Année : 1942
Pays : Italie
Durée : 1h 27
Genre : guerre
Noir et blanc
Réalisateur : Roberto ROSSELLINI
Scénario et Dialogues : Leone ROSARIO, Michelangelo ANTONIONI, Massimo MIDA, Margherita MAGLIONE, Roberto ROSSSELLINI
Histoire originale : Tito Silvio MURSINO
Acteurs principaux :
Massimo GIROTTI (Lieutenant Gino
Rossati), Michela BELMONTE (Anna), Gaetano MASIER (Lieutenant Trisotti), Elvira
BETRONE (Mme Rossati), Nino BRONDELLO (Lieutenant Vittali), Piero LULLI (De
Santis), Giovanni VALDAMBRINI (Le medecin), Piero PALERMINI (un jeune officier
anglais)
Photos : Vincenzo SERATRICEMusique : Renzo ROSSELLINI
Conseiller technique : Capitaine Aldo MOGGI, Major Filippo MASOERO
Producteur : Luigi GIACOSI
Distribution : A.C.I.
Avions:
- CANT Z.1007bis Alcione
- Hawker Hurricane Mk 1
Notre avis :
C’est donc un film fasciste et de propagande, à priori, mais Rosellini traita le sujet de telle manière qu’il apparaît plus comme un drame humain (la condition des prisonniers, des réfugiés..) sur fond de guerre et de patriotisme, que comme une oeuvre de pure propagande comme il en fleurissait à l’époque en Allemagne (Pour le Mérite, Stukas, etc..). Ainsi on ne trouve ici aucun discours, aucun drapeau fasciste, pas même un portrait du Duce; tout aurait pu se passer sur un autre front et avec une autre armée !
L’histoire tourne autour d’un jeune pilote de bombardier italien sur le front grec qui est abattu et interné dans un camp. Il tombe amoureux de la fille du docteur et réussit à s’échapper pendant un bombardement. Il s’empare d’un chasseur anglais avec lequel il rejoint, seul, son escadrille, juste au moment de la capitulation grecque.
Ce film a donc un contexte historique bien précis, la guerre contre la Grèce déclenchée à partir de l’Albanie, le 28 octobre 1940. Ce conflit ne fut cependant pas à l’honneur des troupes fascistes, bien que les Italiens disposassent d’un avantage tant quantitatif que qualitatif, de nombreux pilotes italiens ayant participé à la guerre d’Espagne. Les Grecs n’avaient à leur opposer qu’une poignée de PZL P.24 et, à partir de novembre 1942, quelques Gladiators anglais. Ces avions avaient une vitesse de pointe inférieure à celle d’un bombardier comme le CANT Z.1007bis, ce qui ne les empêcha pas d’en abattre au moins une dizaine ! Il y eut peu de combat avec des Hurricanes, encore rares sur ce front, et apparus à partir de février 1942 seulement. Dans le scénario, il était sans doute plus glorieux pour le pilote italien d’avoir été abattu par un Hurricane que par un biplan. Le film se termine sur l’annonce de la capitulation de la Grèce, et implicitement, de la victoire de l’Italie. La réalité est tout autre. Le 6 avril 1941, devant la tournure négative des événements et du succès de la contre offensive grecque appuyée par l’armée anglaise, les Allemands décidèrent d’intervenir en attaquant la Yougoslavie et la Grèce. Cet événement est évoqué dans le film par l’intermédiaire de titres de journaux.. Dix sept jours plus tard, les Grecs cessaient le combat et les Anglais se repliaient sur la Crète. Les Allemands avaient fait en deux semaines ce que les Italiens n’avaient pu faire en cinq mois !
Le film eut un grand succès et fut même à l’origine d’une bande dessinée (Cf. image ci-joint). Pour les amateurs du trimoteur CANT Z.1007bis, le bel avion de l’ingénieur Zappata, ce film sera un régal ; vues au sol, en vol, vues de l’intérieur (postes de tir, poste de pilotage en tandem, poste du bombardier)absolument authentiques. On a même droit à un atterrissage sur le ventre, comme dans un «Twelve o’clock high » mais en plus vrai!
Les avions du film :
UN PILOTA RITORNA a deux avions vedettes que l’on peut admirer pendant les vingt minutes de scènes aériennes. Le CANT Z.1007bis Alcione, biderive, occupe la première partie du film. Ces avions ont été prêtés par le 50° groupe autonome de bombardement terrestre, de la 4° Zona aerea, basé à Brindisi. Ce groupe a effectivement participé à la guerre aux côtés d’autres Alcione appartenant aux 47° et 35° Stormo. Ils portent la marque de la 161° escadrille qui semble fictive, les avions appartiendraient plutôt à l’escadrille 201, ou alors à la 261 d’un autre groupe, le 106° du 47° Stormo, basé à Grottaglie.
Les vues de l’avion montrent pleins de détails intéressants : la tourelle dorsale Caproni manoeuvrée par un curieux volant; l’oxygène dispensé à la fois par masque, mais aussi par embouchure que semblent lui préférer certains pilotes; l’absence d’intercom, les membres de l’équipage communiquant par gestes, message, ou tube acoustique ; les deux postes de tir de sabords desservis par un seul mitrailleur, vu l’étroitesse du fuselage ; le poste du bombardier logé derrière le moteur central.
L’autre vedette est un Hawker Hurricane Mk 1 portant un camouflage italien mais avec des cocardes anglaises. Cet avion qui apparaît à la fin du film, est un Hurricane construit en Yougoslavie par l’usine Zemen Zmaj et capturé sur le terrain de Niksic, après le 16 avril 1941. En septembre, cet appareil (BR2337) fut envoyé au centre d’essai de Guidonia où il fut utilisé pour des vols d’entraînement ainsi que pour le tournage du film. On remarquera que cet avion yougoslave n’a pas de pare brise blindé. Lors de son vol de retour, le Hurricane est pris à partie par la DCA italienne guidée par une station de détection acoustique qui, en 1942, commençait à dater mais constituait le principal moyen de repérage aérien, l’équipement en radar étant encore bien imparfait en Italie.
A part ces deux avions, il y a également un Junkers Ju 87B Stuka aux couleurs allemandes qui ne semble pas être une maquette. La Regia Aeronautica en possédait plusieurs et ils participèrent à la campagne de Grèce. Au sol, on peut apercevoir, en arrière plan, un SIAI SM. 82 de transport et un Bristol Blenheim Mk II dont étaient pourvues les forces aériennes grecques ainsi que les Anglais qui intervinrent sur ce front. Il s’agirait donc d’un appareil de prise.
Christian Santoir
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