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LYOTCHIKI

 

LYOTCHIKI

Vo. ЛЁТЧИКИ

(Les aviateurs)

 

Année : 1935
Pays : URSS
Genre : comédie
Durée: 1 h 20 min.
Noir et blanc

Réalisateur : Iouli Raïzman
Scénario : Aleksandr Macheret

Acteurs principaux :
Boris Shchukin (Commandant Nikolai Rogachev), Yevgeniya Melnikova (élève Galya Bystrova), Ivan Koval-Samborsky (instructeur Sergei Belyaev), Aleksandr Chistyakov (mécanicien Khrushchev), Grigori Levkoyev (le médecin). 

Musique : Nikolai Kryukov
Photographie : Leonid Kosmatov
Compagnie productrice : GUKF, Moscow Kino Combinant

Avions :

  • Polikarpov U-2
  • Polikarpov I-5
  • Polikarpov R-5, en arrière-plan
  • Tupolev PS-9 / Ant-9bis, CCCP-L121

 

Notre avis :

"Lyotchiki" fut le premier film parlant du réalisateur Iouli Raizman. Ce petit film connu seulement du public soviétique, passe auprès de certains critiques pour un vrai joyau. D'autres comparent Raizman à Howard Hawks, celui de "Dawn patrol" et de "Only angels have wings", ou à Grémillon ("Le Ciel est à vous"). Il est vrai que les scènes, parfois un peu longues, font l'objet d'une réalisation minutieuse, et d'une très belle photographie, mais l'intensité dramatique est faible, comparée aux films ci-dessus évoqués. En fait, "Lyotchiki" est émaillé de situations comiques. Le film, découpé un peu comme un livre, en sept chapitres (L'école, La catastrophe, Le retour, Le Commandant, L'opération..), nous raconte une histoire d'amour assez banale, entre une femme et deux hommes, comme un film d'aviation tourné à Hollywood. Mais il y a cependant des différences. Ici tout est dans le non-dit, car aucun des amoureux, décidemment bien timides, n'ose se déclarer. De plus, l'héroïne, Galya, se détourne de l'homme qu'elle aime quand il a des problèmes, pour aller vers un homme plus âgé, qu'elle considérait avant comme un simple ami. La femme occidentale se montre d'habitude plus constante dans sa passion, du moins, dans les films…

"Lyotchiki" sortit trois semaines après l'accident du Tupolev Ant-20 "Maxime Gorki", heurté en plein vol par un chasseur d'accompagnement qui faisait un looping autour ! Ce n'est peut être pas par hasard, si le film met l'accent sur la nécessaire discipline que doit observer tout aviateur digne de ce nom…Mais ce thème se retrouve aux USA, à la même époque, où disparaissaient les derniers barnstormers.

Le commandant Nikolaï Rogachev dirige un école de pilotage civile où sont admis des hommes aussi bien que des femmes. Le chef mécanicien Krushchev qui se distingue par de belles bacchantes, est chargé de faire voler toute une petite escadrille de biplans. Un des meilleurs élèves est une jeune femme, Galya. Sergei, son moniteur, est amoureux d'elle, sans oser lui avouer, elle même n'étant pas insensible à ce bel homme, un peu taciturne. Le jour de la fête de l'école, Sergei décolle contre les ordres de Rogachev, et se livre à une série d'acrobaties au dessus de la foule, mais il n'arrive pas à sortir d'une vrille et s'écrase à proximité du terrain ! Il s'en tire avec une épaule cassée, au grand soulagement de Galya qui est accourue. Quelque temps plus tard, Sergei, interdit de vol, revient, tout penaud, au terrain et retrouve Galya dont le charme a aussi opéré sur le commandant, un homme qui n'est plus de première jeunesse. Pour se rajeunir, il se fait raser la barbe, au grand étonnement des élèves. Un jour il a un malaise au mess, et Galya s'inquiète de sa santé. Sergei pense qu'elle lui préfère le commandant, et veut se suicider. Rogachev doit être opéré; Galya, venue le voir à l'hôpital avec les élèves, lui apporte des fleurs. Peu après l'opération, a lieu une grande fête avec défilé et sauts de parachutistes. Galya représente l'école en volant sur un chasseur, la monture personnelle de Rogachev. Elle se livre à une exhibition de grande qualité observée attentivement par le commandant, mais aussi par tous les patients de l'hôpital. Une fois rétabli, Rogachev est muté sur une autre base. Galya qui a reçu ses ailes de pilotes, l'accompagne jusqu'à Moscou où il va prendre son avion. Il y retrouve le vieux mécanicien Krushchev. Galya et Rogachev se reverront-ils ?

Le film nous introduit dans le milieu des écoles de pilotage civiles soviétiques d'avant guerre. Ces écoles organisées de façon militaire incorporaient un nombre relativement important de femmes, dont certaines y étaient monitrices. Pendant la guerre, l'URSS fut le seul pays belligérant à pouvoir aligner des escadrilles féminines, aussi bien dans la chasse, le bombardement ou le renseignement. Certaines femmes pilotes furent même affectées à des escadrilles de chasse composées en majorité d'hommes. De redoutables guerrières se cachaient derrière de jolis minois, et le régime soviétique fut le seul gouvernement au monde à permettre aux femmes de montrer ce dont elles étaient capables en matière de combat. La blondinette Galya fait penser inévitablement à Lidya Wladimirovna Litvyak, surnommée la "rose de Stalingrad", abattue dans son Yak en août 1943, alors qu'elle comptait une dizaine de victoires (chiffre officieux) à son actif. Elle avait 22 ans.

Bien que "Lyotchiki" soit un film bien fait et agréable à regarder, on regrettera qu'il n'ait pas de scènes aériennes à la hauteur de son titre et de sa réalisation.

 

Les avions du film :

L'avion de base de l'école est le Polikarpov U-2, muni d'un moteur M-11, à 5 cylindres en étoile. Les appareilsportent tous une immatriculation civile "CCCP" (URSS), suivie de la lettre "H" (CH en Français); on a ainsi, les "CCCP-H285, 504"…

Lors du crash de  Sergeï sur son U.2, on remarquera l'équipement folklorique des pompiers, coiffés de casques dignes de cuirassiers du second empire. Leur véhicule n'a pas de sirène, et elle est supplée par un pompier qui souffle dans une trompette

Plus tard, lors de la fête aérienne, on voit à coté de centaines d'U.2 alignés, une rangée de Polikarpov R-5, un grand biplan, à la fois civil et militaire.

Galya fait une séance de voltige sur un Polikarpov I-5 qui était le chasseur russe standard dans la première moitié des années trente. C'est un avion de ce type qui provoqua la chute du "Maxime Gorki". Il porte sur la dérive les caractères cyrilliques "HP", (soit NR en français) qui sont les initiales du commandant de la base, Nikolaï Rogachev.

Rogachev, à la fin du film, part dans un bimoteur Tupolev PS-9/Ant-9bis (CCCP-L121) construit tout e tôle ondulée, comme un Junkers.

 

Christian Santoir

 *Film disponible sur https://ok.ru/video/

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