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SABOTAGE A BERLIN

 



Sabotage à Berlin

Vo. Desperate journey

 

 

Année : 1942
Pays : Etats-Unis
Durée : 1 h 37 min.
Genre : guerre
Noir et blanc

Réalisateur : Raoul Walsh
Scénario : Arthur T. HORMAN

Acteurs principaux :
Flynn
(capitaine Terrence 'Terry' Forbes), Ronald Reagan (lieutenant Johnny Hammond), Nancy Coleman (Kaethe Brahms), Raymond Massey (major Otto Baumeister), Alan Hale (Sergent Kirk Edwards), Arthur Kennedy (lieutenant Jed Forrest), Ronald Sinclair (Sergent Lloyd Hollis), Albert Bassermann (Dr. Mathe)r, Sig Ruman (Preuss), Patrick O'Moore (commandant Lane-Ferris), Felix Basch (Hermann Brahms), Ilka Grüning (Frau Brahms)

Photographie : Bert GLENNON
Musique : Max STEINER
Producteur : Hal B. WALLIS
Compagnie productrice :Warner Bros

Avions :

  • Lockheed Hudson Mk.III 
  • Stinson A Trimotor 

 

Notre avis :

Peu après l’entrée en guerre des Etats-Unis la Warner ne perdit pas de temps pour mettre en scène  « Sabotage à Berlin », l'un des premiers films à être tourné par Hollywood après Pearl Harbor. Ce film de propagande à la gloire des alliés (anglo-saxons), et de la RAF, est en fait une comédie où les héros viennent à bout des situations les plus désespérées et sèment le chaos dans l’Allemagne nazie. Beaucoup d’aspects de ce film sont simplement risibles; en cela, « Sabotage à Berlin » s’apparente plus à une bande dessinée, genre « Pieds nickelés contre Gestapo », qu’à un film de guerre. Ronald Reagan y donne la réplique à un Errol Flynn ayant troqué sa tenue de Robin des Bois pour un uniforme feldgrau. Il est vrai qu’en 1942, le peuple américain, en guerre sur deux fronts, avait besoin d’encouragement. On essayait donc de le persuader qu’il pouvait combattre sans problèmes les Allemands, en même temps que les Japonais, ce qui était alors nullement évident...

Parti bombarder le nœud ferroviaire de Schneidemühl, dans le nord de l'Allemagne, le B-17 « D » pour Danny, de la RAF, est touché par la DCA. Il doit faire un atterrissage d’urgence près de la frontière polonaise. Les cinq rescapés, le capitaine Terence Forbes, d'origine australienne, l'Américain Hammond, le Canadien Forrest, le vétéran écossais Edwards (un spécialiste du crachat de précision !) et l'Anglais Hollis, sont aussitôt faits prisonniers. Interrogés par le major Baumeister, portant monocle, ils réussissent à s’évader en le mettant KO ainsi que les gardes ! Mais ils ne partent pas sans avoir fouiller de fond en comble le bureau du major pour y découvrir des documents secrets sur l’emplacement des usines souterraines fabriquant le nouveau chasseur Messerschmitt. Poursuivis par Baumeister, les cinq aviateurs intrépides empruntent un train en route vers l’ouest, qui n’est autre que le train spécial du maréchal Goering…Arrivés à Berlin, ils en profitent pour faire sauter une usine fabriquant des bombes incendiaires. Ils entrent alors en rapport avec Kaethe, qui appartient à une organisation anti nazie. Son père qui est médecin, soigne Hallis blessé pendant l’opération de sabotage, mais celui-ci meurt. Dénoncés par des Allemands pro nazis, les fugitifs partent vers la Hollande dans un véhicule volé, toujours poursuivis par Baumeister qui en fait une affaire personnelle. A Munster, le sergent Edwards est tué à son tour lors d'une confrontation avec le major et ses hommes. Après avoir semé une fois de plus leur poursuivants, les trois rescapés parviennent à un terrain d’aviation où on prépare un bombardier anglais capturé, pour quelque obscure mission. Les fugitifs ont tôt fait de s’en emparer et de s’envoler vers l’Angleterre. Rien de plus simple !

On remarquera que le vol d’un avion par des fugitifs, en territoire ennemi, est un mythe répandu dans les films d’aviation se passant pendant la guerre (Cf. par exemple « Un pilota retorna », 1943), et qui remonte au moins à « Wings » (1927). Nous ne connaissons pas de cas où cela serait vraiment arrivé, même s’il y eut des tentatives. En outre, traverser l’Allemagne en 1942, même la nuit, même en uniforme allemand, ne devait pas être très facile et fort peu de prisonniers y sont parvenus. Le rythme alerte du film compense son manque de contenu sérieux. Vus d’Hollywood, les soldats allemands sont présentés comme une bande de lourdauds (alors que l’armée allemande avait à l’époque, conquis presque toute l’Europe et s’attaquait au géant russe !). Le peuple allemand apparaît partagé ; d’un coté, des nazis qui jouent double jeu pour tromper les fuyards et qui n’ont qu’une envie, les livrer à la Gestapo ; de l’autre, des résistants qui luttent seuls, dans l’ombre, contre le régime. Précisons qu’en 1942, ces derniers devaient être très, très rares  et beaucoup plus difficiles à contacter que dans le film, après neuf ans d’endoctrinement, d’embrigadement et de surveillance policière généralisée. Au début du film on évoque la résistance polonaise; c’est en février 1942 que l’armée de l’intérieur (AK) fut créée, mais nous ne sommes pas sûrs que la nouvelle soit parvenue à Hollywood…

Comme lors du tournage de « L’escadrille des aigles » (1941), sorti trois mois plus tôt, les studios furent dans l’impossibilité de louer un seul exemplaire des avions prévus dans le scénario. Les stocks de l’US Army Air Corps étaient au plus bas, alors que les Japonais venaient de détruire presque un quart de ses 150 Forteresses volantes ! Les nouveaux B-17E sortant des chaînes de montage à Seattle étaient aussitôt envoyés sur le front du Pacifique ou dans les unités aux Etats-Unis. Confrontés au rationnement des moyens et du matériel, le pays étant sur le pied de guerre, et à la réduction des budgets de l’Etat consacrés au cinéma, les studios apprirent à mettre leurs moyens en commun. Le tournage eut lieu dans les studios de Burbank, à l’exception de la poursuite en voiture entre Flynn et le major Baumeister, tournée le long de la côte californienne, près de Point Mugu et Port Hueneme.

Sorti en septembre 1942, ce film, extrêmement populaire, fut nominé pour ses meilleurs effets spéciaux (qui nous apparaissent pourtant très faibles aujourd'hui..). Le film passait encore en novembre dans les cinémas, quand le procès d’Errol Flynn pour détournement de mineure, fit la une des journaux. Bien que les studios craignissent que ce procès portât ombrage à l’acteur, il n’en fut rien. Cependant il fallut supprimer dans la bande annonce du film la phrase : « Ils ne connaissaient qu’un ordre : Attaquez ! » qui provoquait immanquablement les rires du public…

 

Les avions du film :

Le film nous rappelle que la RAF employa des Boeing B-17C, sous le nom de Fortress I,  entre juillet et septembre 1941, date à laquelle ils furent retirés des opérations de première ligne. La Warner loua à la Paramount la maquette grandeur réelle du fuselage de B-17B utilisée pour le tournage de « I wanted wings » (1941). Cette maquette en aluminium fut employée pour les scènes intérieures et le crash. On remarquera, derrière le copilote, le curieux siège du commandant de bord, qui s’élève pour lui permettre d’observer les alentours à travers un dôme transparent. Pour les vues extérieures du B-17, on eut recours à une maquette qui semble également issue du même film, ainsi qu’à un certain nombre de vues de détails, bien cadrées, provenant d’un Lockheed Hudson (mise en route des moteurs), mais aussi d’un film allemand (le train du B-17 vu au décollage est en fait celui d’un Heinkel He. 111…).

On put néanmoins trouver deux vrais avions. Devant la tour de contrôle du Metropolitan Airport de Los Angeles, le major Baumeister s’embarque à bord d’un Stinson A Trimotor (code fictif 21+AG), censé être un trimoteur Junkers Ju-52. A la fin du film, les fugitifs s’emparent d’un Lockheed Hudson Mk.III (T9386) flambant neuf, équipé de sa tourelle anglaise Boulton Paul, fraîchement sorti de l’usine Lockheed de Burbank, voisine des studios.

Un extrait de documentaire montre trois Supermarine Spitfire Mk.1 appelés « les nouveaux chasseurs »… en 1942 ! Enfin, le tournage se servit de maquettes assez approximatives pour figurer des Messerschmitt Bf.109E, et un Junkers Ju 87.

 

Christian Santoir

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