Rechercher dans ce blog

ALERTE À LA BOMBE

 
ALERTE À LA BOMBE

Vo. Skyjacked

 

 

Année : 1972
Pays : États-Unis
Genre : thriller
Durée : 1 h 42 min.
Couleur

Réalisateur : John GUILLERMIN
Scénario : David HARPER, Stanley R. GREENBERG

Acteurs principaux :
Charlton HESTON (Commandant Henry 'Hank' O'Hara), Yvette MIMIEUX (Angela Thacher), James BROLIN (Jerome K. Weber), Claude AKINS (Sergent Ben Puzo), Jeanne CRAIN (Mme. Clara Shaw), Susan DEY (Elly Brewster), Roosevelt GRIER (Gary Brown), Mariette HARTLEY (Harriet Stevens), Walter PIDGEON (Sénateur Arne Lindner)

Musique : Perry BOTKIN Jr.
Photographie :Harry STRADLING Jr.
Producteur : Walter SELTZER
Compagnie productrice : Metro-Goldwyn-Mayer

Avions :

  • Boeing 707-373C, N374WA
  • Beech A36 Bonanza, N905R
  • North American F-100C Super Sabre


Notre avis :

En août 1972, le service des Douanes australiennes salua, indirectement, la bonne réalisation de ce film en faisant interdire pendant six mois sa diffusion dans le pays, dans « l'intérêt des voyageurs »...Le détournement d'avion n'était pas un fait nouveau (le premier eut lieu en 1931), mais il est vrai que les années soixante dix battirent des records en la matière (plus de soixante détournements !), les années quatre vingt ayant également un bon score. La sécurité dans les aéroports à cette époque, laissait beaucoup à désirer et on voit le « héros » du film embarquer, avec dans son sac, un Walther P-38 et un demi douzaine de grenades quadrillées ! La FAA ne s'opposa pas à sa sortie dans la mesure où l'auteur du détournement était présenté comme un dément; mais une association de voyageurs aériens entreprit une campagne contre la publicité faite autour de ce genre de film et certaines chaînes télé évitèrent d'en faire la promotion.

« Alerte à la bombe » passe pour être le premier film montrant un détournement aérien. En réalité, les réalisateurs ne l'avaient pas attendu pour s'intéresser à un tel acte et on se rappelle de « Fugitive in the sky » en 1937, « The great air robbery » en 1940, « Hold up en plein ciel » en 1955.., mais jusque là, on détournait un avion pour des motifs crapuleux, ici, c'est pour un motif personnel (un paranoïaque se prenant pour un héros), voire, à la limite, politique (détournement vers l'URSS), un motif qui deviendra prépondérant par la suite, dans les films de la même veine.

Sur l'aéroport international d'Oakland, le vol 502 de Global Airlines s'apprête à partir pour Minneapolis. Peu avant la fin de l'enregistrement, un jeune militaire, le sergent Jerome K. Weber, insiste pour être pris sur le vol alors qu'il est sur liste d'attente. Il n'a, soit disant, qu'une permission de vingt quatre heures pour assister au mariage de sa sœur. Un passager, Gary Brown, qui voyage avec son violoncelle, accepte que Weber prenne la place réservée à son instrument. Alors que l'avion a atteint son altitude de croisière, une jeune passagère, Elly Brewster, avertit l'hôtesse, Angela, qu'il y a une inscription sur le miroir des toilettes. Averti, le commandant "Hank" O'Hara constate que quelqu'un à écrit qu'il y avait une bombe à bord et qu'il demande que l'avion soit détourné sur Anchorage...Hank demande donc un nouveau plan de vol pour cette destination et avertit le centre de contrôle le plus proche de son changement de cap. Un contrôleur, ami de Hank, avertit aussitôt le FBI. Hank commence par inspecter les équipements de sport d'un sénateur et l'étui à violoncelle du musicien Gary Brown, sans rien trouver. Angela trouve alors dans son chariot un mot pressant le commandant de prendre la direction d'Anchorage. Le temps se dégrade et la visibilité à Anchorage est proche de zéro; Hank demande à faire un atterrissage guidé par le radar d'approche (GCA). En finale, il manque percuter un petit avion de tourisme qui a perdu sa route et vole sans radio. Une fois atterri, Hank apprend par le FBI que le sergent Weber, dont le comportement étrange n'avait pas échappé à Gary Brown, est en fait le soldat Weller qui a été renvoyé de l'armée pour troubles psychiatriques graves. Alors qu'on fait évacuer les passagers, Weber aperçoit les hommes du FBI qui l'attendent. Il saisit alors un pistolet caché dans son sac de cabine et empêche les passagers de première classe, dont une femme enceinte, de débarquer. Il demande alors à aller à Moscou ! Arrivé dans l'espace aérien soviétique, l'avion est escorté par quatre chasseurs jusqu'à destination. Après l'atterrissage, Weber s'annonce aux autorités comme un transfuge venant livrer aux Soviétiques un avion et un sénateur américain ! Il pense être accueilli en héros...Il avoue alors à Hank, resté seul avec lui, qu'il n'avait pas de bombe, juste des grenades. Quand Hank essaie de le maîtriser, il reçoit une balle dans l'épaule. Weber, ayant vu des hommes en armes sur le tarmac, descend de l'avion protégé par Hank; ce dernier saute alors de côté et les soldats peuvent abattre Weber.

Comme dans un film catastrophe, on remarque l'habituel échantillon de passagers, avec le musicien noir, le sénateur, la jeune hippie, la femme enceinte...Il ne manque que la nonne et l’enfant malade. Tout aussi caractéristique est l'intrigue sentimentale entre l'hôtesse Angela, le commandant Hank, son ancien amant, et le copilote qui est son nouvel ami. La scène de l'accouchement en plein vol (alors que les femmes enceintes ne sont pas acceptées à bord après le septième ou huitième mois) et les flashes backs de Hank sur son aventure avec Angela, apparaissent totalement superflus. La scène de l'approche délicate d'Anchorage en GCA, est plus intéressante, mais elle a été dramatisée à l'extrême. Le guidage s'arrête au seuil de piste, encore faut-il que le pilote puisse l'apercevoir ...L'altitude de décision est au minimum de 60 mètres, avec 400 m de visibilité horizontale. Hank est en dessous des minima et ne voit absolument rien, même en très courte finale; atterrir dans ces conditions est suicidaire. L'approche en GCA, plus guère employée de nos jours (sauf par les militaires), fut montrée dans plusieurs films : "La ville écartelée" (1950), "Strategic Air Command" (1955), "Out of the clouds" (1955), "Julie" (1956)…

Quand l'avion est en procédure d'approche, tous les passagers sont debout et la cabine ressemble à un wagon de métro aux heures de pointe. Le personnel de cabine fait plutôt mal son travail. Par contre, les porte bagages n'étant pas fermés, en cas de turbulences, les hôtesses descendent les sacs et les donnent aux passagers qui doivent les garder sur leurs genoux...

Charlton Heston fut particulièrement satisfait de ce tournage et appréciait le film. Il est vrai qu'à part quelques outrances, il est relativement sobre et dans l'ensemble plutôt crédible. Il ménage quelques bons moments de suspense, bien que peu originaux, et ne tombe pas dans les excès dont feront montre les films ultérieurs de ce genre.

Donc, inclinez votre dossier, attachez votre ceinture et apprêtez vous à passer un moment divertissant, tout en pensant à l'heureuse époque où le commandant de bord fumait sa pipe dans le cockpit, qu'une femme enceinte pouvait commander un Bloody Mary et que le pire qu'on pouvait imaginer c'était d'être détourné vers Moscou...Les amateurs du Boeing 707, devenu rare dans nos cieux, apprécieront les belles images de l'appareil prises par Don Morgan et James W. Gavin.

  

Les avions du film :

La majorité du tournage eut lieu à l'intérieur d'une vraie cabine de Boeing 707 et aucune maquette ne fut employée

Le principal avion du film est un Boeing 707-373C (c/n 18583.34, N374WA), une version munie à l'avant gauche d'une porte cargo, et pouvant à la fois transporter du fret et des passagers. Cet avion fut loué à la compagnie « World Airways » qui était basée, à l'époque, sur l'aéroport d'Oakland Metropolitan (CA) où la plupart des scènes au sol furent filmées (embarquement des passagers, débarquement à « Moscou »).

Ce Boeing sera un habitué des caméras puisqu'on le retrouvera sous les couleurs de la compagnie « Sovereign Airways » dans le film "Magnum force" (1973), puis de nouveau comme appareil de « Global Airways » dans l'épisode « Angel flight » (saison 2, épisode 4-1977) de la série « Drôles de Dames ». Il sera vendu en 1973 en Arabie Saoudite (Saudia Arabian Airlines HZ-ACF) puis en 1978, en Angola ( D2-TAG, TAAG Angola airlines cargo; 1980-1990 : D2-TOG, filiale « Angola Air charter »; 1991 : Linhas Aereas de Angola, Nasco leasing). Stocké un temps à Manston, il sera ferraillé en 1993.

La plupart de ses vues en vol sont filmées alors que l'avion vole lentement avec dix degrés de volets sortis, mais avec le train rentré, même après que Hank l'ait descendu...On remarque que le tableau de bord du Boeing 707 ressemble encore beaucoup à celui des avions à hélices, avec ses quatre gros avertisseurs lumineux d'incendie (qui déclenchent une sonnerie, comme sur un DC-4...). Mais l'avion se pilote à trois, le radio navigateur ayant disparu. Le tableau de bord est bien filmé avec des instruments (horizon artificiel, vario, altimètre..) « vivants ». Mais, en finale, on ne voit pas s'allumer successivement les trois voyants de l'ILS (outer, middle et inner markers) qui devraient aussi émettre un signal morse individualisé. Pour se familiariser avec un cockpit de jet, Heston fit plusieurs séances de simulateur à l'aéroport de Los Angeles. Deux ans plus tard, le "commandant" Charlton Heston allait se retrouver au manche d'un 747, dans « 747 en péril ».

L'avion qui vient malencontreusement se mettre sur la trajectoire d'approche du 707, est un Beech A36 Bonanza qui s'annonce comme le « N1370 », alors qu'en fait il est immatriculé "N905R", comme on peut le voir quand il fait son magnifique cheval de bois (sur la queue !), à l'atterrissage. Mais, lui, il s'est débrouillé tout seul avec l'ILS, sa VHF étant en panne..

Les quatre chasseurs "soviétiques" sont des North American F-100C Super Sabre de la Garde Nationale du Nouveau Mexique, basée à Kirtland AFB (Albuquerque). Un cinquième appareil avait été gardé en réserve au cas où... Ils volent avec leur aérofreins déployés pour escorter le 707, train sorti. Ils sont revêtus d'un camouflage style Vietnam, et portent des numéros blancs sur le nez (043, 056, 084, 803) figurant les trois derniers chiffres de leurs serials. La dérive est ornée d'une grande étoile rouge, mais le logo de l'unité, le « Dickey bird » tout jaune, a été conservé en haut. Si Hank applique les règles internationales en sortant son train, la cavalcade des chasseurs (commandés par le colonel Robert Sands, un vétéran de la Corée) avec ses passes frontales est du pur spectacle !

 

Christian Santoir

* Film en vente sur amazon.com

Enregistrer un commentaire

Copyright © Aeromovies. Designed by OddThemes