L’incorruptible
Année : 1938
Pays : France
Genre : comédie
Durée : 1 h 45 min.
Noir et blanc
Réalisateur :
Alexander ESWAY
Scénario : C.M. ALEXANDRE, Carlo RIM
Acteurs
principaux :
Gaby MORLAY
(Juliette Leclerc), FERNANDEL (Hercule Maffre), Pierre BRASSEUR (Bastien),
Édouard DELMONT (Maffre), Henri CREMIEUX (Bajoux), Nane GERMON (Miette), Jules
BERRY (Vasco)
Musique :
Manuel ROSENTHAL
Photographie : Philippe AGOSTINI, Michel KELBER
Producteur : André ARON
Compagnie productrice : Pan Ciné
Avions :
Farman 432, F-ANVZ)
Notre avis :
C’est Jean Grémillon qui donna le premier tour de manivelle de cette comédie, le 7 août 1937, à Cassis. Un mois plus tard, après avoir fini les extérieurs, jugeant que le sujet ne lui convenait pas, il laissa sa place à Alexandre Esway. Carlo Rim supervisa les prises de vues, à Paris, le milieu de la grande presse lui étant plus familier, et il peut être considéré comme le coréalisateur du film. « Hercule » sortit à Paris le 5 mars 1938.
Dans le petit village de Cadignan, sur les collines surplombant Cassis, les vendanges battent leur plein. Le père Maffre est blessé par un charrette qui s’est renversé sur lui. Croyant sa fin prochaine, il envoie chercher son fils Hercule et lui confesse qu’il n’est pas son vrai père. Hercule est en réalité le fils d’un cousin homonyme, parti à Paris chercher fortune. Hercule vient d’être nommé prudhomme des pêcheurs de Cassis, mais la pêche traditionnelle est menacée par les pollueurs. Hercule décide donc de partir à Paris pour solliciter l’appui de son vrai père, qui est à la tête du grand journal “L’Incorruptible”. Mais dès son arrivée, il apprend son décès. Seul héritier de “L’Incorruptible”, son père n’ayant pas laissé de testament, Hercule est approché par Juliette, proche collaboratrice du défunt, par Vasco, publiciste malhonnête et par les frères Riquel, désireux de racheter le journal. Vasco incite Hercule à prendre la direction, en espérant ainsi conserver son pouvoir occulte sur le journal. D’abord réticent, Hercule se laisse convaincre par Juliette. Novice en la matière, il va appliquer à la gestion du journal son bon sens naturel et son désir de fournir la vérité à ses lecteurs. Mais, à son insu, Vasco n’a pas rompu avec ses mauvaises habitudes : le raid aérien Paris-Tahiti, parrainé par le journal, est truqué, l’article du jeune reporter Bastien, sur une nouvelle ville au Sahara, est réécrit afin de protéger ses intérêts financiers, etc…Ayant découvert la triste réalité, Hercule, écœuré, souhaite partir et vend le quotidien à Vasco. Mais avant, Juliette le convainc de l’aider à se débarrasser de lui, en révélant ses malversations. La chose faite, Hercule retourne au pays. Un jour, Juliette vient le prier de revenir, car le journal a besoin d’un homme honnête comme lui. Mais Hercule, qui a été rejoint par les frères Riquel qui ont abandonné la haute finance pour la pétanque, préfère goûter une vie simple et paisible sous le soleil du Midi...
Après avoir commencé comme un film de Pagnol, « Hercule » se transforme, à Paris, en une satyre de la presse parisienne que Carlo Rim connaissait bien, ayant été rédacteur en chef de “Vu” et de “L’Intransigeant”, et fondateur de la revue “Jazz”.
On remarquera les chevriers de Paris venant remercier Hercule. A la veille de la guerre, comme au début du XX° siècle, à Paris, on pouvait effectivement acheter du lait de chèvre à la mamelle, la capitale de la France ayant encore un petit côté rural…
Cette sympathique comédie se regarde avec plaisir, ne serait-ce qu’à cause de Fernandel, entouré d’excellents acteurs comme Pierre Brasseur, Gaby Morlay (rappelons que cette dernière fut la première femme à obtenir son brevet de pilote de dirigeable, dans les années 20). Jules Berry, comme à son habitude, y est également parfait dans son rôle d’escroc de grand style. C’est presque par hasard, que l’on trouve dans ce film un avion très rare, dont seul trois exemplaires seulement furent produits.
Les avions du film :
Le film ne comporte qu’un seul avion, à part une maquette, vue sur un bureau, d‘un petit trimoteur d’un type indéterminé, censé représenté l’avion de raid « Morin » qui est en réalité un bimoteur...Ce bimoteur est un véritable avion, vu au Bourget (dont le terminal sera inauguré vers la fin du tournage), un Farman 432 (n° 3/7472, F-ANVZ). L’appareil, exposé au Salon de l’Aviation de Paris de 1934, était une sorte de De Havilland DH.84 Dragon, monoplan, auquel il avait emprunté la cabine de pilotage.
Le F-ANVZ était au départ un F.431, équipé sur la demande de son acquéreur, Edouard Corniglion-Molinier, de moteurs Renault Q-06/07. Il fut transformé en mai 1937 en F.432 (avion renforcé, stabilité transversale améliorée). On perd sa trace au début de la guerre. Ancien pilote de la première guerre mondiale, Corniglion-Molinier était, en 1937, producteur de cinéma (Cf. « Espoir » 1945) et directeur des studios de cinéma de la Victorine, à Nice.
Faut-il préciser qu’un vol "sans escale" de 15.700 km, entre Paris et Tahiti, en 1937, était de l’ordre du rêve, surtout avec un Morin/Farman dont l’autonomie ne dépassait pas normalement 1 000 km…L’année 1937 verra de nombreux raids aériens, dont deux entre Paris et l’Indochine (avec escales).
Peu avant l’envol du « Morin », Hercule discute avec un mécano qui travaille sur un Farman F.190, dont on voit très peu de choses.
Christian Santoir
*Film disponible sur amazon.fr
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