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HENKER, FRAUEN und SOLDATEN

 

HENKER, FRAUEN und SOLDATEN

(Bourreau, femmes et soldats)

 

Pays : Allemagne
Année : 1935
Genre : Drame
Durée : 1 h. 32 min.
Noir et blanc

Réalisateur : Johannes MEYER
Scénario : Jacob GEIS, Max W. KIMMICH

Acteurs principaux :
Hans ALBERS (Rittmeister Michael von Prack / Genéral Alexej Alexandrowitsch von Prack), Charlotte SUSA (Vera Iwanowna), Jack TREVOR (Capitaine MacCallum), Ernst DUMCKE (Capitaine Eckau), Aribert WÄSCHER (Directeur General Brosuleit)

Musique : Peter KREUDER
Photographie : Franz KOCH
Compagnie productrice : Bavaria-Filmkunst Verleih

 Avions :

  • Albatros B.IIa,
  • LVG B.III 
  • Udet U.12 Flamingo

 

Notre avis :

Ce film fut une adaptation à l'écran du roman "Ein Mannsbild namens Prack" (Un nommé Prack) de Friedrich Reck-Malleczewen. Il sortit avec l'approbation de la censure nazie, en décembre 1935. Son scenario a pour cadre la période suivant l'armistice de 1918, qui fut une des périodes les plus sombres de l'histoire allemande, avec le chaos généralisé. Dès décembre 1918, d’anciens officiers démobilisés commencèrent à former des milices, appelées Freikorps (corps francs), à la demande du gouvernement légitime, la nouvelle armée allemande, la Reichswehr, n'étant pas encore créée. Les Freikorps, au printemps et à l'été 1919, se développèrent rapidement, dans le contexte de la lutte contre les révolutionnaires spartakistes. Mais ils sont également employés pour la défense de la frontière allemande orientale, comme par exemple la "Division de fer", qui devait empêcher une éventuelle invasion bolchevique, comme dans le film. Contrairement à la ligne politique officielle allemande, certains éléments des Freikorps n'avaient été recrutés que pour combattre les Bolchéviques, et lutter aux côtés des armées blanches, afin de pouvoir ainsi exercer une influence sur la Russie, dont l'avenir n'était pas encore clair. D'un autre côté, les anciens des corps francs, espérant participer à un coup d'état réactionnaire en Allemagne, constituèrent un facteur de déstabilisation de la République de Weimar et adhérèrent en nombre au mouvement nazi.

Le capitaine de cavalerie Michael von Prack, un pilote de chasse de la Grande Guerre, est fait prisonnier en Palestine, en 1918. Cependant, il saisit l'occasion de s'évader, en empruntant un avion prêt à décoller, avec lequel il parvient à rejoindre sa patrie, en Prusse orientale. Une fois arrivé, il est impliqué dans les désordres qui succèdent à l'armistice, survenue entre-temps. Dans un bar, Michael rencontre le capitaine Eckau qui recrute des soldats pour les corps francs qui combattent les Bolcheviques, malgré l'arrêt des combats. Michael s'engage et rencontre peu après, la belle Vera Iwanowna. Elle reconnait en lui, le cousin du général russe, Alexej Alexandrowitsch von Prack, dont elle est amoureuse et dont Michael est le sosie. Ce dernier commande les troupes russes qui luttent contre les corps francs. Alors qu'il se rend sur le front, Michel retrouve Vera qui est également une espionne russe. Quand Alexej  apprend que Vera a rencontré son cousin, qu'il hait et qui est le chef des troupes ennemies, il lui tend un piège en attirant ses corps francs dans un marécage où ils s'enlisent. Il provoque alors Michael en duel. Alexej est tué, mais Michael est gravement blessé. Parce qu'il ne porte pas son uniforme, les Russes le prennent pour leur commandant et l'emmènent au quartier-général. Bien que Vera le reconnaissent immédiatement, Michael joue son rôle de général, ce qui lui permet de découvrir d'importants secrets. Ils donnent également des ordres qui favorisent les corps francs, sur le terrain. Vera hésite entre amour et patriotisme, mais finit par révéler le double jeu de Michael au commissaire politique. Michael parvient cependant à s'échapper avant d'être arrêté. Maintenant, qu'ils connaissent les plans des Bolcheviques, les corps francs les attaquent par derrière. Michael est tué lors des combats et Vera meurt quand les corps francs partent à l'assaut du quartier général russe.

On l'aura compris, ce film réalisé peu de temps après l'arrivée au pouvoir des nazis, ne militait pas spécialement pour le rapprochement germano-soviétique qui n'était pas encore à l'ordre du jour... Ce film fut réalisé pour saluer le déploiement des corps francs dans les conflits armés, alors que la même année, les nazis déchiraient le Traité de Versailles en réarmant le pays et en créant la Luftwaffe, devant une Europe médusée. Ce film fut jugé "utile" par les services du ministère de la Propagande et Goebbels le trouva "captivant et enthousiasmant"

Le principal personnage du film est un Rittmeister (capitaine de cavalerie) et un ancien pilote de la Grande Guerre, décoré de l'ordre "Pour le Mérite", tout comme von Richthofen. Ces vétérans de l'aviation, comme ceux de l'infanterie, furent nombreux à se retrouver dans le parti nazi. Le film rappelle aussi que l'armée ottomane qui combattit contre les Anglais en Palestine, était appuyée par une aviation équipée et encadrée par les Allemands. Il y a donc quelques avions dans ce film dont la majeure partie se passe au sol, à pied ou a cheval, von Prack étant visiblement retourné à son corps d'origine, après son retour en Prusse…

 

Les avions du film :

Au début du film, Von Prack, est tombé en panne d'essence près d'un petit village arabe. Son avion est un Albatros B.IIa, non pas un chasseur, mais un avion d'école, une version du B.II apparue en 1917, avec un système de refroidissement modifié et une voilure plus grande. L'armée turque possédait effectivement de nombreux Albatros (112 appareils types B.I, C.I, C.II, C.III). Il ne porte aucune marque, à part des croix noires sur le fuselage, des croix de fer remplacées en 1918 par des Balkenkreuze… On remarque le bricolage du montage de la mitrailleuse (factice) sur le capot moteur, avec les bandes de munitions qui pendent à l'extérieur ! L'Albatros B.IIa (L30) fut utilisé en école, puis après la guerre, dans les aéroclubs, jusqu'en 1928. En 1935, il ne devait pas en rester beaucoup. Un exemplaire (Wknr. 10019, D-690) qui, en 1921, était exploité par la Bayerischen Luft-Lloyd de Munich, avait été  acquis, en 1934, auprès d'un particulier, par le DLV (Deutsche LuftfahrtVerband) de Berlin. Puis, il sera utilsé par le Fliegerkorps national socialiste, jusqu'en 1940, avec le code "NG+UR". Puis, il rejoignit la collection du musée Deutsche Luftfahrtsammlung de Berlin. Mais on ne sait si ce vénérable avion (qui a survécu à la guerre et qui est visible au musée de l'aviation de Cracovie) participa au tournage.

Quand il décolle, une fois le plein fait, il est remplacé par un Udet U.12 filmé de dos. En l'air, il rencontre un LVG B.III anglais (!). C'était lui aussi un avion d'entraînement, apparu en 1917, tout aussi rare en 1935. Aucun n'apparaît sur les registres civils allemands (avant ou après 1934), contrairement aux modèles postérieurs LVG C.V ou C.VI. Lui aussi est équipé d'une mitrailleuse (une Lewis Mk.1) au montage improbable, car fixée sur un pivot au bord du cockpit (Attention à l'hélice !). Il est vite remplacé par un avion plus moderne, un Heinkel He.72 Kadett, au matricule en partie effacé (D-***F), sans doute un avion de la DLV.

Enfin, von Prack atterrit chez lui (sur le terrain de Berlin-Johannistahl ?) en empruntant aux Anglais un Udet U.12a Flamingo, muni d'un démarreur électrique (!). Cet avion ne porte aucune marque visible. Au décollage, il est équipé d'un moteur en étoile Anzani 6 cyl., mais à l'atterrissage, il a un autre moteur, plus puissant, monté en série sur ce type, un Siemens-Halske Sh.14…Certes, von Prack n'avait pas le choix, mais l'autonomie du U-12 (450 km), pour entreprendre un voyage de 3 000 km à vol d'oiseau, était un peu courte et obligeait à sept escales, au moins, pour faire le plein, sans parler du temps de vol à 115 km/h de moyenne…

 

 Christian Santoir

*Film disponible sur ebay.de

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