Année : 1982
Pays : Grande-Bretagne
Genre : espionnage
Durée : 2 h. 11 min.
Couleur
Réalisateur : John GLEN
Scénario : George MacDonald FRASER et Richard MAIBAUM
Acteurs principaux :
Roger MOORE (James Bond), Maud ADAMS (Octopussy), Louis JOURDAN (Prince Kamal Khan), Kristina WAYBORN (Magda), Kabir BEDI (Gobinda), Steven BERKOFF (général Orlov), David MEYER (Mishka).
Photographie : Alan HUME
Musique : John BARRY
Producteur : Albert R. BROCCOLI
Compagnie productrice : United Artists
Aéronefs :
- -Aerojet Acrostar Special, N70CF
- -Aerospatiale
SA 316 Alouette III
- -Beech C-45G-BH Expeditor, N75WB
- -DH Devon C2 Mk.8, en arrière-plan
- -Hawker Siddeley Argosy E Mk.1, en arrière-plan
- -Hawker Siddeley Dominie CC Mk.1, en arrière-plan
- -Westland HAR10 Whirlwind, en arrière-plan
Notre avis :
Bien que le titre de ce treizième "James Bond" fusse celui d'une nouvelle de Ian Fleming, "Octopussy and the living daylights", publiée en 1966, le scenario du film est original. Comme toujours, James Bond est sur la brèche et cette fois ci, il lui faudra déjouer les plans d'un général russe félon, voulant déclencher une guerre nucléaire en Europe, rien de moins…La fin des années 70 et le début des années 80, furent marqués par un déséquilibre de l'arsenal nucléaire entre l'OTAN et l'URSS, en faveur de ce dernier pays. Le déploiement de fusées à charge nucléaire en Europe, et notamment en Allemagne de l'ouest, par les Américains, entraîna dans ce pays de nombreuses protestations et des manifestations en faveur du désarmement. C'est cette actualité que l'on retrouve à la base du scénario.
Le tournage du film commença en août 1982. Les extérieurs furent filmés en grande partie, en Inde, notamment à Udaipur.
Après avoir ravagé une base aérienne dans un pays d'Amérique latine (Cuba ?), 007 retourne à Londres pour se voir confier une nouvelle mission. Il doit enquêter sur la mort d'un de ses collègues qui a été retrouvé mort en Allemagne de l'Est, tenant dans sa main un œuf de Fabergé. Mais cet œuf est un faux... Chez Sotheby, un certain Kamal Khan achète le vrai œuf de Fabergé, que Bond a subrepticement remplacé par le faux ! Il suit Kamal jusqu'en Inde, où il découvre qu'il est en contact avec Orlov, un officier russe dément, qui ne pense qu'à précipiter la planète dans le 3° guerre mondiale. Ce dernier pille les œuvres d'art de l'URSS en les remplaçant par des faux et, pour transporter son trésor, il utilise un cirque ambulant dirigée par une certaine Octopussy, une femme immensément riche. Kamal a découvert l'identité de Bond et tente à plusieurs reprise de le tuer, en vain. Bond et Octopussy se connaissent. Octopussy se souvient que Bond a rendu service à son père, après la guerre. Reconnaissante, elle est prête à le protéger, même contre son complice Kamal. Bond apprend que Kamal et Orlov doivent se retrouver en Allemagne de l'est, à Karl Marx Stadt, où le cirque d'Octopussy doit se produire. Il parvient à se glisser à bord du train alors qu'il quitte une base soviétique. Orlov transporte les bijoux volés à bord, ainsi qu'une bombe atomique devant exploser dans une base américaine, en Allemagne de l'ouest. Cette explosion "accidentelle" doit provoquer, selon lui, un désarmement unilatéral de l'Europe sous la pression de son opinion, ce qui laisserait les mains libres aux fores soviétiques pour l'envahir…Orlov tente de tuer Bond, mais c'est lui qui est tué par des gardes frontières est-allemands ! Arrivé dans la base américaine au bout de moult péripéties, Bond parvient à désamorcer la bombe nucléaire juste à temps. Octopussy découvre ainsi qu'elle a été manipulée par Kamal. Elle retourne avec Bond en Inde et les deux s'infiltrent dans le palais de Kamal. Mais celui-ci capture Octopussy et l'entraîne dans son avion; Bond parvient à s'agripper au fuselage alors qu'il décolle. Après une lutte épique avec un sbire de Kamal, sur le toit de l'avion, en plein vol, il parvient à sauver Octopussy au moment où l'avion de Kamal plonge dans le vide.. Plus tard, pendant que M et un général soviétique discutent du rapatriement des œuvres d'art dérobées à l'URSS, Bond et Octopussy récupèrent dans son luxueux bateau…
Ce film d'aventures, plus que d'espionnage, comprend tous les poncifs du genre, dont le décor exotique, trouvé ici en Inde, avec la chasse au tigre, la poursuite en tuk-tuk dans les rues encombrées, les thugs lancés aux trousses du héros, le Taj Mahal, les palais hindous, les fausses Indiennes en sari…Comme dans plusieurs "James Bond", une part relativement importante est faite aux scènes aériennes. Celles d'"Octopussy" se distinguent par l'exhibition d'un micro jet qui n'était pas un habituel gadget sorti de l'imagination de Mister Q, mais un avion bien réel, et une bagarre sur le dos d'un bimoteur en vol ! Les séquences aériennes furent orchestrées par le spécialiste Clay Lacy.
Le tournage eut lieu sur plusieurs bases de la RAF : Northolt, Upper Heyford, Oakley et Lakenheath qui tient lieu de la base aérienne allemande de "Feldstadt".
Les avions du film :
Le film ouvre sur le mini-jet Aerojet Acrostar Special (s/n 001, N70CF) propulsé par un réacteur Ames (Microturbo) TRS-18 de 91 kg de poussée; un jet de poche en construction amateur ! Cet avion, qui n'était pas une nouveauté, appartenait à J.W. "Corkey" Fornoff et fut également piloté par Rick Holley dans le film. Il fut construit en 1976, à partir d'un Bede BD-5J (N5BD), auquel furent apportées plusieurs modifications qui justifièrent son appellation différente. Cet appareil fit partie, avec un autre, piloté par Bob Bishop, de l'ancienne équipe acrobatique l'Acrojet team. Il finit exposé à l'ancien Museum of Flying de Santa Monica (CA), sans immatriculation, sous le nom d'"Acrostar", avec "James Bond 007" marqué sur la dérive. Cet appareil est souvent confondu avec le Bede d'exposition du Pima Air Museum qui est un BD-5G (N505MR), donc un avion à hélice (voir l'entrée d 'air NACA placée plus en arrière et le tunnel de l'arbre de l'hélice, sans hélice, plus long que la tuyère).
L'avion, ayant des ailes repliables (5.18 mètres d'envergure), est caché dans une bétaillère, mais c'est une maquette qui est utilisée pour cette scène. Il en est de même quand Bond fait le plein dans une station service, une scène qui est un vrai gag ! On ne voit pas très bien ce que fait le pompiste... D'abord, il n'y aucun orifice de remplissage et encore moins de réservoir, situé derrière le tableau de bord, au niveau des pieds du pilote… Les deux seuls réservoirs sont situés dans les ailes et ne peuvent être remplis que quand elle sont dépliées. En outre, le réacteur ne consomme pas du gas-oil, mais du kérosène (JP5/8) qui n'est pas couramment en vente dans les petites stations service et pas à la pompe…
La scène où Bond traverse un hangar (un must au cinéma, depuis "Air mail" en 1932) fut filmée sur la base de Northolt (proche des studios de Pinewood). Pour la scène à l'intérieur, où l'avion devait éviter des gens et divers obstacles, une maquette de l'avion fut fixée au bout d'un pylône, monté sur un véhicule. L'avion de Fornoff avait pour doublure le BD-5J de John Duncan (N153BD, puis, N1BL, N210LL).
Le missile Surface-Air (dont l'affût ressemble, en plus petit, vaguement à un Mk.13, équipant les frégates de l'US Navy…) qui poursuit Bond, n'était autre qu'un fusée éclairante trainée au bout d'un câble par une maquette d'Acrostar.
Dans le hangar traversé par le petit jet, on aperçoit plusieurs avions.
Bond essaie de dynamiter un chasseur (muni d'un radar…de boite de nuit, avec tubes fluorescents !) ressemblant par sa dérive et ses entrées d'air, à un Mig-23, mais son nez et son cockpit sont ceux d'un Hawker Hunter…Cette partie avant, avec le numéro "10", est réputée être celle d'un Hunter F6 construit sous licence aux Pays-Bas (c/n 8798, s/n N-202) et ayant appartenu aux forces aériennes royales néerlandaises (code 3P-2, Squadron 325 de Soesterberg) en 1957. Le Hunter N 202 fut revendu, en octobre 1966, à Hawker Siddeley qui le céda au Chili en janvier 1968, mais après l'avoir transformé en biplace T.Mk.72 (s/n 1664). Cet avion chilien (J-720) sera perdu en mer, en 1980. Le nez du F6 (N.202) enlevé parvint dans le magasin des accessoires des studios de Pinewood, au début des années 70; il apparait sur un avion "chinois", dans l'"Homme au pistolet d'or" (1974). Il fut récupéré en 1995, par l'association South West Aviation Heritage, mais en 2008, il décorait un night club (!) d'où il fut sorti, pour servir à la restauration du cockpit du Hunter F5 WN957...
A côté du Hunter, on voit un DH Devon C2 Mk.8 (c/n 04266) en cours de maintenance. C'était un ancien avion de la RAF (WB531), mis en service en 1949 au sein du Squadron 206; il servit notamment comme avion de liaison à l'attaché de l'Air de l'ambassade britannique de Djakarta. Au milieu des années 60, il fut converti en DH.104 Dove Mk.8 et il était basé à Northolt en 1977. Vendu en 1984 comme surplus (G-BLRN), l'avion passera un temps aux Etats-Unis (N531BW), avant de revenir en Angleterre, en 1990 et de retrouver son ancien matricule. En 2000, il est vendu aux Pays Bas. Après avoir été stocké pendant plusieurs années, il fut restauré par son nouveau propriétaire allemand et remis en état de vol aux couleurs de la compagnie LTU (D-INKA).
Le hangar contient aussi un Hawker Siddeley Dominie CC Mk.1, dont une partie de la dérive a été démontée et les capots de ses réacteurs, enlevés.
A l'extérieur du hangar, on trouve un quadrimoteur Hawker Siddeley Argosy E Mk.1 (numéro "137") et un hélicoptère Westland HAR10 Whirlwind. Ce dernier (c/n WA355, s/n XP339) fut mis en service au sein du Squadron 32 de la RAF, une unité de transport basée à Northolt en 1970. Vendu en 1978, il appartint à plusieurs sociétés (Uniproducts Ltd, Lovaux Ltd …) avant d'être préservé au Bomber Command Aviation Museum de Londres en 1984. Il fut échangé en juin 1987 contre un Lockheed F-104 allemand. Stocké en Allemagne à divers endroits successifs (Manching 1987, Hermeskiel 1998) il fut exposé au Musée de Weringerode en 2002.
L'Argosy (c/n 6792, serial XR137) fut livré au Squadron 267 du Transport Command en 1963, avant d'être affecté, en 1965, au 242 OCU, puis, en 1971, au Squadron 115. Réformé, il fut affecté en 1978 à la Fire School de la base de Northolt (s/n RRR960) en 1978. Il fut ferraillé en 1987.
Sur la base fictive de l'USAF de "Feldstadt" du 120th Tactical Fighter Wing, on aperçoit plusieurs General Dynamics F-111E "Aardvark", dans un hangar ou derrière un tracteur. C'était des appareils du 20th TFW de l'USAF, filmés sur la base de l'OTAN d'Upper Heyford, en Angleterre.
Bond arrive au lac de Daipur dans un hélicoptère Aerospatiale SA 316 Alouette III équipé de flotteurs. Plus tard, le général Orlov survient nuitamment chez Kamal Khan, avec un Aérospatiale SA 365C1 Dauphin (c/n 5023 G-BGNM) rouge avec étoile soviétique et le numéro "06" Cet appareil appartenait comme le précèdent, à la société anglaise Management Aviation Limited.. On revoit cet hélicoptère vers la fin du film, c'est alors l'appareil du général Gogol et il est peint en kaki, avec l'étoile rouge et le numéro "51". Le Dauphin, après avoir travaillé à plusieurs reprises en Espagne (EC-DOQ), avec de nouvelles turbines (modèle SA 365C3), fut vendu, en 1999, à une compagnie française (F-GRAU).
Le Beech 18 avec lequel Kamel essaie de fuir, était un ancien Beech C-45G-BH Expeditor de l'USAF (c/n AF-222, s/n 51-11665). Vendu sur le marché civil, il fut immatriculé N9072Z, puis acheté spécialement pour le tournage, par la Warner, avec le matricule N75WB (WB comme" Warner Bros" ), transformé en pseudo immatriculation indienne "VN75WB" (mais VN est le code du Vietnam, VT celui de l'Inde…), pour les besoins du film. En mai 1983, il fut vendu en Angleterre (G-BKRG) où vraisemblablement, il était resté, après avoir franchi l'Atlantique par ses propres moyens, pour les scènes tournées dans les studios de Pinewood. En 1992, il était en vente, stocké à North Weald, avec le faux serial US "122351". Rayé des registres en avril 1998, on le retrouve en 2003 aux Pays-Bas, à l'Aviodrome Museum de Lelystad. L'avion qui bascule dans le vide et qui s'écrase sur le flanc d'une montagne, était une vraie cellule de Beech 18, peinte comme le VN70WB, avec un mannequin à la place du pilote. Lancé par un chariot sur rail, l'avion bascule dans le vide, puis se redresse et effectue un virage de 180° par la droite, en évitant des rochers, avant de s'écraser à flanc de collines; un vol étonnant pour un Beech transformé en planeur sans pilote ! La scène est filmée à l'Hurricane Mesa Test Track (UT).
Notons que le Beech 18 n'est pas habituellement équipé d'une main courante le long du toit et que, sur un véritable avion, Bond aurait été rapidement éjecté, peu après le décollage (mais cet équipement était bien pratique pour les cascadeurs parachutistes). De plus, ce n'est pas en appuyant une fois sur la profondeur qu'on fait chuter un avion, à moins de la bloquer. Il en faut plus pour descendre un robuste Beech 18, même volant sur un seul moteur.
Christian Santoir
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