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L'ARGENT

 

L'ARGENT

 

Année : 1928
Pays : France
Genre : Drame
Durée : 2h 35 min.
Noir et blanc

Réalisateur : Marcel L'Herbier
Scénario : Arthur Bernède, Marcel L'Herbier

Acteurs principaux :
Brigitte Helm (Baronne Sandorf), Marie Glory (Line Hamelin), Yvette Guilbert (La Méchain), Pierre Alcover (Nicolas Saccard), Alfred Abel (Alphonse Gunderman), Henry Victor (Jacques Hamelin), Pierre Juvenet (Baron Defrance), Antonin Artaud (Mazaud), Jules Berry (Huret, le reporter), Raymond Rouleau (Jantron), Roger Karl (Un banquier).

 
Photographie : Louis Berte,Jules Kruger, Jean Letort
Producteur : Jean Sapene
Compagnie productrice : Cinémondial

Avions :

  • Breguet Br.19 TR Bidon
  • Breguet Br.19 A2

 

Notre avis :

"L'argent" sortit le jour de Noël 1928 à Paris, et vient d'être réédité en avril 2008, avec la participation du Centre National de la Cinématographie. Cette version remastérisée est écourtée d'une trentaine de minutes, les coupures ayant eu lieu apparemment vers la fin du film. L'histoire est librement inspirée du roman d'Emile Zola et restait d'une actualité brûlante; l'affaire Marthe Hanau, la "banquière" arrêtée huit jours avant la sortie du film, venait de défrayer la chronique. Cette femme se retrouve un peu dans le personnage de "La Méchain". Un autre aventurier de la finance, Stavisky, n'allait pas tarder à faire parler de lui, et, dans un an, presque jour pour jour, surviendra le "jeudi  noir", le krach de Wall Street, qui déclenchera une crise mondiale durable. Mais le scénario s'est également inspiré du raid transatlantique de Nungesser et Coli, tenté le 8 mai 1927. Un des héros du film, l'aviateur Hamelin, entreprend, comme eux, un raid transatlantique dans le sens est-ouest; la presse l'annonce arrivé, puis, disparu en mer, tout comme les deux malheureux aviateurs.

Ce film muet coûta près de quatre millions de francs, somme considérable pour l'époque, et employa plus de deux mille figurants. "L'argent" a aussi un thème très actuel, non seulement parce qu'il parle de la spéculation boursière, mais aussi par ce qu'il nous montre les montages financiers complexes se cachant derrière les exploits sportifs et techniques. Mais aujourd'hui les avions ont fait place à de grands voiliers monocoques ou trimarans qui se lancent à l'assaut des mers. Enfin, on parle déjà du pétrole qui faisait flamber les cours des compagnies extractrices, mais dans le film, le pétrole est français ! On peut toujours rêver…

Un financier véreux, Nicolas Saccard, directeur de la Banque Universelle, a pour concurrent dans ses spéculations boursières, Alphonse Gunderman, un homme d'affaires rigoureux et avisé. Au bord de la ruine, Saccard mise tout sur l'aviateur Jacques Hamelin, un garçon honnête qui possède une option sur des terrains pétrolifères en Guyane, mais aussi une charmante épouse, Line, que Saccart convoite. Hamelin est nommé vice-président de la société de Saccart, mais il restera aviateur et entreprendra, seul, un raid aérien audacieux entre la France et la Guyane. Les préparatifs de ce vol transatlantique font la une des journaux, et on s'arrache les actions de la Banque Universelle dont le cours s'envole. Après avoir signalé son arrivée, la T.S.F. annonce que l'avion du héros s'est abattu en flammes ! C'est une fausse nouvelle que Saccard se garde bien de démentir. Sans se préoccuper de la douleur de l'épouse de l'aviateur, il en profite pour consolider ses positions. Mais Line Hamelin, poussée par l'ancienne maîtresse de Saccard, l'intrigante baronne Sandorf, à la solde de Gunderman, jette sur le marché un gros paquet d'actions. C'est l'effondrement des cours de la banque de Saccard. Convaincu de malversations, il est emprisonné, de même qu'Hamelin, revenu en France. Ce dernier parvient néanmoins à prouver son innocence lors du procès. Saccard, en prison, pense déjà à son prochain coup en bourse.

Le succès du film fut médiocre, en raison de la proximité du film parlant, et malgré une qualité artistique indéniable (magnifiques scènes du palais Brongniart, de la réception chez Saccard..). Les séquences aériennes, filmées au Bourget, sont assez rares, bien que le raid aérien vers la Guyane soit au centre de l'histoire. L'existence de champs pétrolifères dans la forêt guyanaise est fictive. Ce n'est que très récemment que l'on vient de découvrir du pétrole en Guyane, mais, off shore, à plus de trois mille mètres de profondeur.

Aucun raid aérien n'eut lieu entre la France et la Guyane, le parcours au-dessus de l'océan étant trop long. Pour aller en Guyane, à l'époque, il aurait fallu traverser l'Atlantique sud, à partir de Dakar, pour rejoindre Natal, au Brésil, puis suivre la côte vers Cayenne. Mais il faudra attendre mai 1930, pour que Mermoz fasse la première traversée entre Dakar et Natal sur un Laté 28.

 

Les avions du film :

Hamelin traverse l'Atlantique avec un Breguet 19TR n° 1879 (pour "TRansatlantique") appelé commercialement 19 "GR" (pour "Grand Raid"), comme marqué sur le gouvernail, mais plus connu sous le nom de Breguet "Bidon" à cause de ses réservoirs de grande capacité (3 735 litres). Il avait été construit pour battre le record de distance en ligne droite, sans escale. Cet appareil, le seul TR équipé d'un moteur Renault, fut l'avion qu'utilisèrent les capitaines Ludovic Arrachart et Jean Rignot, en juin 1928, pour rallier l'Inde, à partir du Bourget. Mais le voyage s'arrêta à Constantinople suite à un ennui technique. Il fut par la suite utilisé par le même équipage pour un voyage de propagande jusqu'en Chine du 24 mai au 6 août 1929. L'URSS refusant son survol, pour le retour, l'avion sera vendu à la Chine.

Dans le film on parle d'une autonomie de 7.000 km, ce qui était à peu près l'autonomie maximale du "Bidon". On remarquera la mise en route du moteur Renault 12 Kg de 550/600 chevaux, équipé d'une hélice bipale métallique Levasseur. Il faut trois hommes pour lancer à la main le moteur. Lors du décollage, on voit les mécaniciens pousser l'avion chargé d'essence, sur le terrain en herbe. Ces séquences pourraient être issues d'un film d'actualités. On y voit l'avion décoller avec deux pilotes (Hamelin est seul dans le film).

Avant le raid, au siège de la BU, les administrateurs ont dans les mains une maquette de Breguet muni de deux flotteurs. Il n'y eut qu'un seul Breguet 19 hydro, un autre étant construit au Japon par Nakajima, et dénommé 19-A2B.

Quand il retourne en France, Hamelin est dans un autre Breguet 19, un A2 de l'Armée (matricule A889), à moteur Renault. Ce pourrait être un avion d'observation du 34° RAM (Régiment Aérien Mixte) stationné alors au Bourget.

Alors qu'Hamelin prépare son raid, on aperçoit dans un hangar, une cellule de Morane Saulnier MS.43 à moteur Hispano-Suiza, un biplace d'entraînement et d 'école, de l'Armée.

Dans l'aérogare du Bourget, au premier étage où se trouve un énorme cadre gonio, il y a sur un meuble, une maquette de Douglas World Cruiser.

 

 Christian Santoir

 * Film disponible sur amazon .fr

 

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