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COCK OF THE AIR

 

COCK OF THE AIR

 

Année : 1932
Pays : Etats-Unis
Genre : comédie
Durée : 1h 20 min.
Noir et blanc

Réalisateur : Tom Buckingham
Scénario : Charles Lederer ,Robert E. Sherwood
 

Acteurs principaux :
Chester Morris (Lieutenant Roger Craig), Billie Dove (Lilli de Rosseau), Matt Moore (Terry), Walter Catlett (Colonel Wallace), Luis Alberni Capitaine Tonnino), Kathryn Sergava (une italienne), Yola d'Avril (une italienne), Emile Chautard (l'ambassadeur de France).

Photographie : Lucien N. Andriot
Musique : Alfred Newman
Producteur : Howard Hughes
Compagnie productrice : The Caddo Company

Avions :

  • De Havilland DH.4
  • Thomas Morse S4-C
  • Waco 10T

 

Notre avis :

En 1931, Howard Hughes produisit deux films sur la première guerre mondiale, "Sky devils" et "Cock of the air" qui n'avaient pas grand chose à voir avec "Hells angels"(1930). Bien que racontant l'histoire de pilotes américains sur le front européen, c'étaient deux comédies. Il fallait avoir un certain courage, ou une certaine insouciance, pour traiter de la sorte un tel sujet, quatorze ans après cette grande hécatombe dont le souvenir était encore marqué dans les esprits comme dans les corps... Il faudra attendre 1970, pour avoir une autre comédie sur cette guerre, avec "Darling Lilli" (1970) dont le thème est à peu près identique à celui de "Cock of the air": un chanteuse renommée tourne la tête des officiers alliés pour leur soutirer des informations. Mais dans "Cock of the air", l'héroïne n'est pas une espionne à la Mata Hari, mais plutôt une courtisane, qui joue les Jeanne d'Arc (!) au théâtre et dont le seul sex-appeal constitue une menace pour la Défense nationale ! On reconnaît bien là un scénario tel que les affectionnait Howard Hughes, avec leur haute valeur sexuelle ajoutée. Le ton est donné dès le titre, très ambigu; "cock" en anglais désigne le coq, mais aussi ce que le petit Robert appelle "l'organe de la copulation, chez l'homme"…

Le scénario dut être soumis à la nouvelle commission de censure dirigée par Will Hays et mise en place en 1931 par la "Motion Picture Producers Association". Il va sans dire que le film de Hughes ne correspondait pas exactement au code de "bonne conduite" du cinéma américain, écrit par un Jésuite ! Ainsi une scène où l'héroïne se glisse, nue, dans une armure que le pilote se propose d'ouvrir avec un ouvre boite, dut être supprimée. De même, l'habitude de l'ordonnance de tenir un journal des conquêtes féminines de son officier, en marquant : "l'a b…", ou "ne l'a pas b…", encourra l'ire des censeurs, mais ce détail fut néanmoins maintenu ! La scène du carnaval à Venise, fut jugée insultante pour les Italiens. A la fin de 1917 (date de l'intervention des aviateurs américains en Italie), Venise était à deux pas du front, après le désastre de Caporetto (octobre 1917), et soumise à de nombreux raids aériens, une ambiance peu propice aux fêtes de rues ! Mais Hughes n'en avait cure, pas plus que de faire passer les officiers généraux de l'Etat major allié en France, pour une bande de coureurs effrénés, plus occupés à séduire les chanteuses qu'a combattre l'Allemagne. Mais, consultés, les ambassadeurs français et italiens ne trouvèrent rien à redire au film ! Ils étaient à l'évidence, beaucoup moins "coincés" que les prudes censeurs américains. Le héros, un aviateur du corps expéditionnaire américain en Italie, est dépeint comme un noceur qui ne va jamais au combat, mais passe son temps dans les bars ou dans le boudoir de la belle française, qu'il emmène, sans permission, dans un avion de l'Armée, faire la fête à Paris ! On ne sait pas ce qu'en pensa le nouveau US Army Air Corps qui avait bien d'autre chat à fouetter…Enfin, les décolletés profonds de l'héroïne furent aussi jugés osés (on connaît l'attachement de Hughes pour les belles et fortes poitrines..). Bref, le film subit plusieurs coupures, assez grossières et bien visibles. Hughes devait confier plus tard, qu'il avait lâché du lest sur ce film, très médiocre, pour mieux protéger son autre film à scandale, "Scarface", qui était bien meilleur.

Au moment du tournage, l'actrice principale, Billie Dove, était la maîtresse d'Howard Hughes depuis 1930. Elle était apparue à ses cotés, dans une robe blanche moulante, lors de la première d'"Hell's angels", le 27 mai 1930. Hughes avait décidé de faire d'elle une grande vedette du parlant, malgré sa voix grêle, et avait engagé des écrivains de talent pour lui écrire de scénarios sur mesure. Il avait même demandé au chef pilote de "Hell's angels", J.B. Alexander, de lui apprendre à piloter.

Le film commence à Paris, où Lilli de Rosseau, une chanteuse de cabaret qui incarne Jeanne d'Arc au théâtre, est fermement priée de bien vouloir quitter le pays, par plusieurs diplomates qui estiment que son charme à un effet néfaste sur les officiers supérieurs, en les détournant de leur devoir ! On lui propose d'aller en Italie où on lui fournira villa et domestiques. En Italie, Lilli est tout de suite attirée par le lieutenant Roger Craig dont la réputation de don juan est parvenue jusqu'à elle. Elle se garde bien de lui donner sa véritable identité, et se dérobe à lui jusqu'à l'exaspérer complètement. Quand Lilli apprend que sa remplaçante au théâtre, à Paris, connaît un triomphe, elle demande à Roger de l'y emmener en avion, sous un faux prétexte. Sans permission, et risquant sa carrière militaire, Roger accepte. A Paris, Roger emmène Lilli au bar du Ritz, malgré sa peur d'être arrêté. Après s'être disputée avec lui, Lilli va au théâtre où elle est bien décidée à reprendre son rôle de Jeanne d'Arc ! Peu après, Roger apprend par son ordonnance, Terry, qu'il ne sera finalement pas inquiété pour ses incartades. Au théâtre, Lilli lui avoue que c'est elle qui a obtenu cette faveur, en échange de son retour en Italie. Elle accepte aussi la proposition de mariage de Roger. Comme on le voit, dire que ce film était iconoclaste est un euphémisme…

 

Les avions du film :

"Cock of the air" passe souvent dans la littérature pour un des films utilisant les scènes tournées pour "Hell's angels, et qui ne furent pas retenues au montage. Or, aucune de ces scènes, aucun combat aérien, n'apparaît sur la copie du film que nous avons…Il n'y a qu'une seule scène aérienne dans le film (le voyage vers Paris), et elle ne dure que six minutes.

Cette scène aérienne, tournée à partir du Metropolitan Airport, où on avait reconstitué un aérodrome italien, a été filmée avec deux avions : un De Havilland DH.4, équipé d'une mitrailleuse Marlin sur le capot et d'une Lewis en tourelle,  et un Waco 10T avec des cocardes (italiennes ?) et un moteur en étoile capoté, façon Nieuport. Ce dernier avion se livre à de folles cabrioles, comme il est censé être piloté par Terry, l'ordonnance de Craig, qui ne sait pas piloter. Quand il se met en pylône à l'atterrissage, il est remplacé par un Thomas Morse S4-C.

En "Italie", on aperçoit au sol, un SE.5 et plusieurs Waco 10.

 

Christian Santoir

*Film rare

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