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FLIGHT COMMAND

 

FLIGHT COMMAND

 

Année : 1940
Pays : Etats-Unis
Durée : 1 h 56 min
Genre : Drame
Noir et blanc

Réalisateur : Frank Borzage
Scénario : Wells ROOT, Harvey S. Haislip

Principaux acteurs :

Robert Taylor (Enseigne Alan Drake), Ruth Hussey (Lorna Gary), Walter Pidgeon (Commandant. William Gary), Paul Kelly (Lieutenant de vaisseau. 'Dusty' Rhodes), Shepperd Strudwick (Lieutenant Jerry Banning), Red Skelton (Lieutenant 'Mugger' Martin), Nat Pendleton (sous-officier 'Spike' Knowles), Dick Purcell (Lieutenant 'Stichy' Payne), William Tannen (Lieutenant Freddy Townsend), William Stelling (Lieutenant. Bush), Stanley Smith (Lieutenant Peter Frost), Addison Richards (Vice Amiral.) 

Musique : Franz Waxman
Photo : Harold Rosson
Prises de vues aériennes : Paul Mantz, Frank Clarke
Producteur : Frank Borzage, J. Walter Ruben
Compagnie productrice : MGM

Avions :

  • -Curtiss SBC-4 Helldiver 
  • -Grumman F3F-2 
  • -Ryan STA, NC17344
  • -Seversky Sev-S2, maquette
  • -Sikorsky XPBS-1

 

Notre avis :

Le déclenchement de la guerre en Europe fut pour Hollywood l’occasion de produire un nouveau genre de film d’aviation ayant pour thème la préparation au combat. Il fallait montrer au public américain que son Armée, loin de s’endormir dans un isolationnisme illusoire, fourbissait, au contraire, ses armes et serait prête à défendre le territoire en cas d’agression. Les Etats-Unis étant encadrés par deux océans, l’aéronavale allait être l’arme de prédilection des studios. « Flight command » de la MGM examine de prés l’entraînement d’une escadrille de la Navy et fut la première « affiche » de recrutement cinématographique avant l’implication des USA dans la guerre. C’était la troisième fois que la MGM tournait sur la base de la Marine de North Island (CA), après « The flying fleet » (1929) et « Hell divers »(1931), cette base étant devenue une sorte d’annexe des studios hollywoodiens,.

L’histoire écrite par Wells ROOT et le commandant de l’US Navy, à la retraite, Harvey Haislip, se focalise sur les « Hell Cats » de la VF-8, une escadrille de chasse d’élite, basée à North Island, San Diégo. Un de leurs pilotes, tué lors d’un exercice, est remplacé par un jeune réserviste frais émoulu de Pensacola (Fl.), l’enseigne Alan Drake. Le commandant et son épouse Lorna, l’accueillent aimablement mais les autres pilotes qui l’appèlent « Pensacola », n’apprécient guère son attitude fanfaronne. Drake fait de son mieux pour les impressionner avec ses connaissances, mais il ne réussit qu’à les braquer encore plus contre lui. Il a cependant un ami, Jerry, le frère de l’épouse du commandant qui a inventé un système d’atterrissage sans visibilité. Pendant la compétition de tir annuelle, Drake vole littéralement à travers la manche à air qui sert de cible, enlevant du coup toute chance de gagner à son escadrille qui avait toujours remporté le trophée jusque là. Plus tard, Drake réconforte la femme de son commandant après la mort de son frère Jerry qui s’est tué en voulant essayer son système d’atterrissage sans visibilité. Sans que Drake y soit pour quelques chose, elle tombe amoureuse de lui, alors que son mari est en tournée d’inspection. Le comportement des « Hell Cats » qui le soupçonnent d’être l’amant de Lorna, conduit Drake à donner sa démission. Lors de son dernier vol avec l’escadrille, Drake porte secours au commandant Gary qui a dû se poser sur une île déserte. Il le ramène, blessé, vers la base baignée par un brouillard dense, mais il peut atterrir grâce au système de guidage qu’il a contribué à mettre au point. Au milieu des excuses, il gagne le respect des autres pilotes et le droit de faire parti du petit cercle très fermé des « Hell cats ».

Malgré l’incontournable triangle amoureux entre Pensacola, le commandant Gary et sa femme qui n’apporte pas grand chose à l’intrigue, « Flight command » reste un film intéressant à regarder. Il fournit un aperçu crédible de l’entraînement d’une escadrille de chasse de la Navy et des activités aériennes à North Island juste avant la guerre. Il met aussi l’accent sur l’esprit de corps régnant au sein des escadrilles qui constituaient des petites familles où vie professionnelle et vie privée se mélangeaient parfois. Les scènes savamment chorégraphiées de grandes formations de chasseurs sont le point fort du film et dépassent tout ce qui avait été vu dans un film d’aviation, jusqu’ici. La pre-production commença au début de 1940. Sachant que la coopération de la Marine était essentielle pour le succès du projet, le producteur Jack RUBEN travailla pendant plusieurs mois avec les scénaristes ROOT et HAISLIP pour fournir un script acceptable par les militaires de Washington. Après quelques petits ajustements, le département de la Marine approuva le scénario et sembla satisfait du choix de Walter Pidgeon et Robert Taylor comme officiers pilotes. En juin 1940, Ruben se déplaça avec ses collaborateurs à la base navale de North Island, à San Diego, où toutes les séquences aériennes du film devaient être tournées. Les y attendaient les dix huit avions et pilotes de la VF-6 qui avaient été sélectionnés par la Marine pour participer au film. Pendant deux semaines, Frank Borzage et son équipe traquèrent la « Fighting six » avec leurs caméras. C’est sur la base de North Island qu’allaient être filmés les décollages et les atterrissages en groupe, et c’est de cette base que partirent les grandes formations aériennes filmées au dessus de Coronado. Paul Mantz, dans une des périodes les plus actives de sa carrière, s’occupa de toutes les prises de vues aériennes, à bord de ses trois avions caméras : le Boeing 100, le Lockheed Orion et le Lockheed Vega. Son camarade Frank Clarke et l’aviatrice Laura Ingalls l’aidèrent dans ce travail. Cette dernière, membre éminent du « America First Committee », avait en septembre 1939 « bombardé » la Maison Blanche avec des tracts, contre la participation des USA à la guerre. En 1942, elle sera arrêtée par le FBI et emprisonnée en tant qu’agent nazi…

La MGM tourna également à bord de l’USS « Enterprise » (CV-6), lors de manœuvres au large des côtes californiennes. Pendant l’été 1940, la situation internationale très instable mit la Marine américaine en effervescence. Au milieu du tournage, la VF-6 reçut l’ordre de rejoindre Pearl Harbor, pour des manoeuvres exceptionnelles au large d’Hawaï. Des arrangements de dernière minute furent pris pour qu’une équipe accompagne l’escadrille sur l’ « Enterprise ». Le directeur de la seconde équipe, Richard Rosson, filma pendant six semaines la VF-6, à bord du porte-avions en manœuvre, dans la région d’Honolulu. La Marine fournit même des avions pour les caméras. En retour, elle demanda à la MGM de lui faire un court métrage sur la formation des pilotes de l’aéronavale ; ce fut « Cloud hoppers », sorti à la fin de 1940.

Avec la VF-6 à Hawaï, une escadrille de chasseurs des Marines, la VMF-2 fut appelée en renfort pour compléter les scènes à la base de North Island. Les décorateurs repeignirent hâtivement les avions avec les marques de la Navy, un véritable sacrifice pour tout Marine bien né ! Parmi les pilotes des Marines, il y avait un certain lieutenant Greg Boyington qui allait démissionner un an plus tard (au grand soulagement de ses supérieurs), pour signer un contrat avec la CAMCO en Birmanie. Il fera parler de lui, à plus d’un titre, chez les « Tigres volants » du général Chennault.

Le tournage à North Island se termina en septembre 1940. Il restait à intégrer toutes les scènes filmées en extérieur avec celles tournées dans les studios de la MGM à Culver city (CA), notamment celle du crash final. Le film fit sa première à New-York, le 16 janvier 1941, et reçut un excellent accueil. On ne connaît pas son impact sur l’enrôlement des jeunes dans l’aviation, mais il suscita au moins une vocation. Robert Taylor fut si satisfait de son rôle qu’il prit des leçons de pilotage lors du tournage, et devint pendant la guerre, instructeur sur multimoteur dans la Navy.

 

Les avions du film :

Le spectateur le moins averti avait sans doute remarqué le contraste existant entre les chasseurs de « Flight command » et les avions européens vus chaque semaine, aux actualités. Le Grumman bien que représentant le summum de l’art en matière de biplan, ne pouvait être comparé ni avec les Messerschmitts Bf-109, ni avec les Spitfire Mk.I et II, et autres Hurricanes. La présence de ces appareils dans le ciel de l’Europe était un sujet fréquemment évoqué par le correspondant de la station de radio CBS. Le film tient compte de ce retard technologique en faisant dire au commandant Gary : « Ils ont de nouveaux matériels pour nous à Philadelphie. Il y a un chasseur qui fera ressembler nos avions (les F3F-2) à des tortues !» Un an après la sortie du film, les Grumman F3F-2 étaient retirés du service. La VF-6 toucha ses premiers Wildcats en mai 1941, et était en pleine transition quand elle participa à son second et dernier film du temps de paix, « Dive bomber » de la Warner.

Les vedettes du film sont donc des Grumman F3F-2 (dont les BuNos 1012, 1028, 1029) de la VF-6 basée sur l’USS « Enterprise » (CV-6, mais marqué « EN » sur le pont), et de la VMF-2. Le F3F-2 BuNo 1028 est actuellement la propriété de Kermit Weeks en Floride, sous l’immatriculation N26KW. Pour les besoins du film, l’étoile filante de la VF-6 a été remplacée par l’insigne des « Hell Cats ». Le F3F-2 est visible dans tous ses détails. On notera le microphone fixé au dessus du tableau de bord au moyen de sandows et qui ne semble pas avoir jamais équipé ces avions ; mais comme on le sait, Hollywood a horreur des laryngophones…Par contre, le viseur à lunette (Mk III Mod. 4) et la ciné-mitrailleuse fixée sur l’aile supérieure était des équipements standards. Ces avions n’étaient pas, bien sûr, pourvus d’ILS, bien que le système inventé par Jerry Banning dans le film ne semble pas très nouveau. Dès 1934, l’USAAC avait fait des essais d’atterrissage sans visibilité concluants, en utilisant le système d’approche Hegenberger que Pensacola essaie d’expliquer à ses camarades, plutôt sceptiques. Enfin, on ne sait pas si les « Hell Cats » furent à l’origine du nom du célèbre chasseur de Grumman, le F6F, qui n’apparut qu’en 1942. Dans la lignée des félins de Grumman, le « Hellcat » est le seul nom qui ne correspond à aucun animal réel…

Si le F3F-2 fut le dernier chasseur biplan de l’aviation américaine, le Curtiss SBC-4 Helldiver (second du nom) fut le dernier biplan de combat à être produit. Il resta même en service après le F3F-2 puisqu’il était encore dans les unités au moment de l’attaque de Pearl Harbor par les Japonais. Mais on voit que dans certaines escadrilles, il était déjà réduit à des tâches de servitude. On voit ainsi, un SBC-4 avec un faux marquage (6-F-19), transformé en remorqueur de cible.

Le « nouveau » chasseur de la Navy que Drake doit abandonner au début du film, est une maquette grandeur de Seversky Sev-S2 construite pour le film «Test pilot» (1938). Ce chasseur est appelé « Brewman » (un mélange de Brewster + Grumman), ce qui fait penser au Brewster « Buffalo » que la Navy recevra à partir de juillet 1941. La scène de l’atterrissage sans visibilité est une scène fréquente dans les films hollywoodiens, et on se rappellera, entre autres, de celle de « Only angels have wings ». Mais ici, le pilote préfère sauter en parachute abandonnant l’avion à son sort, ce qui était la procédure habituelle sur les terrains non équipés de système d’atterrissage aux instruments…

Drake emmène la femme de son commandant dans un Ryan STA (NC17344) de location, marqué : « Comet Rental-U’Fly‘em ». Lors des recherches de ce qui semble être une maquette grandeur de l’épave d’un Consolidated PBY (appelé «PBY-6 » mais qui devait plutôt être un PBY 3/4, n° 6), on voit, en vol, un magnifique Sikorsky XPBS-1 (9995). Cet hydravion est très rare au cinéma puisque c’est sa seule apparition à notre connaissance..

 

Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.fr

 

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