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LE TELEPHONE ROUGE

 

LE TELEPHONE ROUGE

Vo. A Gathering of eagles

 

 

Année : 1963
Pays : Etats-Unis
Durée : 1 h 56 min.
Genre: Drame
Couleur

Réalisateur : Delbert Mann
Scénario : Sy Bartlett, Robert Pirosh

Acteurs principaux :
Rock Hudson (Colonel Jim Caldwell), Rod Taylor (Col. Hollis Farr), Mary Peach (Victoria Caldwell), Barry Sullivan (Colonel Bill Fowler), Kevin McCarthy (Général 'Happy Jack' Kirby), Henry Silva( Colonel Joe Garcia), Leora Dana (Mme. Evelyn Fowler), Robert Lansing (Sergent Banning), Richard Anderson (Colonel Ralph Josten), Richard LePore (Sergent. Kemler), Robert Bray (Lieutenant Colonel Gales). 
 

Musique : Jerry Goldsmith
Photo : Russel HARLAN
Conseiller technique : Lieutenant colonel Winston E.MOORE, USAF
Directeur des scènes aériennes : Paul MANTZ
Producteur :  Sy Bartlett
Compagnie distributrice : Universal International Pictures

Aéronefs :

  • -Boeing B-52G
  • -Boeing KC-135A
  • -Lockheed T-33A
  • -Sikorsky H-19

 

 Notre avis :

« Le téléphone rouge » est le troisième film de la trilogie consacrée par Hollywood au Strategic Air Command avec « Strategic air command »(1955) et « Bombers B-52 »(1957). Il a pour thème, comme les autres, la guerre froide, mais ici, l’accent est mis sur la pression subie par le commandement placé devant de lourdes responsabilités. L’histoire rappelle « Un homme de fer » (1949) dont le scénario avait également été écrit par Sy Bartlett, mais on y retrouve aussi des éléments évoquant « Le grand secret »(1953), dont son collaborateur, Beirne Lay Jr., avait été le scénariste. Le général Curtis Le May (ancien chef du Strategic Air Command et chef d’Etat major de l’USAF à l’époque) utilisa sa grande influence pour que le producteur Sy Bartlett et le réalisateur Delbert Mann aient accès à diverses bases du SAC, et puissent même tourner dans la salle du vrai « téléphone rouge », par lequel les commandants du SAC déclenchent l’alerte dans toutes les bases et donnent les ordres de départ aux bombardiers. Curtis Le May craignait que la sortie prochaine des films de Stanley Kubrick, « Dr. Folamour »(1964), et de Sidney Lumet, « Point limite » (1964), sape la confiance du public dans le contrôle exercé par les militaires sur les armes de destruction massive. Le film se veut donc didactique, et fournit des informations sur les opérations complexes du SAC et sur les systèmes prévus pour éviter le déclenchement accidentel d’une guerre nucléaire. Ce n’était pas superflu. Lors du tournage du film au quartier général du SAC à Omaha, on venait d’apprendre que l’URSS avait livré des missiles balistiques à Cuba ! En octobre 1962, le SAC faillit bien déclencher, volontairement, une guerre nucléaire !

L’histoire commence quand le général Kirby, inspecteur du SAC, fait une visite surprise à la base du 904th Strategic Aerospace Wing à Carmody, près de San Francisco. Accompagné d’une trentaine d’inspecteurs il se rend à la salle d’opération et annonce qu’une ORI (Operational Readiness Inspection) est en cours ! Les bombardiers décollent aussitôt simulant une mission de temps de guerre. Au bout d’un certain temps, un des membres de son groupe lui tend un rapport qu’il téléphone au général Hewitt, commandant le SAC à Omaha. Il est négatif. Hewitt appelle alors son nouvel assistant, le colonel Jim Caldwell, qui est en train de faire visiter la salle d’alerte du SAC à des responsables politiques. Il lui annonce que le commandant de l’escadre de Carmody n’est pas à la hauteur et il lui propose de le remplacer. Caldwell accepte avec enthousiasme, d’autant que son assistant ne sera autre que le colonel Hollis Farr, un ancien camarade de Corée. Dés qu’il arrive à la base, Caldwell note de nombreux problèmes révélateurs d’un faible niveau d’entraînement. Il instaure un cycle de sept jours d’alerte qui isole les équipages de leurs familles, annule toutes les promotions, supprime des permissions, et avertit les membres du 904th SAW que personne n’est à l’abri d’un renvoi immédiat . Cela inclut le commandant de la base, le colonel Bill Fowler, qui boit un peu trop. Caldwell le force finalement à prendre sa retraite prématurément. A l’officier chargé de la maintenance, il reproche de ne pas savoir déléguer son autorité, et quand cet officier demande à être muté, il refuse. Farr proteste auprès de Caldwell contre cette attitude cassante qui finit par mettre en danger son ménage. Victoria, sa femme, est une amie de madame Fowler. Les choses vont de mal en pis quand Fowler fait une tentative de suicide. Farr a donné une permission à un chef de groupe dont l’unité n’est pas en bonne forme ; Caldwell demande à ce que Farr soit remplacé car il ne sait pas prendre ses responsabilités, et s’occupe trop de son image auprès de ses hommes. Caldwell va même jusqu’à le contredire en public au sujet des performances du groupe lors d’une cession de débriefing après une mission. Il lui apprend qu’il est viré, ce qui va presque provoquer la rupture avec Victoria, d’autant que la rumeur prétend que Farr et Victoria ont une liaison ; elle croit ainsi qu’elle est responsable de l’éviction de Farr. Alors qu’il vient de rendre visite à Fowler, pour le secouer et le faire sortir de sa dépression, on lui annonce l’approche d’un avion non identifié, ce qui laisse supposer une autre ORI. Comme Caldwell ne peut revenir à la base à temps, c’est Farr qui doit assurer le commandement en son absence. Farr prend une décision importante en autorisant le décollage d’un avion dont un des moteurs n’a pas la pleine puissance. Caldwell défend Farr devant le général Kirby en lui rappelant qu’ils simulent des conditions de guerre, et Kirby finit par approuver. La faute ne sera pas relevée et le test sera positif. Caldwell ne renverra pas Farr qui a, enfin, appris à prendre ses responsabilités. Victoria comprend finalement la valeur de son mari et l’efficacité de sa méthode. Le malentendu est dissipé.

Sy Bartlet, le producteur, était colonel de réserve du SAC et passait pour être le premier Américain à avoir lancé une bombe sur Berlin, lors de la seconde guerre mondiale. Delbert Mann le réalisateur fit trente cinq missions de bombardement lors de la même guerre. Il avait toujours voulu faire un film sur les bombardiers et celui-ci lui en donna l’opportunité. L’acteur Kevin MacCarthy était un ancien sergent de l’USAAF, et Rock Hudson avait été rampant dans l’US Navy. Ce film réalisé et joué par d’anciens militaires, fait donc vrai et l’ambiance de la base y est bien rendue. Il donne un bon aperçu de la vie des hommes du SAC, toujours sur la brèche, toujours en alerte, attendant que le téléphone rouge sonne et les informe que la guerre a été déclarée ! A chaque fois qu’ils décollent, il se demandent s’il s’agit d’un autre exercice, ou si c’est pour de bon.

Cependant, on peut noter çà et là quelques petites invraisemblances. Un sergent chef, et encore moins un colonel, chargé de la maintenance, ne manierait pas la clé à molette sur un réacteur. Les pompiers ne verseraient pas de la mousse carbonique sur des freins chauffés à blanc, de peur d’une explosion. Les silos de Titan I ne se situaient pas au bout d’une piste, dans la base, mais au sud et à l’ouest de la base de Beale, entre 25 et 100 km de distance, près des localités de Lincoln, Colusa et Chico.

Ce film ne reçut pas une très bonne critique, ni un bon accueil de la part du public. Un an ou deux  après sa sortie, plusieurs films critiquèrent l’Armée. Parmi ceux-ci, « Dr Folamour » et « Point limite » prétendaient qu’une guerre nucléaire accidentelle était non seulement possible, mais probable ! Ces films eurent plus de succès que « Le téléphone rouge », à une époque marquée par la montée du pacifisme.

Mais la plus grosse déception concerne les scènes aériennes qui, avec seulement dix huit minutes, sont plus courtes que dans les autres films. Il y a certes de très belles séquences quand les B-52 dévalent la piste à pleine puissance dans un nuage de fumée noire, et à quinze  secondes d’intervalle, ou quand le bombardier de Caldwell est ravitaillé en vol, et qu’il doit atterrir sans volets, pour éviter une explosion suite à un fuite de carburant, mais dans l’ensemble, les scènes aériennes n’ont pas la qualité de celles de « Bombers B-52 » ou de « Strategic air command ».

 

Les avions du film :

Le film fut tourné à la base de Beale située au nord de Sacramento, en Californie, et la plupart des prises de vue eurent lieu pendant des exercices réels. Le tournage utilisa les infrastructures, les avions et les hommes du 456th Strategic Aerospace Wing. Le 904th SAW du film est fictif de même que son blason, et la base de Carmody, située près de San Francisco.

Depuis « Bombers B-52 », les B-52 ont évolué. Bien qu'il y ait encore quelque anciens B-52E–85-BO (dont le s/n 56-642), la plupart de ceux que l’on aperçoit, sont des B-52G avec une dérive raccourcie qui leur permet des vols à basse altitude (comme on le voit dans le film) ; le mitrailleur n’est plus situé dans la queue mais a rejoint l’opérateur des systèmes électroniques sur le pont supérieur, derrière les pilotes. Un B-52G-90-BW (57-6516) est équipé de deux missiles air-sol North American GAM-77 Hound Dogs. Ces missiles de croisière supersoniques avait un réacteur qui pouvait être allumé pour aider au décollage ; on refaisait le plein en vol, à partir des réservoirs du porteur..

Les ravitailleurs ont aussi changé, et les vieux KC-97 ont été remplacés par de Boeing KC-135A (dont le s/n 58-0095). Pour aller vérifier l’état du B-52 de Caldwell, le colonel Farr prend un Lockheed T-33A dont on voit plusieurs exemplaires (buzz numbers : TR-271, 280, 873). Caldwell va visiter un silo de missiles balistiques intercontinental Titan 1, avec un Sikorsky H-19. Les neuf Titan 1 de la base de Beale furent opérationnels de février 1961 à mars 1965. Enfin en arrière plan, on aperçoit un increvable C-47 encore en service au début des années soixante .

 

Christian Santoir

* Film disponible sur amazon.fr

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