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LES AILES DU COURAGE

 

 LES AILES DU COURAGE


 

Année : 1996
Pays : USA/France
Genre: Aventure
Durée : 40 min.

Réalisateur: Jean-Jacques Annaud
Scénario : Alain Godard, Jean-Jacques Annaud

Acteurs principaux :
Craig SHEFFER (Henri Guillaumet), Elizabeth McGOVERN (Noëlle Guillaumet),. Tom HULCE (Saint Exupéry), Val KILMER (Jean Mermoz), Ken POGUE (Pierre Deley), Ron SAUVE (Jean-René Lefebvre)

Musique : Gabriel Yared
Photo : Robert Fraisse
Producteurs : Jean-Jacques Annaud, Antoine Compin, Charis Horton
Compagnie distributrice : Sony Pictures Classics

Avions :

  • -Ford Tri-motor, N9645
  • -Potez 25 A2, répliques

 

Notre avis :

Ce film est né de la rencontre de deux souhaits, celui de la compagnie Sony, désireuse de se lancer dans la réalisation de films pour leur nouvelle technologie IMAX 3D, et celui de Jean Jacques Annaud voulant mettre à l’écran l’aventure vécue par Henri Guillaumet dans les Andes, rendue célèbre par les journaux et le livre de Saint-Exupéry « Terre des hommes » (1939). Les films tournés en IMAX 3D sont généralement axés sur la nature, l’environnement, et sont surtout des prouesses techniques plus qu’autre chose ; les effets visuels et sonores y prennent le pas sur le fond. Ce film est original dans la mesure où il intègre une histoire et de nombreux personnages comme un film au format classique. Il y ainsi beaucoup de scènes tournées en studio. Jean Jacques Annaud se rendit en Argentine et retrouva le chemin emprunté par Henri Guillaumet dans les montagnes andines. Revenu en France, il se rendit compte que l’histoire qui s‘étend du 13 au 20 juin 1930, ne pourrait fournir la substance pour un film dépassant une heure, d’où ce « moyen » métrage.

Le film ouvre sur un avion de l’Aéropostale piloté par Mermoz, accompagné de son fidèle mécanicien Collenot, survolant les Andes. Soudain, le moteur a des ratés et ils doivent se poser sur un bout de montagne caillouteux. Mermoz parvient à atterrir, mais il doit freiner l’avion en sautant au sol, pour lui éviter de tomber dans le précipice ! Une fois la réparation terminée, Mermoz repart en plongeant dans le vide. A Buenos Aires, le chef d’exploitation en Argentine, Saint Exupéry, accueille Henri Guillaumet qui vient d’être affecté dans ce pays. Il lui propose d’effectuer la ligne Buenos Aires-Santiago. Son épouse est plutôt inquiète de voir son mari traverser les Andes, car comme l’explique Mermoz, en cas de panne, il y a très peu de chances de s’en sortir ! Le 12 juin 1930, sur le terrain de Buenos Aires, un pilote attend le courrier de Santiago du Chili, pour l’emmener au Brésil, mais il tarde, alors que l’avion de la compagnie allemande décolle. A Santiago, la tempête fait rage et Guillaumet a dû faire demi tour ; il revient dans un avion endommagé par les rafales de pluie et de neige. Le lendemain, il repart, mais entre de nouveau dans le mauvais temps, avec tempête de neige et remous rabattants. Bientôt à court d’essence, il essaie de se poser à proximité d’un lac, la Laguna Diamante, mais l’avion freiné par une épaisse couche de neige, capote. Il s’en sort sans mal. Après avoir passé une nuit dans la carlingue renversée, il aperçoit un avion piloté par Deley, le chef d’escale à Santiago, parti à sa recherche. Mais ce dernier ne voit pas la fusée qu’il lance. Comprenant qu’on ne pourra le retrouver, il prend sa petite valise avec quelques vivres ,et part vers l’est, comme il l’a écrit sur le fuselage avec un dernière pensée pour sa femme. Devant lui, six cols à plus de 4000 mètres à franchir. Il marche pendant cinq jours, en luttant contre le sommeil, les pieds et les mains gelés; il chute sur les rochers où il se blesse. Tout en cheminant, il pense sans cesse à son épouse. Quand il croit sa fin arrivée, il essaie de se placer à un endroit bien visible où on pourra retrouver son corps, seule condition pour que sa femme touche la prime d’assurance ! « Les Andes ne rendent jamais personne» lui a t-on dit. Dans un dernier sursaut d’effort, il continue, malgré tout, sa marche, et finit par atteindre un chemin où il s’effondre. Quand il rouvre les yeux, un enfant le regarde, il est sauvé ! A cette nouvelle, Saint Exupéry se précipite en avion pour aller le chercher. Dix jours plus tard, ses plaies à peine refermées, il survolait de nouveau les Andes qui avaient failli devenir son tombeau.

Henri Guillaumet surnommé « l’ange de la Cordillère », ne trouvera pas la mort dans un Potez 25, mais aux commandes du quadrimoteur Farman 2234 « Le Verrier » ; son avion fut abattu le 27 novembre 1940 au large de la Sardaigne où se déroulait un combat aérien opposant Anglais et Italiens. Le Potez 25 de Guillaumet (F-AJOZ) était gris argenté et n’avait, en effet, que très peu de chance d’être aperçu dans la neige, d’où sa décision de ne plus attendre les secours. Il sera récupéré au printemps et redescendu sur Mendoza. Réparé, il revolera sur la Ligne des Andes en 1931 et ne sera rayé des contrôles qu’en juin 1936.

Le scénario est simple et empreint de chaleur humaine, mais les personnages n’arrivent pas à captiver le spectateur. Val Skimmer mis en avant dans toutes les promotions du film, ne joue qu’un rôle secondaire, celui de Mermoz, qui apparaît peu dans le film. Le film vaut surtout pour ses magnifiques paysages montagneux, ses vues aériennes, où le procédé Imax 3D prend toute sa valeur. Les scènes extérieures furent filmées dans les Montagnes Rocheuses, en Colombie britannique (Canada), et les scènes en studio, à Vancouver. Malheureusement, l’aérocinéphile n’aura droit qu’à un peu plus de cinq minutes de scènes aériennes, ce qui est bien peu, même pour un film court…

 

Les avions du film :

Le tournage utilisa deux répliques de Potez 25 A2 dont une seule pouvait voler, et une maquette à l’échelle 1/4. Cette maquette fut construite en France par la société Finimodel domiciliée sur l’aérodrome de J.B. Salis. Les répliques furent construites par Ezell Aviation, une société texane spécialisée dans la restauration des avions de la seconde guerre mondiale. La réplique volante fut construite sur une base de Grumman G-164 Ag-Cat et munie d’une hélice à pas variable. Le résultat est assez convaincant malgré l’absence des deux grosses prises d’air situées à l’avant, sous le radiateur, et la présence d’ailerons sur le plan inférieur que n’avait pas l’original. Son pilote, Tom Danaher, était un ancien as de la guerre du Pacifique qui avait déjà participé à une demi douzaine de films, dont « l’Empire du soleil » (1987) et « Air America » (1990). Malgré son age (73 ans) il affronta un froid glacial dans un cockpit ouvert, en plein hiver, au dessus des montagnes Rocheuses canadiennes.

Au début du film, avant le générique, on voit un Potez immatriculé (F-AJDX) avec lequel Mermoz se pose dans les Andes (9 mars 1929) ; lors de cet épisode célèbre relaté par Kessel dans sa biographie de Mermoz en (1939), l’avion était en réalité, un Laté 25. On aperçoit furtivement la roulette de queue de la réplique, ainsi que le câble qui y est fixé pour retenir l’avion !

Sur l’aéroport de Buenos Aires, ou ce qui en tient lieu, on voit un Ford Trimoteur au sol, moteurs tournant avec « Lufthansa » marqué sur le fuselage. Pour faire plus allemand on a jugé utile d’ajouter une « balkenkreuz » (on a échappé à la croix de fer hollywoodienne !). Il faut rappeler que la « Luft Hansa » était une compagnie civile, qui même pendant la guerre n’a jamais porté de marques militaires. Cette compagnie n’a jamais opéré non plus en Amérique latine si ce n’est par l’intermédiaire de sa filiale « Condor syndikat » devenue en 1927, le « Syndicato Condor » dont on aperçoit d’ailleurs le sigle sur une camionnette à coté de l’avion. Cette compagnie germano-brésilienne n’étendit sa ligne vers Santiago qu’en septembre 1935. Il va sans dire qu’elle n’utilisait pas de matériel américain. Le Ford trimoteur fut sans doute utilisé faute de Junkers Ju 52 3/m, mais le premier vol du Ju 52 trimoteur n’eut lieu qu’en mars 1932, soit près de deux ans après les événements relatés… Le Ford porte un faux matricule allemand D-9645 qui est un vrai matricule américain. En effet, le matricule N9645 correspond à un Ford Trimoteur 5-AT-B qui ressemble en tout point à celui vu à l’écran, à part les marques allemandes. C’est le Ford que l’Evergreen Aviation Museum de McMinnville (dans l’Oregon, à 450 kilomètres au sud de Vancouver) acquit en 1990, et qui est en état de vol. Il côtoie dans ce musée l’hydravion géant « Spruce goose» d’Howard Hughes.

En 1930, l’Aéropostale en Argentine, ou plus exactement l’« Aeroposta Argentina », dont Saint Exupéry était le « jefe de tràfico », subissait aussi la concurrence des  Américains. Si Mermoz et Guillaumet avaient ouvert la ligne Buenos Aires-Santiago le 15 juillet 1929, en n’emportant que du courrier, l’« American International Airways » avait relié Santiago à Buenos Aires, le 10 juillet précédent, avec un bimoteur Sikorsky S-39 et huit passagers à bord. Cet avion rejoignit bientôt la compagnie américaine « NYRBA » (New York, Rio, Buenos Aires) équipée de Ford Trimoteur, qui assura un service trans andin régulier à partir de septembre 1929. Il y avait également sur la même ligne, la PANAGRA (Pan American Airways, W.R. Grace Corporation) qui assura le même service à partir d’octobre 1929, avec aussi des Ford trimoteur.

 

Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.fr

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