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CONDAMNE AU SILENCE

 

CONDAMNE AU SILENCE

Vo. The court-martial of Billy Mitchell

 

Année : 1955
Pays: Etats-Unis
Genre : drame
Durée : 1 h 40 min.
Noir et blanc

Réalisateur : Otto Preminger
Scénario : Milton Sperling , Emmet Lavery

Acteurs principaux :

Gary Cooper (Colonel Billy Mitchell), Charles Bickford (Général Jimmy Guthrie), Ralph Bellamy (sénateur Frank R. Reid), Rod Steiger (Major Allan Guillion), Elizabeth Montgomery (Margaret Lansdowne), Fred Clark (Colonel Moreland), James Daly (Lieutenant Colonel Herbert White), Jack Lord (Commandant. Zachary 'Zack' Lansdowne), Peter Graves (Capitaine Bob Elliott), Darren McGavin (Capitaine Russ Peters).

Musique Dimitri Tiomkin
Photographie /Sam Leavitt
Producteur : Milton Sperling
Compagnie productrice : Warner Bros.

Avions :

  • -Curtiss Jenny
  • -Engineering Division USD-9 (DH-9)
  • -Grumman J2F-6 Duck
  • -Orenco F-4 Tourister, N2145

 

Notre avis :

Le film ouvre sur le prologue :" La première guerre mondiale venait juste de se terminer avec la victoire totale des Etats-Unis et de ses alliés. Maintenant, la guerre était une chose du passé. L'Amérique a dissous son armée et coulé ses navires. Son aviation était encore un enfant non désiré." L'intérêt pour l'histoire de "Billy" Mitchell et de son procès retentissant (novembre 1925), resurgit sans doute après l'attaque de Pearl Harbor par les Japonais, en décembre 1941, prévue en détail par Mitchell, dès…1923 ! Mais la production ne commença qu'en juin 1955, après que la Warner ait passé plus d'un an à obtenir les autorisations des héritiers de Mitchell et du Département de la Défense. Le film s'orienta finalement sur l'histoire du procès de Mitchell, qui était un sujet d'ordre public, plus que sur sa vie. Pourtant, dés l'annonce, la production fit l'objet de plusieurs plaintes déposées par divers ayant droits ou supposés tels. Il est vrai que la vie et le procès de Mitchell avaient fait l'objet d'une abondante littérature.

Il faut également replacer le film dans le contexte de l'époque, la guerre froide et la montée en puissance du Strategic Air Command, avec la mise en service de ses bombardiers à long rayon d'action. Dans le film, Mitchell déclare : "Un jour, le bombardement stratégique réduira la moitié du monde en ruine. Je veux que ce pays soit dans l'autre moitié". C'était exactement la position officielle du SAC !

Les extérieurs furent tournés à Washington DC., aux clubs de l'Armée et de la Marine, dans les anciens locaux du "War, Navy and State Department" situé à quelques pas de la Maison Blanche, dans les bureaux du Sénat, sur les marches du Capitole, sur le Mall, prés du mémorial de Lincoln, dans Q Street et le quartier des entrepôts. Le terrain d'aviation de Langley était en réalité l'aéroport de Rosemead, prés d'El Monte (CA.)

Le film commence aux lendemains de la première guerre mondiale, quand le général de brigade "Billy" Mitchell, un fervent défenseur de la nouvelle arme aérienne, veut persuader sa hiérarchie, et notamment le général Guthrie, de l'efficacité des bombardiers face aux navires de guerre. Il obtient finalement l'autorisation de l'Armée et de la Marine d'organiser des essais au large de la Virginie, en utilisant le vieux cuirassé allemand "Ostfriedland" comme cible. Ces essais doivent obéir à des règles strictes, supposées reproduire les conditions d'un vrai combat. Après un premier essai peu concluant, Mitchell ordonne à ses hommes de voler plus bas et d'emporter de plus grosses bombes. Le navire est coulé, mais comme il n'a pas respecté les règles, il est muté au Texas dans un poste inintéressant. Malgré ses demandes réitérées en faveur de l'aviation, et notamment pour obtenir un matériel plus sûr et plus efficace, ses lettres restent sans réponse. Il utilise une des ses permissions pour se rendre à Washington, mais on refuse de le recevoir. Après que plusieurs hommes de son escadrille aient menacé de démissionner, et que son ami, Zach Lansdowne, se soit tué dans l'accident du dirigeable "Shenandoah", Mitchell convoque une conférence de presse où il accuse l'état major de l'Armée de négligences coupables, d'incompétence, voire de trahison ! Mitchell est arrêté aussitôt et traduit en cour martiale, ce qu'il cherchait... Il choisit son vieil ami, le sénateur Frank Reid, comme défenseur et plaide non coupable. Il se sert de son procès comme d'une tribune pour défendre ses vues très avancées sur le rôle de l'aviation militaire, alors que la cour voudrait le juger pour des manquements au devoir de réserve et pour insubordination. Mais la presse fait une large publicité aux idées de Mitchell. Toute une série de témoins défile à la barre, dont l'as Eddie Rickenbacker, le major "Hap" Arnold, Fiorello LaGuardia, le général Mac Arthur, et la veuve de Zack, qui tous témoignent de la justesse des dires de Mitchell. Comme le procès ne tourne pas à l'avantage de l'armée, on ressort un rapport où il prévoit l'attaque de Pearl Harbour par les Japonais, pour le faire passer pour un homme peu sérieux...Après délibération, le jury, pressé d'en finir, déclare Mitchell coupable et le condamne à cinq ans de suspension. Un peu plus tard, en habit civil, il est félicité par de jeunes aviateurs alors qu'une formation de Jenny passe au-dessus de lui en son honneur…

Le film suit d'assez loin la vérité historique, en simplifiant à l'extrême. L'efficacité des bombardiers contre des navires avait été testée par la Marine, avant Mitchell, mais avec une méthode non valable. Avant l'"Ostfriedland", Mitchell avait déjà coulé deux destroyers allemands. Après l'"Ostfriedland", supposé insubmersible, il coula trois autres vieux cuirassés américains, en 1921 et en 1923. Il ne fut pas envoyé au Texas parce qu'il n'avait pas bombardé selon les règles pré-établies. Rétrogradé au rang de colonel, il ne fut muté à San Antonio qu'en mars 1925. Avant, il avait été envoyé à Hawaï et en Asie, pour se faire oublier. Il était effectivement revenu avec un rapport annonçant la probabilité d'une attaque japonaise sur Pearl Harbor, en précisant que l'attaque se ferait un dimanche et que les avions japonais attaqueraient par le nord après avoir décollé de leurs porte-avions ! L'accident du USS "Shenandoah" (ZR-1) et la mort consécutive de son commandant Zacharis Lansdowne, ne fut pas dû à des problèmes d'entretien ou de vétusté, comme dit dans le film, ce grand dirigeable tout neuf, mais néanmoins très fragile, fut détruit dans un violent orage au dessus de l'Ohio, le 3 septembre 1925, lors d'une tournée de propagande au dessus des villes américaines. Lansdowne avait demandé, vu les mauvaises conditions météo prévalant dans le Midwest en été, le report du vol vers la fin septembre, mais la Marine retarda simplement le vol faisant passer sa publicité avant la sécurité, d'où la colère de Mitchell.

Depuis son retour de France, en 1918, Mitchell s'était lancé dans la bataille qui opposait les partisans d'une aviation militaire indépendante sur le modèle de la RAF, au rang desquels se trouvait le général Benjamin Foulois, et les états-majors de l'Armée et de la Marine, peu enclins à céder une partie de leur pouvoir. Mitchell, se heurtant à un mur côté Armée, avait choisi de s'adresser à l'opinion publique pour l'alerter sur cette faille de la Défense nationale et la courte vue des autorités militaires. Par ses articles dans la presse, il avait indisposé la majorité des officiers généraux, et notamment ses supérieurs directs, les généraux Charles T. Menoher, et son successeur, Mason Patrick (appelé Jimmy Guthrie dans le film). Mitchell fut traduit en court martial, non pas à la demande de l'Armée, mais du président des Etats-Unis, Calvin Coolidge. Peu après le procès, Mitchell quitta définitivement l'uniforme.

Mitchell était un visionnaire avec des vues pertinentes sur de nombreux sujets. Comme tous les gens de son espèce, il était trop en avance sur son temps et passait pour un gêneur. Cinq ans après sa mort, ses prédictions s'avérèrent parfaitement exactes. North American lui dédia en 1940 son bombardier B-25, un des meilleurs bombardiers moyens de la guerre, et aussi le seul à porter le nom d'un homme célèbre. En 1942, le président Roosevelt réinstalla Mitchell dans son grade de général, à titre posthume.

La critique de ce film à la gloire d'un personnage que la légende avait transformé en idole, fut assez bonne dans l'ensemble et on salua la bonne réalisation de Preminger. Il était fils de magistrat et avait lui même fait des études de droit; il était donc tout à fait à l'aise dans ce genre particulier des procès cinématographiques, une spécialité hollywoodienne. La famille de Mitchell fut au contraire, plutôt mécontente, trouvant que le grand et lymphatique Gary Cooper incarnait mal leur parent. Le vrai Mitchell était petit, avec un caractère explosif; c'était un vrai concentré d'énergie ! La famille pensait que James Cagney aurait mieux fait l'affaire...

 

Les avions du film :

Pour les expérimentations de 1921, Mitchell avait réuni tout une brigade réunissant à Langley (VA) près de 1000 hommes et 125 avions. Parmi ces derniers il y avait six bombardiers bimoteurs Martin MB-2, mais aussi deux bombardiers Handley Page 0/400. Ces appareils anglais étaient construits sous licence, aux Etats-Unis, par Standard. Il faut aussi ajouter de nombreux chasseurs RAF SE.5 équipés de bombes de 25 livres.

Cette petite armada est représentée à l'écran par seulement quatre avions, tous monomoteurs, mais contemporains des événements. On voit ainsi deux pacifiques Curtiss Jenny (dont un muni d'un moteur moderne, sans doute un Ranger), un Engineering Division USD-9 (DH-9) et un Orenco F-4 Tourister. Ce dernier avion (N2145) de 1920 ne fut militarisé qu'au cinéma. Il appartenait à Paul Mantz qui l'avait transformé en Vought VE-7 pour le film "Task Force" (1949). Il est actuellement dans la "Fantasy of Flight Collection" de K. Weeks, à Polk City, (FL). Seul l'USD-9, un DH-9 anglais "américanisé", ressemble au DH-4B qui était l'avion personnel de Billy Mitchell, appelé "Osprey", et avec lequel il observa et dirigea les bombardements lors des expérimentations de 1921. Mais au début du film, Mitchell, amerrit dans un amphibie Grumman J2F-6 Duck (un avion de la Navy), un amphibie dont le prototype ne vola qu'en 1933…

A la fin du film une formation de North American F-86 prend la place des quatre biplans qui survolent Billy Mitchell.

 

 Christian Santoir

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