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LANCASTER SKIES

 

 
LANCASTER SKIES

 

Année : 2019
Pays : Grande-Bretagne
Genre : drame
Durée : 1 h 38 min.
Couleur

Réalisateur : Callum BURN
Scénario : Andrew BURN, Callum BURN, Sam PARSONS

Principaux acteurs :
Kris SADDLER (Charlie Moore), Rosa CODURI (Jo), Josh COLLINS (Henry Smith), Jeffrey MUNDELL (Douglas Miller), David DOBSON (George Williams), Joanne GALE (Kate), Callum BURN (Paul Schmidt), Vin HAWKE (Thomas Mayfield). 

Musique : James GRIFFITHS
Photographie: Sam PARSONS
Producteurs : Andrew BURN, Callum BURN
Compagnie productrice : Tin Hat Productions

Avions :

  • Avro 683 Lancaster B Mk.VII, NX611, au sol
  • Supermarine Spitfire Mk.IX, s/n BS435, réplique

 

Notre avis :

Ce petit film veut rappeler aux générations actuelles la souffrance morale que vécurent les équipages de bombardiers de la RAF, lors de la seconde guerre mondiale. C'est plus un psychodrame qu'un film de guerre. La majeure partie du film, malgré le titre, se passe au sol, avant une mission vers l'Allemagne et très peu dans un Lancaster.

L'histoire commence au printemps 1944, quand un Lancaster revient d'une mission de bombardement nocturne. Il est attaqué par un chasseur de nuit et le bombardier est touché. Le pilote est blessé mais parvient à poser l'appareil sans mal; il va succomber à ses blessures peu après. Il va être remplacé par un ancien pilote de chasse, Douglas Miller. C'est un homme austère qui s'est fait affecter, après la Bataille d'Angleterre, au Bomber Command pour mener la guerre dans le ciel allemand, suite à la mort de son frère cadet dont il ne se remet pas. L'attitude autoritaire de cet homme, très à cheval sur le règlement, déplaît à son équipage qui n'a toujours pas récupéré depuis la mort de son skipper. Le mitrailleur arrière, Charlie Moore, qui a craqué après avoir été blessé et a cessé de tirer sur le chasseur allemand au cours de cette mission fatale, se sent coupable et s'est totalement refermé sur lui-même. Seul, George Williams, l'officier mécanicien qui partage sa chambre avec Miller, accepte de lui parler. Lui aussi, se sent coupable de ne s'être pas occupé de son skipper blessé. Miller passe ses soirées, seul, à lire dans sa chambre, alors que les membres de l'équipage, pour oublier la mort et la peur de la prochaine mission, passent leurs soirées au pub, à boire et à flirter avec les WAAF. L'une d'elles, Kate, parvient à casser la glace avec Miller. Ils échangent et se rendent même ensemble au cinéma. L'équipage essaie, sans enthousiasme, de se rassembler en équipe, en attendant que leur avion soit réparé. Désireux de partir au combat, Miller ronge son frein, alors que les sorties continuent d'être annulées, pour une raison ou pour une autre. Quand leur avion est enfin réparé, Miller se voit finalement confier une mission de bombardement sur Berlin. Peu avant l'envol, Kate souhaite bonne chance à Miller, qu'elle va attendre... Après avoir largué ses bombes sur une usine, le bombardier est attaqué, lors du retour, par un chasseur de nuit; un moteur est en feu et le navigateur est blessé. George s'occupe de lui. L'avion quitte sa formation et revient, malgré tout, en Angleterre.

On ne sait s'il pourra atterrir sur sa base ou si l'équipage devra se parachuter, comme l'a envisagé Miller…Quand l'équipage part enfin en mission, on a vraiment l'impression que ses membres savent que c'est leur dernière; ils ne partent pas au combat, mais au peloton d'exécution ! On ne voit pas comment ils peuvent s'en sortir avec un tel état d'esprit.

Si les décors sont assez bien reconstitués, le film comporte néanmoins quelques erreurs; ainsi on ne salue pas ses supérieurs sans couvre chef, et les militaires de rangs égaux, comme Douglas et George, qui sont tous les deux flight lieutenants, n'ont pas à se saluer.

Il est vrai que le bombardement aérien était une arme à haut risque, comme le rappelle le générique de fin. Sur 100 aviateurs qui ont rejoint le Bomber Command, 45 ont été tués, 6 ont été grièvement blessés, 8 sont devenus des prisonniers de guerre et seulement 41 s'en sont sortis indemnes (du moins physiquement). En 1943 et 1944, seuls 27 équipages sur 100 survécurent à un tour de 30 opérations. C'est le taux de perte le plus élevé de tous les corps d'armée alliés et il faut aller chez les sous-mariniers allemands pour avoir un taux supérieur… Pourtant, malgré ces faibles chances de survie, le flux d'engagés n'a jamais faibli. Le prix était énorme, mais c'était un prix qui continuait d'être payé avec un courage indiscutable. S'il représente aujourd'hui une dette qui ne pourra jamais être remboursée, c'est au moins une dette qui ne doit jamais être oubliée, comme le veut ce film.

Reproduire l'état d'esprit de jeunes soldats pendant la guerre, trois générations plus tard, est un exercice souvent tenté au cinéma, mais particulièrement difficile. Les gens de l'époque n'avaient pas la même éducation, ne vivaient pas dans un monde dominé, comme aujourd'hui, par l'émotion (la colère, la peur, l'inquiétude, la haine…), savamment orchestrée par les médias et les réseaux dits "sociaux". Il faut rappeler aujourd'hui ce qui signifie le mot "courage", un mot devenu inusité; c'est surmonter la peur, affronter le danger, la souffrance, la fatigue, la mort. Même sans la guerre, la vie, dans les années 30 et 40, était alors plus courte, et pour un tas de raisons, plus risquée qu'aujourd'hui, on avait, alors, aussi, plus de devoirs que de droits. Reproduire les décors, l'environnement de 1944, est possible, mais vouloir reproduire les mentalités est plutôt osé. Certes, les anciens combattants ont laissé des témoignages, des livres, mais ils s'y étendent plus sur leurs actions que sur leurs états d'âmes, parce que pour eux, ce n'était pas prioritaire et restait du domaine privé. Hier comme aujourd'hui, faire la guerre, c'est aller au "casse-pipe", si on n'en a pas le "courage", il ne faut pas la faire.

La production du film commença en février 2015 et vu la faiblesse du budget (92 000 euros), elle se déroula en cinq périodes, séparées par des moments consacrés à la recherche de financements, à la construction de décors et à l'acquisition d'accessoires et de costumes. La production s'acheva en avril 2017.

 

Les avions du film :

Un seul avion a été employé pour le tournage, au sol, il s'agit de l'Avro 683 Lancaster B Mk.VII "NX611" du Lincolnshire Aviation Heritage Center d'East Kirby où le tournage se déroula en octobre 2016, pendant cinq jours.

Ce bombardier fut construit par Austin Aero Ltd. en avril 1945. Il arriva trop tard pour participer au conflit mondial. Il resta stocké plusieurs années avant de devenir l'un des 54 Lancaster vendus au gouvernement français. En juin 1952, il fut affecté à l'Aéronavale (matricule WU15) et employé pour des patrouilles maritimes et de secours en mer, équipé d'un radar et d'un radeau de survie largable. Il vola au dessus de l'Atlantique et de la Méditerranée et, plus tard, au-dessus du Pacifique, à partir de Nouméa. En 1964, il fut réformé et donné à l'Historical Aircraft Preservation Society de Biggin Hill, qui fut chargée de le rapatrier par la voie des airs en Angleterre. L'avion fut immatriculé "G-ASXX" et vola pendant plusieurs années jusqu'au 26 juin 1970. Il apparaît au sol dans le film "Where the bullets fly" (1966), à Biggin Hill. Cependant vu les coûts d'entretien de l'appareil, il fut vendu aux enchères en 1972. L'acquéreur le prêta à la RAF qui l'exposa à l'entrée de la base de Scampton. Les frères Panton du Lincolnshire Aviation Heritage Center d'East Kirby l'acquirent en 1983, mais l'avion resta à Scampton jusqu'en 1988. En avril, il fut acheminé par la  route à East Kirby. On lui donna le nom de "Just Jane" et sa restauration fut entreprise en 1992. En février 2001, le NX611 put faire son premier essai de roulage au sol à grande vitesse. Cette scène se  retrouve dans "Night Flight". Fin 2016, donc peu après le tournage, commença un long travail de restauration de l'appareil, qui est toujours en cours en 2020, et qui est destiné à le remettre en état de vol avec de nouveaux moteurs.

Dans le film, l'avion de Miller porte le faux code "CN-B", aucun squadron n'ayant eu un tel code…En 2016, le véritable avion portait les codes "DX-F" (57 Sqn.) et "LE-H" (630 Sqn.).

Le film rappelle que le Lancaster avait un seul pilote, assisté par un "air engineer", un mécanicien de bord qui avait souvent des notions de pilotage. Dans le cockpit, il n'y avait qu'un seul volant, l'espace à droite du pilote étant occupé par le passage conduisant au poste du bombardier, situé dans le nez de l'appareil. Le mécanicien pouvait s'installer à côté du pilote sur un petit strapontin se repliant sur la paroi de droite.

En 2016, le NX611 ne volait pas, mais comme on le voit dans le film, ses moteurs fonctionnaient parfaitement. Selon les propos du réalisateur, "établir la confiance et obtenir la permission de filmer au Lincolnshire Aviation Heritage Center à East Kirby, avec leur Lancaster "Just Jane", a pris près de 2 ans" ! On comprend alors pourquoi les productions disposant de gros budget préfèrent se tourner maintenant vers des artistes digitaux, plutôt que de négocier avec des propriétaires d'avions qui rechignent à leur confier leurs merveilles, malgré des coûts de location fort élevés…Il a donc fallu avoir recours à de nombreux effets spéciaux pour reconstituer les scènes aériennes, en utilisant  des maquettes, comme autrefois. Cela explique, en partie, que la post production dura environ un an.

Le fuselage, y compris le cockpit, furent reconstitués, en bois, en studio. Les tourelles de mitrailleuses étaient mobiles et comportaient des ouvertures pour permettre aux cameramen de faire leur travail. Cette construction prit trois mois, au début de 2016.

Les chasseurs de nuit qui attaquent les Lancaster sont d'un seul type, des Messerschmitt Bf-110, qui, au printemps 1944, étaient des Bf-110 G-4 Zerstörer équipés de radar avec trois hommes d'équipage. C'est dans ce rôle que le Bf.110 fut le plus efficace.

Au milieu du film, on peut voir le jeune frère de Douglas dans le cockpit d'un Supermarine Spitfire Mk.IX (serial BS436, code FY-F du 611 Squadron). Il s'agit d'une réplique non volante, appartenant à la Lytham St Annes Spitfire Display Team, une société spécialisée dans la fourniture de véhicules militaires et de Spitfire, pour le tournage de films. En 2008-2010, cette réplique était exposée dans le hall du Musée Royal de l'Armée et d'Histoire Militaire, de Bruxelles. Le véritable Spitfire portant ces marques fut abattu le 5 février 1943, au-dessus de la Manche, au large de Boulogne, par un Focke Wulf Fw.190 du 5/JG26.

Les Spitfires aperçus en vol à basse altitude, sont a priori des extraits de documentaires.

 

Christian Santoir

* Film disponible sur amazon.fr

 

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