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DRAGON RAPIDE

 

DRAGON RAPIDE

 

Année : 1986

Pays : Espagne

Genre : Drame

Durée : 1h 30 min.

Couleur

 

Réalisateur : Jaime CAMINO

Scénario : Jaime CAMINO, Román GUBERN

 Acteurs principaux :

Juan DIEGO (Général Franco), Manuel de BLAS (Général Mola), Saturno CERRA (Général Kindelan), Eduardo MacGREGOR (Général Fanjul), Ramón DURAN (Général Cabanelles), Carlos LUCENA (Général Batet), Alberto FERNANDEZ (Général Orgaz), Jorge BOSSO (Colonel Solans).

Musique : Xavier MONTSALVATGE

Photographie : Juan AMOROS

Producteur : Jaime CAMINO

Compagnie productrice : Radiotelevisione Italiana, Televisión Española (TVE), Tibidabo Films S.A.

 

Avions :

  • Bücker Bü.131 Jungmann, en arrière-plan
  • De Havilland DH.89 Dragon Rapide, G-AKIF

 

Notre avis :

Malgré son titre, ce film n'est pas un documentaire sur une des célèbres productions de la firme De Havilland. C'est un film historique qui se propose de nous faire revivre les deux semaines précédant le coup d'état militaire survenu en Espagne, en juillet 1936. Il explique comment les conspirateurs, dont le général Franco Bahamonde, ont agi et réalisé leur plan. Le sujet est connu et des dizaines de livres, plusieurs films, ont traité de cette page tragique de l'histoire espagnole. La mort de Franco en 1975 et le changement de régime consécutif n'ont pas refermé toutes les plaies et le sujet est toujours très sensible en Espagne.

Le réalisateur, Jaime Camino, dont l'œuvre est marquée par la guerre d'Espagne, a voulu mettre l'accent sur l'avion qui fut un élément clé de l'histoire. Il permit, en effet, au général Franco, alors gouverneur des Canaries où il avait été relégué, car jugé dangereux par le gouvernement de Madrid, d'entrer secrètement au Maroc espagnol pour prendre la tête de la rébellion.

Pour éviter d'éveiller la suspicion du gouvernement, Luca de Terna, directeur du journal monarchiste ABC, Luis Bolin, son correspondant à Londres, Juan de la Cierva (l'inventeur de l'autogyre) louèrent, le 11 juillet 1936, un De Havilland Dragon Rapide, piloté par le capitaine Cecil Begg, à la compagnie charter Olley Air Services Ltd., de Croydon, pour se rendre aux Canaries. Luis Bolin voyagea camouflé en touriste anglais, en compagnie d'un major en retraite, de sa fille et de son amie. Ils parvinrent à Gando (Grande Canarie) après des escales techniques à Bordeaux, Biarritz, Lisbonne et Casablanca. Quand Franco s'embarqua dans l'avion, à Las Palmas, il était en civil, avec sa moustache rasée, et se faisait passer, lui aussi, pour un touriste britannique. Bebb, qui ne connaissait pas le vrai motif du voyage, fut étonné de voir Franco passer son uniforme, avant d'atterrir le 19 juillet 1936, à Tétouan, au Maroc espagnol.

Le film, relate ces faits et les préparatifs du coup d'état, entre le 4 et le 19 juillet 1936. Il commence avec la découverte accidentelle du complot par un jeune journaliste qui surprend une conversation, derrière une porte. De nombreux généraux espagnols (Franco, Mola, Goded, Fanjul) étaient des conservateurs, favorables à l'Eglise et à la monarchie. Ils étaient choqués par le règne de terreur instauré de fait par les milices communistes incontrôlées, que le gouvernement républicain laisser agir. Il était urgent, selon eux, d'éliminer le Front Populaire et ses syndicats. C'est un banquier de Biarritz, Juan March qui financa la location de l'avion. Les préparatifs du coup d'Etat prévu sont coordonnés par le général Mola. Franco est indécis au début, comme certains conspirateurs qui ne savent pas s'il faut maintenir la république ou favoriser le retour à la monarchie. L'arrestation, puis le meurtre, du monarchiste José Calvo Sotelo, par les Républicains, en réponse à l'assassinat, les jours précédents, de José Castillo, un membre du Parti socialiste, officier de la Garde d'Assaut, par des phalangistes, précipite les événements. Le film se termine avec l'arrivée du "Dragon Rapide" de Franco à Tétouan, où il prend la tête de l'armée d'Afrique.

Notons que Franco quitta le Maroc espagnol pour l'Espagne, dans un Junkers Ju.52 de la Luftwaffe, après avoir demandé l'aide d'Hitler, la Marine espagnole étant contrôlée par les révolutionnaires communistes.

Le film, très bien interprété, à la fois film d'espionnage et thriller politique, expose les fait en les dramatisant, sans trop s'éloigner de la vérité historique. Une de ses originalités est de montrer Franco dans son cadre familial, avec sa femme Carmen et sa fille.

Il est difficile en Espagne d'être impartial sur la guerre civile, une guerre qui divisa non seulement un pays, mais des villes, des familles. Certains événements ont été occultés par le réalisateur, d'autres simplement évoqués. Mais un film, qui n'est pas un documentaire, ne peut reproduire toute la complexité de cette période. Il se montre finalement plus impartial que les autres films traitant de la guerre d'Espagne. Il montre que Franco n'était pas le seul général à être impliqué et qu'il avait une large part de la population avec lui. Il dépasse le clivage habituel entre les Nationalistes, décrits comme une bande de fascistes assoiffés de sang, et les Républicains, montrés comme d'aimables défenseurs de la Liberté. Les deux camps comportaient la même proportion d'assassins, la guerre civile étant de toutes les guerres, la plus affreuse, où que ce soit.

 

Les avions du film :

La vedette du film est le De Havilland DH.89 Dragon Rapide "G-ACYR" (c/n 6261). Cet avion, avec un cabine équipée en version luxe, avait été livré en octobre 1934 à Olley Air Service Ltd., compagnie qui avait été choisie par Juan de la Cierva. A la déclaration de la guerre, il continua à être exploité par Olley, dans le cadre de l'AAJC (Associated Airways Joint Committee), chargé de coordonner les activités des lignes intérieures britanniques, mais aussi par Scottish Airways. A la fin de la guerre, il fut acquis par Miles Aircraft, puis, en 1946, par Reid & Sigrist Ltd, et en 1953, par Air Couriers Ltd. Réformé, l'avion fut acheté par un certain Griffith qui en fit don au général Franco, en 1954. Arrivé en Espagne en 1957, Franco le donna au futur musée de l'Air de Cuatro Vientos, à Madrid. Il y est toujours exposé sous sa livrée d'Olley Air Service Ltd.

Naturellement, l'avion utilisé par le tournage ne fut pas ce précieux avion historique, qui n'est d'ailleurs plus en état de vol. On utilisa le De Havilland DH.89B Dominie G-AKIF (c/n 6838) appartenant, depuis 1973, à la compagnie anglaise Airborne Taxi Services Ltd de Duxford. Il était déjà apparu dans plusieurs téléfilms (dont la série "South Riding", en 1974). Aucune mention n'est faite de la compagnie ou du pilote dans le générique du film, qui cite, par ailleurs tous les coiffeurs, les costumiers et leurs assistants…

Pris en charge, en 1945, par la RAF à Halton (code NR750), l'avion fut vendu en 1947. Il passa alors de main en main (Hamson & Son Ltd, Manx Air Charters Ltd, Ronaldsway; LEH Airways Ltd, Hants & Sussex Aviation Ltd, Thomas Hutton Marshall, Southern Counties Aerial Contracts Ltd, Bardock Aviation Services Ltd, Kentair Charters). En 1968, il était utilisé comme avion largueur par le Parachute Regiment Free Fall Club, sponsorisé par les cigarettes Rothman. Il fut alors exporté en Norvège en 1971, pour promouvoir la marque, et immatriculé "LN-BEZ". Il revint en 1973 en Angleterre où il fut vendu à Airborne Taxi Services Ltd. Il avait conservé sa livrée bleue et blanche aux couleurs de Rothman. C'est ainsi qu'il apparaît dans le film; cette décoration est peu conforme à celle des avions d'Olley Air Service (gris clair à mince filet bleu), fidèlement reproduite, par contre, sur l'avion du musée de Cuatro Vientos. Le G-AKIF, repeint tout en bleu depuis 1993, vole toujours en Angleterre.

A "Croydon", quand on sort le "G-ACYR" de son hangar, on aperçoit au sol deux Bücker Bü.131 Jungmann, non identifiables. Ces avions étaient construits sous licence en Espagne par CASA, comme CASA 1.131.

 

Christian Santoir

* Film disponible sur amazon.fr

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