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GOD IS MY COPILOT

 

GOD IS MY COPILOT

 

Année : 1945
Pays : USA
Durée : 1 h 30 min.
Genre : guerre
Noir et blanc

Réalisateur : Robert Florey
Scénario :  Abem Finkel , Peter Milne
Histoire originale : Colonel Robert L. SCOTT

Acteurs principaux :

Dennis Morgan (Colonel Robert Lee Scott), Dane Clark (Johnny Petach), Raymond Massey (Général Claire L. Chennault ), Alan Hale (Big Mike Harrigan), Andrea King (Catherine Scott ), John Ridgely (Tex Hill), Stanley Ridges (Colonel Meriam 'Steve' Cooper), Craig Stevens (Ed Rector), Warren Douglas (Bob Neale), Mark Stevens (Sergent Baldridge), Charles Smith (Motley), Minor Watson (Colonel Caleb V. Haynes), Richard Loo (Tokyo Joe) 

Musique : Franz Waxman
Photo :Sidney Hickox
Prise de vues aériennes : Charles A. Marshall
Conseiller technique : Col. Robert Lee Scott Jr.
Producteur : Robert Buckner
Compagnie productrice : Warner Bros.

Avions :

  • -Curtiss P-40E/F
  • -North American B-25C/D/G
  • -North American AT-6
  • -Republic P-43 Lancer 

 

Notre avis :

Dès 1945, la guerre n’était déjà plus un sujet pour les films d’aviation, aux Etats-Unis. Le tigre du ciel de la Warner fut une exception. Son scénario présente la vie du colonel Robert L. Scott qui s’était fait connaître quand il commandait, en Chine, le 23 Fighter Group du général Chennault, les descendants directs des célèbres Tigres volants. La Rose de Tokyo, une speakerine nippone très écoutée par les soldats américains (c’était la seule radio qu’ils recevaient), l’appelait le « play-boy d’Hollywood », une allusion à son rôle de conseiller technique et de pilote pour le film « Keep them flying » d’Universal, en 1941. La vie de Scott est effectivement un histoire remarquable qu’il a racontée dans son livre « God is my copilot », dont les droits furent acquis par les studios avant même son achèvement ! Cette histoire raconte comment un instructeur de trente quatre ans réussit à trouver le chemin de la Chine et y accéder rapidement à un commandement en première ligne. Le manuscrit de son livre fut commencé après son retour aux Etats-Unis, en janvier 1943. Il le montra à Jack Warner qui l’accepta aussitôt. Scott reçut même l’autorisation du général H. Arnold, le chef de l’USAAC, pour participer au tournage. Arnold utilisait le cinéma pour « vendre » son armée de l’air en vue d’en faire un corps à part, ce qui sera fait en 1947. La production commença par traîner en longueur et ce n’est qu’un an et demi après que Scott ait pris contact avec la Warner, que le tournage débuta, en août 1944.

Le film commence en 1942 à Kunming, où le colonel Scott se désole de ne pouvoir participer à une des premières grandes attaques contre les forces japonaises en Chine. Le film effectue alors un retour en arrière, en Georgie, à l’époque où Scott était un jeune garçon ne rêvant que de voler. A force de persévérance, il réussit à entrer à West Point et à intégrer l’USAAC comme cadet. Aussi tenace dans le travail qu’en amour, chaque week-end, il fait des centaines de kilomètres pour voir sa fiancée, Catherine. Il suit une formation de chasseur mais doit aussi assurer le transport du courrier quand l’Armée en est chargée. Il finit comme instructeur. La guerre est déclarée mais son âge l’empêche d’être affecté à une unité combattante. Un jour, on lui demande s’il peut acheminer des B-17 en Chine via l’Egypte et l’Inde, le but ultime de ce transfert étant d’aller bombarder le Japon ! Il saute sur l’occasion, alors qu ‘il n’a jamais piloté de quadrimoteur; il apprendra en route. Mais en Inde, vu la prise des Philippines par les Japonais, la mission est annulée. Promu au grade de colonel, il reçoit alors la charge d’assurer le ravitaillement de Chennault, chef de l’American Volunteer Group, en matériel et munitions par dessus l’Himalaya (the «Hump »). En Chine, il rencontre le charismatique colonel et les Tigres volants. Chennault accepte de lui prêter un P-40 à Kunming et l’autorise à faire des patrouilles solitaires. Il s’en prend d’abord à des troupes au sol, puis au fameux « Tokyo Joe », un as japonais élevé en Californie ! Scott fait peindre le nez de son avion de couleur différente à chaque sortie, et les Japonais finissent par croire que Chennault dispose d’une nouvelle escadrille!. Ses exploits de Scott sont exposés à la vitrine des journaux de sa ville natale. L’AVG doit céder bientôt la place au 23th Fighter Group intégré dans l’USAAF (5 juillet 1942). Les Tigres volants s’enrôlent tous dans la nouvelle unité. Scott participe au premier bombardement de Hong Kong. L’hôtel habité par les généraux japonais et leur familles (le Peninsula hotel) est mitraillé, à la grande joie des civils anglais et américains qui croupissent dans le camp de Fort Stanley. Scott abat Tokyo Joe, mais son avion est touché et s’écrase. Il est donné pour mort. Scott réapparaît peu après, sauvé par des paysans chinois. Finalement, Chennault l’autorise à participer à la grande offensive après que Scott ait adressé une prière au ciel. Le film se termine sur la figure de Scott, radieux dans son cockpit, alors qu’on entend une sorte de sermon prononcé par l’aumônier !! C’est d’ailleurs ainsi que se termine le livre de Scott :

 « Et, sous la coupole sainte de l’espace infini

 Tendant la main, j’ai touché la face de Dieu .»

Amen !

Il ne sera pas le seul pilote de guerre à avoir rencontré Dieu, au détour d’un nuage…Le général Arnold appelait Scott « le pilote personnel de Dieu » ! Mais dans ce film, la Warner en a rajouté. Plus que le livre de Scott, le scénario est empreint de piété. Le rôle du prêtre qui rappelle l’aumônier Ryan des Tigres volants, est omniprésent : au début du film, dans son école, au milieu du film, avec les infirmières chinoises, dans le cockpit du P-43, dans la « crasse » qui disparaît comme par miracle, à la fin du film, où le maladif Scott se transforme d’un coup en un pilote sautant prestement dans son avion pour en découdre.. Tout cela est très hollywoodien. De même, les peu probables altercations par radio, entre Tokyo Joe et Scott, qui sont totalement grotesques. La Warner rééditera pourtant ce genre de dialogues dignes d’une BD, dans « Les géants du ciel » en 1948.

Il n’en reste pas moins vrai que le colonel Scott fit 388 missions de combat entre juillet 1942 et octobre 1943, abattant treize avions japonais, au sein du 33th Fighter Group. Scott ne fit jamais partie de l’AVG et ne porta pas l’uniforme chinois comme dans le film. En Inde, à Assam, il était l’adjoint du colonel C.V. Haynes chef de la ligne ABC (Assam-Birmanie-Chine). A Assam, il commença par récupérer un P-43 que les pilotes chinois n’appréciaient guère. Cet avion grimpait haut grâce à son turbocompresseur, mais ses réservoirs fuyaient. Scott l’utilisa néanmoins pour escorter les transports au dessus de la Birmanie. Le 29 avril 1942, il préleva, avec l’autorisation de Chennault, un P-40E sur une livraison d’appareils neufs arrivant de Takoradi (actuel Ghana). C’est avec cet avion, et à partir de la base d’Assam, que Scott mena « sa »guerre au dessus de la Birmanie. En juillet 1942, Scott fut nommé chef du 23 Fighter Group de la China American Task Force, par le général Arnold sur recommandation de Chennault. Le lieutenant colonel H. Sanders, chef du 51st FG en Inde, postulait également pour ce poste. Scott connaissait beaucoup de pilotes de l’AVG et avait déjà commandé une escadrille de chasse en 1934. Contrairement à ce qui est montré dans le film, les pilotes de l’AVG ne s’enrôlèrent pas en masse dans l’USAAF qui les considérait comme des mercenaires, des francs tireurs qu’il convenait de mettre au pas. Certains officiers doutaient même de leurs victoires ! En plus, la plupart étaient des réservistes de l’US Navy ou des Marines. Seul cinq pilotes rempilèrent, même si il est vrai que beaucoup acceptèrent de prolonger de quinze jours leur contrat pour aider à la transition. Dix neuf anciens de l’AVG rejoignirent la CNAC (Chinese National Aviation Corporation).

La plupart des personnages sont inspirés de personnes bien réelles comme Chennault, mais aussi les pilotes Tex Hill, Ed Rector, Bob Neale, Johny Petach qui se fit tuer alors qu’il avait décidé de prolonger son séjour pour encadrer les jeunes recrues. Mais le scénariste ajouta l’as japonais, qui n’est pas simplement un méchant, mais un « nisei » né en Californie, autrement dit un traître à son pays. La malaria que Scott ne contracta jamais, est aussi une invention ; il devait même y avoir une intrigue amoureuse que Scott, mari fidèle, fit retirer du script.

Scott, Chennault et les autres militaires qui virent le film en avant première, furent désappointés et franchement gênés. Mais H. Arnold, malgré son étonnement, décida que c’était un bon film  et qu’il servait les intérêts de l’aviation ! La première du film eut lieu le 21 février 1945 à Macon (Georgia), la ville natale de Scott. A part les spectaculaires scènes aériennes, la plupart réalisées par Scott, le reste ne reçut pas les éloges de la critique...

 

Les avions du film :

Le tournage eut lieu sur une des bases de l’USAAF, à Luke field en Arizona dont le climat est bien différent de celui, plutôt humide, de la région de Kunming. Scott fut affecté aux studios pour la durée du film. Partageant son temps entre Luke field et les studios de la Warner à Burbank, il participa néanmoins en tant que pilote à de nombreuses scènes aériennes.

Pas moins d’une cinquantaine d’avions avaient été réunis, une armada qui équivalait à peu près à ce que Chennault avait eu à sa disposition pour combattre en Chine. L’USAAF accepta en outre, de fournir un Curtiss A-25, un Lockheed A-29 et un Beechcraft AT-11 comme avions cameras pour les vues aériennes. Les anciens pilotes cascadeurs Frank « Speed » Nolta et Frank Clarke furent les coordinateurs des séquences aériennes.

La 6th Operational Training Unit de la base de Luke commandé par le capitaine Clifford S. Peterman, prêta environ vingt cinq P-40E/F; la 6th OTU était une unité de transformation sur P-40 pour les pilotes américains et chinois devant être envoyés outre mer. Le Curtiss P-40E de Scott s’appelait l’ « Exterminateur » et portait le numéro de série 41-1456, selon lui. Mais ce numéro serait plutôt une erreur involontaire ou volontaire pour tromper les Japonais. Le vrai serial était le 41-5696 ; cet avion convoyé de Takoradi par le lieutenant Hans Werbke eut un accident à l’atterrissage à Karachi le 29 mars 1942, la date donnée par Scott pour sa « prise en charge » de l’appareil. Scott raconte qu’il ne put emmener en Chine cet avion quand il prit le commandement du 23 th FG, le chef mécanicien refusant de prendre en charge un appareil chinois (de l’ex AVG). Il dit avoir effectué l’échange des numéros avec le nouvel appareil qu’il avait reçu afin de conserver son fidèle « Exterminateur ». Le P-40 de Scott portait le numéro 10, vite changé en 7. En effet, s’annoncer à la radio par : «Un Zéro en finale » pouvait être mortel ! L’avion était vert et gris, avec la gueule de requin et l’insigne des Tigres volants dessinée par Walt Disney, mais transformée : le tigre portait le haut de forme de l’Oncle Sam et déchirait de ses griffes un drapeau japonais, le tout sur fond d’étoile chinoise. Un P-40E vole aux USA avec le serial de Scott, mais ce n’est pas le vrai. Pour compléter les avions sur le terrain de « Kunming » on utilisa six répliques de P-40 en bois du film « Flying tigers » (1942).

La 3028th Air Base Unit de Luke fournit également dix huit North American AT-6 pour figurer les Zéros japonais. Notons que les Tigres Volants eurent plus souvent affaire à des Nakajima Ki-27 à train fixe, et Ki-43 Hayabusa, souvent confondu avec le Zéro. Dans son livre, Scott affirme même avoir rencontré au dessus de Hong-Kong des « Messerschmitts japonais » bimoteurs (des Bf.110 donc ?), ce qui est plus qu’improbable, même si les Américains lui avaient donné le nom de code « Doc ». Scott dit également avoir mitraillé un Ju 52 (code « Trixie ») au sol ; mais dans ce dernier cas, il peut s’agir d’un avion civil saisi par l’armée japonaise.

Le 952th Tween Engine Training Squadron de Mather field (Sacramento) fournit vingt cinq North American B-25 C/D/G. Cette unité avait déjà fourni des Mitchells pour le film « Trente secondes sur Tokyo » (1944). Un des ces avions entra en collision avec un AT-6 qui faisait une passe sur lui. Une aile sectionnée, le B-25 et l’AT-6 s’écrasèrent au sol et on eut à déplorer la perte de cinq hommes.

Comme dans la réalité, on voit atterrir le colonel Scott dans un Republic P-43 Lancer l’avion avec lequel il commença ses « parties » de chasse. Des documents filmés montrent des Consolidated PT 3/13/17 à Kelly field, un Douglas O-38E de la California ANG, un Curtiss C-46 Commando qui devient un Douglas C-47 à l’atterrissage, un Martin B-26 et même, brièvement un Boeing P-12. Des extraits d’« Air Force » (1943) nous montrent des B-17C dont le « Mary Ann » . Enfin, les studios se servirent de maquettes de cockpits (N3N pour celui du P-12, SB2U-1 pour celui d’un Zéro) provenant de « Dive bomber » (1941).

 

 Christian Santoir

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