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L'ARMEE DES OMBRES

 
 L'ARMEE DES OMBRES

 

 

Année : 1969
Pays : France, Italie
Genre : drame
Durée ; 2 h 18 min.
Noir et blanc

Réalisateur:Jean-Pierre MELVILLE
Scénario : Joseph KESSEL, Jean-Pierre MELVILLE 

Acteurs principaux :
Lino VENTURA (Philippe Gerbier), Paul MEURISSE (Luc Jardie), Jean-Pierre CASSEL (Jean François Jardie), Simone SIGNORET (Mathilde), Claude MANN (Claude Ullmann dit 'Le Masque'), Paul CRAUCHET (Felix Lepercq), Christian BARBIER (Guillaume Vermersch dit 'Le Bison'), Serge REGGIANI (le coiffeur), André DEWAVRIN (Colonel Passy).

Musique : Éric DEMARSAN
Photographie : Pierre LHOMME, Walter WOTTITZ
Producteur : Jacques DORFMANN
Compagnies productrices : Les Films Corona, Fono Roma

Les avions : 

  • Stinson SR-10C Reliant, F-BBCS/F-GPJS
  • Whitworth Whitley Mk.V, maquette

 

Notre avis :

"L'armée des ombres" traite d'un des périodes le plus sombres de notre histoire, la seconde guerre mondiale. Mais l'"armée" des ombres qui s'opposait à l'occupant allemand, en 1942, était plutôt réduite, face à la grosse armée de ceux qui, pour des raisons idéologiques ou financières, collaboraient avec les Allemands.

En 1942, Gerbier, un ingénieur des Ponts et Chaussées, soupçonné de sympathie gaulliste, est incarcéré dans un camp de prisonniers. Il prépare son évasion, mais il est emmené par la Gestapo au quartier général de l'Hôtel Majestic. Il peut s'en échapper, en tuant une sentinelle. Il réapparait à Marseille, chargé, avec Félix et le « Bison », d''exécuter le jeune Dounat, qui a dénoncé des résistants. Il va être étranglé, car son exécution se déroule dans une maison, entourée de témoins qu'il ne faut mieux pas alerter. Félix, fait la connaissance de Jean-François Jardie, dans un café, et le persuade d'entrer dans son réseau. Sa première mission consistera à livrer un poste émetteur à Mathilde, un membre important de la Résistance. Il passe à travers divers contrôles d'identité et rend visite à son frère Luc, un grand bourgeois, philosophe et mélomane, qui semble vivre hors du temps. Gerbier s'installe à Lyon et prépare une nouvelle mission, embarquer huit personnes à destination du quartier général de la France libre, à Londres. Le "grand patron" fait partie de l'expédition et il se révélera que celui-ci n'est autre que le "paisible" Luc. Les deux frères ignoraient leur activité parallèle. Gerbier devra retourner en France rapidement, quand il apprendra que Félix a été arrêté par la Gestapo de Lyon et torturé. Mathilde va organiser un « coup » pour le sortir du Q.G. de la Gestapo, mais il est trop tard, Félix est mourant. Jean-François, qui s'était fait arrêter exprès pour le prévenir de son évasion prochaine, lui donne son unique pilule de cyanure. Gerbier, peu après, se fait arrêter bêtement, lors d'un contrôle de tickets de rationnement; reconnu, il est condamné à mort. Au peloton d'exécution, il échappe à la mort grâce à des fumigènes lancés par l'équipe de Mathilde. Gerbier se fait oublier quelque temps et c'est dans sa "planque" à la campagne, que le "grand patron" lui apprend que Mathilde a été arrêtée. Elle subit un odieux chantage : on la menace d'enfermer sa fille dans un bordel de campagne, sur le front russe, si elle ne dénonce pas ses camarades. Puis, on apprend qu'elle a été relâchée. ses compagnons d'armes comprennent alors que Mathilde souhaiterait qu'on la supprime, pour ne plus être obligée de parler. Ils l'abattront en plein Paris…

Les résistants ne dépassèrent jamais plus de 3% de la population française, la grande majorité étant trop occupée à survivre en combattant la faim et pas l'occupant. En outre, il fallait se méfier de tout le monde, la dénonciation étant devenue, au fil du temps, un réel danger; elle pouvait vous conduire le long d'un mur ou dans un wagon à bestiaux, pour une destination inconnue. La dénonciation avait divers motifs, souvent, un simple règlement de compte entre personnes. Les services de police croulaient sous les lettres de dénonciation. Le lendemain de la libération de Paris, ils étaient tout autant débordés, mais de lettres dénonçant des collabos. Néanmoins, la résistance n'aurait pu survivre, ni se développer sans de multiples soutiens et complicités populaires.

Les personnages de ce film rappellent immanquablement, des héros tels que Jean Moulin, Pierre Brossolette et Jacques Bingen, entre autres. Simone Signoret incarne un des rares personnages de résistante, vus à l'écran. Pendant le tournage, elle dut avoir à l'esprit l'image de deux héroïnes de la Résistance, Lucie Aubrac, son ancien professeur d'histoire, et Maud Begon, sa maquilleuse.

Les liaisons entre le territoire français et l'Angleterre étaient organisées par la RAF dont certaines unités se consacraient à l'organisation de missions spéciales, telles que le parachutage d'agents ou de matériel, et le transfert de personnes entre la France et l'Angleterre, à partir de petits terrains improvisés, situés dans des champs ou des parcs de châteaux, où on atterrissait et décollait nuitamment.

 

Les avions du film :

Le premier avion aperçu, au milieu du film, est un Armstrong Whitworth Whitley Mk.V ou plus exactement, sa maquette, assez bien réussie. Son fuselage fut reconstitué en studio. L'avion porte le code "EY-L" du 78 squadron  qui fut effectivement équipé de cet appareil entre septembre 1939 et mars 1942. Ce bombardier servit à effectuer de nombreux  parachutages. L'avion, vu en vol stationnaire, n'a pas son attitude caractéristique (nose-down attitude), son nez étant alors plus bas que son empennage, à cause de l'angle de calage de son aile très épaisse.

Les avions aperçus, en arrière plan, de nuit, ressemblent plus à des maquettes d'Avro Lancaster, quadrimoteurs bi-dérives.

Le seul avion employé par la production est un Stinson SR-10C Reliant, appartenant, à l'époque, à Benoît Millien (F-BBCS, c/n 3- 5846), qui l'avait mis à la disposition de Jean Salis qui s'en servait pour des tournages.

Il avait été acheté en 1937 par Antoni Cierplikowski, mieux connu sous le nom de "Monsieur Antoine" ou "Antoine de Paris", qui était le parfumeur et coiffeur d'origine polonaise, qui règnera sur la haute société parisienne, à partir des années 20. Cet achat avait été fait sur le  conseil de son ami et collaborateur, Benoît Millien, qui fut son pilote personnel. Il fut donc acheminé vers la France en container, sur le paquebot "Normandie". Il ne semble pas que l'avion ait été immatriculé en France. En 1940, le Stinson, stationné à Biarritz, fut démonté et stocké dans la grange d’un château des environs. Après le débarquement de 1944, il fut confié à l’Armée de l’Air française, et fut l’avion personnel du général De Lattre (ami proche de Benoît Millien). Après la guerre, il fut rendu à son propriétaire et mis au nom de Millien, en mai 1946. L'avion était basé à Toussus-le-Noble. En 1986, sur la fin de sa vie, Millien le confia à Jean Salis, pour l’entretenir. Jean Edmond Salis en devint le propriétaire en juin 1987. La restauration fut entreprise en 1995 par Jean Pierre Toublanc, qui, à l’issue de 3 000 heures de travail, acheva ce projet, avec son premier vol le 24 juin 1998. En janvier 2000, il fut enregistré "F-GPJS" au nom de Jean Salis, avec une nouvelle décoration, fuselage rouge avec des ailes blanches. Cet avion, très bien entretenu, vole toujours et apparaît dans de nombreux meetings.

Ce Stinson était déjà apparu dans "Babette s'en va-t'en guerre" (1959) et participera au tournage de "Pas de repos pour les braves" (2003). Dans ce film, il  passe pour un Westland Lysander qui était l'avion employé par la RAF pour ses atterrissages nocturnes en France, grâce à ses qualités STOL. Le Lysander était plus gros que le Stinson et avait aussi les "jambes" plus longues, pouvant atterrir, non pas dans la région parisienne (comme le Stinson qui atterrit dans le parc du château de Rosny-sur-Seine), mais dans le centre de la France, dans le Berry, par exemple. Il ne pouvait emporter, aux mieux, que deux passagers, inconfortablement installés dans le cockpit arrière. Pour améliorer la ressemblance du Stinson, qui avait une aile dont la forme était proche de celle du Lysander, on a rajouté un réservoir sous le fuselage et on lui a attribué le numéro de série "V9738" qui appartenait à un vrai Lysander IIa.

 

Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.fr

 

 

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