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L’ESCADRE VOLANTE

 

L’ESCADRE VOLANTE

Vo. The flying fleet

 

Année : 1929
Pays : Etats-Unis
Durée : 1 h 27 min.
Genre ; drame
Noir et blanc

Réalisateur : George W. Hill
Scénario : Frank Wead, Byron Morgan

Acteurs principaux :
Ramon Novarro (aspirant Tommy Winslow), Ralph Graves (aspirant Steve Randall), Anita Page (Anita Hastings), Alfred Allen (l’amiral), Wade Boteler (le naufragé), Bud Geary (l’ordonnance de l’amiral), Sumner Getchell (Kewpie), Gardner James (Specs)

Musique : William AXT, David MENDOZA
Photographie : Ira H. Morgan
Producteur : George W. Hill
Compagnie productrice : Metro-Goldwyn-Mayer

Avions :

  • -Boeing F2B-1 
  • -Curtiss F6C-3 Hawk. 
  • -Douglas T2D-1
  • -Martin T3M-1
  • -Martin SC-2
  • -Vought O2U-1


Notre avis :

Ce film de la MGM marque un tournant dans la façon dont le cinéma aborda l’aviation militaire. Filmé avec l’entière collaboration de l’US Navy, « L’escadre volante » fut la première grande production d’Hollywood à être tournée sur la base aéronavale de San Diego. Bien que partageant encore l’île de North Island avec l’Armée, cette base hébergeait, en 1928, les principaux éléments des forces aériennes de la Marine de la côte ouest des Etats-Unis. Ce film sera le début d’un véritable cycle qui continuera pratiquement sans hiatus jusqu’au milieu des années cinquante. Ce fut aussi le premier film à être tourné à bord d’un porte-avions.

Mais « L’escadre volante » compte encore d’autres premières. Il vit les débuts de Charles A. Marshall, un ancien instructeur de l’Armée pendant la première guerre mondiale, devenu cameraman de plateau. Ici, il montrait ce dont il était capable en filmant les avions en plein vol à partir d’un Corsair de la Navy. Ses vues aériennes sont spectaculaires et d’une qualité exceptionnelles pour l’époque. Marshall filmera une longue série de films d’aviation, de « Hell divers » (1931) à « Dieu est mon copilote » (1945). Côté scénario, aux cotés du vétéran des scénaristes, Byron Morgan, on trouve un autre nouveau venu à Hollywood, le capitaine de corvette en retraite, Frank Wead qui possédait une grande expérience de l’aviation navale. Pour lui aussi, ce fut le début d’une brillante carrière de scénariste de films d’aviation, domaine où il supplanta le légendaire John "Monk" Saunders. Sa vie sera racontée par John Ford dans « L’aigle vole au soleil » (1957) et son personnage joué par John Wayne.

L’histoire suit cinq jeunes cadets (en fait six, mais le premier est éliminé dès le début) ) de l’académie navale d’Annapolis (Maryland) au moment où ils deviennent aspirants. Alors que la plupart partent en croisière dans l’Atlantique ou le Pacifique, eux optent pour l’aviation et sont transférés à San Diego pour y subir des tests de sélection. Deux de cette bande de copains Tom et Steve, y tombent amoureux de la même fille, la charmante Anita. La visite médicale est draconienne, et Specs est recalé car il porte des lunettes. Les autre sont envoyés à la base de Pensacola (Floride) pour y commencer leur formation de base. Dés le début, les rangs s’éclaircissent.Il y a un accident mortel et un de leurs camarades est renvoyé pour inaptitude au vol. Cinquante semaines plus tard, Steve et Tom reçoivent leurs ailes et le grade de sous-lieutenant. Ils sont affectés à San Diégo où ils retrouvent Anita. Steve ne recule devant aucun stratagème pour éloigner le pauvre Tom et se retrouver seule avec elle. Tom est désigné pour être le pilote d’un hydravion qui doit entreprendre le premier vol entre Los Angeles et Honolulu. Avant de partir, il participe à un exercice où il se montre particulièrement brillant, mais à l’issue duquel il se livre à des exhibitions aériennes qui ne plaisent pas en haut lieu, et  c’est Steve qui est désigné à sa place, pour le vol transpacifique ! Tom restera à bord du porte avions USS "Langley". Steve part avec son équipage dont le navigateur n’est autre que Specs. Mais à mi-parcours, ils rencontrent du mauvais temps et doivent amerrir. Les avions du "Langley" les recherchent pendant plusieurs jours, mais en vain. Tom est désespéré quand il apprend que le bateau a reçu l’ordre de rejoindre Hawaï. Il obtient l’autorisation d’effectuer un dernier vol durant lequel il retrouve ses amis, flottant sur une aile de l’avion. Mais il est lui même à cours d’essence, à cause d’une fuite au réservoir. Il n’hésite pas alors à mettre le feu à son avion pour pouvoir être aperçu de loin, par le "Langley", puis il saute en parachute. La vigie du porte-avions l’a vu, et les naufragés sont bientôt secourus. Sur le navire hôpital, l’USS "Relief", Steve et Tommy apprennent que le Congrès va leur décerner une médaille. Ils retrouvent Anita venue les voir à bord. Quand elle embrasse avec passion Tom, Steve comprend alors qu’il est hors jeu.

Cette petite histoire toute simple est surtout l’occasion pour la MGM et la Navy de nous montrer tout le cursus de formation des pilotes de l’aéronavale américaine, de l’académie d’Annapolis, jusqu’à l école de perfectionnement de San Diégo,.en passant par celle de début de Pensacola. La Navy expose également son matériel aériens : bombardiers, torpilleurs, chasseurs, avions d‘observation, d’entraînement, tout y passe. On se rend compte ainsi que la Navy n’était pas opposé à l’aviation, contrairement à ce qu’affirmait un certain général W. Mitchell. La Navy était au contraire très intéressée par cette nouvelle arme, mais manquait de moyens. Elle avait donc investi ses ressources limitées dans la formation des hommes, comme le montre très bien le film. Côté bateau, la Marine se montra plus discrète. Le seul porte-avions qui participa au tournage, l’USS "Langley" (CV1), en fait un charbonnier de 11 000 tonnes modifié, était le premier « flat top » et servait surtout d’unité expérimentale. On ne voit jamais le "Lexington" (CV2), ni le "Saratoga" (CV3), mis en service depuis 1927. Ces gros bateaux (40 000 et 33 000 tonnes ) étaient alors plus longs que le cuirassé anglais HMS "Hood", pourtant paré du titre de «  plus grand navire de guerre du monde » !

La dernière séquence du film fut sans doute inspirée par le vol San Francisco-Honolulu tenté en septembre 1925 par un équipage de la Navy. Ayant du amerrir à huit cents kilomètres de leur but, le commandant John Rodgers et son équipage avait néanmoins rallié l’île de Kaui grâce à une voile confectionnée avec la toile des ailes  ! Leur exploit dont on se souvenait encore en 1928, fut porté à l’écran avec le film « The non stop flight » (1926), d’Emory Johnson.

Ce film muet sortit le 19 janvier 1929 avec de la musique (tout à fait typique de l’époque) et des bruitages post-synchronisés. Il remporta un bon succès populaire, grâce à ses excellentes prises de vues aériennes, rivalisant avec celles de « Wings » (1927). Aujourd’hui, son intérêt historique en fait un document de premier plan sur l’aviation navale américaine, à la fin des années vingt.

 

Les avions du film :

Tous les vols, sans exception, furent effectuées par des pilotes de la Navy. Les vingt et une minutes de scènes aériennes montrent notamment des décollages et des atterrissages, sur le porte-avions USS "Langley", le survol de navires par de grandes formations d‘appareils, des figures de voltige effectuées par le groupe acrobatique les « Three sea hawks »  sur leur Boeing F2B-1.

L’escadre volante ainsi filmée lors de parades ou de manœuvres, se compose de bombardiers Martin T3M-1, des torpilleurs Martin SC-2, de chasseurs Boeing F2B-1 et Curtiss F6C-3 Hawk. Mais il y a également sur les documents montrés, des avions d’observation : Loening OL-3's de la VJ-1B, et des Vought 02U-1 Corsair. L’avion utilisé par Marshall fut d’ailleurs un hydravion Vought O2U-1 de la VO-5B, appartenant au cuirassé USS "Maryland".

Au sol, on voit d’autres Curtiss F6C-3 de la VB-1B, les « Red rippers », dont le (A-7144) aperçu en gros plan, et qui sera transformé en F6C-6 pour les National Air Races de 1929. Tom pilote un Boeing F2B-1, comme le A-7429 de Steve. On assiste à l’appontage de Tom sur l’USS "Langley". On remarquera les quatre brins d’arrêt munis de petits drapeaux et les deux batmen juchés sur d’étroites plateformes de part et d’autre du pont (ils étaient munis de ceinture de sécurité…). Les hommes situés de part et d'autre du pont se tiennent, eux, sur des filets, à quinze mètres au dessus de l’eau ! Le "Langley" était vraiment un navire experimental…

L’instruction de base à Pensacola se fait sur Consolidated NY-2 équipé d’un flotteur central, Mais Tom fait ses débuts sur le A-7493 qui porte la marque (VN-7 D II-4) de la base de San Diego ! Perdu au milieu des NY-2, le spotter avisé remarquera un Boeing NB-1 solitaire, un appareil qui était basé aussi bien à Pensacola qu’à San Diégo.

Le raid vers Honolulu est tenté avec un Douglas T2D-1 de la VJ-1B qui était un avion torpilleur, et sans doute pas la meilleure monture pour ce genre de vol. Mis en service en 1927, cet avion équipé de roues avait été le premier bimoteur à se poser sur un porte-avions, en l’occurrence l’USS "Langley". Munis de flotteurs, ils furent affectés à Pearl Harbor pour des tâches de servitude. Son autonomie (680 km) et sa capacité d’emport, le rendaient tout à fait incapable de relier le continent à Hawaï, une promenade de plus de 4 500 km...

 

 Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.fr

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