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Les géants du ciel

 

Les géants du ciel

Vo. Fighter squadron

 

 

Pays : USA
Année : 1948
Durée : 1 h 36 min.
Genre : guerre
Couleur

Réalisateur : Raoul WALSH
Scénario : Seton I. MILLER, Martin RACKIN

Acteurs principaux :
Edmond O’BRIEN (Major Ed Hardin), Robert STACK (Capt. Stu Hamilton), John RODNEY (Colonel Bill Brickley), Walter REED (Général Gilbert), Tom D’ANDREA (Sgt. Dolan), Henry HULL (Major général Mike McCready), James HOLDEN (Lt. Tennessee Atkins)

Photo : Sid HICKOX, Wilfrid CLINE
Vues aériennes : Paul MANTZ, Stan REAVER, F.H. NOLTA
Musique : Max STEINER
Conseiller technique : Major Joseph PERRY USAF
Producteur : Seton I. MILLER-Warner Bros
Distribution : Warner Bros

Avions :

  • Boeing B-17G, N1212N
  • North American P-51D Mustang, pour des Messerschmitt Bf.109
  • Republic P-47D/F-47 Thunderbolt,

 

Notre avis :

Les géant du ciel est le premier grand film d’aviation de l’après guerre. La Warner qui s’était affirmée comme le leader des films de propagande pendant le conflit, utilisa un scénario éprouvé, d’après une nouvelle de John « Monk » Saunders, auteur de nombreuses histoires d’aviation portées à l’écran. Ce scénario écrit par Seton I. MILLER était celui de « Dawn patrol » (1930) d’ Howard Hawks, dont une remake avec des acteurs différents, fut réalisé huit ans plus tard par Edmund Goulding. Miller fut néanmoins obligé d’apporter quelques modifications à une histoire qui datait de dix huit ans. Pour ce faire, il s’inspira des rapports de combat des escadrilles de chasseurs bombardiers Thunderbolt opérant en Europe.

Sur une base américaine en Angleterre, le major Ed Hardin, un ancien des « Tigres volants », est d’un caractère rebelle, mais quand Il apprend qu’il va être nommé à la tête de l’escadrille, il est bien décidé à faire appliquer les consignes de vol. Ayant un allié en la personne du général McCready, il essaie de faire employer de nouvelles tactiques, notamment le largage des « belly tanks » en cas de rencontre avec la chasse adverse et l’utilisation du P-47 comme avion d’attaque au sol, en court-circuitant son supérieur hiérarchique, le général Gilbert. Hardin est descendu lors du débarquement de Normandie, mais son exemple encourage les hommes de l’escadrille à redoubler d’ardeur au combat.

Dans l’ancien scénario tout tournait autour d’officiers considérés comme des « bouchers » envoyant au combat de jeunes recrues sans expérience. Si cela fut vrai pendant la première guerre mondiale, en 1943, on ne pouvait utiliser le même thème. Les pilotes américains qui sortaient par bataillons entiers des écoles étaient alors les mieux formés, et ce furent les Allemands qui, en 1944-45, finirent par envoyer au combat des jeunes mal préparés, encadrés par quelques pilotes très chevronnés, mais de plus en plus rares. Quant au matériel américain, il n’y avait pas grand chose à redire : P-47 et P-51 étaient des avions brillants, chacun dans leur catégorie. Le Republic P-47D Thunderbolt, appelé familièrement « the Jug » (la cruche), était un avion apprécié car, de constitution robuste, il ramenait toujours son pilote.

Les principales scènes de « Dawn patrol » figurent néanmoins dans le film, comme le strafing du terrain allemand, l’arrivée du jeune pilote à l’escadrille, mais ici, celui ci revient avec une victoire contrairement au premier scénario. Il y a également la scène où un pilote (ici le capitaine Hamilton  ) atterrit pour récupérer son collègue qui vient d’être descendu. Le 18 mars 1945, le Lieutenant George Green sauva ainsi l’as du 4th Fighter Group, le major McKennon, tombé en Allemagne, en le prenant dans son P-51 Mustang. Par contre, on ne retrouve pas la scène où un pilote allemand descendu est invité au mess anglais. En 1943 ou 1944, offrir du champagne à un pilote « nazi » était hors de question !

Le scénario fait tout une histoire à propos des réservoirs auxiliaires ou «belly tanks», que le général Gilbert interdit de larguer en cas d’attaque. Si au début de l’engagement des P-47, on demanda aux pilotes de les ramener « si possible »,  car ils étaient disponibles en faible quantité à cause d’une difficile mise au point de leur pressurisation, très rapidement, ils arrivèrent en nombre et leur capacité augmenta. Dans le film, les avions ont un seul réservoir de 75 gallons, mais en Angleterre, les P-47 furent également équipés d’un ou deux réservoirs de 108 gallons, en papier compressé, fabriqués sur place. La configuration longue distance consistait en deux réservoirs de 150 gallons fixés sous les ailes. Quand les pilotes étaient attaqués, leur première réflexe était de s’en débarrasser, ce qui n’était pas le cas chez les adversaires (allemands ou japonais), comme on peut le voir sur les films des ciné mitrailleuses. Walsh n’était pas satisfait du scénario, il y ajouta des scènes comiques ( le sergent trafiquant de chats noirs) et s’intéressa surtout aux scènes d’action.

Le film retrace en fait de façon succincte la carrière du P-47 en Europe. Il commença d’abord comme chasseur escortant les B-17 au-dessus de l’Allemagne, mais fut bientôt remplacé dans ce rôle, par le P-51 Mustang, mieux adapté pour faire face aux chasseurs allemands. Le 25 novembre 1943, le P-47 fut employé pour la première fois comme chasseur bombardier, un rôle où il excella, grâce notamment à son aptitude à emporter un armement varié (bombes, roquettes, napalm), en plus de sa batterie imposante de huit 12,7 mm.

L’utilisation du P-47 dans le film vint du fait que la Warner disposait de documents filmés en couleur et que pour des raisons de coût, elle décida de les utiliser. Ils montrent une série d’atterrissages scabreux (avec un pneu éclaté, sur une roue, sur le ventre) effectués par trois avions (codes 8N : 405FS/371FG ; B4 : 387 FS/365FG ; O7 : 514 FS/406FG) de la 9° Air Force basée en Angleterre. Quelques vues seulement du documentaire « Thunderbolt » tourné en 1944 sur une base corse par William Wyler, furent utilisées, les P-47 de ce film étant pour la plupart des Razorbacks. Des films de ciné-mitrailleuses furent également employés, comme d’habitude. Ceux là proviennent de deux fronts : l’Italie, dont on reconnaît les villages avec leur clochers typiques, le relief montagneux qui n’a rien à voir avec le bocage normand, et le Pacifique (Sud du Japon ?) avec avions japonais et rizières.

Mais le P-47 ayant été retiré des unités en 1947, seuls restaient opérationnels des appareils de l’Air National Guard. Le Pentagone désigna le 118th Fighter Bomber Group qui contrôlait quatre escadrilles réparties dans quatre états différents, pour fournir les avions, à raison de quatre appareils seulement par escadrille, vu les événements de Berlin (le blocus). Il fut ensuite nécessaire de repeindre les avions pour que leurs décorations soient identiques à celle des avions vus sur les documents filmés. Ces derniers montraient des avions de la 9° Air Force, mais aussi de la 12° Air Force, 57° Fighter Group sur le front méditerranéen, avec une bande jaune sur les ailes  et les codes 42, 91, 64, 96, 97, 72... Tous ces avions avec des livrées de provenances diverses étaient censés appartenir au «3th Fighter Group», basé dans le Herfordshire, au nord de Londres.

Les scènes firent filmées sur l’ancienne base d’Oscoda dans le Michigan, près du lac Huron qui figurait la Manche. On eut à déplorer un accident mortel quand un P-47, lors d’un looping en formation, commença à se désintégrer en vol ; le pilote se parachuta, mais tomba dans le lac Huron où il se noya, ne portant pas de maewest. Si le major Joseph Perry du 56th Fighter Group, fut le conseiller technique du film, le major Leroy « Lee » Gover, un as du 4th Fighter Group avec 17 victoires (qui s’étalent en gros sur les flancs de son P-47, le seul peint en olive drab) s’occupa de tous les aspects techniques des séquences aériennes. Elles furent filmées par Paul Mantz et son B-25 Mitchell, aménagé en avion caméra.

Le film sortit à Atlanta en novembre 1948 et fut accueilli plutôt froidement par la critique qui lui reprocha ses clichés usés. Les pilotes qui avaient connu la guerre furent satisfaits des scènes aériennes mais beaucoup moins du scénario accommodé à la sauce hollywoodienne qui ne racontait pas leur histoire, ni celle de leurs camarades morts au combat. Les Géants du ciel remporta néanmoins un grand succès populaire ce qui montra à la Warner qu’il y avait encore un marché pour ce genre de film. Ce fut aussi le début d’un thème cher au cinéma américain de l’après guerre : la crise du commandement.

 

Les avions du film :

La vedette du film est le Republic P-47D-30-RE et 40-RA Thunderbolt, ou plus exactement le F-47D, le P (pour Pursuit) devenant en juin 1948, F (pour Fighter). Le film employa dix huit pilotes et seize avions provenant du 105th FBS (Fighter Bomber Squadron) de la Tennessee ANG, du 128th FBS de la Georgia ANG, du 156th FBS de la North Carolina ANG, et du 158th FBS de la Georgia ANG.

Les Allemands sont représentés par huit P-51D Mustangs, fournis par le 195th Fighter Squadron du 146th Fighter Group de la California ANG, basée au Metropolitan Airport de San Fernando. Ces Mustangs allemands ont été décorés à la mode d’Hollywood : couleur uniforme noire (comme les avions d’ « Hell’s Angels » vingt ans plus tôt) cette couleur seyant aux « méchants », avec croix modèle 1940-43 et swastikas noires sur fond blanc, style 1938. Notons qu’à Hollywood, le Mustang fait souvent le « méchant », comme dans « Sahara » (1942), « A guy named Joe » (1943), « Trente secondes sur Tokyo » (1944)..

Au début du film, on aperçoit un Boeing B-17G (N1212N) de l’escadrille de Paul Mantz. Lors des strafings des terrains ennemis, à très basse altitude, on peut reconnaître certains avions japonais : Yokosuka D4Y2, Mitsubishi G3M3 et deux Nakajima J1N1 Gekko, leurs hinomaru recouverts par des filets de camouflage. Lors des combats aériens, on reconnaît des avions japonais et allemands dont plusieurs Focke Wulf « long nez ».

 

Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.fr

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