Année : 1967
Pays : URSS
Durée : 1h 18 min.
Genre ; guerre
Noir et blanc
Réalisateur : Naum Birman
Scénario : Naum Birman,
Vladimir Kunin
Acteurs principaux :
Gennadi Sajfulin (Sergei Arkhiptsev), Oleg Dal (Yevgeni Sobolevski), Lev Vajnshtejn (Veniamin Gurevich), Aleksandr Grave (Commandant de l'escadrille),
Pyotr Shcherbakov (chef
d'état-major), Georgi Korolchuk
(Mitka Chervonenko), Leonid Reutov
(Pastukhov), German Kolushkin
(Gribov), Irina Lavrentyeva (la
serveuse du mess).
Photographie : Aleksandr Chirkov
Compagnie productrice : Lenfilm Studio
Avions :
- Petlyakov Pe-2, au sol
- Tupolev Tu-2, en arrière-plan
- Yak-18
- Zlin 326
Notre avis :
Dans les années soixante, on tourna pas moins de huit films d'aviation en URSS. Ces films avaient deux grands thèmes, l'histoire de l'aviation soviétique et la « grande guerre patriotique » (traduisez : la seconde guerre mondiale). Ce film raconte les trois derniers jours de l'équipage d'un bombardier en piqué soviétique, pendant la seconde guerre mondiale.
Le film ouvre sur des actualités d'époque montrant des Yak-3 et des Petlyakov Pe-2. Puis on se retrouve sur une base de bombardiers en piqué, installée en bordure d'une forêt. Les pilotes sont réunis dans un abri à demi enterré qui leur sert de mess. Ils jouent, chantent, écoutent de la musique. Les missions ont lieu même par temps de brouillard. Les avions retournent au terrain avec parfois des morts à bord. Un équipage est constitué de trois jeunes hommes d'une vingtaine d'années qui, dans la vie civile, étaient, l'un, professeur, l'autre, musicien et le dernier, portraitiste. Le deuxième jour, cet équipage s'installe dans un abri, construit à proximité de leur appareil. Ils attendent, tout en évoquant leur passé. Le signal du départ est enfin donné. Le pilote finit par repérer des tanks camouflés dans un champ et passe à l'attaque. Mais le bombardier bientôt pris à partie par deux chasseurs, dont un est abattu par le mitrailleur. Sur leur base, c'est avec soulagement qu'on les voit atterrir indemnes. Le soir les pilotes se détendent en regardant un film comique. Le troisième jour, alors que l'on plie les parachutes, le courrier arrive. Les trois jeunes gens sont de nouveau envoyé en mission. La chasse, plus nombreuse, est particulièrement agressive. Les commandes de l'avion sont touchées, le radio est tué. En outre, la mitrailleuse est enrayée. Les Allemands se rapprochent et font signe au pilote de se poser. Il feint d'accepter et les suit vers leur terrain, mais alors qu'il a sorti le train, il se jette sur une rangée de chasseurs ! A la base, leur vieux mécano qui a suivi le drame à la radio, s'éloigne tristement..
Il faut sans doute avoir une âme slave pour apprécier le charme empreint de nostalgie de ce film. L'action y est rare, et on a le plus grand mal à ne pas s'endormir, surtout si on ne connaît pas le russe… Le rythme est extrêmement lent et la vie de cette base apparaît se dérouler au ralenti. Elle doit être située dans un secteur du front plutôt calme…Le scénario qui semble avoir été écrit au jour le jour, est servi cependant par des acteurs de qualité, mais les aérocinéphiles, n'auront d'yeux que pour le Petlyakov Pe-2.
Les avions du film :
Ce film à petit budget utilisa néanmoins quelques vrais avions. La principale vedette du film est le bombardier Petlyakov Pe-2 « Peshka », une version sans nez vitré, avec freins de piqué sous les ailes, muni d'un tourelle VUB-1 armée d'une mitrailleuse lourde Berezine de 12,7 mm. On remarque les deux trappes d'accès à bord, une sous le cockpit, pour le pilote et le navigateur mitrailleur, une autre sous le fuselage arrière pour le radio. Celui-ci sert, comme on peut le voir dans le film, une mitrailleuse mobile ShKAS de 7.62 mm qui peut être mise ne œuvre d'un côté ou de l'autre, à travers deux petits hublots. Le radio peut aussi tirer par une grande fenêtre rectangulaire s'ouvrant sur le haut du fuselage. Mais comme il n'y avait aucun support, il fallait du muscle pour s'en servir à ce poste et ce, malgré le petit saute-vent mobile qui se trouvait devant ! Il dispose également d'une mitrailleuse lourde ventrale, à faible débattement. L'avion du film pourrait être le Pe-2FT (M-105R) du musée de Monimo près de Moscou, auquel il ressemble trait pour trait. Cet avion ne vit pas les combats et passa directement de la chaîne de production au musée, à la fin des années quarante, ou au début des années cinquante. C'était en 1967, le seul Pe-2 existant en URSS. Il y a aujourd'hui deux rares exemplaires de cet avion en Russie ; il y en a aussi un en Pologne, un en Yougoslavie, ainsi qu'un autre en Chine. Un Pe-2 est en cours de restauration en Norvège à partir de plusieurs épaves retrouvées dans le pays.
Sur le terrain, on compte en tout quatre appareils qui apparaissent en arrière plan, assez loin. Ce pourrait être des maquettes grandeur réelle, avec des hélices pouvant tourner. Mais un moteur en étoiles, muni d'une hélice à quatre pales (ceux du Pe-2 n'ont que trois pales), que l'on voit démarrer en gros plan, est celui d'un Tupolev Tu-2, un bimoteur très ressemblant au Pe-2, avec se deux dérives. Lors d'une scène, derrière le Pe-2 des trois héros, on peut identifier effectivement un Tu-2S, caractérisé par son nez partiellement vitré. Il devait encore en exister quelques uns à l'époque du tournage, cet avion étant resté en service jusqu'en 1950.
Ces deux avions ne volaient pas et pour les décollages de groupe, le film a recours à des documents filmés pendant la guerre.
La chasse allemande est également représentée par des extraits de documentaires sur lesquels on voit des Focke Wulf Fw-190. Le tournage employa également de petits avions d'entraînement biplaces, au moins, trois Yak-18 qui font des passes sur le Pe-2, et un Zlin 326. Un des Yak porte l'insigne du JG.53, l'as de pique. Au sol, le Petlyakov des trois héros s'écrase sur des maquettes de Fw-190, peu ressemblantes.
Christian Santoir
*Film rare
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