MISSION OVER KOREA
Année : 1953
Pays : Etats-Unis
Durée : 1h 25 min.
Genre : guerre
Noir et blanc
Réalisateur : Fred F. Sears
Scénario : Martin Goldsmith,
Jesse Lasky Jr.
Acteurs principaux :
John Hodiak (Capitaine George Slocum), John Derek (Lieutenant Pete Barker), Audrey Totter (Kate, l’infirmière), Maureen O'Sullivan (Nancy Slocum), Harvey Lembeck (Sergent Maxie Steiner),
Richard Erdman (Caporal Swenson),
William Chun (Clancy), Rex Reason (Major Jim Hacker), Richard Bowers (le soldat qui chante), Todd Karns (Lieutenant Jerry Barker), Al Choi (Major Kung) .
Conseiller technique : Capitaine Paul F. Hopkins
Producteur : Robert Cohn
Compagnie productrice : Columbia pictures
Avions :
- Curtiss
C-46D Commando, en arrière-plan
- Lockheed T-33A
- Lockheed F-80C Shooting Star,document.
- North American F-51H Mustang
- Stinson L-5 Sentinel
Notre avis :
Ce film fut un des premiers, sinon un des meilleurs, films d’aviation à traiter de la guerre de Corée. Il est aussi un des plus authentiques, son histoire assez banale étant étayée par de nombreux documents filmés de l’époque, très bien intégrés entre les scènes. Si la guerre de Corée est synonyme, pour l’aérocinéphile, de F-86 Sabre et autres MiG 15, ici, il n’est question que de petits avions d‘observation qui survolent les champs de bataille et le territoire ennemi, à la recherche d’objectifs. Leurs pilotes sont en communication avec l’artillerie dont ils aident à régler le tir. Un rôle ingrat et sans gloire, et pourtant indispensable.
Le capitaine George Slocum et le lieutenant Jerry Barket entraînent de jeunes recrues sud coréennes à l’utilisation d’avions légers pour le réglage de l’artillerie. Le frère de Jerry, Pete, vient d’être affecté à cette unité d’entraînement, mais c’est Slocum qui doit aller le chercher. Comme il approche du Japon, ce dernier est salué par un autre avion qui l’accompagne en se livrant à toutes sortes d’acrobaties ! Cet avion est piloté par Pete qui est vertement tancé à l’atterrissage. Mais les Nord-Coréens envahissent le sud ; Pete et Slocum sont renvoyés en Corée. Quand ils atterrissent à Kimpo, la piste est jonchée de cadavres ! Jerry est parmi les morts. Pete et Slocum doivent évacuer deux personnages importants (un sénateur américain et le président de la Corée du sud!). En l’air, ils sont attaqués par des chasseurs nord-coréens auxquels ils parviennent à échapper de justesse. Pete équipe son avion d’un bazooka et part à la chasse aux tanks. Mais il est touché, et Slocum ne peut se poser à coté de lui. De retour à la base, Slocum doit repartir pour parachuter du plasma à un groupe de soldats américains encerclés. Pete rejoint la base à pied, aidé par des soldats sud-coréens. Un soir, leur base est attaquée. Slocum, grièvement blessé, est évacué par Pete, mais il meurt à l’hôpital. Découragé, Pete reçoit la visite d’une amie infirmière, Kate, qui lui remonte le moral. Il équipe son avion d’un poste radio qui lui permet de contacter les chasseurs bombardiers. Le major Hacker le charge d’une mission de reconnaissance photographique lors de laquelle il découvre des tanks ennemies infiltrés derrière les lignes américaines. Pete contacte un groupe de F-80 qui intervient aussitôt. Mais il est touché, et c’est son mécanicien, qui tient lieu de photographe, qui ramène l’avion à la base. Une voix off commente : « Ce n’était pas la fin, juste le commencement.. ».
Bien que ce soit un film de série B avec tous ses défauts, « Mission over Korea » bénéficie d’une histoire racontée à un rythme soutenue, d’une bonne réalisation et de scènes aériennes de bon niveau. L’aperçu qu’il donne de la guerre de Corée est relativement exact. Les bases et les centres de commandement sont en constant déménagement, parfois sous le feu ennemi ; les civils sont les premières victimes et errent sur les routes à la recherche de zone temporairement plus calmes. On remarquera aussi l’orphelin coréen, Clancy, qui suit les soldats américains jusqu’à la mort de Slocum. Les orphelins coréens seront au centre d’un autre film d’aviation «Battle hymn » (1956). «Mission over Korea » est un des rares films à montrer la Corée avant, et juste après, l’invasion communiste. Il est à comparer à «Dragonfly squadron» sorti l’année suivante (où on retrouve John Hodiak), et qui traite de l’aviation sud-coréenne au début du conflit. Le film ne fait pas appel à l’habituel héroïsme hollywoodien, la fin du film s’apparentant plus à une défaite, et ne s’étend pas sur les relations amoureuses entre le héros combattant et la blonde infirmière..
Les scènes aériennes d’une durée totale de trente huit minutes, sont très réussies et diffèrent des scènes couramment filmées en studio, dans une maquette de cockpit. Le Stinson L-5 est bien filmé, et ses atterrissage acrobatiques sur des piste sommaires sont très réalistes.
Sorti un mois après la fin d’un conflit que tout le monde voulait vite oublier, « Mission over Korea » n’eut pas la faveur des critiques. Le film ne donne jamais les raisons du conflit et les soldats américains manquent d’entrain à l’écran. La Corée était la première « sale guerre » (appelée pudiquement « opération de police » par le président Truman) à laquelle les Etats-Unis étaient confrontée, après leur glorieuse victoire en Europe et dans le Pacifique. Il allait y en avoir d’autres, avec des GI de plus en plus réticents…
Les avions du film :
A nos yeux, la principale vedette du film est le Stinson L-5 Sentinel, surnommé la « flying jeep » ou « dragonfly » (libellule). C’est tout dire de ses missions : reconnaissance, réglage d’artillerie, évacuation sanitaire. A la fin du film, Pete utilise son avion dans un nouveau rôle, le Forward Air Control, qui fut surtout bien développé pendant la guerre du Vietnam (Cf. « Air Force Bat 21 »). Par contre, cet avion ne fut jamais armé, à moins qu’il s’agisse d’un bricolage en unité, comme dans le film.
Au moins quatre L-5 (dont le s/n 42-98119) de plusieurs modèles, furent utilisés avec les mêmes serials (l’unité du capitaine Slocum ne comprend que trois avions..), dont un L-5 et un L-5G avec une porte permettant l’emport d’un civière. Ce dernier appareil que l’on voit le plus souvent, porte son vrai numéro de série 45-35035; il faisait partie d’une commande de l’USAF qui fut annulée. Il vole actuellement sous le matricule N3232S dans l’Oklahoma. Un autre L-5 (s/n 42-98496) servit réellement en Corée et au Japon, avant d’échouer à l’aéroclub militaire de la base de Kadena, à Okinawa. Sous le matricule N9838F, il appartient aujourd’hui à un pilote du Kentucky. Deux L-5 furent détruits pendant le tournage, mais à l’époque, le Stinson était bon marché et disponible en quantité.
Quelques scènes furent filmées au Japon et en Corée avec de vrais avions militaires. On remarque ainsi un Curtiss C-46D Commando (s/n 44-775**), et, sur le parking de la base d’Itazuke, au Japon, un Lockheed T-33A (TR-985, s/n 51-16985 ) et un Douglas C-47.
Une formation de F-80C Shooting Star (dont les FT-508, s/n 49-508 ; FT-888, s/n 49-1888..) apparaissent en vol, sur un film de l’USAF.
Quatre North American F-51H Mustang, le plus rapide des Mustangs, sans doute des appareils de l’Air Reserve ou de la Garde Nationale, jouent le rôle des « méchants ». Ces appareils sont décorés de façon inadéquate, peints d’une couleur sombre et frappés d’étoiles de type soviétique, pour simuler des Yak 9 des forces nord-coréennes dont les couleurs et le marquage étaient bien différents.
Christian Santoir
* Film disponible sur https://ok.ru/video/
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