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L’EMPIRE DU SOLEIL

L’EMPIRE DU SOLEIL

Vo. Empire of the sun

 

 

Année : 1987
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame
Durée : 2 h 33 min.
Couleur

 

Réalisateur : Steven SPIELBERG 

Scénario : J.G. BALLARD, Tom STOPPARD 

 

Principaux acteurs :
Christian BALE (Jim 'Jamie' Graham), John MALKOVICH  (Basie), Miranda RICHARDSON (Mme. Victor), Nigel HAVERS (Dr. Rawlins), Joe PANTOLIANO (Frank Demarest), Leslie PHILLIPS (Maxton), Masatô IBU ( Sergent. Nagata).


Producteurs : Kathleen KENNEDY, Frank MARSHALL, Steven SPIELBERG
Musique : John WILLIAMS
Photographie : Allen DAVIAU
Compagnie productrice : Warner Bros

 

Avions :

  • North American P-51D, N51JJ, G-PSID, / PR.Mk. 22, G-HAEC
  • North American T-6, F-WZBK
  • North American SNJ-5, F-WZBM
  • North American T-6J Harvard Mk.4, G-BJST
  • Nord 3400 Norbarbe

 

Notre avis :

Le scénario du film est basé sur le livre semi autobiographique du même nom écrit par J.G. Ballard, qui passa une partie de sa jeunesse dans un camp d’internement japonais près de Shanghai, lors de la dernière guerre mondiale. C’est David Lean qui devait le réaliser, mais le sujet ressemblant un peu trop au "Pont de la rivière Kwai" (1957), ce fut Steven Spielberg qui s’y colla. La passion du principal personnage pour les avions  ne fait que refléter celle du réalisateur dont le père avait été radio sur un B-25, en Extrême Orient, pendant la guerre.

L’Empire du Soleil est le tout premier film à avoir été tourné, en partie, en Chine populaire, à Shanghai. Mais les scènes de camp et le terrain d’aviation ont été reconstituées en Espagne, près de Cadix.

L’histoire commence à Shanghai, encerclée par les troupes japonaises. La vie dans la concession internationale n’a pas changé et Jim Graham, un jeune anglais d’une riche famille, y vit perdu dans ses rêves d’avions et d’exploits guerriers. Quand les Japonais envahissent la concession internationale, juste après Pearl Harbour, il est séparé de ses parents. Jim est recueilli par un trafiquant américain, Basie. Ils sont peu après capturés et enfermés dans le camp de Longhua, à Suzhou. Jim va y passer quatre ans pendant lesquels, il va devoir se débrouiller, et survivre en se livrant à divers petits trafics. Il reste fasciné par les avions qu’il voit sur un terrain d’aviation proche du camp. Il en arrive même à éprouver de l’admiration pour les kamikazes, qu’il voit partir pour leur dernière mission. En 1945, le terrain d’aviation est attaqué par des P-51 américains. Les Japonais décident alors d’évacuer le camp. Les prisonniers sont acheminés à pied dans le grand stade de Nan tao, où des troupes japonaises ont amassés un énorme butin, pris dans les maisons des riches étrangers. Pendant la marche, Jim a vu l’éclair provoqué par la bombe atomique de Nagasaki; il apprend aussi que les Japonais se sont rendus. Jim retourne au camp où il retrouve un jeune Japonais avec lequel il avait sympathisé. Mais Basie le tue croyant Jim menacé ! Jim est retrouvé par une patrouille américaine et emmené dans un orphelinat à Shanghai. C’est là que ses parents le retrouvent.

On a l’impression que les Japonais attendaient autour de la ville, l’arme au pied, un ordre pour envahir Shanghai. La réalité est différente et il y eut une bataille avec l’armée chinoise qui dura trois mois (août-octobre 1937), au bout desquels les Japonais envahirent la partie chinoise de la ville. Pendant ces trois mois, des gens riches comme les Graham, avaient toute latitude pour partir et rentrer chez eux en Angleterre, sans attendre le 8 décembre 1941 et l’occupation de la zone internationale.

Les Japonais du film ont l’air plutôt sympathiques, alors que tous les témoignages de leurs prisonniers (britanniques, australiens, néerlandais, néo-zélandais, américains, français..) les décrivent, au mieux, comme des brutes épaisses, au pire, comme des brutes sadiques ! Les Japonais ne faisaient vraiment rien pour se faire aimer et avaient un profond mépris pour les prisonniers civils et encore plus, militaires. Ils furent particulièrement inhumains avec les Chinois. La mortalité dans leurs camps de prisonniers fut quatre à cinq fois supérieure à celle des camps allemands. Il y eut certainement  plus de haine entre ennemis dans le Pacifique, que sur le front ouest. Dans ces conditions, on est un peu étonné par la fascination de Jim pour ses geôliers. Le jugement d’un petit garçon de son âge est très influencé par les adultes qui l’entourent et on peut penser que ces derniers ne devaient pas porter les "Japs" dans leur cœur. Jim devait avoir un instinct de survie très fort…

On appréciera, au début du film, la bonne reconstitution de Shanghai en 1937-1941, avec ses foules tumultueuses. Le film montre bien le contraste entre la famille anglaise, vivant dans un univers aseptisé (l’église, le club…) et le monde extérieur, fait de misère et de peur. Rassurez vous, cela n’a pas changé et la vie d’un Occidental, dans un pays tropical à faible PNB, avec son 4x4, sa villa climatisée, sa piscine, ses boys, son tennis, ressemble, en 2012, tout à fait à celle de la famille Graham...

Ce film eut un immense succès ainsi qu’une bonne critique. Le film, le réalisateur, les acteurs reçurent de multiples nominations, prix et récompenses. Malheureusement pour nous, cette production de deux heures et demi ne compte que deux minutes (et dix sept secondes) de scènes aériennes. Elles sont, certes intenses, mais c’est vraiment très peu, vu les moyens déployés (six avions anciens en état de vol)..

 

Les avions du film :

Les North American P-51 Mustang qui mitraillent et bombardent le terrain japonais portent la décoration du 118th Tactical Reconnaissance Squadron "Black lightning", qui étaient basé en juin 1945, à Laohwangping, en Chine. En fait, l’éclair noir paraît gris foncé avec une bordure orange (qui devrait être jaune ..).

Le tournage eut recours à trois Mustangs. L’avion dont le pilote salue au passage Jim et qui porte le nom de " Jugboat " (une sorte de sampan), avec le numéro "599", était le P-51D-20-NA (c/n 122-31514, s/n 44-63788). Cette avion eut, entre 1951 et 1979, de nombreux propriétaires et changea plusieurs fois d’immatriculation (N6171C, N335J, N3350, N166G), avant d’être acquis par Doug Arnold et exporté en Angleterre (G-PSID). Au moment du tournage, il appartenait à la Fighter Collection de Duxford. Peu après, en février 1988, il fut acquis par Jean Salis et immatriculé F-AZFI. En 1995, il fut cédé à l’association Yankee Delta d’Yves Duval. Ce P-51 se crasha en juillet 1998, en entraînant la mort du pilote et d’un passager.

Le second Mustang était le P-51D-25-NA (c/n 122-39608, s/n 44-73149), un ancien appareil de la RCAF (n°9568). Il fut exporté aux USA en 1957 et immatriculé N6340T. Entre 1960 et 1986, il passa de mains en mains avant d’être réimmatriculé N51JJ. Au moment du tournage, il était prêté à la Fighter Collection de Duxford, qui l’acquit en 1991 (G-BTCD). En 1999, il fut cédé à la Old Flying Machine Company de Mark Hanna.

Le troisième Mustang était un Mustang australien PR.Mk. 22 (s/n CACM-192-1517) construit par la Commonwealth Aircraft Corporation Pty. Ltd. Il vole dans le film avec le numéro "588" et le nom de "Missy Wong from Hong Kong". Réformé en 1958, il fut immatriculé VH-FVB. Il fut exporté en 1969 aux Philippines (PI-C651) où il fut accidenté. Réparé à Hong-Kong, il vola de nouveau en 1985 (VR-HIU) et fut transféré en Angleterre peu après. Lors du tournage, il appartenait à Ray Hanna de la Old Flying Machine Company (G-HAEC).

Ces trois P-51 étaient pilotés par Mark et Ray Hanna, qui réalisèrent la plupart des scènes aériennes, ainsi que par Hoof Proudfoot.

Côté japonais, il y avait trois North American T-6 en état de vol, maquillés en Mitsubishi Zéro, par adjonction de saumons d’ailes arrondis, d’une pointe à la base du gouvernail, de trappes sur les jambes du train d’atterrissage et raccourcissement de la verrière (avec conservation du pare-brise), munie d’un mat d’antenne.

Un T-6 appartenait à l’AJBS (s/n 51-14367). C’était un ancien T-6G de l’Armé de l’Air acquis par l’AJBS en 1978 (F-BVQD, puis F-AZBK). Il fut converti en " Zéro " en mai 1987 avec un nouveau matricule (F-WZBK). Redevenu F-AZBK en1989, puis F-AZHD en 1990, cet acteur de cinéma qui tourna dans " Dien Bien Phu " de Schoendorfer, en 1991, joue maintenant les "NA-68", peint comme un Hellcat de l’Aéronavale lors de la campagne de Suez !

L’AJBS fournit également une cellule de T-6G de l’Armée de l’Air (s/n 51-14700), également transformée et peinte comme un A6M2 Zero. Cette épave fut cédée en 1994 à Aces High Ltd. de North Weald. En 2001, l’association Tomcat T-6 Restorations entreprit de le remettre en état de vol (G-TOMC).

Un autre T-6 volant appartenait à Aeroretro de St Rambert d’Albon. Ce SNJ-5 (BuN. 90669, F-AZBL) fut transformé en Zéro en mai 1987 (F-WZBM), avant de reprendre en 1989 son aspect normal, sous lequel il vole depuis.

Un dernier T-6 était un ancien T-6J Harvard Mk.4 (s/n MM53795) de l’armée de l’air italienne importé en Angleterre par Robs Lamplough. Acquis par des particuliers, et immatriculé G-BJST, il fut restauré et transformé en Zéro pour le film. Il vole aujourd’hui, décoré comme un T-6 de la RAF, et appartient à Classic Aero Engineering Ltd. d’Andover.

Normalement, les A6M2/5 Zero du film devraient appartenir au Kôkûtai 256 (code 56) de la Marine Impériale, chargé de la défense de Shanghai, en 1944. Mais ils portent sur la dérive le code "3" (3-158, 3-13*) du Kôkûtai 12, basé à Hankou en 1938-1941; c’était l’unité de l’as Saburo Sakai.

Ils ont un camouflage deux tons de type S (vert foncé au dessus, gris clair en dessous), avec deux bandes horizontales sur la dérive, ce qui les désigne comme des appareils de chefs d’escadrille. Selon leurs codes d’unité (3), ils auraient dû être peints avec un camouflage type O (entièrement gris clair avec le capot moteur noir, comme l’avion dans lequel joue le jeune Jim, au début du film). On l’aura compris, marques d’unités de 1941, camouflage de 1944-1945, les studios ont fait l’économie d’une peinture, pour des avions devant apparaître à deux époques différentes.

Les T-6/Zero et P-51 Mustang vus dans le film, sont en réalité un mélange de vrais avions et de maquettes radiocommandées de grande dimensions (environ quatre mètres d’envergure). Six "Zéros" et six "Mustang" furent ainsi construits par la société Model Effects.

Le bombardier Boeing B-29 qui passe, de nuit, au dessus du camp de prisonniers, étaient une maquette radiocommandée de plus de cinq mètres d’envergure.

Enfin, on entr’aperçoit, au sol, à deux reprises, un Nord 3400 Norbarbe avec un grand "2" sur le capot moteur. Il est là pour "meubler" et doit figurer un Kokusai Ki-76, le Storch japonais. Il était venu par ses propres moyens, de Coventry en Espagne. Cet ancien avion de l’ALAT (c/n 124) appartenait à la société Visionair International (N9048P) qui en avait acheté une quinzaine. Il fut vendu en Angleterre (G-BOSJ) en 1988. Accidenté en juin 1994, il est stocké depuis, non loin de l'aérodrome de Swanton Morley (UK).

 

 Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.fr

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