Vo. Q planes
Année : 1939
Pays : Grande-Bretagne
Durée : 1 h 21 min.
Genre : espionnage
Noir et blanc
Réalisateur : Tim Whelan, Arthur B. Woods
Scénario : Brock Williams & Jack Whittingham
Acteurs principaux :
Laurence Olivier (Tony McVane), Ralph Richardson (Major
Charles Hammond), Valerie Hobson (Kay Lawrence), George Curzon (Jenkins),
George Merritt (Mr. Barrett), Gus McNaughton (Blenkinsop), David Tree (R.
Mackenzie), Sandra Storme (Daphné), Frank Fox (Karl), George Butler (Air Marshal
Gosport).
Photographie : Harry Stradling Sr.
Musique : Muir Mathieson
Producteur : Irving Asher
Compagnie productrice : Irving Asher Productions
Avions :
- -Airspeed AS6J Envoy I , G-ADBA
- -De Havilland D.H.89A Dragon Rapide, G-AENN
- -De Havilland DH 82A Tiger Moth
Notre avis :
Paru aux USA sous le titre "Clouds over Europe", ce film fut tourné à l'automne 1938, dans l'euphorie ayant succédé aux accords de Munich. Le film a cependant le courage de désigner assez clairement l'Allemagne comme l'ennemi (bien qu'elle ne soit pas désignée nommément) , et ne manque pas de reprocher indirectement au gouvernement, de ne pas avoir réarmé plus tôt…Ce film qui ne se prend pas au sérieux, est un des meilleurs films d'aviation ayant pour thème l'espionnage. On appréciera l'ambiance très "chapeau melon et parapluie", avec l'hyper british Ralph Richardson. On retrouvera ce dernier dans "Le mur du son" (1952) et "La bataille d'Angleterre" (1969).
Le titre fait référence aux "Q ships" de la première guerre mondiale qui étaient des bateaux corsaires, ou des bateaux pièges, destinés à tromper les sous-marins ennemis, en se faisant passer pour des navires marchands sans défense. Dans le film le "Q plane" est un avion commercial doté de performances dignes d'un chasseur. Un des scénaristes, Jack Whittingham écrira plus tard une histoire sur laquelle sera basé le James Bond "Opération Tonnerre" (1965), où un bombardier nucléaire anglais disparaît en mer, comme les avions du film.
Le major Charles Hammond des services secrets anglais suspecte que la disparition de quatre avions expérimentaux équipés de matériels ultra secrets, n'est pas le fruit du hasard…Mais ses soupçons ne sont partagés ni par le constructeur des avions, ni par le services du contre-espionnage. A l'usine Barrett and Ward, un autre avion est préparé pour un nouvel essai, malgré les craintes du chef pilote Tony McVane qui, lui aussi, soupçonne un sabotage. Alors qu'il vole au-dessus de la mer, un rayon mystérieux émis par un cargo, le SS "Viking", détruit les circuits électriques de l'avion qui est obligé d'amerrir. A bord du cargo, des agents étrangers chargent l'avion sur le pont, pour s'apercevoir que ses moteurs ne sont pas équipés du système de suralimentation secret; Hammond avait demandé qu'on le démonte juste avant le décollage …La soeur d'Hammond, Kay, qui est journaliste, mène son enquête personnelle à l'usine d'aviation, en se faisant passer pour une serveuse, à la cantine ! Sur le bateau, le chef des espions, le Baron, enrage, et ordonne d'éliminer Jenkins, le secrétaire de Barrett, qui les renseigne. La mort de Jenkins renforce Hammond et McVane dans leurs soupçons, mais le Baron fait jeter l'avion à la mer pour faire croire à un accident. ça marche, et Hammond est dessaisi de l'enquête. McVane se prépare à un nouveau vol d'essai. Hammond, cependant s'intéresse toujours à l'affaire, et en interrogeant les marins qui ont retrouvé l'épave, finit par remonter au "Viking", au moment où McVane est en vue du cargo. Après sa capture, il est emprisonné avec les autres aviateurs des avions disparus. Il les incite à se libérer et à attaquer l'équipage. Entre-temps, Hammond a pu trouver un destroyer (le HMS "Echo"-H23) qui arrive juste à temps pour arraisonner le SS "Viking". Kay et McVane repartent ensemble, quant à Hammond, il apprend que sa petite amie, Daphné, lassée de l'attendre perpétuellement, s'est mariée !
A la fin des années trente, on croyait ferme au fameux "rayon de la mort", et le journal "Time" se faisait l'écho, en décembre 1935, des essais d'un rayon radio, qui auraient été effectués par Marconi …Tout était en fait, parti des projets d'un scientifique serbe, émigré aux États-Unis, Nikola Tesla. Lors d'une conférence dans les années 1930, Tesla avait affirmé que le monde risquait d'aller vers une guerre mondiale (ce qui se vérifia..), et que le seul moyen de l'éviter serait la création d'armes de dissuasion extrêmement destructrices. Il suggéra que des canons à particules pourraient jouer ce rôle. Ce fut, finalement, la bombe atomique qui fut l'arme dissuasive. Le film ne précise pas comment on pouvait contrer ce rayon. L'année suivante, on retrouvera une telle arme appelée "inertia projector" dans "Murder in the air" de la Warner.
Cette comédie policière est distrayante, et se regarde sans ennui, grâce au talent de Ralph Richardson. Ce film bien réalisé, reçut un bon accueil des critiques, comme du public. Il montrait que la recherche aéronautique anglaise était active, après la sortie du Spitfire en 1936, et que les purs produits d'Eton et de Harrow sauraient faire face à l'adversaire, quel qu'il soit..
Les avions ont té filmés sur le terrain de Brooklands dont on reconnaît la tour de contrôle caractéristique.
Les avions du film :
Le "Barrett & Ward" du film est en réalité un Airspeed AS6J Envoy I (c/n 33, G-ADBA). Ayant été exploité successivement par Olley Air Service, Air Commerce, puis North Eastern Airways Ltd., en 1937, il sera vendu à la RAF en février 1939 (serial P5778). On peut s'étonner qu'un simple Airspeed Envoy, qui fit son premier vol en juin 1934, soit capable d'intéresser une nation capable de fabriquer un rayon paralysant. Cet avion en contreplaqué amerrit comme une fleur, sans le moindre éclat, ou aile froissée. Il est vrai qu'au cinéma, même de nos jours, les avions se posent en mer en restant intact…L'Envoy n'avait qu'un seul pilote qui prenait place dans un cockpit semblable à celui d'un D.H.89 Dragon Rapide. Le cockpit reconstitué en studio est donc fantaisiste. Tout aussi fantaisiste, est la vitesse de l'avion avec ses nouveaux moteurs suralimentés : 330 mph ! Le véritable avion atteignait tout juste 174 mph (280 km/h) au niveau de la mer. Rappelons que le plus rapide bimoteur de la RAF en 1939, était alors le Bristol Blenheim (478 km/h).
Hammond descend, au début du film, d'un bimoteur De Havilland D.H.89A Dragon Rapide (c/n 6340, G-AENN) qui appartenait à Charles W.F. Wood (un pilote d'Olley Air Service). Après un court séjour à Dar-es Salam (Tanganyka) en 1936-37, il rejoignit la RAF en janvier 1940 (W6455), et sera détruit lors d'un atterrissage forcé à Fraserburgh (Ecosse), trois ans plus tard.
Le SS "Viking" est recherché par les De Havilland DH 82A Tiger Moth de la Brooklands School of Flying Ltd., de Sywell. Cette école, fondée par la compagnie Brooklands Aviation Ltd., était destinée à former des pilotes pour la RAF, et constituait une unité locale de la RAF Volunteer Reserve. Ces Tiger Moth avaient les ailes argent, et le fuselage rouge et noir. Parmi ces avions, on remarque le G-ABTB (c/n 3101), le G-AEZC (c/n 3624), le G-AESA (c/n 3544). Ces trois avions seront réquisitionnés par la RAF en août 1940, avec les numéros de série respectifs : BD153, BD152, BD161.
Christian Santoir
*Film disponible sur amazon.fr
Enregistrer un commentaire