MIDWAY
Année 2019
Pays : Etats-Unis
Genre : guerre
Durée : 2h 19 min.
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Réalisateur : Roland EMMERICH
Scénario : Wes TOOKE
Acteurs principaux :
Ed SKREIN (Dick Best), Patrick WILSON (Edwin Layton), Woody HARRELSON
(Chester W. Nimitz), Luke EVANS (Wade McClusky), Mandy MOORE (Ann Best), Luke
KLEINTANK (Clarence Dickinson), Dennis QUAID (William 'Bull' Halsey)
Musique : Harald KLOSER, Thomas WANKER
Photographie : Robby BAUMGARTNER
Producteurs : Roland EMMERICH, Harald KLOSER
Compagnies productrices : AGC Studios, Centropolis Entertainment, Entertainment
One, RuYi Media, Starlight Culture Entertainment Group, Street Entertainment, The Mark Gordon Company.
Avions :
- -Aichi type 0 E12A1, Jake, image
- -Boeing B-17E Flying Fortress, image
- -Douglas SBD-3 Dauntless, image
- -Douglas TBD-1 Devastator, image
- -Martin B-26A Marauder, image
- -Mitsubishi type 0 A6M2 Zero, image
- -Mitsubishi type 96 G3M Nell, image
- -Nakajima type 97 B5N2 Kate, image
- -North American B-25H Mitchell, image
Notre avis :
« Midway » est un autre film sur la célèbre bataille du Pacifique, après celui de Jack Smight sorti quarante trois ans plus tôt, « La bataille de Midway ». Celui-ci ne décrit pas seulement la bataille qui n’intervient qu’au bout d’une heure vingt minutes. Le film relate, en fait, les débuts de la guerre du Pacifique, du 7 décembre 1941 au 6 juin 1942. Il commence même avant, en 1937, quand les Etats-Unis commençaient à s’inquiéter sérieusement des intentions du Japon qui venait d’envahir la Chine, après avoir envahi la Mandchourie en 1931, ce qui faisait suite à l’annexion de la Corée en 1911. C’est le réalisateur de « 2012 » (2003) et d’ « Independance Day » (1996), Roland Emmerich, le spécialiste des films d’action et de science fiction qui s’attaqua à la tâche…
Au commencement du film, en 1937, l’attaché naval de l’ambassade des USA à Tokyo et son homologue japonais discutent des positions japonaises et américaines dans le Pacifique, à l’occasion d’un dîner officiel. Isoroku Yamamoto informe rappelle à l’agent de renseignement américain, Layton, que le Japon est mis au banc des nations en raison de ses agissements et que cela ne fait que renforcer les nationalistes au pouvoir. Il précise également que 80% du pétrole du pays provient des États-Unis, et que soumettre l’archipel à un embargo aurait des conséquences désastreuses qui ne feraient qu’augmenter les risques de guerre totale. Le matin du 7 décembre 1941, la flotte japonaise frappe Pearl Harbor, ce qui conduit les USA à entrer en guerre. Layton explique à l’amiral Nimitz, le commandant chef de la flotte du Pacifique, qu’il n’a pas réussi à convaincre Washington d’une possible attaque japonaise sur Pearl Harbor. En avril 1942, après le raid aérien de Doolittle sur le Japon, les japonais tournent leur attention vers la mer de Corail et le service secret de Layton parvient à décrypter de messages concernant un lieu codé « AF ». Washington pense qu’il s’agit des Aléoutiennes, mais Layton est certain qu’il s’agit de Midway. Il fait donc envoyer en clair un message à partir de Midway signalant une pénurie d’eau. Peu après, des messages japonais mentionnent la pénurie d’eau d’"AF ". La preuve est faite. Nimitz décida donc d’envoyer les porte avions Entreprise, Hornet et Yorktown, à proximité de Midway. Le 4 juin, les Japonais attaquent Midway. Au début, les avions basé à Midway ne parviennent pas à localiser l’ennemi, seul le sous-marin USS « Nautilus » y parvient. Entretemps, les avions des porte avions américains sont partis attaquer la flotte japonaise, mais ils ne retrouvent pas. Mais le commandant du groupe aérien de l’Entreprise, Wade McClusky, repère le destroyer Arashi et en conclut que celui-ci est en train de rejoindre le gros de la flotte et il suit son cap. Quand Nagumo apprend la présence de la flotte américaine, il fait réarmer ses avions avec des torpilles pour aller l’attaquer. C’est à ce moment que surgissent les bombardiers américains. McClusky et Richard Halsey Best de l’Entreprise, parviennent à détruire les porte-avions Kaga et Akagi, alors que une unité du Yorktown coule le Soryu. Mais les bombardiers du Hiryu réussissent à gravement endommager le Yortown. Apprenant qu’il y a encore un porte-avions intact, Best rallie les survivants de son unité et lance une attaque sur le porte-avions japonais. Il parvient à couler le navire, son deuxième porte-avions de la journée ! L’amiral Yamamoto, en apprenant la disparition de ses porte-avions, ordonne le repli de ses bateaux, ce qui met fin à l’attaque sur Midway. Le message japonais ordonnant la retraite est intercepté par les hommes de Layton qui informe aussitôt Nimitz. Midway est une victoire américaine, la première, d’une longue liste. Le héros, Richard Best, blessé aux poumons par un mélange d’oxygène défectueux, revient à Pearl Harbor où son épouse et sa petite fille se jettent dans ses bras.
Best restera hospitalisé jusqu’en septembre 1943 et quittera l’US Navy avec un handicap à 100 %. McClusky finira la guerre aux commandes d’un porte-avions d’escorte et prendra sa retraite en 1956, avec le rang de vice-amiral.
Le cinéma d’Emmerich est avant tout un cinéma de grand spectacle, avec tous les défauts que cela comporte, notamment au niveau des notions de réalisme ou d’authenticité. Si cela ne pose pas trop de problème lorsque le film traite d’un contexte purement fictif avec des extraterrestres, la chose devient en revanche bien plus délicate, lorsque la thématique gravite autour d’une bataille de la Seconde Guerre mondiale, dont on nous promet une représentation très fidèle...
Au-delà de très bien introduire le contexte historique, le film nous offre ainsi un traitement intéressant du personnage de l’amiral Yamamoto, tout en pragmatisme et en retenue. Il en va de même pour son homologue côté US, Chester Nimitz. Yamamoto était un des rares officier supérieurs japonais à bien connaitre les Etats-Unis. Il avait fait ses études à l’université d’Harvard (1919-1921) et parlait parfaitement l’Anglais. Il occupa à deux reprises le poste d’attaché naval à l’ambassade japonaise de Washington DC. Il parcourut les USA, lors de son service, et étudia le mode de vie américain tout comme l’appareil industriel du pays. Il était, comme indiqué dans le film, contre la guerre avec les Etats-Unis et avait annoncé à ses supérieurs qu’en cas de conflit entre les deux états, le Japon avait un an seulement pour gagner la guerre, car après, la puissance américaine prendrait inévitablement le dessus, le Japon n’ayant que peu de ressources humaines et naturelles ( rappelons qu’en 1940, le Japon avait une population de 73 millions d’habitants, contre 132 millions pour les USA).
Un autre bon point à mettre au crédit de « Midway », c’est la façon avec laquelle le film présente le rôle déterminant et l’importance du renseignement militaire en temps de guerre. Parmi les principaux personnages, il y a ceux d’Edwin Layton, le chef du service de renseignement, et de Joseph Rochefort, le cryptanalyste qui perça le code japonais et permit aux forces américaines d’avoir un temps d’avance dans la mise en place de leur piège pour mener la bataille de Midway.
Malheureusement, cette originalité du scenario n’inspira pas les grands studios hollywoodiens et Roland Emmerich, dut produire lui-même son film en établissant des partenariats, notamment avec les groupes chinois Starlight Culture Entertainment Group et RuYi Media dont les logos apparaissent dès les premières secondes du film, dans le générique. Il ne disposa au total que de 100 millions de dollars, ce qui fait de “Midway” une « mini » superproduction. Il a donc fallu faire la chasse aux dépenses inutiles et cela se voit. On a ainsi droit à des images de synthèse de qualité très médiocre, des incrustations ratées, des fonds verts mal finalisés. Ce manque de moyens rend difficile l’immersion dans ce délire pyrotechnique, Emmerich adorant la destruction de masse, le grand spectacle, avec douilles, explosions, avions, torpilles, hurlements... Certes la bataille de Midway fut une grande tragédie spectaculaire, se déroulant dans les airs, sur la mer et dans les profondeurs de l’océan Pacifique, mais il n’état pas nécessaire d’en rajouter.
Les Japonais sont à la fois décrits comme des gens, humbles, humains, respectant le courage de leur adversaire, mais aussi comme de purs assassins, en Chine (trois scènes de 3 minutes en tout, qui n’ont rien à voir avec la bataille de Midway) et lors de la bataille, avec l’exécution de deux aviateurs américains repêchés. Lors du générique de fin, on rappelle également les 250 000 Chinois morts pour avoir aidé les Américains du raid de Doolittle. Cela a dû satisfaire les financiers chinois et répondre à leurs exigences.
Le scenario prend quelques liberté avec la réalité malgré les promesses de rigueur historique. Le Américains sont mis volontairement en position d’infériorité face aux Japonais et sont considérés dès le début, comme perdants, avec des risques exagérés : envahissement probable des îles hawaïennes, destruction de Los Angeles, San Francisco, Seattle. Si un vent de panique parcourut bien la Californie, il de dura pas longtemps et la menace japonaise resta « cantonnée » dans l’océan pacifique et ne pesa que sur les avant-postes américains, Pearl Harbor, Midway, Wake, Guam... L’aéronavale américaine est représentée par deux porte-avions et quelques avions qui font face à des hordes de navires et de Zéro de la flotte impériale.
Juste un petit rappel des forces en présence à Midway :
Marine impériale japonaise |
US Navy, Marine Corps et USAAC |
4 porte-avions, 2 cuirassés, 2 croiseurs lourds, 1 croiseur léger, 8 destroyers, 10 navires de soutien |
3 porte-avions, 7 croiseurs lourds, 1 croiseur léger, 15 destroyers, 1 base aérienne |
248 avions embarqués, 16 hydravions |
233 avions embarqués, 127 avions basés à terre, 32 hydravions |
Pertes : 4 porte-avions, 248 avions, 3507 morts dont 110 aviateurs |
Pertes : 1 porte-avions, 105 avions, 307 morts dont 189 aviateurs |
On constate donc que la faiblesse des forces américaines est un mythe du film, les Américains avaient plus de bateau de guerre (26 contre 17) et plus d'avions… Les « faibles » américains ont donc frappé fort et cela malgré des erreurs de commandement, le manque de coordination entre les trois porte-avions, et l’inexpérience des pilotes américains face à leurs adversaires japonais parfaitement aguerris.
Il y eut un avant et un après Midway, pour les Japonais comme pour les Américains. Côté américain, cela va être le début de l’emballement de la machine de guerre américaine et une avancée vers l’ouest très coûteuse en hommes, mais irrésistible ; pour les Japonais ce sera un lent recul, leur faiblesse matériel étant compensé par le fanatisme de leurs combattants.
Bref, le long métrage d’Emmerich est dans l’ensemble, tout à fait oubliable, tant sur le plan historique que sur le plan cinématographique. On préfèrera des films comme « Pearl Harbor » (2001) ou encore « Dunkerque » (2017). La surabondance des images numérisées est l’un des problèmes de « Midway », comme de l’autre film sur la bataille de Midway « Dauntless : the battle of Midway » (2019). Les films actuels semblent avoir définitivement renoncé à utiliser de vrais avions pour les tournages, leur emploi étant devenu apparemment trop compliqué ou trop cher. Maintenant, la plupart du temps, on a l’impression de regarder un jeu vidéo ou un dessin animé, on se demande même parfois si les acteurs sont réels…
Les avions du film :
Une première erreur concernant les avions américains vus dans le film, concerne leurs marquages. Tout au long du film, ils portent comme marque de nationalité, une étoile blanche sur fond bleu. C’est ignorer (pour des raisons d’économie ?) qu’avant mai 1942, l’étoile blanche comportait en son centre un rond rouge. En outre, les gouvernails portaient des rayures horizontales rouges et blanches, comme le drapeau américain. Cette décoration, trop voyante, sera abandonnée juste après la bataille de la mer de Corail.
Un autre détail concerne la vedette du film, le Douglas SBD Dauntless, qui fut un élément clé dans la bataille de Midway. Du début à la fin du film, aucun Dauntless SBD-2/3 n’est équipé du viseur télescopique installé juste au dessus de la planche de bord et traversant la vitre frontale du pare brise, viseur qui équipe les Douglas TBD Devastator. On voit les pilotes s’aligner sur leur cible avec ce qui est un viseur à réflecteur Navy Mk. 8 qui n’équipera que les SBD-5, à partir de mai 1943.
L’évolution des avions est aussi assez mal reproduite, ignorant les règles aérodynamiques élémentaires et uniquement destinée, parfois, à faire le spectacle. Ainsi, au début du film quand Best atterrit sur l’Enterprise, il se livre à une manœuvre qui défie toute vraisemblance. Juste pour prouver ses qualités de pilotage, il approche en piquant avec un fort taux de descente sans ouvrir les volets et en coupant le moteur. Vers la fin du piqué, il se met même en glissade. Il ne redresse qu’au ras des vagues, à un niveau inferieur à celui du pont du porte-avions, sur lequel il rebondit, en accrochant un brin d’arrêt. Si, par miracle, une telle acrobatie avait réussi, elle lui aurait coûté non pas la court martiale (comme le lui propose un officier), mais ses ailes de pilote. On revoit la même scène à la fin du film, quand il est blessé et que son moteur est à court de carburant…Il y a d’autres invraisemblances de ce genre dans ce film.
-Pearl Harbor (7 décembre 1941) :
Au début du film, ont voit deux Dauntless de l’Enterprise retourner à Pearl Harbor et tomber en plein milieu de l’attaque japonaise ; ils sont tous les deux abattus par des chasseurs. Le 7 décembre 1941, au matin, c’est 18 Dauntless de la VS-6 et VB-6 qui arrivèrent à Pearl Harbor, dont 6 furent abattus, non seulement par les Japonais, mais aussi par des tirs « amis » venus du sol…
L’attaque de Pearl Harbor est réalisée avec des avions japonais, vu de loin, se déplaçant à la vitesse de jets. La plupart semble être des Mitsubishi A6M2 Zero, alors que les bombardiers constituaient 80 % des avions engagés dans les deux vagues. On en voit un mitrailler une rue, entre deux rangées d'arbres, au niveau du premier étage des immeubles (on ne sait s'il va s’arrêter aux feux rouges !). Ridicule !
-L’attaque des îles Marshall (1er février 1942) :
Lors du raid américain sur les Îles Marshall (février 1942), et notamment sur le terrain d’aviation de Roi-Namur, Best est poursuivi par plusieurs Zero et se faufile dans des vallées étroites, ce qui donne lieu à un combat digne de « Star War ». Le problème est qu’il n’y a pas de montagnes sur ces atolls qui culminent à 10 mètres au-dessus du niveau de l’océan ! On est donc ici, plutôt à Oahu.
En outre, il n’y avait pas de Zero parmi les chasseurs japonais, mais des Mitsubishi type 96 A5M Claude à train fixe, du Chitose Air Group et des Nakajima type 97 Ki-27 Nate, basés sur l’île de Taroa.
Les Douglas TBD Devastator sont également très mal mis en scène. On voit ainsi des Devastator emportant une torpille et deux bombes sous les ailes, sauf qu’ils ne pouvaient emporter les deux à la fois. Le TBD n’avait qu’un seul point d’emport sous le fuselage et aucun sous les ailes. A Midway les Douglas Devastator ne méritèrent pas leur nom et ce sont eux qui se firent « dévaster » ; sur les 29 TBD des VT-6 et VT-8, 25 furent abattus, n’ayant bénéficié d’aucune couverture aérienne.
Plus tard, quand l’Enterprise se retire, cinq bimoteurs Mitsubishi G3M Nell basés à terre, sur le terrain de Taroa, l’attaquent. Pour une fois, on a ici une scène spectaculaire correspondant à la réalité. Un des bombardiers touchés par les défenses du navire, piloté par le lieutenant Kazuao Nakai, décida de se jeter sur le porte-avions. Le matelot de troisième classe, Bruno Peter Gaido, un mécanicien du « Scouting 6 », sauta dans le poste du mitrailleur du Dauntless « 6-S-5 » (marqué « C-5 » dans le film…) de Willie West et tira sur le bombardier ; son tir très précis, en tuant peut être le pilote, fit dévier légèrement l’avion qui se crasha en mer en frôlant le pont du porte avions, son aile droite, sectionnant l’empennage du Dauntless, comme montré dans le film.
Ce même Bruno Gaido sera exécuté avec son pilote, l’enseigne Frank O’Flaherty, le 4 juin 1942, lors de la batille de Midway après avoir été récupéré en mer par le destroyer Makigumo. Après avoir été interroges, ils furent rejetés à la mer, lestés par des bidons d’essence remplis d’eau. Cette scène réelle est également montrée dans le film. Notons qu’autre pilote américain de la VT-3, l’enseigne Wesley Osmus, fut repéché par l’Arashi, interrogé et exécuté.
-Le raid de Doolittle (18 avril 1942) comporte plusieurs erreurs, voulues ou non.
La première et plus grosse est celle concernant les avions de Doolittle. Certes, ce sont bien de bimoteurs bi dérives North American B-25 Mitchell, mais le modèle apparaissant à l’écran, avec un poste de mitrailleur arrière, une tourelle de mitrailleuse supérieure située derrière le cockpit, encadré de quatre mitrailleuses, est un B-25J qui ne fit son premier vol qu’en décembre 1943. Les avions de Doolittle étaient des B-25B, avec une tourelle supérieure plus proche de l’empennage et une tourelle inférieure rétractable et pas de mitrailleuse dans la pointe arrière. Les avions de Mitchell furent modifiés avec la suppression de la tourelle inférieure, l’installation d’un pilote automatique, de réservoirs de grande capacité, et de deux faux tubes de mitrailleuses dans la pointe arrière, pour décourager d’éventuelles attaques par l’arrière. Contrairement à ce qui est montré plus tard, le viseur de bombardement Norden , un équipement ultra secret, fut également enlevé et remplacé par le viseur mécanique rudimentaire Mark Twain, ne valant que quelques dollars.
Quand Doolittle quitte le pont du Hornet on voit son avion traverser une immense vague qui vient de s’écraser sur la proue du porte-avions, ce qui l’aurait brutalement freiné, conduit à s’écraser dans les flots ! Quand il décolla, la mer était effectivement bien formée, avec des grandes vagues. Le pont du porte-avions qui faisait face au vent et donc, au vagues, se levait et s’abaissait. L’officier du pont d’envol tenait compte du tangage et n’ordonnait le décollage au pilote que lors que le pont recommençait à monter, pas à descendre, ce qui semble être ignoré dans le film, les artistes digitaux ne cherchant qu’à créer du spectacle. Sur les films d’époque, on voit les B-25 décoller avec la roue avant levée et quitter le pont avant son extrémité, puis ils piquent légèrement pour voler en palier et prendre de la vitesse, avant de reprendre de l’altitude.
Quand l’avion de Doolittle survole la Chine, la nuit, avec les moteurs stoppés on constate qu’il (ou l’artiste) a oublié de mettre les hélices en drapeau et que celles-ci ne tournent pas !
-A Midway (28 mai 1942) :
Un seul Boeing B-17E atterrissant sur l'île d’Eastern island à Midway. Il y en avait 18 de l'USAAC (92nd Bomb Wing, 431st Bomb Squadron). Leur rôle fut tout à fait secondaire.
-Bataille de Midway (4 juin 1942) :
Des vagues de Mitsubishi A6M2 Zero et ce qui ressemble à des bombardiers Nakajima type 97 B5N2 Kate, volant à basse altitude, envahissent le ciel de l’île. Mais, on n’aperçoit aucun bombardier en piqué Aichi type 99 D3A1 Val…
Le décollage de Best de l’Enterprise est acrobatique et encore une fois, exagéré. Ce que l’on nous montre : il quitte le pont à une vitesse de 60 nœuds (soit 7/8 nœuds-15 km/h, en dessous de la vitesse de décrochage) ; il tire sur le manche (pourquoi ?), l’avion décroche ; Best rend la main et rentre le train (un peu tard) alors que celui-ci touche l’eau, puis la bombe ventrale (c’est alors l’hélice qui aurait dû patauger dans l’eau !). Bref, son décollage était, dans ces conditions, un crash inévitable. Encore du spectacle !
Mais cette scène dramatisée à l’extrême, n’a pas été entièrement inventée. Elle eut lieu le 20 mai 1942. Best décollait alors pour effectuer une mission de reconnaissance. Il constata que sa vitesse n’était pas suffisante. Juste après avoir quitté le pont, son avion ne s’éleva pas, mais son aile gauche s’enfonça. Best pensa qu’il décrochait, mais réussit à récupérer son appareil juste au-dessus des vagues (et pas dedans). Il demanda au porte-avions de stopper les décollages vu sa trop faible vitesse. Mais, comme vu dans le film, l’avion qui le suivit, piloté par Willie West, ne put s’élever et s’écrasa juste devant la proue du porte-avions. Il perdit la vie alors que son radio-mitrailleur put être repêché par un destroyer.
Au début de l’attaque, on voit une douzaine de bombardiers B-26A Marauder de l’USAAC attaquant le porte-avions Akagi. Ils volent en formation à bonne altitude. En réalité, il n’y en avait que quatre, basés à Midway, et ils étaient munis de torpilles qui les obligeaient à voler en vol rasant…Il est vrai cependant que le leader, gravement touché, tenta de s’écraser sur l’îlot du porte-avions et le rata de très peu, comme montré dans le film. Il porte le vrai faux serial "117759" d'un B-26B de la 12th Air Force qui fut abattu par la DCA, en Tunisie, en décembre 1942. Deux B-26 reviendront à Midway.
C’est un hydravion Aichi type 0 E13A1 Jake qui repère la flotte américaine. C’était l’un des cinq hydravions du croiseur lourd Tone.
Les Devastator de la VT-6 attaquent la flotte ennemie, armés « comme d’habitude » d’une torpille et de deux bombes…Mais ce furent les torpilleurs de la VT-8 du Hornet qui attaquèrent les premiers, pas ceux de la VT-6 de l’Enterprise. On remarque que le poste central du bombardier de ces avions n’est pas occupé…
On a droit à l’inévitable scène de l’enseigne George Gay, le seul survivant de la VT-8, qui fut abattu en pleine bataille et assista à la destruction des trois porte-avions japonais, accroché à un coussin gonflable, pour éviter d’être mitraillé. Il fut récupéré le lendemain, alors qu’il avait pu gonfler son radeau de survie.
Lors du bombardement de l’Hiryu, Best maintient son piqué presque jusqu’au niveau du pont en visant le drapeau japonais peint sur le pont. En fait, il visa bien le drapeau mais largua sa bombe à 1000 pieds, et le rata. Aucun pilote n’aurait largué sa bombe lors de sa ressource, celle-ci ayant toutes les chances de rebondir ou d’exploser sous l’avion. Quand il fait sa ressource, son aile droite touche l’eau, ce qui aurait suffi à le faire capoter en le freinant brusquement, mais pas dans un dessin animé.
Les autres avions de la bataille de Midway, invisibles dans le film :
Côté américain :
- -Grumman TBF-1 Avenger (6 du Marine Corps)
- -Grumman F4F-4 Wildcat (79 de l’US Navy et 7 du Marine Corps)
- -Brewster F2A-3 Buffalo (21 du Marine Corps)
- -Vought SB2U-3 Vindicator (11 du Marine Corps)
- -Consolidated PBY-5 Catalina (32 détachés de l’US Navy)
Côté japonais :
- -Aichi type 99 D3A2 Val (63 appareils)
- -Yokosuka type 2 D4Y1-C Suisei Judy (2 appareils)
Christian Santoir
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Sources :
-LEDET Michel : 2006. Samouraï sur porte-avions. Editions Lela Press, coll. Histoire de l’Aviation n°17, 581 p.
-MILLOT Bernard : 1979. La bataille de Midway. Docavia n° 11, Editions Larivière, 357 p.
-MOORE Stephen L. : 2014. Pacific payback. The carrier aviators who avenged Pearl Harbor at the battle of Midway. NAL Caliber, New-York, 436 p.
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