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LA REGLE DU JEU

 

LA REGLE DU JEU

 

 

Année : 1939
Pays : France
Durée : 1 h 50 min.
Genre : comédie
Noir et Blanc

Réalisateur : Jean Renoir
Scénario :     Jean Renoir, Carl Koch

Acteurs principaux 
Nora Gregor (Christine de la Cheyniest), Paulette Dubost (Lisette, sa camériste), Mila Parély (Geneviève de Marra), Odette Talazac (Madame Charlotte de la Plante),Claire Gérard (Madame de la Bruyère),Anne Mayen.

Photographie : Jean-Paul Alphen,Jean Bachelet, Jacques Lemare, Alain Renoir
Musique :
Joseph Kosma
Producteurs : Jean Renoir
Compagnie roductrice : Nouvelles Éditions de Films (NEF)

Avions :

  • -Caudron C.600 Aiglon, F-ANSB, au sol

 

Notre avis :

On se sait trop pourquoi ce drame est parfois classé dans les films d'aviation. Sans doute, parce qu'il commence par une scène où un aviateur atterrit, de nuit, au Bourget, après avoir réalisé un record. Cet aviateur est joué par le cascadeur aérien Roland Toutain qui avait campé le personnage d'un détective-aviateur, dans "Rouletabille aviateur" en 1932, et celui d'un pilote de la première guerre mondiale, dans "L'équipage" d'Anatole Litvak, en 1935. En 1951, il sera encore pilote, dans "Dakota 308". Ici, son rôle est plutôt celui d'un amoureux transi qui est tombé amoureux d'une femme "de la haute" (bourgeoisie), appartenant à une société dont il ne partage ni les valeurs, ni les règles.

Après deux minutes passées sur l'aérodrome du "Bourget" (en fait, le terrain de Buc, aujourd'hui disparu), tous les personnages s'enferment dans des salons, puis dans un château, où se déroule toute l'action.

Dans le générique, un avertissement précise que "Ce divertissement (dont l'action se situe à la veille de la guerre de 1939) n'a pas la prétention d'être une étude de mœurs. Les personnages qu'il présente sont purement imaginaires". Ce qui n'est pas du tout sûr…

L'histoire commence donc au Bourget, où une foule immense attend André Jurieux qui vient de traverser l'Atlantique, en 20 heures seulement. A peine atterri, il est accueilli par son ami Octave qui est venu sans Christine, une femme du monde dont André est tombé amoureux et pour laquelle il a entrepris ce raid. Le mari de Christine, le marquis Robert de La Chesnaye, la trompe avec Geneviève de Marrast, mais il désire la quitter bientôt, pour mieux se consacrer, enfin, à Christine...Pendant ce temps, André, dépité par l'absence de Christine, pense se tuer en auto. Indemne, Octave lui reproche ce geste et lui rappelle que Christine est une femme du monde, un monde qui a ses règles. Néanmoins, il va essayer de lui arranger un rendez vous avec sa bien aimée, en le faisant inviter à une partie de campagne entre amis, que le marquis  organise dans son château de La Colinière, en Sologne. C'est aussi l'occasion pour Lisette, la femme de chambre de Christine, de retrouver son mari, le garde-chasse Schumacher. Lors d'une partie de chasse, Christine surprend son mari dans les bras de Geneviève, alors qu'il est en train de rompre. Se méprenant sur la scène, elle décide de se venger de son mari. Pendant un bal masqué, donné en l'honneur de Jurieux, elle se laisse compter fleurette par un des invités avec lequel Jurieux a une vive altercation ! Plus tard, ce sera au tour de La Chesnaye de se battre avec lui, comme un chiffonnier, toujours au sujet de Christine. Le garde chasse a surpris Marceau, un domestique récemment engagé, avec sa femme Lisette; il le poursuit dans le parc et tire sur lui en le ratant. Cet esclandre met fin à la bagarre entre Jurieux et La Chesnaye qui se réconcilient. Plus tard, Octave, depuis longtemps épris en secret de Christine, et pensant qu'elle se détache de La Chesnaye, comme d'André, lui avoue son amour et la convainc de s'enfuir avec lui. Ils décident de partir sur le champ; Lisette donne sa pèlerine à sa maîtresse qui se rend dans la serre. Octave revient au château, chercher le manteau de Christine. Lisette tente de lui faire abandonner son projet; "madame" est habituée au luxe et lui, n'a pas le sou…Quand il rencontre André, se rendant aux arguments de Lisette, Octave change d'avis. Il indique à André que Christine l'attend dans la serre et il lui donne son manteau. Mais Schumacher est aux aguets; il croit que c'est Lisette qui est dans la serre, et quand il voit un homme courir vers la serre, il tire et tue Jurieux ! Ce n'est qu'après qu'il se rend compte de sa méprise. La Chesnaye fait passer cela pour un regrettable accident, le garde chasse ayant cru surprendre un braconnier. Tout le monde rentre se coucher. Octave s'en va. La Chesnaye et sa femme ont sauvé la face, c'est le principal...

Ce film, sorti peu de temps avant le début de la guerre, fut très mal accueilli, la critique jugeant qu'il était mauvais pour le moral des Français. C'était une preuve, a contrario, qu'il avait visé juste... Quand les Allemands envahirent la France, le film fut interdit par les nazis qui en brûleront de nombreuses copies. Il est vrai que le principal personnage, Robert de La Chesnaye, comme Dalio lui-même, étaient juifs. Le film fut ressuscité en 1956, à partir de fragments épars  découverts çà et là.

"La règle du jeu" est une réflexion sur la fin d'une époque, entamée dans "La grande Illusion". Il marque en effet la fin d'une société raffinée, mais décadente, qui ne va pas tarder à se décomposer sous les coups de boutoir de l'occupation nazie. C'est un film à revoir et à méditer, surtout en ce début de siècle qui est marqué, comme en 1939, par une vraie tourmente mondiale, économique celle-là, et alors que la société française, crispée sur son passé, doit faire face à des changements radicaux, redoutés, mais inéluctables…

 

Les avions du film :

André Jurieux traverse l'Atlantique sur son monoplace et atterrit triomphalement à l'aéroport du Bourget, à l'instar de son mentor, Lindbergh, douze années plus tôt. Il est censé avoir traversé l'océan en vingt deux heures (dix heures de mieux que Lindbergh : 33 heures, 29 minutes), sans doute avec un très fort vent arrière…Une journaliste laisse entendre que Durieux était le seul à avoir traversé l'Atlantique nord dans le sens ouest-est sur un petit avion, depuis Lindbergh. Pour leur faire justice, rappelons ses glorieux prédécesseurs : Chamberlin et Levine, en juin 1927, qui relièrent les Etats-Unis à Berlin (ou presque), en 42 heures, 31 minutes, Wilmer Stultz (20 heures, 40 minutes), en juin 1928, et sa célèbre passagère, Amelia Earhart qui traversera l'Atlantique, seule, en mai 1932 (14 heures, 56 minutes), et enfin, "Wrong Way" Corrigan (28 heures, 13 minutes), en juillet 1938. Durieux n'était donc que le cinquième pilote après Lindbergh.

Son avion est un Caudron C.600 Aiglon (F-ANSB, n°2/7026), le deuxième prototype appartenant à Caudron et servant d'avion de démonstration. Un commentateur nous explique dans le film., qu'il est "équipé d'un moteur Renault de 100 chevaux", ce qui est inexact. Il fut transformé, en 1936, en Caudron C.601 n°1, avec notamment un moteur Renault Pei de 140 chevaux plus puissant et une dérive élargie et raccourcie. L'Aiglon fut effectivement un avion de raid. Le 30 novembre 1937, André Japy relia Istres à Djibouti, non stop (5 099 km), en 25 heures de vol.

 

Christian Santoir

* Film disponible sur amazon.fr

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