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Seuls les anges ont des ailes

SEULS LES ANGES ONT DES AILES

Vo. Only Angels Have Wings

 

Année : 1939
Pays : : USA
Durée : 2 h 01 min.
Genre: Drame
Noir et blanc

Réalisateur : Howard Hawks
Scénario : Jules Furthman
Histoire originale : Howard Hawks

Acteurs principaux :
Cary Grant
(Geoff Carter), Jean Arthur (Bonnie Lee), Richard Barthelmess (Bat MacPherson), Rita Hayworth (Judith 'Judy' MacPherson), Thomas Mitchell (Kid Dabb), Noah Beery Jr. (Joe Souther), Allyn Joslyn (Les Peters), Sig Ruman (John 'Dutchy' Van Reiter ), Victor Kilian Sparks (le radio)

Photo  : Joseph Walker
Prises de vues aériennes : Elmer Dyer
Conseiller technique, chef pilote : Paul Mantz
Musique : Dimitri Tiomkin
Production : Howard Hawks
Distribution  : Columbia pictures

Avions :

  • -Ford Trimotor 4 ATB, NC7121
  • -Hamilton "Metalplane" H-47

 


Notre avis :

 Le producteur, réalisateur et scénariste Howard Hawks avait écrit une nouvelle intitulée « Plane 4 from Barranca » en 1938, puis il la confia à Jules Furthman pour écrire un script. Le film d’abord appelé « Pilot number 4 » rappelle quelque peu les autres films d’aviation tournés antérieurement par Hawks , « Dawn patrol » (1930), « Ceiling zero » (1936), et se situe dans la même veine que d’autres films comme « Airmail » (1932) de John Ford, « Night flight » (1933), « Flight from glory » (1937), « The legion of lost flyers » (1939), qui sont tous des films sur les débuts de la poste aérienne. L’histoire de Seuls les anges ont des ailes porte la marque de Hawks ; un groupe d’hommes isolés, faisant face à l’adversité  avec fatalisme; la femme n’a aucune place dans un tel milieu si ce n’est que comme élément perturbateur, déstabilisant. Ce fut le thème de « Dawn patrol » (1930), ce sera celui d’ « Air Force » (1943).

 Les principaux acteurs de ce film étaient tous plus ou moins des habitués des films d’aviation. L’ancien acteur du cinéma muet Richard Barthelmess qui jouait déjà dans « Dawn patrol », fait ici son retour à l’écran, dans son quatrième et dernier film d’aviation, tout comme Cary Cooper. Jean Arthur avait joué en 1927 dans «Flying luck » et, en 1930, avait fait l’espionne dans « Young eagles » de William Wellman. Même la jeune Rita Hayworth qui fait une apparition remarquée aux cotés de Cary Grant, avait tourné en 1937 « Criminals of the air».

 Tout commence à Barranca, un port bananier d’Amérique du sud, où Geoff Carter dirige d’une main de fer un petite compagnie aérienne chargée d’acheminer le courrier dans l’arrière pays. Les pilotes aux commandes d’avions peu performants bravent de multiples dangers : pics enneigés, tornades tropicales, brouillards. Ca passe ou ça casse. Seuls les anges ont des ailes, n’est ce pas ? (cette phrase n’est d’ailleurs jamais prononcée dans le film)…Un des pilotes, Joe se tue après avoir fait connaissance de Bonnie, une chanteuse de music hall tout juste débarquée. Bonnie jette alors son dévolu sur Carter mais celui-ci la rejette. Le remplaçant de Joe qui débarque au bras de Judy qui se trouve être l’ancienne petite amie de Geoff, est un pilote qui a autrefois abandonné son mécanicien dans un avion en flamme. Geoff lui confie alors les missions les plus dangereuses, pour qu’il se rachète. Bonnie réussira à se faire une petite place dans ce monde d’hommes qui jouent avec la mort. Elle finira même par apprivoiser Geoff Carter qui lui fera comprendre qu’elle peut rester.

 Hawks confiera que tous les faits et personnages étaient authentiques, de même que l’endroit. On peut effectivement penser que « Barranca » n’est autre que Baranquilla, un des ports les plus importants de Colombie et la plaque tournante du transport aérien colombien au début des années trente. Quant à la véracité des faits, elle est probable. L’Amérique latine recevait  alors toutes sortes de pilotes étrangers venus chercher fortune, ou se faire oublier. Geoff avec son blouson de cuir sur lequel est peinte une tête d’indien a tout l’air d’être un ancien de l’escadrille Lafayette. Peut être, Hawks s’est-il inspiré d’Herbert Boy, un pilote allemand qui avait fait la grande guerre et qui fut chef pilote de la SCADTA (Sociedad Colombo-Alemana De Transportes Aereos) en 1924. Cette compagnie développa à partir de Baranquilla, les lignes aériennes colombiennes et les liaisons avec les pays voisins. « Dutchy », l’aubergiste hollandais  propriétaire de la petite compagnie est-il là pour évoquer, de façon détournée (« dutchy » veut également dire allemand, aux USA), la présence allemande ? Idem pour les avions qui portent de faux matricules français, F-LTM, F-THD, F-AOD....Est ce pour rappeler que les Français furent aussi des précurseurs en Colombie. La CCNA (Compania Colombiana de Navegacion Aérea) avait en 1919 acheté des Farmans et fait venir trois pilotes français, vétérans de la grande guerre, dont René Bazin.

 La plupart des scènes furent tournées en studio et dans la taverne du Hollandais qui sert de PC à la compagnie aérienne. Hawks a recrée en vase clos une ambiance latino-tropicale plus vraie que nature avec belles chicas, guitaristes à la voie veloutée et danses typiques, le tout baignant dans une humidité et une moiteur permanente. A part la scène de l’atterrissage sur un plateau, la mesa de St George dans l’Utah, et une vrille effectuée par un Ford trimoteur, tout a été reconstitué avec des maquettes ; tempêtes, pics andins, terrains détrempés, port bananier, crashs…C’est sans doute un peu trop et le talent de Hawks consiste justement à nous faire oublier ces décors de théâtre. Quoiqu’il en soit, Seuls les anges ont des ailes fut bien accueilli par le public comme par la critique, ce qui est rare. C’est un grand classique du film d’aviation et un grand classique, tout court

  

Les avions du film

 Au début du film, un Hamilton "Metalplane" H-47 décolle dans des flaques d’eau d’une piste mouillée reconstituée en studio ; ce type d’appareil servait pour le transport du courrier aux Etats Unis, mais fut rarement employé en Amérique du sud. Il est construit en tôle ondulée (d’où son nom) comme les Junkers F.13 de la SCADTA qui eux, étaient munis de flotteurs.

 Le Lockheed Véga 5B « Honeymoon Express » de Paul Mantz fut accidenté lors de la scène de l’atterrissage sur la mesa. Comme son nom l’indique, cet avion servait à Paul Mantz à emmener des vedettes d’Hollywood à Las Vegas pour des mariages aussi rapides qu’éphémères. Il fut entièrement détruit suite à un capotage à l’atterrissage, ce qui n’entama pas le moral de Mantz ; l’accident ayant eu lieu au sol, il était donc couvert par l’assurance ! Il fut remplacé par un Curtiss-Wright "Travel Air Sedan" 6-B, que l’on voit évoluer au milieu des montagnes Rocheuses. On voit également en vol un Boeing 40-C, un avion de transport de passagers ; il est doublé dans les scènes de voltige par un Travel Air 4000.

 Paul Mantz acquit spécialement pour le film un Ford Trimotor 4 ATB (NC7121). Il devait faire une douzaine de tours de vrille avec cet appareil, mais malgré tous ses efforts et sa science du pilotage, il n’y parvint d’abord pas ; ce n’est qu’après avoir changé le centrage du Ford en lestant l’arrière avec des gueuses de plomb, qu’il put faire une quinzaine de tours ! Le crash du trimoteur (qui porte le numéro 4, comme dans le premier titre du film) fut reconstitué en studio avec un vieux Fokker maquillé en Ford, que l’on remarque à son revêtement lisse contrairement à celui du Ford fait de tôle ondulée. L’avion fut placé en haut d’une rampe recouverte de broussailles, puis lâché moteurs en feu pour qu’il s’écrase au sol. On voit d’ailleurs un des filins chargés de guider l’appareil.

 Tous les avions sont doublés dans certaines scènes par des maquettes. Le crash du Hamilton au début du film est particulièrement bien réussi. L’utilisation des effets spéciaux, de plus en plus fréquente dans les films américains des années trente, permettait de réduire les coûts de tournage, tout en annonçant la fin progressive des « stunt men ». Le film fut un des premiers à être nominé à un Oscar pour les meilleurs effets spéciaux conçus par Roy Davidson et Edwin C. Hahn.

 

Christian Santoir

 *Film disponible sur amazon.fr

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