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LE VOL DU PHENIX


 
LE VOL DU PHENIX

Vo. The flight of the Phoenix

 

 

Année : 1965
Pays : Etats-Unis
Durée : 2 h 28 minutes
Genre : aventures
Couleur

Réalisateur : Robert ALDRICH
Scénario : Lukas HELLER, d'après un roman de Elleston TREVOR

Acteurs principaux :
James STEWART
(Frank Towns), Richard ATTENBOROUGH (Lew Moran), Peter FINCH (Capitaine Harris), Hardy KRUGER (Heinrich Dorfmann), Ernest BORGNINE (Trucker Cobb), Ian BANNEN (Crow), Ronald FRASER  (Sergent Watson), Christian MARQUAND (Dr Renaud), Dan DURYEA (Standish), George KENNEDY (Bellamy) 

Photographie : Joseph BIROC
Musique : Frank De VOL
Producteur : Robert ALDRICH
Compagnie productrice : 20th Century Fox

Avions :

  • Fairchild C-82 Packet, N6887C, N4833V, N53228
  • Fairchild  C-119C 
  • Tallmantz Phoenix P-1, N93082

 

Notre avis :

Le début de 1966 vit la sortie du film «Le vol du Phénix », dont le scénario était basé sur un roman d' Elleston Trevor, un ancien pilote de Spifire pendant la guerre, qui s’était inspiré d’un événement réel. Pendant la seconde guerre mondiale, plusieurs avions, anglais, américains, français, se perdirent dans le Sahara. On les retrouva beaucoup plus (trop) tard, par hasard, et on put alors se rendre compte, grâce à des notes retrouvées dans les épaves, du véritable calvaire que les survivants avaient enduré avant de mourir de soif. On peut citer, entre autres, le cas du Blenheim des FAFL perdu dans l’Ennedi en 1941, et celui, plus célèbre, du B-24 Liberator « Lady Be Good », disparu au retour d’une mission sur Naples en 1943, et retrouvé dans le désert libyen en 1959 ! La nuit, ayant des problèmes de radiocompas, il avait dépassé sa destination, la base de Benina (Bengazi) et se croyait encore au dessus de la Méditerranée... Rappelons que, dès 1949, « Le Paradis des pilotes perdus » de Georges Lampin avait un scénario presque identique à celui du film, mais avec une fin plus classique.

Robert Aldrich dirigea ce film de cinq millions de dollars qui bénéficia d’une distribution de grande qualité : James Stewart, Hardy Krüger, Richard Attenborough, Peter Finch, Dan Duyrea. Tous ces artistes avaient déjà joué dans des films d’aviation. Stewart en était à son cinquième film, et depuis 1959, était général de brigade de l’USAF, après avoir été pilote de bombardier pendant la guerre. Attenborough avait joué dans « Journey together »(1942) et deux autres films catastrophes en 1959 « SOS Pacific » et « Jet Storm ». Krüger en tant que membre des Jeunesses hitlériennes, avait tourné en 1944 dans « Junge Adler », et en 1957, avait incarné le pilote de la Luftwaffe von Werra. En 1971, il jouera un pilote suédois dans la « Tente rouge », où l’on trouvait également Peter Finch. Dan Duryea avait joué dans deux films d’aviation sur la guerre de Corée, « Sky Commando» (1953) et « Battle Hymn » (1957).

Jimmy Stewart joue le rôle de Frank Towns, le pilote d’une obscure compagnie pétrolière en Libye, l’Arabco Oil. Lors d’un vol vers Benghazi, il entre dans une tempête de sable et s’écrase dans le Sahara. Sur les quatorze passagers à bord, deux sont tués par le chargement qui s’est désarrimé. La tempête les a fait fortement dévier de leur route, ce qui va compliquer les recherches. Le navigateur de Towns, porté sur la bouteille, a omis de vérifier la radio avant le départ et elle ne marche pas. Towns prend le commandement du groupe. Le capitaine Harris, un officier britannique, essaie d’aller chercher du secours ; il part avec un passager, mais doit revenir à l’avion quelques jours plus tard, mort de soif et seul. Quand un groupe de nomades campe à proximité, mais hors de vue de l’avion, Harris et un médecin français essaient d’entrer en contact avec eux, mais on les découvre égorgés le lendemain. C’est alors qu’un passager, un Allemand, révèle qu’il est ingénieur en aéronautique et suggère qu’on construise un avion à partir des pièces de l’épave. Towns l’en dissuade, mais l'idée fait son chemin parmi les rescapés et le projet est mis à exécution. A mesure que la construction de ce nouvel avion progresse, Towns éprouve de plus en plus de respect pour l’Allemand et veut savoir quel type d’avion il a construit. Il découvre alors à sa grande stupeur, que l’Allemand n’a dessiné que des modèles réduits ! Il est furieux d’avoir été commandé par un vendeur de jouet. Mais, même si l'entreprise est vouée à l'échec, elle contribuera à maintenir le moral du groupe. Les survivants emploient leurs dernières forces pour achever l’appareil qu’ils baptisent le "Phénix". Contre toute attente, cet avion finira par voler et ramènera à la civilisation les rescapés au bout de leur rouleau...

Le film est dédié à la mémoire de Paul Mantz, et on rappelle à la fin, que ce brillant aviateur fut tué lors du tournage. Pour les scènes aériennes, Robert Aldrich s’était adressé à Tallmantz Inc., la société créée en 1961, par Frank Tallman et Paul Mantz. Tallmantz devait fournir un avion cargo C-82 et un avion hybride, le « Phoenix » censé représenter l’avion construit par les rescapés. Otto Timm, un vieil ami de Mantz, et constructeur d’avion (le premier avion d’acrobatie de Lindbergh était un Timm), accepta de sortir de sa retraite pour aider à construire le Phoenix à partir de pièces d’avions récupérés çà et là. L’avion fut acheminé à Buttercup Valley, près de Yuma (Arizona), en juin 1965. Frank Tallman qui devait le piloter fut accidenté au genou (on devait l’amputer plus tard) et dut déclarer forfait. Paul Mantz se proposa alors de piloter l’appareil, bien que la Fox soit réticente, vu son age (soixante deux ans). Lors des essais, il trouva ce monstre lourd du nez et sous motorisé. Début juillet, le tournage des scènes avec le Phoenix commença. Après avoir décollé de l’aérodrome de Blythe (décoller dans le sable était impossible), Mantz fit un premier passage réussi devant les caméras; mais le directeur de l’équipe de tournage voulut une deuxième prise, par sécurité, et Mantz refit un tour. Alors qu’il effectuait un touch and go, la roue droite heurta un petit monticule de terre, et le fuselage se coupa en deux ; l’avion se retourna sur le dos. Mantz fut tué sur le coup. Le cascadeur Bobby Rose qui se tenait juste derrière lui, fut éjecté et quoique grièvement blessé, il put survivre. Mantz avait quitté sa semi-retraite pour remplir le contrat, mais n’était guère satisfait des qualités de vol du Phoenix. C’est peut être pourquoi, le rapport d’accident publié en janvier 1967, trouva que Mantz était sous l’emprise de l’alcool au moment du crash, ce qui avait sans doute diminué ses réflexes. Mais l’enquête révéla aussi que l’accident était également dû à une faiblesse structurale du fuselage.

En fait, cet accident prouva de façon tragique, que la base du scénario était totalement erronée et même invraisemblable. Construire un ULM à la rigueur, mais un avion métallique propulsé par un moteur Pratt et Whitney de 2 100 chevaux…C’est un film de « technique-fiction », car on n’a jamais connu de rescapés d‘un crash aérien revenir avec un avion fabriqué à partir des débris de l’appareil ! Il est vrai qu’aujourd’hui avec les jets, il ne reste pas grand chose en fait de débris, voire même de passagers, ce qui simplifie le problème…Ce n’est pas la seule invraisemblance du film. On ne comprend pas pourquoi, le navigateur n’essaye pas de réparer la radio, ce qui apparaît plus simple que de construire un avion ! Les rescapés laissent la lumière allumée toute la nuit, au risque d’épuiser les batteries. A l’évidence, le réalisateur ne s’est intéressé qu’au drame humain, sans s’encombrer des « détails » techniques, ce qui rend le film bien peu crédible.

Ce film, est finalement l’histoire du conflit entre les manuels (comme Towns) et les intellectuels (comme l’Allemand). C’est aussi un conflit de génération entre les jeunes et les « anciens ». Towns représente l’ancienne façon de penser, et bien qu’il n’aime pas l’Allemand, il a besoin de lui pour concevoir l’avion. L’Allemand a besoin de Towns pour le piloter. Le résultat est un respect mutuel entre ces deux hommes très différents.

 

Les avions du film :

Le Tallmantz Phoenix P-1 fut dessiné par Otto Timm et construit par Tallmantz Aviation Inc. sur l’aéroport d’Orange County, pour 90.000 $. Il utilisa un moteur de T-6, un Pratt & Whitney R-1340 de 650 chevaux, les roues, ainsi que d’autre parties de ce même appareil. Les ailes furent empruntées à un Beech T-11 et munies de haubans dignes d’un Blériot ! L’empennage comme le fuselage, furent construits en contre plaqué sur une structure en bois, pour ressembler à une poutre de C-82. La roulette de queue avait été empruntée à un North American L-17 Navion. Le train d’atterrissage ne semblait pas disposer d’amortisseurs. Le tout était fait pour apparaître les moins solide possible (et l’était en fait..). Le cockpit où s’asseyait le pilote était peu profond et improvisé ; une autre personne pouvait se tenir juste derrière, attachée à un montant. Cet avion qui vola pour la première fois le 29 juin 1965, fut certifié par la FAA en tant que construction amateur et immatriculé (N93082).

On construisit également une maquette statique grandeur réelle du Phoenix, à partir d’un Fairchild R4Q-1 (un C-119C de l’US Navy). Elle fut utilisée pour les prises de vues au sol, avec parfois son moteur en marche. On remarque que ses bouts d’ailes sont plus carrés que celle du vrai Phoenix. Le fuselage de ce C-119 fut également utilisé pour les vues intérieures. Dans une séquence où Hardy Kruger révèle à James Stewart et Richard Attenborough, qu’il n’est pas ingénieur en aéronautique, on voit derrière eux, sur la cloison de la cabine, le vrai numéro de l’appareil (BuNo. 126580), ainsi que la mention : VMR-253. Cet avion appartint effectivement, en 1958-1959, au Marine Transport Squadron 253 qui opérait à Iwakuni, au Japon.

Après l’accident du Phoenix, les studios envisagèrent d’utiliser un F4F, un F6F, un TBF ou un T-6 pour le remplacer. Le choix porta finalement sur un North American O-47B (N4725V c/n NA25-554) construit en 1939, et en cours de restauration à l’Air Museum de Claremont, (CA). On enleva la verrière, on ajouta des patins au train d’atterrissage et une dérive ventrale à l’arrière. On le peignit comme le Phoenix P-1, en recouvrant de noir son « ventre » pour accentuer la ressemblance. Le tournage avec ce nouvel avion fut effectué en octobre-novembre 1965. Puis, il retrouva sa configuration originale. En juin 1982, il fut accidenté et incendié à l’atterrissage, à Porterville (CA). Cet exemplaire rare est en cours de restauration au Planes of Fame de Chino (CA).

En plus du C-119 précédemment signalé, trois Fairchild C-82 Packet furent utilisés pour le tournage . Le Fairchild C-82A Packet (44-23015, N6887C)  alors exploité par la Steward-Davis Inc. et basé à l’aéroport de Long Beach, servit pour les vues aériennes. Le Fairchild C-82A Packet (s/n 44-23031, N4833V), fut réservé pour les prises de vues extérieures, et le Fairchild C-82A Packet, (s/n 44-23036, N53228 ) pour les scènes tournées en studio. Ces deux derniers appareils appartenaient à New Frontier Airlift Corp. de Phoenix (AZ).. comme il se doit. Les vues aériennes furent filmées à partir du North American B-25H (N1203) de Tallmantz.

 

Christian Santoir

*film disponible sur amazon.fr

 

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