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The Flying Irishman

 

THE FLYING IRISHMAN

 

 

Année : 1939
Pays : Etats-Unis
Durée : 1 h 11 min.
Genre : biographie
Noir et blanc

Réalisateur : Leigh Jason
Scénario : Ernest Pagano, Dalton Trumbo

Acteurs principaux :
Douglas Corrigan (lui-même), Paul Kelly (Butch Brannan), Robert Armstrong (Joe Alden), Gene Reynolds (Douglas Corrigan enfant), Donald MacBride (Roy Thompson ), Eddie Quillan (Henry Corrigan), J. M. Kerrigan (le père de Douglas)

Musique : Roy Webb
Photo : J. Roy Hunt
Producteur : Pandro S. Bermann
Compagnie distributrice : RKO Pictures 

Avions :

  • Alexander Eagle Rock A2, NC6398
  • Curtiss Robin B, NX9243
  • Curtiss JN-4
  • Orenco F4 
  • Ryan NYP, réplique en arrière-plan 

 

Notre avis :

Ce film raconte l’histoire de Douglas Corrigan qui partit de New-York pour un vol sans escale vers la Californie en 1938, et atterrit en Irlande, soit disant après une erreur de navigation ! Le sujet de ce film avait été proposé par l’ambassadeur des Etats-Unis en Angleterre, Joseph Kennedy (le père du président) après qu’il ait pris en charge l’aviateur lors de son arrivée en Irlande. Kennedy était alors un actionnaire important de la compagnie RCA, parente de la RKO qui avait été formée par la fusion de ses deux compagnies cinématographiques, en 1928. Corrigan, baptisé « Wrong way » Corrigan, devint un héros non seulement en Irlande, le pays d’origine de ses parents, mais aussi aux Etats-Unis qui lui réservèrent un accueil délirant avec une énorme « ticket parade » dans Broadway, où se pressaient plus d’un million de personnes (plus que pour Lindbergh !), et une tournée triomphale des grandes villes. C’est que contrairement à la plupart des grands pionniers, Corrigan était un simple pilote, issu du peuple, financé exclusivement par son travail ; les autorités aéronautiques ne l’avaient pas aidé, bien au contraire, et avaient essayé de l’empêcher de réaliser son rêve, refaire le vol de Lindbergh, son idole. Corrigan était seul avec son avion d’occasion qui lui avait coûté 900 $ . Il fit preuve de beaucoup de courage (ou d’inconscience selon certains) et d’une grande maîtrise du vol. Le grand Lindbergh n’eut pas un mot pour cet exploit personnel, à la grande déception de « Wrong way ».

L’histoire de Corrigan nous est racontée par un reporter qui attend l’arrivée de son avion à l’aéroport de San Antonio (TX) (Corrigan était né au Texas, à Galveston). Dès l’age de neuf ans, il est passionné d’aviation. Trois ans après le divorce de ses parents, sa mère meurt et il se retrouve avec un frère et une soeur à charge. Il vit de petits boulots jusqu’au jour où il est embauché par un petite compagnie aérienne comme homme à tout faire, moyennant des séances de pilotage pour lequel il montre de réelles dispositions. A cette époque, l’aviation est en train de changer. Les avions sont immatriculés et contrôlés ; les pilotes doivent détenir une licence et être aptes physiquement. Plus d’un barnstormer est incapable de remplir ces nouvelles conditions, et certains sont poussés au suicide, ne sachant, et ne voulant, rien faire d’autre. Corrigan devenu pilote, se fait embaucher par la firme Ryan mais en tant que mécanicien et il travaille sur le « Spirit of St Louis ». L’exploit de Lindbergh lui donne l’idée d’un vol vers l’Irlande. Après le départ de Ryan pour St Louis, il reste à San Diégo où il trouve un nouvel emploi de mécanicien. Il économise chaque dollar pour se payer un vieil avion avec lequel il donne des baptêmes de l’air et offre des promenades à un dollar. Il voudrait être pilote de ligne mais on lui oppose toujours de nouvelles réglementations : pas assez d’heures de vol, faible niveau scolaire..Il retourne en Californie et reprend son emploi de mécanicien pour transformer et améliorer son avion. En 1935, il essaie d‘obtenir une licence auprès de l’administration pour effectuer un vol transatlantique. Sa demande est rejetée, mais l’avion est autorisé à faire des vols au dessus des Etats-Unis ! Pendant deux ans, Corrigan apporte de nouvelles modifications à son avion pour obtenir la fameuse autorisation, mais en vain. Le 9 juillet 1938, il quitte la Californie pour New York où il arrive en pleins préparatifs du raid d’Howard Hughes autour du monde. Corrigan est autorisé à faire un vol retour sans escale. Il fait le plein et s’envole cap à l’est !Son vol se déroule assez bien malgré la fatigue et une fuite d’essence qui s’accumule dans le fond du cockpit. Avec un tournevis, il fait un trou dans le plancher pour que l’essence s’écoule à l’extérieur…Le 18 juillet, il atterrit à Baldonnel, près de Dublin, après un vol de 28 heures et 13 minutes. A son arrivée, il feint d’être étonné de se retrouver en Irlande. Il avoue s’être trompé dans la lecture de son compas et avoir fait le voyage constamment au-dessus de la couche...Il s’agit de ne pas provoquer la toute puissante administration de l’aviation civile américaine, dont il avait enfreint plusieurs dizaines de règles. Mais sa licence de pilote ne sera suspendue que quinze jours, jusqu’au 4 août, date de son retour au pays. Après une très chaude réception sur Broadway, il part avec son avion pour une tournée des villes. N’ayant jamais pu être pilote commercial, on lui propose maintenant la vice-présidence d’une compagnie aérienne !

Au moment où sortit le film, tout le monde aux Etats-Unis connaissait bien l’histoire de  « Wrong way », et il n’ y avait pas de surprise à en attendre. Tout au plus, peux-t-on ajouter que Corrigan eut son brevet de pilote à 17 ans et sa licence de pilote de transport en octobre 1929. Il avait également un diplôme de mécanicien aviation. Sa traversée prouve qu’il était un très bon navigateur, car il fit son vol en conditions IFR, avec un compas, une bille-aiguille, un variomètre et tomba juste sur son point de destination ! Corrigan ne fut jamais vice président de compagnie, et après son vol, il écrivit son autobiographie « That's My Story ». Il bénéficia aussi des droits sur toute une gamme de produits « wrong way », dont une montre dont les aiguilles tournaient en sens inverse ! Puis la RKO lui paya plus de $100,000 pour les droits sur sa biographie, soit plus de trente ans de ses revenus antérieurs... Pendant la guerre, il fut pilote d’essai chez Douglas et vola pour l’U.S. Army Ferry Command. En 1946, il se présenta pour les élections au Sénat comme membre du parti de la Prohibition. Il ne fut pas élu (évidemment)…Les années suivantes, il fut pilote dans une petite compagnie de transport californienne. Le modeste Corrigan prit sa retraite en 1950, pour se consacrer à la culture des oranges. Il mourut à Orange (CA), le 9 décembre 1995, à l’âge de 88 ans.

Il est sûr que Corrigan savait lire un compas. Mais la disparition de la Duchesse de Bedford, en 1937, au-dessus de la mer, alors qu’elle devait faire un voyage uniquement au-dessus des terres, fut attribuée (entre autres) à une erreur de lecture de compas de 180°. Mais il s’agissait d’un compas anglais à rose plate avec la ligne de foi à l’arrière. Le compas de Lindbergh, fixé au plafond, juste au dessus de sa tête, avait également une ligne de foi arrière, mais une rose cylindrique inversée pouvant être lue dans un miroir fixé sur le tableau de bord ; il pouvait ainsi lire directement son cap sans avoir à faire de calcul.

« The flying Irishman » est un petit film rapidement tourné, profitant de l’exploit de Corrigan. Ce dernier ne se montre pas un bon acteur, sa voix passe mal au micro et sa diction est très mauvaise. Il fait tache au milieu d’acteurs confirmés comme Robert Armstrong, Paul Kelly, Donald MacBride, qui nous rappellent qu’il ne s’agit pas là d’un documentaire. Néanmoins, « Wrong way » nous apparaît sous une jour sympathique et on comprend l’immense renommée de cette sorte d’anti Lindbergh.

 

Les avions du film :

Le film fut tourné à Culver City Airport (CA) et au Metropolitan Airport de Van Nuys, à Los Angeles. L’avion de Corrigan est un Curtiss Robin B (cn 305) dont le moteur OX-5 d’origine a été remplacé par un Wright J6-5 165, pour le transformer en Robin J-1, immatriculé dans la catégorie « Experimental » : NX 9243. Corrigan baptisa son avion « Sunshine » bien que ce nom n’apparaisse pas sur l’avion. Il avait non seulement remplacé le moteur, mais aussi renforcé la structure pour supporter un énorme réservoir d’essence qui prenait toute la place avant, comme sur l’avion de Lindbergh. Le pilote était installé derrière, sans aucune visibilité vers l’avant. Cet appareil était en fait un nouvel avion et ce n’était pas une ruine comme l’avait prétendu le célèbre journaliste H.R. Knickerbocker. Mais dire la vérité n’aurait pas fait vendre de journaux. Corrigan ne démentit pas non plus et laissa les gens croire ce qu’ils voulaient. Le film reprend d’ailleurs cette légende en montrant des pneus usés jusqu’à la corde, un tableau de bord tenu par du fil de fer, une porte qui s’effondre au moindre choc. (notons que cela facilitait une évacuation ultra rapide, en cas d’amerrissage..). Ce film est aussi un hommage à la qualité des moteurs Wright (s’il en était besoin) et à la robustesse des avions Curtiss. Bien que non prévu pour la voltige, le Robin standard pouvait enchaîner tonneaux et loopings sans problème.

L’avion resta la propriété de Corrigan jusqu’à sa mort. En 1988, pour le cinquantième anniversaire de son vol, il apparut au Hawthorne Air Faire, pour la première fois en public. Des volontaires du Western Museum of Flight, le sortirent de son garage et le ré assemblèrent; ils firent même tourner le moteur qui redémarra sans problème, après que l’on ait refait le plein d’huile et nettoyé les bougies d’origine ! Corrigan se proposa même de faire un petit tour avec, mais la FAA mit tout de suite fin à cette velléité. Ce fut donc un vrai retour dans le passé ! L’avion retrouva donc son garage. Après la mort de Corrigan, il ne réapparut plus et est actuellement la propriété de ses héritiers qui se sont engagés à le restaurer.

Mais le Curtiss n’est pas le seul  avion du film. Corrigan apprend à piloter sur un Curtiss JN-4 qui est doublé par un Orenco F4 lors de la scène du crash. Son ami, le barnstormer, se suicide sur un Alexander Eagle Rock A2 (NC6398). Enfin, on remarquera une belle réplique du Ryan NYP de Lindbergh.

Sur des films d’actualités, on aperçoit un Lockheed Sirius, le Lockheed 10 d’Amelia Earhart, le Wedell-Williams n° 57 de Roscoe Turner et le « Time Flies » de Frank Hawks.

 

 Christian Santoir

 *Film disponible sur YouTube

 

 

 

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