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L’ODYSSEE DU HINDENBURG

 

L’ODYSSEE DU HINDENBURG

Vo. The Hindenburg

 

Année : 1975
Pays : USA
Durée : 1 h 54 min.
Genre : Catastrophe
Couleur

Réalisateur : Robert WISE
Scénario ; Nelson GIDDING, d'après le livre de Michael M MOONEY « The Hindenburg »

Principaux acteurs :
George C SCOTT (Le colonel Franz Ritter), Anne BANCROFT (La comtesse), William ATHERTON (Boerth), Roy THINNES (Martin Vogel), Gig YOUNG (Edward Douglas) Burgess MEREDITH (Emilio Pajetta), Charles DURNING (Le capitaine Pruss), Richard A DYSART (Le commandant Lehmann), René AUBERJONOIS (Le major Napier), Stephen ELLIOTT (Le capitaine Fellows)

Photographie : Robert SURTEES
Musique : David SHIRE
Producteur : Robert WISE
Compagnie Productrice : Filmakers Group
Compagnie distributrice : CIC - Universal

Avions

  • Hispano Aviacion HA-1112-M1L, N109ME
  • Messerschmitt Bf.109G-10/U-4

 

Notre avis :

Les années 1970 sont les années des films catastrophes. Alors que « La tour infernale », « L’aventure du Poséidon » et la série des « Airport » tiennent le devant de la scène, ce film est moins connu. Pourtant, il a tout pour faire un grand film catastrophe. On a l’habituelle brochette de grands acteurs (George C. Scott, Anne Bancroft..), un scénario basé sur un fait réel, la célèbre catastrophe du dirigeable « Hindenburg », et des effets spéciaux de très haut niveau qui furent récompensés par un Oscar. L'ODYSSÉE DU HINDENBURG a la particularité de mêler deux genres bien distincts : le film catastrophe et le film d'espionnage. On pourrait même ajouter le film policier, car pendant tout le film l’enquête se poursuit en l’air comme au sol, pour connaître qui va détruire le « Hindenburg », le tout dans une ambiance « Grand hôtel ».

L’histoire commence avec un documentaire introductif montrant l’évolution des plus légers que l’air dont de rares vues des dirigeables de Santos Dumont. Puis nous passons au 17 avril 1937, quand l'ambassade d'Allemagne à Washington reçoit la lettre d'une voyante annonçant la destruction par bombe du dirigeable "Hindenburg" lors de son prochain passage au-dessus de New York. A Berlin, le docteur Goebbels charge le colonel Ritter, du service de contre-espionnage de la Luftwaffe, secondé par Martin Vogel, un agent de la Gestapo, d'assurer la sécurité du vol. Une enquête précise sur les passagers et sur les membres d'équipage conduit Ritter à suspecter le gabier Boerth, dont la maîtresse Fredda Halle est arrêtée par la Gestapo. Boerth finit par confier à Ritter, qui n’est pas un nazi, que, le « Hindenburg », symbole de la puissance nazie, sera détruit par une bombe à retardement après le débarquement des passagers. Cachée dans l'empennage, la bombe doit exploser à 19 h 30, soit 1 h 30 après l'arrivée. Mais un orage éclate sur Lakehurst, l’aéroport d’arrivée, contraignant le dirigeable à retarder son amarrage. Vogel torture Boerth pour lui faire avouer où se trouve la bombe, tandis que Ritter recherche le gabier dans tout l'aéronef. Quand il le retrouve enfin, il est trop tard ; Ritter tente de désamorcer la bombe qui lui explose dans les mains...

Le script brode naturellement sur la réalité, mais la prémonition de la voyante, la lettre reçue par l’ambassade d’Allemagne à Washington, sont véridiques. Parmi les multiples personnages, seuls le capitaine Pruss, commandant du Hindenburg, et le capitaine Lehmann, directeur de la DZR (Deutsche Zeppelin Reiderei), sont cités comme tels. Lehmann mourut des suites de ses blessures et le capitaine Pruss survécut, mais resta infirme à vie. Le scénario est tiré du livre de Michael M. MOONEY « The Hindenburg » paru en 1972 et qui défendait la thèse du sabotage. Ce livre ne faisait que reprendre celui de A.A. Hoeling « Who destroyed the Hindenburg ? » (1962). Envisagée un moment lors de l’enquête aux Etats Unis, elle ne fut jamais prouvée. L'accumulation d'électricité statique fut retenue par la commission d'enquête comme cause officielle de l'accident. Un étincelle mit le feu à un mélange d’hydrogène et d’oxygène accumulé à l’arrière du dirigeable. L’atterrissage se fit effectivement après un orage et par un temps très humide. Dans le New Jersey, les conditions électrostatiques étaient telles que les usines de fabrication de caoutchouc manipulant des matières hautement inflammables avaient été fermées par mesure de sécurité !. La commandant Pruss largua du gaz des cellules arrière, une manœuvre généralement interdite en cas d’orage. Hugo Eckener l’ancien directeur de  la Compagnie Zeppelin en voulut beaucoup à Pruss d’avoir précipité l’atterrissage juste après le passage de l’orage, et il affirmait que l’accident aurait pu être évité si Pruss avait attendu que les conditions orageuses aient totalement disparu. Mais Pruss était sous la pression de la DZR, qui voulait instaurer un service régulier entre l’Allemagne et les Etats Unis. Déjà en retard de neuf heures, en cette fin d’après midi du 6 mai, il devait poser le Hindenburg aussi vite que possible, d’autant que le commandant de la base de Lakehurst recommandait l’atterrissage (les Américains étaient habitués aux dirigeables gonflés à l’hélium, beaucoup moins sensibles aux conditions orageuses). Au sol, attendaient soixante douze passagers qui avaient répondu à la campagne publicitaire organisée par les American Airlines assurant avec un DC-3 la navette entre Lakehurst et New York. Leur prospectus « Now... Fly to Europe ! » vantait l’intérêt d’aller en Europe en 1937, avec le proche couronnement du roi d’Angleterre George VI (12 mai 1937) et l’Exposition universelle de Paris. On sait depuis, que quand les impératifs commerciaux pèsent sur le dos des commandants de bords, on a toutes les chances d’aller droit à la catastrophe…Ce problème ne date pas d’aujourd’hui. Enfin, une preuve a contrario que la thèse de l’attentat ne tient pas est fournie par le manque de réaction de la Gestapo. Si celle-ci, toujours très bien renseignée, avait eu le moindre soupçon sur un membre de l’équipage (déjà trié sur le volet ; le gabier mis en cause dans le film, de son vrai nom, Eric Spehl, était le fils d’un nazi de la première heure), elle aurait immédiatement procédé à des arrestations dans son entourage, arrestations suivies par des exécutions, non moins rapides. Or, rien de tel ne se produisit. Quoiqu’il en soit, dans la soirée du 6 mai 1937, la catastrophe du Hindenburg (34 morts et 31 blessés sur 97 passagers) mit fin au règne des zeppelins qui, de 1928 à 1937, relièrent régulièrement l'Europe aux États-Unis.

Le film met son point d’honneur à nous offrir une reconstitution sans faille s’attachant au moindre détail. Les aménagements intérieurs, la cabine de pilotage, l’intérieur du zeppelin sont très bien reproduits. Wise alterne des actualités d’époque avec des séquences tournées en noir et blanc, ce qui donne une impression d’authenticité lors de l’évocation de l’embrasement final. Néanmoins, certaines erreurs se sont glissées inévitablement çà et là…

Ainsi, les passerelles du zeppelin n’arrivaient pas au niveau du sol, elles étaient prolongées par un escalier mobile monté sur roues, pour suivre les mouvements du dirigeable amarré. Lors d’une scène d’atterrissage, le zeppelin largue de l’eau à partir des hublots près du nez, alors que les water ballast étaient vidés par des trous situés plus près de la nacelle de pilotage, et aussi vers l’arrière, au niveau des empennages. Lors du dernier voyage, le piano Blüthner n’était pas à bord ; il avait été débarqué pour sauver du poids (180 kg). L’incident où l’on voit l’équipage réparer en plein vol une déchirure dans une gouverne n’eut pas lieu sur le Hindenburg, mais sur le Graf Zeppelin en 1933. A Lakehurst, le mat d’amarrage est noir alors qu’il était peint en rouge et blanc. A Berlin Staaken, une fourgonnette Citroën type H sortie à la fin des années quarante, passe devant l’écran. Il est vrai qu’avec sa tôle ondulée et ses formes anguleuses, elle semble avoir été construite à partir d’un Junkers 52 !

Il y a également quelques invraisemblances. Quand, au départ du Hindenburg, l’orchestre joue l’hymne national, aucun homme ne se découvre et aucun militaire ne salue. Un faute grave, impensable sous le régime nazi. De même, le numéro de l’humoriste qui se moque d’Hitler est fort peu vraisemblable. Il n’y avait pas de spectacle improvisé à bord du Hindenburg, et les humoristes de l’époque ne se seraient pas permis ce genre de fantaisie en Allemagne, ou sur un vaisseau allemand. Enfin, dans le film, Hugo Eckener et Ernst Lehman sont décrits comme assez distants du parti nazi. En fait, si Eckener haïssait les Nazis qui le lui rendaient bien, Lehman s’en accommodait fort bien et faisait tout pour les obliger, afin de faire progresser sa carrière. Pour faire plaisir à Goebbels, lors du « vol du plébiscite »  (référendum sur la remilitarisation de la zone rhénane en mars 1936), il avait décollé alors que des rafales de vents balayaient le terrain ; la dérive inférieure du Hindenburg avait été endommagée, à la grande colère d’Eckener.

Un mois après la catastrophe, sortait le film « Police judiciaire » (Fly away baby) de Franck Mac Donald avec Glenda Farrell qui se passe, en partie, dans le Hindenburg où un crime est commis. Là également les studios de la Warner s’attachèrent à reconstituer le salon, les cabines et l’intérieur du zeppelin. Pour les scènes extérieures, le Hindenburg était doublé par le dirigeable USS Akron ou l’USS Macon. Puis, il faudra attendre 1989 pour revoir le Hindenburg et ses magnifiques aménagements dans « Indiana Jones et la dernière croisade », avec Sean Connery.

 

Les avions du film :

La maquette du zeppelin avait plus de huit mètres de long et pouvait être pilotée par les câbles de suspension. Quatre vingt ouvriers travaillant pendant quatre mois construisirent une réplique de 35.000 $. Elle fut fut donnée au Smithsonian Air and Space Museum de Washington DC après le tournage. Le drame fut filmé à la base des Marines d’El Toro, à Santa Ana (CA) où existaient encore deux immenses hangars à dirigeable. La reproduction des aménagements intérieurs du Hindenburg est aussi précise que possible. Le détail a été poussé jusqu’à reproduire les légers craquements de la structure quand le zeppelin fend les airs majestueusement (à 125 km/h maximum); tel les grands voiliers du siècle passé, il évoluait, en effet, en symbiose avec les éléments naturels et frémissait à chaque mouvement de l’atmosphère.

Deux seuls avions montrent leur nez dans ce film dédié au plus léger que l’air. Sur l’ancienne base d’Oxnard (CA) à moitié désaffectée, on voit un Hispano Aviacion HA-1112-M1L dans son état originel, mais décoré comme un Bf 109B/C de la légion Condor, avec croix de St André blanches sur fond noir. Immatriculé N109ME, il fut loué par Universal au colonel de l’ancienne Condeferate Air Force, Gerald Martin. L’autre avion est un authentique Bf.109G-10/U-4 (W.Nr 611943,) repeint de façon anachronique, comme l’avion d’un Gruppenkommandeur du II/JG54 sur le front russe en 1942. Cet avion sans hélice et sans casserole d’hélice appartenait à Ed Maloney du Planes of Fame de Chino (CA). Restauré et avec une nouvelle décoration (jaune 13 du 11./JG 52) il est visible actuellement au Planes of Fame de Grand Canyon (AZ).

 

Christian Santoir

* Film disponible sur amazon.fr

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