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La TENTE ROUGE

 

 
La TENTE ROUGE

Vo. Krasnaya palatka

 

Année : 1969
Pays : URSS, Italie
Genre : aventures
Durée : 3 h15 min.
Couleur

Réalisateur : Mikheil Kalatozishvili
Scénario : Richard L. Adams, Ennio De Concini

Acteurs principaux :
Sean Connery (Roald Amundsen), Claudia Cardinale (Nurse Valeria), Hardy Krüger (l’aviateur Lundborg), Peter Finch (Général Umberto Nobile, Massimo Girotti (Romagna), Luigi Vannucchi (Capitaine Zappi), Mario Adorf (Biagi), Eduard Martsevich (le météorologue Finn Malmgren), Grigori Gaj (Samoilovich, le Capitaine du Krassin), Nikita Mikhalkov (Chuknovsky), Nikolai Ivanov (le radio amateur Kolka), Boris Khmelnitsky (Viglieri), Yuri Solomin (Troiani)  

Photo : Leonid Kalashnikov
Musique : Ennio Moricone
Producteur : Franco Cristaldi
Compagnie productrice : Mosfilm, Vides Cinematografica
Compagnie distributrice : Paramount picture

Avions :

  • Antonov An-2
  • Junkers G-23, maquette
  • Polikarpov U-2 
  • Yak 12
  • Yak 18

 

Notre avis :

Le 25 mai 1928, le dirigeable italien « Italia », commandé par Umberto Nobile, s’écrasait sur la banquise par 81°14' de latitude nord, et 28°14' de longitude est. L’équipage réussit à sauver un peu de matériel dont une tente et une radio. Le sauvetage des naufragés des glaces prit une ampleur internationale, mais ce n’est qu’après plusieurs semaines qu’ils purent être repérés et sauvés par le brise glace soviétique « Krassin ». Cet événement dramatique très médiatisé inspira plusieurs films dont « The lost zeppelin » (1929) et « The lottery bride » (1930). Plus de quarante ans plus tard, le drame de l’ « Italia » refait surface avec une production italo-soviétique à la distribution prestigieuse. Ce film se présente comme une sorte de procès à huit clos du chef de l’expédition par ses membres…

Le film commence avec le général Umberto Nobile, seul dans son appartement, regardant à la télévision un documentaire sur l’accident de l’ « Italia ». Les participants de ce drame lui apparaissent alors un à un pour déterminer sa responsabilité dans l’affaire…Puis une série de longs flashes back montrent le vol de l’ « Italia » vers le pôle nord, l’accident, les opérations de secours à partir de King’s Bay, au Spitzberg, où reporters et sauveteurs de tous horizons se bousculent dans une ambiance de kermesse, l’expédition du brise glace « Krassin »…La seule touche un peu « chaleureuse » est apportée par la belle Claudia Cardinale qui joue la petite amie du savant météorologue Malmgren qui périra dans les glaces. Ce personnage féminin est totalement fictif de même que son rôle. Ce n’est pas elle qui demanda à Roald Amundsen de participer au sauvetage. C‘est au cours d’un dîner donné à Oslo, le 26 mai 1928, pour fêter le succès de l’expédition de Sir Hubert Wilkins et de Carl Ben Eielson qui venait de relier l’Alaska au Spitzberg en passant par le pôle, que tomba la nouvelle de la perte de l’expédition de l’ « Italia ». Amundsen, présent, se porta aussitôt volontaire pour participer aux recherches malgré le différend grave qui l’opposait à Nobile depuis l’expédition du « Norge » en 1926. Sans argent, et ayant demandé l’aide la France , il devait disparaître avec le pilote Guilbaud sur le Latham 47/02. Ce n’est pas elle non plus, qui demanda à Lundborg d’aller chercher son petit ami, moyennant certaines faveurs.. Le suédois Emar Pol Lundborg était un pilote de l’Armée de l’Air norvégienne qui réussit à récupérer Nobile, évacué en premier parce qu’il était plus à même de guider et d’organiser les secours vers ses compagnons. Mais Lundborg capota lors de son deuxième voyage et devint, lui aussi, prisonnier des glaces. Par contre, l’accident lui même est bien relaté et bien filmé.

Le film débat des problèmes éthiques, humains et politiques causés par cet événement international. Il est certain que le régime fasciste italien avait fondé, au départ ,de grands espoirs sur Umberto Nobile pour accroître le gloire du pays. Mais en 1926, il s’était fait battre par l’américain Byrd qui avait survolé quelques jours avant lui le pole nord en avion ! En outre, le chef d’expédition, Amundsen était norvégien, de même que le nom du dirigeable.. En 1928, l’expédition est entièrement italienne (à part le météorologue suédois et un physicien tchécoslovaque) et voilà que Nobile se perd dans les glaces ! A Rome, on aurait préféré que toute l’expédition disparaisse, à commencer par Nobile. Italo Balbo, un fervent partisan de l’avion, le dit même publiquement. Les régimes fascistes préfèrent souvent les héros morts aux héros vivants, plus difficiles à manipuler. Le navire de soutien de l’expédition le « Citta di Milano », en poste à King’s Bay un mois avant le vol de l’ « Italia », notamment pour servir de relais radio, reste sourd aux appels des naufragés pendant dix jours, plus occupé à envoyer les messages personnels de l’équipage ou des journalistes ! Quand un radio amateur soviétique capte les SOS, on ne peut plus faire la sourde oreille et la liaison est enfin établie entre le navire et les rescapés. L’opération de secours comprit dix navires dont les brise glaces soviétiques « Krassin » et « Malygin », et vingt aviateurs. Ce n’est qu’au bout d’un mois et demi que le « Krassin » prend à son bord les rescapés de l’expédition Nobile. Des Italiens sauvés par des communistes  honnis par Mussolini ! Nobile de retour au pays fut acclamé par la population et accusé de désertion par le Duce qui organisa toute une campagne de dénigrement contre lui. Il fut dégradé et passa devant une commission d’enquête. Il dut démissionner et s’exiler en URSS, puis aux Etats-Unis. Nobile souffrira jusqu'à sa mort en 1978, du doute qui entacha sa réputation, d’où ce film sorti de son vivant.

Ce film plaidoyer extrêmement long (encore n’avons nous visionné que le copie américaine réduite à 121 minutes…) fut un fiasco financier malgré une distribution brillante où on remarquera, entre autres, Sean Connery, un James Bond méconnaissable sous les traits du vieil Amundsen, et la musique du célèbre Ennio Morricone. A la fin des années soixante, le public européen avait totalement oublié l’aventure polaire. En 1969, les Américains « atterrissaient » sur la lune et le pole nord était survolé depuis 1952 par les avions de ligne. L’exploration avait changé d’échelle, et les nouveaux héros se déplaçaient au sommet de puissantes fusées. Le vieux dirigeable « Italia » et le pauvre Umberto Nobile étaient rangés définitivement dans les tiroirs poussiéreux de l’histoire !

 

Les avions du film :

Ce film donne très peu d’avions à voir. On admirera malgré tout la très belle maquette du N-4 « Italia », notamment la reconstitution grandeur réelle de la nacelle de pilotage et de la coursive. Au sol, à « Kings Bay », on peut entrevoir plusieurs avions légers russes maquillés en vieux avions  : un Yak 12 avec un essieu entre les roues, un Yak 18 sans sa verrière. L’avion de Lundborg, un Fokker C-V, est remplacé par un Yak 12 débarrassé de sa cabine et muni d’une aile inférieure. Cette monstruosité ne vole pas, et est remplacée lors de l’atterrissage sur la banquise par un Antonov An-2. On remarque aussi un Polikarpov U-2 qui, lui, n’a pas besoin d’être transformé pour faire vieux !

L’avion du « Krassin » est une maquette à l’échelle 1/1 d’un trimoteur Junkers G-23 muni de skis à peu près conforme à l’original. La scène de l’atterrissage forcé est très bien réalisée. Quant au Latham 47 (25.20 m d’envergure), il est figuré par une maquette ridicule avec cocardes françaises montrant un petit biplan.

 

Christian Santoir

* Film disponible sur amazon.fr

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