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GENTE DELL'ARIA

 

GENTE DELL'ARIA

(Les gens de l'air)

 

Année : 1943
Pays : Italie
Durée : 1h 34 min.
Genre : guerre
Noir et blanc

Réalisateur : Esodo PRATELLI
Scénario : Giorgio PASTINA, Esodo PRATELLI, Renato SIMONI, Bruno MUSSOLINI

Acteurs principaux :
Gino CERVI (capitaine Pietro Sandri), Antonio CENTA (Raimondo Sandri), Antonio GANDUSIO (colonel Zucca), Paolo STOPPA (lieutenant Guido Landi), Adriana BENETTI (Maria Bossi), Elisa CEGANI (Elena Sandri), Aldo SILVANI (Francesco Sandri). 

Musique : Enzo MASETTI
Photographie : Carlo MONTUORI
Compagnie productrice : Società Italiana Cines

Avions :

  • CANT. Z506B 
  • Macchi MC.200 Saetta
  • Savoia-Marchetti SM.84bis
  • Savoia-Marchetti SM.79 Sparviero, document.
  • Savoia-Marchetti SM.82 Marsupiale, en arrière-plan


Notre avis :

Sorti en mars 1943, alors que l'Italie était sur la défensive, trois mois avant le débarquement des Alliés en Sicile, ce film patriotique est un des derniers à exalter les vertus fascistes. Le scénario est basé sur un script du capitaine Bruno Mussolini, le fils préféré du Duce, qui avait trouvé la mort en août 1941, lors de l'essai d'un quadrimoteur. Un autre fils de Mussolini, également aviateur, Vittorio, sera également un des consultants (non mentionné) du tournage. La production bénéficiera de la coopération du Centre Cinématographique de la Regia Aeronautica.

Comme en Allemagne, l'aviation était, en Italie, l'arme favorite des fascistes, une arme nouvelle, pour un homme nouveau, contrairement à l'armée et à la marine, restées fidèles à la couronne. L'aviation sera le thème central de plusieurs films de propagande, de "Luciano Serra pilota" (1938) à "Uomini et cieli", tourné en 1943, mais achevé après la guerre.

Le film raconte l'histoire de deux demi-frères, fils de industriel Sandri qui fabrique des bombardiers. L'aîné, Pietro, dont la mère est morte quand il était petit, est pilote, capitaine dans l'armée de l'Air. Le cadet, Raymondo, le fils d'Elena, la seconde épouse de Sandri, travaille dans l'usine paternelle et a tendance à se laisser vivre. Les relations des deux frères, qui ont des caractères très différents, se dégradent quand tous les deux tombent amoureux de la belle Maria, la fille d'un ingénieur de l'usine Sandri. Quand son ordre de mobilisation arrive, Raymondo est heureux de porter l'uniforme, comme Pietro, alors que sa mère, une bourgeoise hautaine, lui suggère plutôt de faire jouer les relations de son père. Mais ce dernier, qui est d'origine humble et un travailleur acharné, approuve la décision de son fils. Les deux frères se retrouvent dans la même escadrille de bombardement, mais ils sont toujours rivaux en amour, car Maria n'arrive pas à avouer à Raymondo qu'elle lui préfère Pietro... Lors d'une mission, alors qu'ils appartiennent au même équipage, leur avion est touché et ils doivent se poser en mer. Les aviateurs peuvent prendre place à bord d'un canot pneumatique, en attendant les secours. Mais un des coéquipiers, qui est gravement blessé, finit par mourir. Sans nourriture et presque sans eau, ils repèrent, au bout de trois jours, un convoi ennemi. Cependant, désireux de ne pas être faits prisonniers, ils le laissent passer. Un hydravion italien les repère enfin, alors qu'ils sont à bout. Lors de cette épreuve, les deux frères ont appris à se connaître et à s'estimer mutuellement. Un peu plus tard, ils sont ramenés sains et saufs à leur base, où ils sont accueillis par leur père, tout ému, et par Maria, qui se jette dans les bras de Pietro, sous le regard amical de Raymondo.

Ce film, servi par des acteurs de grande valeur, fut tourné sur l'aéroport de Vergiate, un des deux sites (avec Sesto-Calende, tout proche), des usines Savoia-Marchetti, occupé aujourd'hui par le constructeur d'hélicoptère Agusta-Westland. Dans certaines scènes on peut voir la chaîne de montage des bombardiers, où travaillent de nombreuses femmes (pour la soudure, l'ajustage, le façonnage…), mais aussi l'immense réfectoire de l'usine ainsi que les bureaux de l'administration ou la salle des dessinateurs. On remarquera un slogan original, affiché au dessus de la chaîne de montage :"Ricorda che anche una pilota ha una madre" (Rappelles toi qu'un pilote, aussi, a une mère !), façon de rappeler aux ouvriers qu'ils devaient faire attention à la qualité de leur travail…

L'histoire, ponctuée de saluts romains, distille une propagande discrète, en insistant sur les bons moments de la vie des aviateurs lors des permissions, avec des promenade en galante compagnie sur les bords du lac Majeur (notamment dans les environs d'Angera et de Sesto Calende). Le film se veut rassurant et il passe discrètement sur les pertes humaines, la violence des combats étant juste évoquée. Mais on glorifie la "belle" mort et la nécessité du sacrifice suprême pour la nation. Ainsi, lors de la longue scène où les aviateurs se retrouvent dans un canot pneumatique, ils refusent, par deux fois, d'être sauvés en étant faits prisonniers, décidant plutôt de mourir, s'il le faut. Cela ressemble un peu à la situation de l'Italie, après trois ans de guerre, l'Italie qui allait bientôt voir son territoire envahi et que les fascistes allaient conduire au désastre. Le film ne montre aucune destruction, les difficultés de la vie quotidienne étant à peine évoquées (repas sans viande, carte de rationnement pour le pain, gazogène sur la voiture des Sandri, charrette à cheval pour transporter les hélices, à l'usine…). En 1942, le film de marine de De Robertis, "Alfa tau", était beaucoup plus pessimiste et réaliste.

Sinon, "Gente dell'aria" offre quelques séquences aériennes intéressantes, tournées principalement du sol. Il y a peu de scènes de combat et elles se passent la nuit, ce qui permet de masquer les insuffisances de la réalisation. Mais il est vrai que la plupart des missions de bombardement avaient lieu la nuit, pour des raisons de sécurité…Ce film apparaît également comme une vitrine pour la firme Savoia-Marchetti, dont il nous montre plusieurs productions, déjà anciennes.

 

Les avions du film :

Bien que le générique et les premières images du film montrent un Savoia-Marchetti S.79 Sparviero, le principal avion du film est le Savoia-Marchetti SM.84bis dont la société Savoia-Marchetti mit une dizaine à la disposition de la production.

Il nous est présenté comme un tout nouvel avion, qui va bientôt être pris en charge par la Regia Aeronautica, ce qui est loin d'être exact, en 1943. Cet appareil, qui devait remplacer le SM.79, fit son premier vol en juin 1940, cinq jours avant l'entrée en guerre de l'Italie. Equipé de moteurs plus puissants, il n'était pas plus rapide (contrairement à ce qui est dit dans le film...) que le Sparviero et surtout, moins manœuvrant, un handicap pour un avion torpilleur. Il pouvait emporter deux torpilles ou deux tonnes de bombes, logées dans le fuselage. L'avion fut mis en production, fin 1940 et arriva dans les unités en février 1941. En plus de l'attaque des convois anglais dans la Méditerranée, les SM.84, basés en Sicile, bombardèrent, en juillet 1941, Malte (comme dans le film). Cet avion, peu aimé des équipages, connut un taux de perte élevé. Dès décembre 1942, l'avion commença a être retiré des opérations et remplacé par des CANT Z.1007, et même par le SM.79, qu'il était supposé remplacer. C'est d'ailleurs pourquoi, l'Etat Major permit que quelques exemplaires soient disponibles pour le tournage… L'avion finit la guerre comme avion de transport, une fonction pour laquelle il était mal adapté.

Le film nous vante son pilote automatique, ce qui, en 1943, n'était pas une nouveauté. On a plusieurs vues de l'intérieur d'un véritable appareil : tableau de bord (avec un volant genre Piper ou Cessna), poste du radio, poste du bombardier dans sa nacelle rétractable, située derrière le moteur central. Pendant la passe de bombardement, les jambes du bombardier, assis dans cette nacelle, prenaient place dans deux tubes rétractables qui pendaient sous la nacelle…Il était toujours difficile de loger le bombardier dans un trimoteur. Ce dispositif peu aérodynamique se trouvait déjà sur le SM.79, comme sur le SM.82. Par contre, l'avion vu, lors du bombardement de nuit, est un Heinkel He.111 (dont on remarque les trappes caractéristiques des soutes à bombes), issu d'un documentaire…Le SM.84 était de construction mixte, l'aile, l'empennage, le toit du fuselage étant en bois, c'est pourquoi, il ne coule pas tout de suite après s'être posé en mer.

Les SM.84 du film sont des appareils neufs, sortis d'usine, sans marques d'unités, sauf quand ils s'envolent, à la fin du film. Sur un appareil, on aperçoit ainsi le code "19-3", ce qui en fait un bombardier de la Squadriglia 19 du 28° Gruppo, 8° Stormo, et sur un autre, le code "2-10" (Squadriglia 10, 28° Gruppo), bizarrement répété sur le bord d'attaque de l'aile gauche.

Un autre Savoia-Marchetti, vu en arrière plan, est un SM.82 Marsupiale dont on aperçoit plusieurs exemplaires, sans code d'unité.

Raymondo va se défouler, en faisant une séance de voltige dans un chasseur Macchi MC.200 Saetta, avec le numéro "7", mais sans l'insigne de son unité qui a été effacé. Derrière lui, on aperçoit un Macchi MC.202 Folgore.

Enfin, à la fin du film, c'est un hydravion CANT. Z506B qui vient repêcher les naufragés.

 

Christian Santoir

*Film disponible sur YouTube

 

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