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HAMLE BE H3


HAMLE BE H3

Vo. حمله به اچ‌ ۳

(L'attaque sur H3)

 

Année : 1994/1373
Pays : République islamique d'Iran
Genre : guerre
Durée : 1 h 33 min.
Couleur

Réalisateur: Shahriar BAHRANI
Scénario ; Shahriar BAHRANI, Seyyed Naser HASHEMI

Acteurs principaux :
Jafar DEHGHAN (Major Salimpour)

Musique : Madjid ENTEZAMI     
Photographie : Rasul AHADI
Compagnie productrice : Sureh Cinema Development Organization

Avions :

  • -Beechcraft F33A/C Parastu
  • -Boeing 747-2J9F
  • -Chengdu F-7M (dont le s/n 3-7606)
  • -Grumman F-14A Tomcat
  • -McDonnell Douglas F-4E Phantom II (dont le serial 3-6669)
  • -Northrop F-5E Tiger
  • -Pilatus PC-6C Turbo-Porter A
  • -Sukhoi Su-22 (en arrière plan)
  • -Sukhoi Su-20U (en arrière plan)


 

Notre avis :

En avril 1981, pendant la guerre Iran-Iraq, la force aérienne de la République islamique Iranienne (IRIAF) lança une attaque contre la base iraquienne "H3", située près d'Al-Waleed, dans l'extrême ouest du pays, non loin de la frontière jordanienne. Quarante cinq avions iraquiens auraient été détruits, sans aucune perte du côté iranien. Ce film de propagande raconte, dans ses grandes lignes, cette attaque, dont les Iraniens furent très fiers, puisqu'elle avait mobilisé de nombreux avions, nécessité plusieurs ravitaillement en vol, pour frapper très loin, là où Saddam Hussein s'y attendait le moins.

Le film commence avec l'interception de chasseurs-bombardiers iraquiens par deux chasseurs iraniens. En Iraq, le chef d'état-major de l'armée de l'air décide de replier une grande partie de ses avions, sur une base éloignée du front, en dehors du rayon d'action des avions iraniens, près de la frontière jordanienne. Ce déménagement n'est pas passé inaperçu des services secrets iraniens qui vont profiter de cette occasion, pour porter un coup fatal à la force aérienne ennemie. Mais la mission, vu la distance, s'annonce délicate. La décision est prise d'atteindre la base ennemie, dénommée "H3", en évitant Bagdad et les sites de missiles anti-aériens; il s'agira donc de faire un grand détour, en longeant les frontières turque et syrienne. Des opérations de diversion seront menées simultanément dans l'est de l'Iraq; il faudra aussi prévoir plusieurs ravitaillements en vol. Le 4 avril 1981 (1360, en Iran), au matin, l'attaque est lancée. Une formation de huit chasseurs-bombardiers décolle de la base d'Hamedan, en direction du lac d'Ourmia, à la verticale duquel, ils ont rendez-vous avec un avion ravitailleur, avant de traverser la frontière iraquienne. Un autre ravitailleur a été envoyés sur l'aéroport de Larnaca, à Chypre. Des chasseurs-bombardiers sont envoyés bombarder la raffinerie de Kirkouk, et attirent la chasse iraquienne sur eux, mais sans conséquence. Les bombardiers iraniens qui volent à très basse altitude, sous la couverture radar, se divisent en deux sections, avant d'atteindre H3. L'effet de surprise est total. Les avions iraquiens n'ont pas le temps de décoller et la réponse de la DCA est faible. Après l'attaque, les Iraniens repartent par le même chemin. Une paire de chasseurs iraniens patrouillent le long de la frontière irano-iraquienne pour empêcher toute tentative d'interception par les chasseurs iraquiens. Deux avions iraniens se trouvent à court de carburant, peu après le passage de la frontière et atterrissent en pleine campagne, sur une route ! Les autres atterrissent à leur base et leurs équipages y sont accueillis en vrais héros. Tous les attaquants sont sains et saufs. Al Hamdoulillah !


Ce film est une sorte de docu-fiction racontant des faits réels et dont l'action se déroule dans les postes de commandement et les cockpits. Deux ou trois scènes seulement, se passent dans la sphère domestique, dans la maison d'un des principaux personnages (avec femme voilée, cantonnée dans la cuisine…).

Comme il fallait s'y attendre, les résultats de cette attaque furent fortement contestés par les Iraquiens qui affirmèrent que "H3" était pratiquement vide et ne reconnurent que la destruction de cinq Mirage F1 et d'un MiG-21. Selon d'autres sources, vingt sept appareils (trois An-12BP, un Tu-16, quatre MiG-21, cinq Su-20/22, huit MiG-23, deux Mirage F1 et quatre hélicoptères) auraient été détruits. Les Iraniens ne fournirent aucune photo aérienne de la base, avant l'attaque, n'en ayant sans doute pas (l'Iran, en 1981, ne disposait pas de couverture satellitaire). Précisons que "H3" était en fait, un complexe, comprenant trois terrains, un terrain principal avec deux annexes au NW (à 15 km) et au SW (à 20 km), plus, une portion de route rectiligne, servant de terrain de dispersion (à 40 km à l'ouest).

L'opération fut déclenchée peu après que l'Iraq ait lancé deux missiles sol-sol 9K52 Luna-M sur les villes frontalières de Dezful et Ahvaz. La contre attaque fut organisée par les 31ème et 32ème Groupes de Chasse Tactique, basés à Nojeh (TFB3), près de Hamedan. Ils mirent en ligne six F-4E Phantom, deux F-4D, deux F-14, trois (?) F-5, un Boeing 747, servant de poste de commandement aérien et deux Boeing 707 ravitailleurs (selon F. Bishop, T. Cooper :"Iranian F-4 Phantom II units in combat". Osprey combat aircraft n° 37, 2003). Deux  B.747 ravitailleurs auraient aussi été envoyés à Damas (et pas à Chypre), la veille de l'attaque.

La propagande iranienne considéra l'attaque de H3, comme "une des plus grandes opérations aériennes du monde"…Rappelons aux Iraniens que l'histoire de la guerre aérienne compte d'autres opérations réussies, bien plus complexes, comme le raid japonais sur Pearl Harbor, en 1320 (1941), ou celui de Doolittle sur le Japon, en 1321 (1942)…

 

Les avions du film :

Le film ouvre, dès le générique sur plusieurs MiG-21F-7MP, ou plus exactement la version chinoise, des Chengdu F-7M (dont le 3-7606 qui est un serial iranien et pas iraquien) portant des marques iraquiennes (mais mal placées, le triangle vert étant peint sur le nez, pour cacher "IRIAF", alors qu'il est, normalement, placé à l'arrière du fuselage; les cocardes iraniennes ont été laissées sur les ailes…). Plus tard, on en voit d'autres décoller d'une base pour intercepter les Iraniens (dont les serials 3-7815 et 3-7520). L'Iraq possédait également ce type de chasseurs, mais en plus grand nombre.

Le chef d'état-major de l'armée de l'air iraquienne se déplace dans un Pilatus PC-6C Turbo-Porter A, un appareil qui n'équipa pas l'armée de l'air iraquienne; ce STOL qui servit parfois aux Iraniens à récupérer des pilotes abattus en territoire ennemi. Cet officier passe devant de nombreux Sukhoi Su-22 (dont le "22540", qui est son vrai serial iraquien) et un Su-22M biplace. On peut même apercevoir le bout de l'aile caractéristique d'un Sukhoi Su-25 K/UBK. Plus tard, lors de l'attaque de H3, ont peut aussi apercevoir un Su-20U biplace. Tous ces avions faisaient partie des appareils iraquiens réfugiés en Iran, lors de la première guerre du Golfe, en 1991. Seuls, les sept Su-25 iraquiens font toujours partie de l'inventaire de l'armée iranienne, alors que les Su-20/22 ont été restitués à l'Iraq. En juillet 2014, deux Su-25K et un Su-25UBK iraniens (ex-iraquiens) retournèrent en Iraq, dans le cadre de la lutte contre l'"état" islamique…Des maquettes de Sukhoi ont été confectionnées pour reproduire l'attaque de la base iraquienne.

A part les MiG et ces Sukhoi, tous les autres avions du film sont des avions de chez McDonnell, Northrop, Grumman, Boeing, Beechcraft, fournis par les USA. La République islamique d'Iran n'a donc pas hésité à utiliser le matériel du Grand Satan ! Il en est de même de l'équipement des pilotes : casques, masques à oxygène, combinaisons…

Le principal avion du film, qui mena effectivement l'attaque (avec des F-4D), est le McDonnell Douglas F-4E Phantom II (dont le serial 3-6669), une version équipée d'un canon rotatif M61 de 20 mm. Il est également armé de missiles air–air AIM-9L Sidewinder et de bombes à retardement Mk.82 Snakeye. Les instruments aperçus : compte-tours des moteurs, manette des gaz, horizon artificiel, plateau de route (Indicateur de Situation Horizontale), sont bien ceux d'un cockpit de F-4E. Ce type d'appareil, livré en 1968-1971, est toujours en service en 2014, avec une cinquantaine d'exemplaires, sur les deux cent vingt cinq livrés, grâce, sans doute, à une cannibalisation à grande échelle. Un programme de rénovation est actuellement en cours avec, notamment, l'installation d'une nouvelle avionique avec un radar chinois.

Le bombardement de la raffinerie est effectué par deux Northrop F-5E Tiger II. On en voit beaucoup d'autres avec des biplaces F-5F (dont le serial "3-7157"), sur le tarmac d'une base (Dezful ?). On a une brève vue du bas (côté gauche) du tableau de bord de cet appareil, quand le pilote arme ses bombes. Les F-5 emportent deux missiles Sidewinder et deux bombes Mk.83 de 454 kg. Ils ont, en outre, un réservoir ventral de 1000 l. Une soixantaine de ces avions, livrés dans les années 70, sont encore en service.

Le film montre (assez rapidement) deux Grumman F-14A Tomcat, volant les ailes déployées, et portant un camouflage gris d'après-guerre. L'Iran fut le seul client du F-14, le premier étant livré en 1976. Pendant la guerre Iran-Iraq, cet avion abattit de nombreux avions iraquiens (près de 160) grâce à son système de missile efficace. Ainsi, un seul F-14 pouvait protéger efficacement une cible potentielle, les Iraquiens préférant, le plus souvent, prendre le large…Vingt-huit seraient encore en service, en 2014.

Les attaquants se ravitaillent en vol grâce à un Boeing 747-2J9F. Selon F. Bishop et T. Cooper (2003), l'IRIAF possédait dans les années 80, cinq 747 ravitailleurs qui servaient également de postes de commandement aériens. Il n'y en avait plus que deux, en 2014 (serials 5-8107, 5-8105), basés à Téhéran-Mehrabad. Plusieurs scènes ont été tournées dans le cockpit d'un 747, dont on voit d'autres exemplaires, sans perche de ravitaillement.

L'IRIAF possédait également des Boeing 707-3J9C ravitailleurs, dont on voit un exemplaire à "Larnaca" (Chypre; à Mehrabad, en réalité). Il devient un Airbus A300, quand il décolle…Il y en avait quatorze au moment du conflit avec l'Iraq, et plus que deux, aujourd'hui (serials 5-8310, 8301). En vol, et surtout au sol, on voit d'autres 707, qui ne sont pas des ravitailleurs.

En dehors de ces avions, qui participent à l'opération contre H3, bien d'autres sont observables au sol. On aperçoit ainsi un autre avion américain de l'IRIAF, un Beechcraft 35 Bonanza ou plus exactement un F33A/C Parastu (Hirondelle), un Bonanza construit (sans licence) en Iran, servant à l'entraînement. L'Iran avait reçu cinquante sept F33, à partir de 1973, et il y avait onze Parastu, en 1994.

Sur l'aéroport de Mehrabad (Téhéran), en arrière plan, lors du décollage d'un 747, on discerne (difficilement) un Boeing 727 (l'IRIAF en possède un seul), un Airbus A300, un Hawker Siddeley HS-125 (?), un Douglas DC-8, un Douglas DC-9…

 

Christian Santoir

*Film à visionner sur YouTube

 

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