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UN NOMME JOE

 

UN NOMME JOE

Vo. A guy named Joe

 

Année : 1943
Pays : Etats Unis
Durée : 2 h 02 min.
Genre : fantastique
Noir et blanc

Réalisateur : Victor FLEMING
Scénario : Dalton TRUMBO
Histoire originale : Chandler SPRAGUE, David BOEHM

Principaux acteurs :
Spencer TRACY (Pete Sandidge), Irene DUNNE (Dorinda Durston), Van JOHNSON (Ted Randall), Ward BOND (Al Yackey), James GLEASON (Le colonel “Nails” Kilpatrick), Lionel BARRYMORE (Le général), Barry NELSON (Dick Rumney), Esther WILLIAMS (Ellen Bright), Henry O’NEILL (Le colonel Sykes), Don DeFORE (James J Rourke)

Musique : Herbert STOTHART
Photographie : George FOLSEY,  Karl FREUND
Producteur : Everett RISKIN
Compagnie productrice : Metro-Goldwyn-Mayer

Avions :

  • Beech AT-10 Wichita, en arrière-plan
  • Douglas C-47
  • Fairchild PT-19
  • Lockheed P-38 Lightning 
  • Lockheed P-322
  • Lockheed 12
  • Lockheed C-60 Lodestar 
  • Martin B-26C Marauder 
  • North American B-25B /C/D, document.
  • Vultee BT-13A

 

Notre avis :

Sorti pour le Noël de 1943, au Astor Theater de New-York, ce film fantastique de la MGM, peut être considéré comme une réaction d’Hollywood au stress et à la violence d’une guerre par trop réelle. Ce conte de Noël, basé en partie, sur le film d’Everett Riskin « Here comes mister Jordan » (1941), parle d’un pilote mort qui revient sur terre pour participer à l’effort de guerre. Ce scénario, remanié plusieurs fois, était aussi inspiré du roman pacifiste de Dalton Trumbo « Johnny got his gun » (1939). Le film bénéficiait d’un casting de qualité avec Spencer Tracy, Lionel Barrymore, Irene Dunne, et de jeunes acteurs comme Van Johnson, et Esther Williams, qui n’était pas encore la naïade attitrée d’Hollywood (Cf. « On a island with you » 1948). Au début du film, un jeune garçon nous explique que dans les forces aériennes américaines, un type sympa et réglo, est toujours appelé « Joe »…

Le film ouvre sur le major Pete Sandidge, un vrai casse-cou qui revient en Angleterre avec son B-25 criblé de balles. Après s’être posé, sur le ventre, il descend froidement de son avion pour être félicité par le commandant de l’escadrille, le lieutenant-colonel « Nails » Kilpatrick. Celui apprécie les qualités de pilote de Pete, mais est agacé par son insubordination. Contrairement aux règlements, Pete a l’habitude de voler très bas, et les mécaniciens trouvent un sifflet de locomotive fiché dans son fuselage ! « Nails » le mute en Ecosse, où il pourra réfléchir à loisir. Sa fiancée Dorinda, une femme pilote du Ferry Command, détachée auprès de l’ATA (Air Transport Auxiliary) anglais, vient l’y rejoindre. Après une dernière soirée avec elle, où ils font des projets d’avenir communs, il part bombarder un convoi maritime allemand. Mais sa chance l’abandonne quand il attaque, seul, un porte avions. Se retrouvant dans l’au-delà, il y rencontre un camarade mort qui le conduit devant son nouveau commandant, un vétéran très célèbre des forces aériennes. Ses ordres sont de retourner sur Terre et d’aider un cadet, à obtenir son brevet. Invisible pour les mortels, Pete se retrouve à la base de Luke Field et choisit le jeune Ted Randall pour lui faire traverser les rigueurs de l’entraînement. Quand Randall obtient ses ailes, Pete l’accompagne dans sa nouvelle affectation en Nouvelle Guinée, où, il aura besoin de toute l’expérience de son ange gardien. Un jour, Dorinda, elle aussi affectée dans le Pacifique, débarque. Pete voit d’un mauvais oeil Ted lui faire la cour. Ce dernier avec l’aide de Pete, devient un as qui est bientôt promu capitaine. Il demande à Dorinda de l’épouser. Bien qu’elle n’ait pas oublié Pete, elle accepte. Pete, jaloux, suggère alors à Ted d’accepter une mission périlleuse. Mais il est rabroué par son « général » au ciel ! Quand Dorinda apprend que Ted doit partir pour une mission suicide, consistant à bombarder un dépôt de munition japonais, elle décide de le remplacer. Grâce à Pete, elle peut accomplir la mission avec succès et revenir à la base où elle tombe dans les bras de Ted. Pete a réalisé qu’il est temps pour lui de retourner au ciel, sa mission sur Terre ayant été accomplie.

Le film ne devait pas se terminer ainsi, et cette fin est assez contradictoire. Juste avant de partir en mission, Dorinda avoue à Ted qu’elle ne l’aime pas, et que son coeur est toujours à Pete ! En fait dans une première mouture, Dorinda était tuée pendant sa mission et retrouvait Pete au ciel. Mais l’Armée trouva que cela ressemblait trop à un suicide, et il fallut réécrire à la hâte une autre fin (et ça se voit..). Malgré cela, « Un nommé Joe » fut bien accueilli par des spectateurs confrontés aux dures réalités du conflit, et qui avaient envie de rêver. Ce mélange de merveilleux, de scènes d’action, d’ambiance mélancolique, renforcée par quelques airs à succès (« I’ll get by », « I’ll see you in my dreams ») plût à la fois, au public et à la critique. Le scénario original changeait aussi des habituels films de guerre avec leur lot de violence. Malgré ses problèmes de production, « Un nommé Joe » devint un des plus gros succès de 1943. Steven Spielberg en fit un remake, « Always », en 1989.

Le tournage commença en février 1943 sous la direction de Victor Fleming, le réalisateur de « Test pilot » (1938), mais aussi de « White sister » (1933). Comme les restrictions budgétaires interdisaient de filmer en extérieur, toutes les scènes aériennes furent tournées dans les studios de la MGM, à Culver City, en utilisant des vues prises dans plusieurs bases de l’USAAF : Luke Field (Arizona), Randolph Field (Texas), Columbia Field (South Carolina), Drew et Mac Dill Fields (Floride). Ces films projetés derrière d’immenses écrans, servirent de fond pour les différentes séquences où intervenaient les acteurs. Les scènes de combat, notamment l’attaque du porte-avions allemand, furent réalisées par le service des effets spéciaux, comme il n’y avait aucun film de combat disponible..

Pour assister Fleming, l’Etat Major de l’USAAF affecta temporairement aux studios, le major Edward G. Hillary. C’était un habitué des opérations dans le Pacifique sud. En 1941, il commandait le 36th Fighter Group volant sur le tout nouveau Curtiss P-40. Quand la guerre éclata, il prit le commandement de la première unité de Bell P-39 (8th Fighter Group) opérant à partir de Port Moresby (Nouvelle Guinée) et devint plus tard, le chef des opérations de la 5° Air Force basée à Brisbane.

Le tournage dura plus longtemps que prévu suite à l’accident de moto de Van Johnson. Souffrant d’une fracture du crâne et de plaies au visage, il faillit être remplacé. Mais sur l’insistance de Spencer Tracy, on dut attendre qu’il se remette. Van Johnson devait garder sur son front, les traces indélébiles de cet accident.

 

Les avions du film :

Ce film se distingue pour être le premier à mettre en scène le Lockheed P-38 Lightning qui ne fréquenta pas souvent les studios, et apparaît surtout sur des bouts de films d’actualité insérés dans les longs métrages. Au début du film, de jeunes Anglais le comparent au Spitfire. Pete leur dit que le Spit est plus maniable, mais que le P-38 est plus rapide…La maniabilité du Lightning n’était pas si mauvaise, comme Ted le démontre, quand il se livre à une séance de voltige à basse altitude, pour épater Dorinda.

Un terrain de nouvelle Guinée fut reconstitué dans l’immense studio 15 de la MGM, avec deux P-38E/F venus de l’usine Lockheed toute proche. Sept ou huit P-38E/F d’origine inconnue, apparaissent sur les films. La scène de voltige est effectuée par un P-322, un P-38 sans turbo compresseur (mais avec une prise d’air très caractéristique au dessus du fuseau moteur), destiné au marché anglais. Ce type d’appareil fut reversé dans des unités d’entraînement de l’USAAF après la déclaration de la guerre. La scène finale où Dorinda part au combat aux commandes d’un P-38, fut récréée en studio à partir de films tournés à Drew Field (Floride), et d’un P-38 provenant d’un dépôt de l’USAAF, à Omaha, où il servait de cellule d’instruction. Des moteurs électriques faisaient tourner les hélices. Sa carcasse était encore dans les stocks de la MGM, à Culver city, en 1969.

Le tournage utilisa au moins une cellule presque complète de North American B-25 qui apparaît au début du film. Six ou sept B-25 de différents modèles, comme le B-25B (40-2295), celui de Pete, le B-25C (42- 32364), le B-25D (41-30225).. apparaissant sur des films, projetés en arrière plan. On notera que les B-25 de l’USAAF n’opérèrent jamais à partir de l’Angleterre, et encore moins pour attaquer un porte avions allemand, dont la maquette ressemble fortement à un porte avions japonais ! Le seul porte-avions allemand, le « Graf Zeppelin » lancé en 1938, ne fut jamais achevé…

Un Vultee BT-13A marqué X-2 (42-42559) fut prêté aux studios, mais on en voit des quantités astronomiques sur la base de Luke (dont ceux marqués : X-4, X-8, X-41, X-656, K-197, H-28, R-6..). Dorinda atterrit après une longue glissade, dans un autre avion d’entraînement de l’époque, un Fairchild PT-19. Lors de cette scène, on peut apercevoir, en arrière plan, un bimoteur Beech AT-10, servant également à l’instruction sur multi moteur.

Quatre North American P-51A/A-36 jouent au Bf 109, recouverts, comme il se doit pour des « méchants », d’une livrée sombre, un rôle qui leur sera familier au cinéma.

Huit Martin B-26C Marauder du 21st Bomb Group de la base de Mac Dill (Floride), simulèrent des bombardiers japonais Mitsubishi G4M Betty, auquel le B-26 ressemblait vaguement. Il sont revêtus d’hinomaru avec des inscriptions en caractères kanji. Ils portent en outre trois bandes horizontales sur le gouvernail (réservées généralement à un commandant de groupe), et une autour du fuselage. Ce genre de décoration rappelle plus le front chinois que celui du Pacifique. Les B-26 furent filmés en vol à partir d’un P-39.

Ted suivi de son ange gardien, se rend dans le Pacifique dans un Lockheed C-60 Lodestar, escorté par un Douglas C-47. C’est un Lockheed 12 (C-40) qui amène Dorinda en Ecosse.

Enfin, pour les scènes de combat, on utilisa plusieurs maquettes de B-25B. et de P-38.

 

Christian Santoir

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