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NO LE BUSQUES TRES PIES…

 

 
NO LE BUSQUES TRES PIES…

(Ne leur cherchez pas noise…)

 

Année : 1968
Pays : Espagne
Durée : 1 h 42 min.
Genre : drame
Couleur

Réalisateur : Pedro LAZAGA
Scénario : Vicente COELLO, Pedro MASO

Acteurs principaux :
Teresa GIMPERA (Patricia), Axel DARNA (Miguel Aguirre), Paca GABALDON (Luisi), Manuel ZARZO (Carlos), Alfredo MAYO (Mota), Mary CARRILLO (Matilde), José SACRISTAN (Tarta), Eduardo FAJARDO (Juan).

Musique : Antón García ABRIL
Photographie : Juan MARINE
Compagnie productrice : Filmayer-Pedro Masó

Aéronefs :

  • Aero-Difusion D-1190S Compostela, en arrière-plan
  • Agusta Bell 205-Iroquois/HE.10B
  • AISA I-11B Peque, EC-BKR
  • AISA I-115/E-9, en arrière-plan
  • Beech T-34A
  • CASA C.1.131 / Bücker Bu-131 Jungmann 
  • CASA C-352-L, en arrière-plan
  • Dornier Do.27, en arrière-plan
  • Douglas C-54, en arrière-plan
  • Grumman UH-16 Albatros,  en arrière-plan
  • Hispano Aviación HA-200 Saeta, , en arrière-plan
  • Lockheed T-33A
  • Lockheed F-104G / TF-104G Starfighter
  • North-American F-86   
  • Stinson 108 Voyager 3, EC-ADV, en arrière-plan

 

Notre avis :

"No le busques tres pies" était, en 1965, la devise de l'Ala de Caza (groupe de chasse) n°16 de l'Ejercito del aire, l'armée de l'air espagnole. Les principaux personnages de ce film sont effectivement des pilotes de l'armée et le tournage eut lieu, comme mentionné dans le générique, sur plusieurs bases aériennes (San Javier-Murcie, Matacan-Salamanque, Armilla-Grenade, Son San Juan-Palma de Majorque, Talavera la Real-Badajoz, Torrejon-Madrid), avec l'entier concours de l'Armée. Le thème du film est classique et se retrouve dans de nombreux films tournés à Hollywood, où on suit le parcours d'un cadet rêvant de devenir un pilote militaire. Pour éviter de faire un film trop propagandiste ou simplement documentaire, les scénaristes y ajoutent généralement une histoire d'amour qui vient déstabiliser le principal personnage, au point, parfois, de remettre en cause sa vocation. La plupart du temps, tout finit bien, mais ici, l'issue du film est plus complexe…

Le jeune Miguel Aguirre, passionné d'aviation dès son plus jeune âge, n'a que pour seul désir, devenir pilote de chasse. Mais lors de ses premiers pas à l'Académie militaire de San Javier, il est renvoyé, l'officier en charge de la formation, le jugeant inapte au pilotage !  Malgré l'avis de ses parents et de sa petite amie, Luisi, il persiste et passe son brevet de pilote privé. Après avoir demandé conseil à son ami Carlos, qui est officier dans l'armée de l'air, il décide de se réengager et commence, à Grenade, un cursus de formation complet, du peloton  jusqu'à l'entraînement primaire, en passant par les cours théoriques. Il fait ensuite son premier vol solo sur un avion militaire, sans aucun problème. Lors d'une permission, Miguel rencontre une jeune femme, Patricia, qu'il prend d'abord pour une touriste américaine. Ils passent la journée ensemble...Mais il doit se rendre à Salamanque pour poursuivre sa formation. Il y rencontre Carlos qui lui avoue avoir fait la cour à son ex, Luisi, mais en vain. Puis, à Talavera la Real, Aguirre commence sa transformation sur avion à réaction. Tout se passe bien et il est bientôt lâché sur jet. Il est  alors muté à Madrid et en profite pour saluer ses parents, mais aussi Luisi. Sur la base de Torrejon, Aguirre, qui fait maintenant partie de l'escadrille de chasse 104, retrouve Carlos, mais aussi le colonel qui l'avait exclu de l'armée et c'est lui qui commande l'unité ! Aguirre fait la connaissance de sa nouvelle monture, un chasseur supersonique, qu'il montre, plus tard, à son jeune frère, lui aussi un passionné d'aviation. Pendant ce temps, Carlos fait une cour assidue à Patricia, pensant que Miguel veut se rapprocher de Luisi. Mais entre eux, plus rien ne passe. Il retourne donc vers Patricia qui semble le préférer à Carlos... Lors de manœuvres, le colonel décide d'être le coéquipier de Miguel. Mais lors d'un tir au sol, leur avion est touché par des projections. Miguel est blessé, de même que le colonel, dont le siège éjectable est bloqué. Miguel refuse de s'éjecter et décide d'atterrir, pour sauver son supérieur. Il devra faire un atterrissage sur le ventre, le train ayant été également endommagé. L'avion se pose correctement, sans s'enflammer, mais Miguel ne survivra pas à ses blessures. A Torrejon, ses supérieurs, sa famille, ainsi que Luisi et Patricia, se recueillent devant son cercueil. La vie continue, et une nouvelle fournée de jeunes recrues arrive sur la base de San Javier. Parmi elles, il y a le frère de Miguel…

L'intrigue amoureuse est quelque peu compliquée et on ne sait si on a affaire à un triangle amoureux (Luisi, Patricia, Miguel) ou à un quatuor (Luisi, Patricia, Miguel et Carlos)…Mais ce n'est vraiment pas là le plus important; ce film mérite d'être vu, car il donne un aperçu du matériel de l'armée de l'air espagnole, au milieu des années 60, avec quelques scènes aériennes tournées par l'armée elle-même.

On peut, en effet, y voir de nombreux avions représentant les différents stades de l'histoire de l'aviation militaire espagnole, jusqu'en 1967, date de tournage du film. Il y a ainsi des avions d'origine allemande, datant de l'avant guerre, quelques petits avions de construction nationale, mais aussi et surtout, des avions d'origine américaine, fournis après guerre, à l'Espagne. En 1953, l'Espagne, qui ne faisait pas partie de l'OTAN, avait signé avec les USA, un traité de défense; en échange de l'utilisation de bases par le Strategic Air Command, les Etats-Unis fournirent donc à l'Espagne de nombreux avions à hélice (transport et entraînement), mais surtout des avions à réaction (entraînement, chasse et appui tactique) qui permirent de moderniser la flotte espagnole, en la faisant entrer dans l'ère des jets, tout en rationnalisant son équipement.

 

Les avions du film :

Sur la base de San Javier (Murcie), au début du film, on voit atterrir un groupe de Beech T-34A/E-17 (dont l'appareil d'Aguirre portant le code "791-2", s/n E17-2) de l'escadron 791 de l'Academia General del Aire, chargée de la sélection et de la formation initiale des élèves. Réceptionnés en 1958, ces appareils ne seront réformés qu'en 1988.

Ils passent devant un Junkers Ju-52/3m/T-2 (code "752-1"), construit par CASA (C-352-L) entre 1944 et 1954. Certains resteront en service jusqu'en 1978.

A Cuatro Vientos (Madrid), Aguirre arrive devant le Real Aero Club de Espana dans un AISA I-11B Peque, immatriculé "EC-BKR". Sous la dénomination  "L.8C", cet avion servit dans l'armée de l'air espagnol, à partir de 1955, mais beaucoup se retrouvèrent dans les aéroclubs du pays. Il se gare à côté d'un Stinson 108 Voyager 3 (EC-ADV  s/n 108-4338) appartenant au même aéroclub. Reimmatriculé EC-AZD, il est conservé au musée de Cuatro Vientos. L'armée de l'air espagnol utilisa plusieurs exemplaires du "Stinson Flying Station Wagon" (désignés L.2), après la guerre, comme avions de liaison (voir le film "Recluta con niño" 1956); ils furent retirés du service en 1965. On voit d'autres appareils aux environs, dont un hélicoptère Alouette II, un Piper PA.23 Aztec et un autre Stinson 108-3 (EC-AZP).

Sur la base d'Armilla (Grenade), Aguirre commence sa formation sur Bücker Bu-131/E.3B Jungmann construit par CASA (C1.131E) dont on aperçoit un grand nombre (dont le "781-19") de l'escadron 781 (Ala 78). Cet avion d'entraînement de base aura un belle carrière dans l'Ejercito del aire, puisque réceptionné dès 1936, il sera utilisé jusqu'en 1985..

Sur la base de Matacan (Salamanque) sont alignés des North American T-6G/E.16 de l'escuadron 742 de l'Escuela Básica de Salamanque. Un général arrive dans un Douglas C-47/T.3 (code "74-41") appartenant au même groupe. La formation sur T-6 comportait trois stades : voltige, vol en formation et vol aux instruments.

Plus tard, Aguirre et ses camarades arrivent à l'école de formation sur réacteur de Talavera la Real. L'école est équipée de Lockheed T-33A/E-15 (dont les codes 731-2, 11, 38) de l'escuadron 731 "Patas negras". Ils portent encore sous le cockpit leurs marquages américains comme le s/n 51-17538, qui fut parmi les six premiers T-33 livrés à l'Espagne, en mars 1954, et qui furent les premiers jets espagnols opérationnels.

L'autre appareil est le monoplace North-American F-86/C.5 servant à l'entraînement avancé. Ils appartiennent à l'escadron 732 "Patas negras" (dont le code 732-3), mais aussi à l'escadron de chasse 111 de l'Ala 11, dont l'avion codé "111-3" porte l'insigne, avec la devise "Vista, suerte y al toro". Vers la fin du film, sous un hangar de la base de Torrejon, on aperçoit deux autres F-86 de l'escadron tactique 201 (dont le code "201-6"). Les F-86 furent en service jusqu'en 1974.

On remarque également à Talavera, dans un hangar, des petit monomoteurs à hélice, de construction nationale, des AISA I-115/E-9 qui servaient à l'entrainement primaire. Il sont garés à côté d'un Hispano Aviación HA-200 Saeta (E.14) qui fut le premier jet espagnol de construction nationale, entré en service en 1965 dans les unités de formation. Il y a aussi, un Aero-Difusion D-1190 S Compostela, un Jodel D.119 construit en Espagne et devant appartenir à un aéro-club, où les pilotes militaires servaient souvent de moniteurs.

A la fin de son cursus de formation, Aguirre accède enfin au pilotage d'un intercepteur Lockheed F-104G Starfighter sur la base de Torrejon de Ardoz (Madrid). L'armée de l'air espagnole reçut en 1965, 18 monoplaces F-104G/C.8 et 3 biplaces TF-104G/CE.8, construits par Lockheed et Canadair. Leur séjour ibérique fut de courte durée, puisqu'il furent rétrocédés à l'USAF en 1972 et remplacés par des F-4C "Phantom II". En 1967, ils équipaient un seul escadron, le "104". Bien qu'il s'agisse, à cette époque, d'un escadron indépendant, ses avions portent l'insigne de l'Ala de Caza 16 (une tête de chat, avec la devise "No le busques tres pies…", dont il dépendait en 1965. Dans le film, on distingue les F-104G codés "104-11" (s/n 63-12715, s/n espagnol C.8-1), "104-13" (s/n 63-12717, s/n espagnol C.8-3), "104-14" (s/n 63-12718, s/n espagnol C.8-4), "104-20" (s/n 63-13642, s/n espagnol C.8-10). Le biplace dans lequel se crashent Aguirre et le colonel, est codé "104-03" (s/n 65-9415, serial espagnol CE.8-23). On remarque que son serial de l'USAF, figurant sur le bord de la verrière a été faussement renommé "spanish air force serial", sur les vues en gros plans…Mais ces avions ont conservé tous leurs stencils en anglais. Les F-104 ci-dessus seront tous cédés, en 1973, à la Grèce (104-11, 104-13) ou à la Turquie (104-14, 104-20, 104-03).

Pour la réalisation du crash sur la base de Son San Juan, on a utilisé une cellule de F-86 Sabre, déguisée en F-104. Mais rappelons que les unités espagnoles équipées de F-104 n'enregistrèrent aucun accident en sept ans de service; cette scène est donc contraire à la réalité et n'aurait pas été acceptée par d'autres forces armées...Quant à poser un avion pratiquement sans ailes, à 350 km/h (vitesse moyenne d'atterrissage du F-104), sur une piste en dur, dépourvue d'un tapis de mousse carbonique, était plus que risqué. La consigne était de s'éjecter. Pourtant le 8 août 1963, à Shiphol, un pilote d'essai hollandais réussit à poser sans mal, sur le ventre, un F-104G tout neuf, qui put même revoler plus tard. Quelques pilotes allemands réussirent également cet exploit. Tous devaient être des experts, disposant d'un bon capital de chance.

On constate, dans le film, que les F-104G, ainsi que TF-104G, sont utilisés comme avion d'appui tactique, une mission pour laquelle ils étaient équipés (comme montré) d'un radar cartographique air-sol. Mais le TF-104G (qui servait également à l'entraînement) ne possédait pas de canon de 20 mm, contrairement à ce qui est laissé croire, dans le film. On note que l'indicatif radio de l'escadron 104 est "Tenis".

Dans une scène, Aguirre est en grande discussion avec son ami Carlos devant deux amphibies  Grumman UH-16 Albatros/AD.1) du SAR (Servicio de Búsqueda y Salvamento Aéreo), normalement basés à Son San  Juan, base dépendant du secteur aérien de Palma de Majorque. Ces avions appartenaient à l'escadron 801 dont on aperçoit l'insigne sur le fuselage.

Ce film montre d'autres aéronefs, aperçus en arrière plan (à Son San Juan) : au sol, un Dornier Do.27/U.9, construit par CASA (C-127), un hélicoptère Agusta Bell 205-Iroquois/HE.10B, tout blanc, du SAR, appartenant vraisemblablement à l'escadron de secours 801, et deux Douglas C-54/T.4 qui restèrent en service au sein de l'armée, jusqu'en 1977.

 

Christian Santoir

 *Film disponible sur https://ok.ru/video/

 

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