement bonnes. Le ton et l'esprit de la bande dessinée sont assez bien rendus et rappellent les feuilletons qui passaient au cinéma le samedi, en matinée, dans les années trente (cf. "Tailspin Tommy", "The phantom of the air"..). Mais dans ce film, on s'attacha plus à récréer le Los Angeles de l'avant guerre et à fournir des effets spéciaux de très bon niveau, qu'à raconter une histoire cohérente.
Ce film de quarante millions de dollars rentra juste dans ses frais, et fit un bide au box office, à la grande déception de Disney qui abandonna l'idée d'en faire une suite. Beaucoup de gens croyaient que le film était destiné aux enfants, ce qui n'était pas entièrement faux…
Les avions du film :
Les séquences aériennes furent filmées au Santa Maria Municipal Airport (CA). Le film montre une foule d'avions dont beaucoup au sol.
Le clou du spectacle est une réplique du Gee Bee "Z" (NR77V, n°4) pilotée par Cliff au début du film. Lowell Bayles gagna avec lui le Thompson Trophy de 1931. Sa réplique fut construite en 1978 par des spécialistes en la matière, Bill Turner et Ed Marquart. La réplique a une envergure plus grande et un fuselage allongé, pour améliorer les caractéristiques de vol. Walt Disney l'acheta pour le film. Steve Hinton, un ancien pilote de course et président du Planes of Fame Air Museum de Chino Ca, pilota cet appareil devant les caméras. On remarquera une séance de rase motte, les roues à moins d'un mètre du sol ! Le Gee Bee, jaune et noir, fut exposé au Santa Monica Museum of Flying, puis au Museum of Flight de Seattle (WA) où il se trouve depuis 2003. A la fin du film, l'avion offert par Howard Hughes à Cliff est une autre réplique, non volante, du Gee Bee Z, blanche et noire. Elle est visible aux Hollywood Studios de Disney, à Lake Buena Vista (FL).
C'est aussi Bill Turner, qui avec sa société "Repeat Aircraft", construisit la réplique volante d'un autre racer, le Brown B2 "Miss of Los Angeles" n°33, qui vola en 1972. L'original construit en 1934, se classa la même année, second au Thomson Trophy. Il fut détruit à Cleveland (OH) lors de la Greve Race, en 1939. Le Brown de Turner est exposé actuellement au Hiller Aviation Museum de San Carlos. Dans le film, on ne le voit voler que lors du meeting où il participe à une course, derrière trois autres avions.
L'avion en tête est un Travel Air R "Mystery ship" (NR614K) piloté par Richard T. Brickert. Sa réplique fut construite en 1971 par Jim Yunkin de Fayetteville (AK). Elle fut montrée en vol à Oshkosh en 1979, pour le cinquantième anniversaire des National Air Races de Cleveland, où l'original fit sa première apparition. Il est décoré comme lors de cet événement, en rouge et noir. La réplique comporte un moteur différent, un Lycoming R-680-13. de 300 cv au lieu du Wright R-975 d'origine. Les carénages de roues sont en fibre de verre et, la plupart des pistes étant en dur aujourd'hui, le patin de queue fut remplacé par une roulette. Cet avion est aujourd'hui la propriété du "Staggerwing Museum Foundation" de Tullahoma (TN).
L'avion suivant le Mystery ship, est un Ryan STA de 1936 (s/n 129, NC16039) piloté par Steve Hinton Sr.. Il appartient à des particuliers de Santa Ramon. (CA). Cet avion apparut dans une dizaine de films entre 1938 et 1947.
Le troisième avion est un biplan Great Lakes 2T-1A (c/n199, N312Y) de 1929, avec des jambes de train simplifiées et des mats d'entretoise en I. Il est piloté par Jimmy Franklin.
On voit les quatre avions faire la course autour d'un pylône marqué 'Bendix'. Rappelons que le Bendix Trophy était une course de vitesse entre la Californie et Cleveland ou New-York (selon les années), pas une course de circuit comme le Thompson Trophy.
Le Rocketeer vole au secours d'un Standard J-1 tout jaune avec un entoilage rapiécé. Cet avion fut un des trois J-1 de la collection Tallmantz (c/n T4595, N62505). On le vit dans "Ace Eli", "The Great Waldo Pepper". Il fut vendu en 1983 à Ray Folsom qui le fit restaurer. Il a été racheté depuis par le "Historic Aircraft Restoration Museum", situé au Creve Coeur Airport, près de Maryland Heights (MO). Il y est en cours de restauration.
Le Rocketeer vole, un moment, en formation avec un Ford Tri-motor 5 ATC, qui porte sur l'aile droite le matricule "NC414H". Dans la vue suivante, on ne voit qu'un fuseau moteur (moteur P & W, avec hélice à pas variable) et une rangée de hublots. Le Ford 5 ATC N414H (c/n 74) est un appareil familier des écrans de cinéma ou de télévision. En 1979, il apparaît dans "Amazing world", un documentaire sur le Grand Canyon, en 1983, il joue les Junkers Ju.52 dans "To be or not to be" de Mel Brooks, en 1984, United Air Lines l'utilise pour représenter un Boeing 80-A, dans un téléfilm publicitaire, en 1987, il tourne une série télévisée anglaise, en 1991, il est filmé dans la série "Unsolved mysteries". Sa participation au tournage de "Les aventures de Rocketeer" n'est pas évidente (et non mentionnée dans le générique), mais elle semble bien réelle, vu la qualité des vues rapprochées (prises au sol) que l'on a de lui. Depuis 1985, cet appareil était enregistré au nom de Scenic Airlines, une compagnie charter. Depuis 2003, il appartient à la société Sopwith Ltd. de Las Vegas et vole sous les couleurs de "Grand Canyon Airlines" .
Au sol, sur l'aéroport de Santa Maria, très fréquenté, on observe un Monocoupe 90-A tout jaune, un Bird BK tout rouge (c/n 1002, N9739), plusieurs Waco Cabin (dont un EQ6, c/n 4440, NC16233), un Stinson SM-8A bleu et blanc (c/n M4277, NC469Y), un De Havilland Tiger Moth tout jaune. Rangé à coté est un amphibie très rare, un Fleetwings Sea Bird, peut-être le prototype (type F-4, NC16793), qui est immatriculé en Californie. La liste n'est pas exhaustive; il y a d'autres appareils, très peu visibles, que l'on n'a pu identifier
L'autogire construit par Howard Hughes (un clin d'œil aux activités des usines aéronautiques Hughes d'après guerre, recentrées sur les hélicoptères) est en fait une copie non volante d'un Pitcairn-Cierva PCA-2 de 1931 dont une vingtaine furent construits. Cet autogire est visible aujourd'hui au Hollywood Studios de Disney à Lake Buena (Fl.).
Le dirigeable "Luxemburg" (LZ-131) est une copie du "Hindenburg" ou du "Graf zeppelin", reconstituée par le studio "Industrial Light & Magic" de George Lucas.
Enfin, last but not least, on peut signaler que le "sac à dos" fusée de Cliff n'est pas entièrement de la science-fiction, bien que cet engin apparaisse totalement hors des possibilités techniques de l'époque. Notons que la flamme qui sort des deux fusées auraient dû normalement brûler le postérieur du Rocketeer, ou au moins ses bottes ! Cette invention fut imaginée pour la première fois en 1928, dans la bande dessinée "The Skylark of Space", parue dans le magazine de science-fiction "Amazing Stories". Pendant la dernière guerre, les savants allemands, jamais à court d'imagination, inventèrent le "Himmelstürmer" pour permettre à des soldats de traverser des champs de mines, des fleuves, etc... Il était composé de deux petits pulsoréacteurs, un dorsal et un ventral, permettant de faire de sauts d'environ soixante mètres de long, à basse altitude. Le temps de fonctionnement était de l'ordre de quelques secondes. On ne sait ce que donnèrent les tests…Après la guerre, ce projet fut repris aux USA par Bell qui développa la "jet belt" propulsée par fusée. Ce propulseur dorsal fit ses premiers essais dès 1952. En 1961, le "Small Rocket Lift Device" permettait de faire un saut de deux cent soixante mètres de long au maximum, la fusée ne fonctionnant que pendant vingt secondes. L'Armée se désintéressa du projet, et le SRLD ne fut connu que grâce au film de James Bond, "Thunderball" (1965)…
Christian Santoir
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