DARLING LILI
Année : 1970
Pays : Etats-Unis
Genre : comédie musicale
Durée : 2 h 23 min.
Couleur
Réalisateur : Blake Edwards
Scénario : William Peter Blatty
, Blake Edwards
Musique : Henry Mancini
Photographie : Russell Harlan
Producteur : Blake Edwards
Compagnie productrice : Geoffrey Productions Inc., Paramount pictures
Avions :
- De Havilland Tiger Moth
- Fokker D.VII/65, EI-APV, APT, APU, répliques
- Fokker Dr.1, EI-APW et EI-APY, répliques
- Pfalz D.III, EI-ARD, ARC, répliques
- RAF. SE.5, EI-ARA et EI-ARB, répliques
- Slingsby Type 56 Wot / SE.5, répliques
Notre avis :
Le réalisateur, Blake Edwards, le père de la "Panthère rose", fit montre d'un certaine audace en montrant la première guerre mondiale sous son côté le plus frivole. Certes, pendant que les poilus ou les tommies tombaient au front, à l'arrière, à Paris ou à Londres, certains planqués, excités par la mort qui rôdait, menaient une vie endiablée, mais de là, à en faire une comédie musicale, il y avait un grand pas, qu'Edwards franchit allégrement. Le fait que son épouse fusse la chanteuse Julie Andrews, une spécialiste du genre, n'est sans doute pas pour rien dans son choix. Elle campe donc le personnage de Lili Smith, une chanteuse de music-hall, la nuit, et espionne allemande le jour (et la nuit aussi…). On pense inévitablement à la belle Mata Hari, danseuse orientale d'origine batave, et séductrice de beaux officiers bien informés. Mais cette histoire vraie n'eut rien d'une comédie, et tourna à la tragédie pure.
La production fut retardée par de nombreux problèmes, mauvais temps en Irlande, où furent filmées les scènes aériennes, manifestations à Paris (le tournage eut lieu en partie, au printemps 1968..), et le budget explosa. Il en coûta près de vingt cinq millions de dollars à la Paramount !
Pendant la Grand Guerre, Lili Smith, une chanteuse de
music hall très célèbre à Londres, est
en fait une espionne allemande, nommée Schmidt. A Paris, où elle s'est rendue
pour recevoir la Légion d'Honneur, pour patriotisme (!), son contact, le
colonel Kurt von Ruger, lui communique sa nouvelle mission. Elle doit séduire
le major américain William Larrabee du Royal Flying Corps, afin d'obtenir des
informations sur la stratégie de l'aviation britannique. Le bel officier tombe
immédiatement amoureux d'elle. Ayant découvert l'existence de fuites, les
services du contre-espionnage français, soupçonnent Larrabee et une femme
inconnue; ils font part de leurs soupçons à Lili, en espérant sa collaboration
! Lili apprend à von Ruger que les alliés préparent une opération ultra
secrète, sous le nom de code de "crêpe Suzette". Mais Lili, qui est
tombée amoureuse de Larrabee, découvre que "crêpe Suzette" n'est que
le surnom d'une streap-teaseuse que fréquente l'Américain... Par jalousie, elle
le dénonce aux Français, et il est arrêté. Eprouvant des remords, Lili vient
alors à son aide, et se dénonce à son tour pour l'innocenter, mais on ne la
croît pas ! Les Allemands ont réagi, et envoyé des gens pour ramener von Ruger
en Allemagne, tout en se débarrassant de Lili. Les deux réussissent néanmoins à
leur échapper, et s'enfuient vers la Suisse, en train. Larrabee apprenant que
la vie de Lili est menacée, s'échappe et se lance sur ses traces. Il intervient
alors que les avions allemands mitraillent le train de Lili. Après l'armistice,
à Londres, alors que Lili chante dans un music-hall bondé, Larrabee réapparaît
et se jette dans ses bras, sur la scène !
"Darling Lili" fut un échec commercial retentissant, et fut sans doute, la dernière grande comédie musicale à l'américaine. Ce film d'espionnage musical est une sorte de fourre tout. A la comédie dramatique sentimentale, se mêlent différent genres : le film d'aviation, le film d'espionnage, et le burlesque, avec deux membres des services secrets français, dignes des Dupond Dupont ou de Clouseau. Ce film est une bonne occasion d'apprendre les vieux airs de la guerre, dont "Its' long way to Tipperary" et "Mademoiselle from Armentières", qui fut aussi un succès d'une jeune chanteuse française, Line Renaud (née à Nieppe, près d'Armentières), au début des années…1950. On appréciera surtout les belles scènes aériennes (qui n'ont pas beaucoup de rapports avec l'intrigue) tournées en Irlande, à partir du terrain de Weston, près de Leizlip. C'est là qu'était basée la société "Blue Max Aviation, Ltd.", de Lynn Garrison, un ancien pilote de chasse de la RCAF. Il intervint non seulement dans "Darling Lili", mais aussi dans "Le Baron rouge", "Zeppelin", et plusieurs autres films pour la télévision. Les pilotes étaient des militaires de l'"Irish Air corps", mais aussi des pilotes privés. Charles Boddington and Derek Piggott effectuèrent plusieurs cascades, parmi les plus spectaculaires.
Les avions du film :
La production acquit les avions utilisés pour le tournage de "The blue Max". Pour les avions anglais, il y avait deux répliques de RAF. SE.5 construites en 1965 par Miles Marine and Structural Plastics Ltd. de Shoreham. Ces répliques (G-ATGV et G-ATGW, puis EI-ARA et EI-ARB) était propulsées par un moteur Gipsy Queen de 200 chevaux.
Mais on fit aussi construire, en 1967, six autres répliques au 1/85° par Slingsby Sailplanes Ltd de Kirkbymoorside, sous le nom de « Slingsby Type 56 Wot/SE.5 » Ces avions se repèrent assez bien de par leur petite taille, et par le fait qu'ils n'ont des ailerons que sur l'aile inférieure. Ils étaient équipés de moteur Lycoming de 115 chevaux. A leur arrivée en Irlande, ils furent réimmatriculées EI-ARH à RM :
- c/n 1590 (G-AVOT, EI-ARH) "A5435", dans le film.
- c/n 1591 (G-AVOU, EI-ARI)"A4850",
- c/n 1592 (G-AVOV, EI-ARJ),"A7001",
- c/n 1593 (G-AVOW, EI-ARK)"A5202",
- c/n 1594 (G-AVOX, EI-ARL)"A6262,
- c/n 1595 (G-AVOY, EI-ARM) "A5435/A1313".
L'un d'eux fut revêtu de marques allemandes, avec une dérive modifiée, pour étoffer les formations allemandes en l'air. On construisit également deux maquettes grandeur nature pour les scènes de crashs. Ces avions portent des décorations fantaisistes, le comble étant l'avion de Larabee, entièrement recouvert d'un damier rouge et blanc ! Le plus étonnant c'est que plusieurs SE.5a portèrent effectivement, en 1918, ce genre de décoration en damier, mais ils étaient noir et blanc, bleu et kaki, ou rouge et kaki, et c'étaient des chasseurs de nuit de la Home Defense ! Leur livrée criarde était censée les protéger des tirs "amis" de la DCA…
Les avions allemands étaient les même que ceux de "The blue Max", plus quelques maquettes non volantes, destinées à être détruites. Les trois Fokker D.VII/65 étaient ceux construits par Rousseau Aviation (F-BNDF, G, H puis EI-APV,T,U). On utilisa un De Havilland Tiger Moth pour doubler un Fokker qui se fait abattre au décollage. Il y a aussi les deux Pfalz D.III dont un (s/n PT16 , G-ATIJ, puis EI-ARD), avait été construit, suivant les plans de Ray Hilborne par le Hampshire Aeroplane Club, d'Eastleigh, et l'autre (s/n PPS/PFLZ/1, G-ATIF, EI-ARC) par D.E. Bianchi de Personal Plane Services Ltd. Ces répliques diffèrent légèrement par leur dérive, celle du dernier étant plus proche de l'original, très caractéristique.
Tous ces avions "allemands" sont traités de la même façon avec des croix de fer (même sur les Fokker D.VII !) et recouverts d'un camouflage à losanges dont les teintes sont totalement inexactes, avec un dominante de gris bleu. Le seul appareil à échapper à cette décoration uniforme, est le Fokker Dr.1 de von Richthofen, qui est, bien sûr, tout rouge. Il y avait deux Dr.1 fabriqués en 1965, par Bitz Flugzeugbau de Munich : G-ATIY et ATJM, puis enregistrés en juin 1967, en Irlande, au nom de la Shillelagh Productions Inc., EI-APW et EI-APY. Ses croix de fer sur fond blanc ne correspondent pas à la décoration des Dr.1 employés par le baron.
Ces avions restèrent stockés de nombreuses années à Powerscourt Estate, au sud de Dublin, avant d'être revendus aux Etats-Unis dans les années 1980. Les trois répliques de Fokker D.VII, immatriculées N902AC, 3AC, 4AC, existent toujours dans le New Jersey et en Alabama, le premier ayant été depuis, exporté en Nouvelle-Zélande. Les deux Pfalz, après un passage aux Etats-Unis (N905AC, 6AC) ont été exportés également en Nouvelle-Zélande ,en 2001 et 2006. Le Fokker Dr.1 (G-ATJM) est revenu en 1982, des Etats-Unis et appartient aujourd'hui à Robs Lamblough d'East Garston (GB). Il aurait servi au tournage de "Flyboys" en 2005. L'autre (G-ATIY) était toujours en Irlande avec "Blue Max Aviation" au début des années 1980. Puis, on perd sa trace…
Enregistrer un commentaire