Vo. One minute to zero
Année : 1952
Pays : Etats-Unis
Genre : guerre
Durée : 1 h 55 min.
Noir et blanc
Réalisateur : Tay Garnett
Scénario : William Wister Haines,
Milton Krims
Acteurs principaux :
Robert Mitchum (Colonel Steve Janowski), Ann Blyth (Linda Day), William Talman
(Colonel Joe Parker), Charles McGraw
(Baker), Margaret Sheridan (Mary
Parker), Richard Egan (Capitaine
Ralston), Eduard Franz (Dr.
Gustav Engstrand), Robert Osterloh
(Major Davis), Robert Gist (Major
Carter)
Musique : Victor Young
Producteur : Edmund Grainger
Compagnie productrice : RKO pictures
Avions :
- Cessna L-19A Bird Dog
- Douglas
C-47B
- Lockheed F-80C Shooting Star
- North
American T-6
- North American P-51 Mustang
Notre avis :
Howard Hughes bénéficia d'une forte participation de l'Armée et de l'USAF pour la réalisation de ce film. Le lieutenant colonel Stanley Paul Latiolais, le chef des opérations de la 5th Air Force en Corée, fut un des conseillers techniques. Les autorités militaires avaient demandé à ce que le tournage fut le plus rapide possible. Cependant, à la fin juin 1951, les événements en Corée rendirent impossible le tournage sur place, et il fallu trouver des endroits convenables aux USA. Après plusieurs réunions avec le Département de la Défense, c'est finalement Fort Carson et Peterson Field (CO) qui furent choisis pour y tourner les scènes de bataille ainsi que les séquences aériennes. Les troupes du 148th Field Artillery fournirent les figurants. Fin août 1951, une seconde équipe de tournage fut envoyée en Corée pour y tourner certaines scènes additionnelles, avec l'aide de dizaines de soldats coréens.
Bien que la RKO annonçât que c'était le premier film sur la guerre de Corée tourné avec la pleine collaboration de l'Armée, le Pentagone avertit ses agences de relations publiques de ne pas cautionner le film, d'aucune manière…Les militaires avaient en effet demandé que la séquence où le principal personnage du film ordonne de tirer sur une colonne de réfugiés où se cachaient des soldats nord-coréens, soit supprimée; Hughes refusa. Ce fut donc le premier film où la collaboration de l'Armée fut retirée, au moment de sa sortie !
La production coûta 2,181,000 $ et le film inclut de nombreuses images de correspondant de guerre, filmées sur place, et montrant des cadavres carbonisés, ou des prisonniers sommairement exécutés.
A Séoul, l'invasion des troupes communistes paraît imminente. Les colonels Steve Janowsky de l'Armée et John Parker de l'USAF sont là pour aider les sud Coréens à se défendre. Une humanitaire des Nations Unies, Madame Linda Day, s'opposent à eux et à l'emploi de la force. Mais quand les avions nord-coréens commencent à attaquer l'aéroport, Steve l'embarque de force dans le dernier avion pour le Japon. Les premiers jours de la guerre se passent mal pour le Sud et Steve est obligé de pendre le commandement d'une section qui a perdu son chef, et d'arrêter lui même un colonne de chars nord-coréens. Ils sont agréablement surpris de voir des avions australiens venir à leur aide. Quelque temps plus tard, Steve est blessé et doit être évacué au Japon. A l'hôpital, il reçoit la visite de Linda qui le remercie de lui avoir sauvé la vie. Ils sortent le soir ensemble et Linda lui apprend qu'elle est un veuve de guerre. Steve est tombé amoureux d'elle, mais elle ne veut pas trop s'engager. Steve retourne au combat pendant que Linda essaie de mettre sur pied un programme d'aide médicale aux milliers de réfugiés qui fuient les combats. Steve s'aperçoit que de nombreux soldats nord-coréens tentent de s'infiltrer au milieu du flot des réfugiés. Il ordonne de les fouiller mais il sont trop nombreux. Après les avoir avertis, il ordonne à l'artillerie de tirer à coté pour les effrayer, mais les réfugiés sont poussés en avant par des soldats armés. Steve, la mort dans l'âme, finit par ordonner de tirer sur eux ! Linda a assisté à la scène et s'en prend à Steve. Le colonel Parker lui montre alors des soldats américains prisonniers, torturés par les nord-coréens. Elle lui demande alors de transmettre ses excuses à Steve. Ce dernier, pour couper une des principales artères de ravitaillement de l'ennemi, s'infiltre avec ses hommes en territoire ennemi et stoppe les camions qui deviennent alors la cible de l'aviation. Mais ils sont bientôt cernés et les munitions commencent à manquer. John décide de mener une délicate mission nocturne pour ravitailler Steve. Touché par la DCA, il saute, mais son parachute s'enflamme…La mission a été néanmoins un succès et Steve va être nommé général. Alors qu'il quitte le front il rencontre Linda qui lui demande pardon. Il l'assure qu'elle sera un jour son épouse, quand les combats seront terminés..
Il va sans dire que cette histoire de réfugiés massacrés ne se serait pas passée aujourd'hui comme cela. La presse s'en serait emparé, le colonel aurait été inquiété et une enquête diligentée. L'infiltration de soldats nord-coréens parmi les réfugiés fut un fait avéré, plusieurs fois traité au cinéma ("Dragonfly squadron"–1954, "Battle hymn"-1956…). Mais depuis une cinquantaine d'années, alors qu'il n'y a plus de guerre déclarée, mais des "conflits régionaux", des "opérations de police" ou de "maintien de l'ordre", c'est la règle que l'adversaire ne porte plus d'uniforme et se mêle à la population pour mieux s'y cacher et s'en servir comme bouclier humain. Cela permet aussi de faire de belles images bien sanglantes à destination des opinions occidentales. A l'époque, cette séquence ne choqua personne, sauf l'Armée; sept ans auparavant, des centaines de milliers de civils européens, japonais, chinois, avait été tués, dans ce qu'on appelle aujourd'hui, des "dommages collatéraux".
Plus sobre, mais plus poignante, est la scène sur la base d'Itazuke au Japon, où quatre épouses de pilotes attendent leur maris revenant de mission en Corée; seuls trois avions surgissent dans le ciel... Les troupes d'occupation américaines au Japon avaient en effet la permission d'y faire venir leur famille, le pays étant en paix. Ce thème des épouses au contact de la guerre sera évoquée dans "Sabre jet", un an plus tard.
Bref, ce film, qui est en fait une banale histoire d'amour entre un guerrier et une humanitaire, sur fond de guerre de Corée, annoncé à grand renfort de formules grandiloquentes ("Le film d'action le plus excitant jamais réalisé !.. "Produit à coup de millions de dollars pour vous fournir un million de frissons !…" fit un bide. Il comportait aussi un peu trop de propagande et de patriotisme pour être vraiment apprécié par un public plutôt défavorable à ce conflit.
Comme la plupart de la vingtaine de films traitant de la guerre aérienne en Corée, "Un minute avant l'heure H" nous permet de voir les premiers jets mis en service par l'USAF; ici, c'est le F-80 qui est en vedette.
Les avions du film :
Au début du film, un North American P-51 Mustang joue les Yak nord-coréens et straffe le terrain de Kimpo. Il se transforme en Grumman Hellcat quand on a une vue rapprochée du cockpit…Cet avion apparaît nettement mieux dans la dernière partie du film sous les cocardes australiennes (des cocardes non conformes, avec un drapeau de dérive fantaisiste et des codes, "17-A", fictifs). Ces avions venaient de Buckley Field (Denver). Cette séquence rappelle que les Australiens furent les premiers à porter assistance aux troupes américaines. Les Mustang du squadron 77 de la RAAF fit 3800 sorties entre le 2 juillet 1950 et le 6 avril 1951, avant que l'unité soit transformée sur Meteor.
La plupart des avions du film sont des Lockheed F-80C Shooting Star basés à Peterson Field (CA). On voit surtout quatre d'entre eux, dont les F-80C FT-508 (s/n 49-508), FT 874, 875 (s/n 49-1874, 1875). Les autres (F-80A FN-446, s/n 44-85446, FN-476, s/n 49-476) sont vus lors d'exercices d'attaque au sol, en train de lancer des roquettes et du napalm.
Janowsky embarque manu militari Linda Day dans un Douglas C-47B (s/n 43-496**). Plus tard, le colonel Parker évacue Janowsky, blessé, dans un petit Cessna L-19A Bird Dog (s/n 51-4643). En arrière plan, on entrevoit un hélicoptère Sikorsky R-5.
Parker est tué aux commandes d'un North American T-6; la tâche de ces appareils, appelés "Mosquitoes", était normalement de diriger le tir des chasseurs bombardiers.
Sur des documentaires de mauvaise qualité, on voit plusieurs bombardiers Douglas B-26. Certaines scènes furent tournées sur la base de Nellis AFB (NV), où l'on aperçoit un C-47B, un C-54 et trois F-80.
Christian Santoir
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