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LA BATAILLE DE MIDWAY

 

LA BATAILLE DE MIDWAY

Vo. Midway

 

Année : 1976
Pays : Etats-Unis
Durée : 2 h 12 min.
Genre : guerre
Couleur

Réalisateur : Jack SMIGHT
Scénario : Donald S. SANFORD

Acteurs principaux :
Charlton HESTON (capitaine Matt Garth), Henry FONDA (amiral Chester W Nimitz), James COBURN (capitaine Vinton Maddox ), Glenn FORD (amiral Raymond A Spruance), Robert MITCHUM (amiral William F Halsey), Toshiro MIFUNE (amiral Isoroku Yamamoto), Hal HOLBROOK (commandant Joseph Rochefort), Cliff ROBERTSON (commandant Carl Jessop), Robert WAGNER (capitaine de corvette Ernest L Blake), Edward ALBERT (lieutenant Tom Garth), Christina KOBUKO (Haruko Sakura), James SHIGETA (vice-amiral Chuichi Nagumo)

Musique : John WILLIAMS
Photographie : Harry STRADLING Jr
Conseiller technique : vice-amiral Bernard M. STREAN
Producteur : Walter MIRISCH
Compagnie productrice : Universal

Avions :

  • Boeing B-17E, extr. de film
  • Consolidated PBY-6A, N16KL
  • Curtiss P-40E Warhawk,  extr. de film
  • General Motors FM-2 Wildcat
  • Grumman J2F Duck, en arrière-plan 
  • Grumman F6F-5 Hellcat, document
  • Grumman TBF-1 Avenger, document
  • Mitsubishi A6M Zero, répliques,
  • North American T-6 Texan (comme des Mitsubishi A6M)
  • North American B-25 Mitchell, document.
  • North American SNJ-5
  • Vought F4U Corsair, extr. de film. 
  • Vought SB2U-3 Vindicator, document 
  • Vultee BT-15 Valiant (comme des Aichi D3A Val)
  • Vultee BT-13 Valiant (comme des Nakajima B5N Kate)

  

Notre avis :

Au début des années soixante dix, les déboires de la guerre du Vietnam avaient fortement refroidi les ardeurs belliqueuses d’Hollywood. Il fallu attendre 1976, six ans après la sortie du film de la Fox « Tora ! Tora ! Tora ! », pour que les Américains puissent voir de nouveau un film de guerre à gros budget produit par Universal. Basé sur le livre « Midway » de Donald S. Sanford, le film fournissait une nouvelle étude de la bataille de Midway considérée par les historiens comme une des batailles navales les plus décisives et significatives de la seconde guerre mondiale. Des grands noms de l’écran, James Coburn, Robert Mitchum, mais aussi et surtout, Charlton Heston, Glenn Ford et Henry Fonda, tous trois vétérans de la seconde guerre mondiale, furent retenus pour jouer les principaux intervenants, le seul rôle fictif étant joué par Charlton Heston.

L’histoire commence en 1942, quand le quartier général impérial donne l’ordre à l’amiral Isoruku Yamamoto, d’occuper les îles Aléoutiennes, et celle de Midway. Le but était d’étendre vers l’est le périmètre de défense national et d’éliminer ce qui restait de forces aéronavales américaines dans le Pacifique. Yamamoto disposait de cent cinquante navires, dont onze cuirassés, soixante destroyers, vingt trois croiseurs et quatre porte avions. La flotte américaine du Pacifique, sous le commandement de Chester Nimitz, consistait en moins de soixante bateaux, dont les porte-avions USS « Yorktown » (CV-6), « Entreprise » (CV-6) et « Hornet » (CV-8), avec 230 avions embarqués. Bien que largement surclassée, l’US Navy engagea ses faibles moyens avec efficacité. Elle avait réussi à pénétrer le code japonais et savait que la flotte japonaise convergeait vers Midway. Aux premières heures du 4 juin 1942, les avions des trois porte avions attaquèrent la force d’invasion japonaise par surprise. En moins d’une heure, les Japonais avaient perdu trois de leurs porte-avions (le « Soryu », le « Kaga », et l’ « Akagi ») ainsi que les groupes aériens à bord de ces navires. Quelques heures plus tard, le « Yorktown » fut à son tour frappé et dut être abandonné. Le seul porte avions japonais subsistant l’ «Hiryu », fut touché et coula. A la fin de la bataille, les Américains avaient perdu un porte avions, et un destroyer, les Japonais tous leurs porte avions, avec un grand nombre de pilotes expérimentés, et un croiseur lourd ; six autres navires avaient reçu des dommages importants. La vaste offensive japonaise dans le Pacifique subissait un arrêt brutal. Le courant s’était inversé en faveur des Américains.

Alors que le film est en lui même un compte rendu intéressant et fidèle de la bataille, il perd toute sa crédibilité avec les histoires racontées entre les scènes principales. L’introduction du personnage fictif, le capitaine Garth (Charlton Heston), et de son fils, amoureux d’une Japonaise internée dans un camp (une histoire bien improbable en 1942 !), n’apporte rien à un script déjà passablement compliqué. Mais avec ce film, l’image de l’ennemi japonais est réhabilitée et même considérée avec une certaine sympathie. L’ennemi n’est plus le « Jap » honni, mais un adversaire respectable, personnifié par l’amiral Yamamoto, ou le commandant Genda, qui commandait le groupe aérien lors de l’attaque de Pearl Harbor.

A la décharge du producteur, on doit reconnaître que mettre à l’écran une histoire de cette envergure n’était guère facile. Vu la rareté des bateaux et des avions de l’époque, Mirisch n’eut d’autre choix que d’avoir recours à des expédients. Ils consistèrent d’abord à utiliser des extraits d’autres films de guerre, comme « Tora !Tora !Tora !» (1970), ou « I bombed Pearl Harbor » (1960). Le film ouvre sur les images de « Trente secondes sur Tokyo » (1944) montrant le raid de Doolittle sur le Japon, deux mois avant Midway. Bien qu’il fût difficile de cadrer les vieux films en 16 mm avec le format grand écran, les monteurs utilisèrent des bouts de films tournés par l’US Navy pendant la guerre, et insérés dans des longs métrages comme « Les diables de Guadalcanal » (1951), «Dive Bomber» (1941), ou des documentaires de guerre comme « Fighting Lady » (1944) et le reportage de John Ford « The battle of Midway » (1942) commenté, entre autres, par un certain Henry Fonda, quartier maître dans l’US Navy.

Le problème est que tous ces extraits de films, de documentaires, filmés à des dates différentes, sont affreusement mélangés. A un certain moment, un bombardier Dauntless se retrouve être un chasseur F6F Hellcat quand il s’écrase en mer. On met les moteurs de Wildcat en route, mais ce sont des Hellcat qui décollent. Le crash qui tue Charlton Heston à la fin du film ne date même pas de la seconde guerre mondiale, mais de la guerre de Corée ! Et ainsi de suite…A ces collages malheureux, furent ajoutées les séquences filmées en studios et dans plusieurs endroits de la Californie : base de l’US Army de Fort Mac Arthur, base navale de Long Beach, de Point Mugu, le jardin japonais de la Bibliothèque Huntington, à Pasadena. De nombreuses scènes « aériennes » ou « maritimes » furent reconstituées au studio 22 d’Universal. Mais on commença par filmer, en mai 1975, sur le seul survivant de la guerre, l’USS « Lexington » (CVT-16) croisant dans le golfe du Mexique, et dont cinq cent hommes d’équipage servirent de figurants.

Le film fit sa première à Los Angeles le 18 juin 1976, lors de la célébration du bicentenaire des USA. Alors que la critique fut plutôt tiède, l’accueil du public fut très chaleureux, et Midway devint pour les studios une des productions les plus rentables de l’année.

 

Les avions du film :

Le chef pilote et coordinateur des scènes aériennes, Frank Pine de Tallmantz Aviation, fut chargé de trouver de rares avions de la seconde guerre mondiale encore en état de vol. Son « escadrille » se composait d’un Consolidated PBY-6A, de deux General Motors FM-2 Wildcat appartenant à des particuliers (le Bu86746 de Rudy Fresca et le Bu86777 de Junior Burchinal) pour remplacer les soixante dix Grumman F4F-3 Wildcat des VF-3 (Yorktown), VF-6 (Enterprise) et VF-8 (Hornet), plus un petit nombre de « Zéros », « Vals » et « Kates », répliques ressuscitées du film de la Fox « Tora ! Tora !Tora ! » ; mais les deux Zéros vus sur le pont d’un porte avions, sont des maquettes à l’échelle 1, issues du film japonais « I bombed Pearl Harbor ». En plus de ces avions en état de vol, les studios utilisèrent des pièces de musée non volantes, pour le tournage en studio. Ces avions incluaient un Douglas SBD Dauntless, un autre FM-2 Wildcat, et un North American SNJ-5 transformé pour ressembler à un Douglas TBD Devastator.

Le FM-2 Wildcat, un modèle apparu en 1943, différait quelque peu du F4F (dérive plus haute, capot moteur un peu plus large). Ceux du film restèrent dans leurs trois tons de bleu, style 1943-44. L’un porte l’insigne de « Félix le chat » de la VF-3. Bien qu’ils fussent en état de vol, les règlements de la Navy interdisaient formellement de les faire décoller du porte avions. Il fallut attendre qu’ils soient débarqués à la base de Pensacola, pour les faire voler pour une courte scène, avant le retour de l’équipe de tournage à Los Angeles. Quant au Catalina du film (N16KL, Bu63998), un ancien hydravion des forces aériennes danoises, il appartenait à l’ « American Air Museum Society » de San Francisco ; il avait un nez qui avait été modifié pour une utilisation civile. Cet avion sera détruit en 1984, lors d’un amerrissage dans le golfe du Mexique.

Les nombreuses scènes d’appontage extraits de films de la dernière guerre montrent tous des appontages, parfois scabreux, de Grumman F6F-5 "Hellcat", qui ne fut mis en service qu’à partir de 1943. On voit cependant quelques Grumman F4F "Wildcat" massés à l’arrière de l’ « Enterprise ».  Les avions des Marines basés sur l’île de Midway sont représentes par les deux Curtiss P-40E Warhawk de « Tora !Tora !Tora ! », puis par des Hellcat (dont le Bu79435), qui remplacent les quelques Wildcat et les Brewster Buffalo F2A-3 effectivement basés sur l’île à l’époque. Des chasseurs bombardiers Vought F4U Corsair sont censés attaquer un porte-avions (une scène que l’on retrouve dans « Les diables de Guadalcanal »). En fait, on utilisa beaucoup de films tournés en 1944-1945. On voit aussi des décollages de Grumman TBF-1 Avenger, et même un Boeing B-17E atterrissant sur une roue, tout droit sorti de « Tora ! Tora !Tora ! ». En 1942, il y avait dix sept B-17E du 431st Bomb Squadron (92nb B.W.) à Midway,.

Charlton Heston se tue en appontant dans un Douglas SBD Dauntless, qui au moment du choc avec le pont, se transforme en Curtiss SB2C Helldiver (opérationnel en novembre 1943 seulement), puis en Grumman F9F Panther quand il explose ! Magique ! Cet accident qui survint en 1951 sur l’USS « Midway », apparaît dans « Escadrille Panthère » (1954) et plus tard, dans « A la poursuite d’Octobre rouge » (1990) pour remplacer un F-14 Tomcat.

En réalité, les avions torpilleurs américains étaient tous des Douglas TBD-1 Devastator qui payèrent un lourd tribut à la chasse adverse ; ceux de la VT-8 furent tous abattus. Après Midway, les Devastator furent retirés des opérations, et devinrent des avions d’entraînement ou de servitudes. Dans le film, Devastator et Dauntless, sont remplacés par des Vought SB2U-3 Vindicator qui étaient des bombardiers en piqué, comme les Dauntless, les vrais héros de Midway. Onze Vought équipaient la VMSB-241 basée sur l’île de Midway (on les voit d’ailleurs décoller sur le reportage de John Ford, en 1942). Ils furent remplacés peu après la bataille, par des Dauntless. Le film montre un vol de Vindicator à l’entraînement, dépourvus de leur bombe. Cet avion plus que médiocre eut pourtant les honneurs de l’écran, puisqu’il apparut dans trois films, « Dive bomber » (1941), « Bombardier » (1943), et « Task Force » (1949).

Enfin, à Pearl Harbor, Charlton Heston passe sous l’aile d’un Grumman Duck, dont on voit juste les ailes, hélas.

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Christian Santoir

* Film disponible sur amazon.fr

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