L’escadrille des aigles
Vo. Eagle Squadron
Année : 1941
Pays : USA
Durée : 1 h 49
Genre : guerre
Noir et blanc
Réalisateur : Arthur Lubin
Scénario : Norman Reilly Raine, d’après une histoire de C.S. Forester
Acteurs principaux :
Robert Stack (Chuck Brewer), Diana Barrymore (Anne Partridge), Jon Hall (Hank Starr), Eddie Albert (Leckie), Nigel Bruce (McKinnon), Evelyn Ankers (Nancy Mitchell), Leif Erickson (Johnny Coe), John Loder (Paddy Carson), Edgar Barrier (Wadislaw Borowsky) , Isabel Elsom (Elizabeth Whitby), Alan Hale Jr. (Olsen), Don Porter (Ramsey), Frederick Worlock (Grenfall)
Photo : Stanley CORTEZ
Musique : Frank SKINNER
Producteur : Walter WANGER
Compagnie productrice : Universal Pictures
Avions :
- Messerschmitt Bf 109, maquette
- Supermarine Spitfires Mk IIA
- Westland Lysander II
Notre avis :
L’ESCADRILLE DES AIGLES d’Universal fut la première grande production à sortir après l’attaque de Pearl Harbor. Le film commence par une introduction, genre documentaire, présentée avec une grande solennité par Quantin Reynolds. : « C’est l’histoire d’une poignée de nos compatriotes qui n’attendirent pas d’être frappés dans le dos. Ces garçons (de l’Eagle squadron 71).. savaient que la sécurité de notre pays doit reposer sur notre maîtrise des airs ». Reynolds poursuit en présentant certains pilotes de l’unité dont le vétéran de la bataille d’Angleterre, Eugene Tobin, Gregory « Gus » Diamond, l’as de l’escadrille avec six victoires , C.W. McColpin et le futur chef d’escadrille Chesley Peterson (7 victoires). Cette introduction dut être réalisée en septembre 1941, à l’époque où McColpin rejoignit le squadron 71 et peu de temps après que Tobin ne fut tué. Malheureusement, malgré ce prologue très sérieux, le film de Walter Wanger dégénère en un film de série B du plus mauvais goût. L’ESCADRILLE DES AIGLES permet de mesurer à quel point Hollywood ignorait les réalités de la guerre en cours. On avait pu également s’en apercevoir avec les productions précédentes « International squadron » et « A yank in the RAF ». Le scénario basé sur une nouvelle de C.S. Forester parue dans le magazine Cosmopiltan, ne s’inspire que très vaguement des exploits des volontaires américains servant dans la RAF.
La distribution est dominée par Robert Stack qui joue le rôle du pilote d’essai Charles Brewer. Il rejoint le squadron 71 avec deux amis joués par Eddie Albert et Leif Erickson. L’attitude des Anglais envers la mort ne cesse de les surprendre. La crise, si on peut l’appeler ainsi, s’amplifie quand Erickson désobéissant aux ordres, se livre seul à un séance de strafing en France où il est tué. Une amie de Brewer, la jeune Ann qui fait partie des WAAF (Women’s Auxiliary Air Force) lui explique que cette dureté apparente n’est que du stoïcisme, le flegme britannique ne devant pas être pris pour de l’indifférence. Les Allemands mettent en service un nouveau chasseur Messerschmitt, le « Léopard » (un BF 109L donc !) avec un système de détection tout temps, genre télévision. Il faut à tout prix s‘emparer d’un exemplaire pour pouvoir le contrer. Brewer fait partie d’un commando qui débarque en France pour voler un Leopard. En revenant vers l’Angleterre, il descend trois poursuivants. A son retour, il est décoré en récompense de son héroïsme.
La première escadrille « Eagle », la 71, fut par la suite complétée par deux autres les 121 et 133, qui furent toutes incorporées dans le 4° Fighter Group de l’USAAF, en septembre 1942. Ces groupes de chasse permirent au premiers pilotes américains, non seulement de combattre l’Allemagne, mais d’acquérir une solide expérience. Formant une bande plutôt indisciplinée, les Américains se montrèrent capables d’assurer les escortes de bombardiers ou de convois maritimes, et de participer aux dangereuses missions « rhubarb » d’attaque au sol. Bien que leurs actions ne fussent pas aussi glorieuses que dans le film, ils furent bien notés par leurs supérieurs. Mais Wrangler se crut obligé d’en rajouter, alors que les simples faits étaient tout aussi émouvants et empreints de courage. Le film rend aussi hommage aux pilotes féminins de l’Air Transport Auxiliary crée en septembre 1939, ainsi qu’au Air Sea Rescue Service chargé, avec ses vedettes rapides, d’aller récupérer les pilotes tombés dans la Manche.
Des membres des Eagle Squadrons furent invités à la première du film, en juillet 1942, à Londres, et furent choqués par ce qu’ils virent. Le film était très éloigné des combats réels. Sa fin rappelait plutôt certaines séries des années trente où sont mis en jeu les inventions les plus improbables ! Certains pilotes préféreront sortir avant la fin de la projection. Beaucoup se sentirent floués par la production. Peterson en tant qu’officier commandant fut assailli d’appels émanant de correspondants et de cameramen désirant faire un reportage sur l’escadrille pour des magazines ou des documentaires. Les Américains se considéraient comme des pilotes de la RAF faisant leur « boulot » comme les autres, sans plus de mérite.
Bien que sincère dans sa tentative de susciter l’intérêt du spectateur américain pour ce qui se passait « là bas », L’ESCADRILLE DES AIGLES n’offrait aucune crédibilité, et est caractéristique de ce qui sera produit dans les premières années de la guerre. Les documents d’actualité sont intéressants et sauvent un peu le film. Quoique populaire auprès du public, il fut fraîchement accueilli par la critique.
Les avions du film:
Comme pour les précédents films, « A yank in the RAF », « International squadron », les studios furent incapables de trouver un avion décrit dans le script. On eut recours à une maquette en contreplaqué de Spitfire, au cockpit et au gouvernail approximatifs, construite pour le film « A yank in the RAF ». Le directeur de la deuxième équipe Ernest Schoedsack, passa six mois en Angleterre pour filmer les vrais opérations de l’Eagle squadron qui seront utilisées en arrière-plan. On voit ainsi des Spitfires Mk IIA et VB des squadrons 71 (XR), 222 (ZD) et 602 (LO). On apprécie également de belles vues d’un Westland Lysander II du squadron 4 (TV), chargé des patrouilles maritimes et du sauvetage en mer. Les séquences de combat furent complétées par des films de ciné-mitrailleuses fournis par l’Air Ministry.
Pour les autres avions on fabriqua des maquettes à petite échelle (Lockheed Hudson), et grandeur réelle (Messerschmitt Bf 109). Cette maquette de 109 est assez mal reproduite avec un capot moteur plus proche du Heinkel 112. Avec son gros radiateur sous le moteur, sa large svastika sur fond blanc, sur la dérive, et un camouflage à deux tons séparés par des lignes brisées, elle semble avoir été copiée sur un Bf 109B.
Christian Santoir
* Film disponible sur https://ok.ru/video/
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