LES COPAINS
DU DIMANCHE
Pays : France
Durée: 1 h 40 min.
Genre : comédie
Noir et blanc
Scénario : Henri Aisner, Gaston Bounoure
Acteurs principaux :
Jean-Paul Belmondo (Trébois), Marc Cassot (René Casti), Yves Deniaud (Manaquin), Marcel Perès (le contre-maître), Paul Bisciglia (Lucien dit: "Lulu"), Paul Frankeur (le directeur de l'usine), Michel Piccoli (Le directeur de l'aéro-club), Robert Lefort (Lemoine), Julien Bertheau (Jean Raymond dit: "Raf"), Evelyne Kerr (Monique), Sophie Sel (Mounette), Germaine Michel (la mère Trébois), Clément Thierry (le jeune bourgeois), Georges Baconnet (Le secrétaire du comité), Bernard Fresson (un ouvrier à la cantine), Annette Poivre (une dame à l'inauguration)
Musique : M. Philippe-Gérard
Photographie : André Dumaître<
Compagnie productrice : Coopérative Générale du Cinéma Français
Avions :
- - Auster AOP IV, F-BAVT
- - De Havilland 82A Tiger Moth, F-BFVU
- - Piper Grasshopper L-4H F-BFCA, L-4J F-BDTC
Notre avis :
« Les copains du dimanche » fut tourné en 1956, au lendemain de l’entrée des chars soviétiques en Hongrie et du rapport Krouchtchev concernant les crimes staliniens... Face à une forte baisse de ses adhésions, le syndicat C.G.T. commandita ce film qui devait faire de la publicité aux comités d'entreprise, encore peu répandus dix ans après leur création. Mais un peu trop « rouge » pour certains, le film ne fut pas projeté en salles, le syndicat des producteurs ayant fait pression sur celui des distributeurs pour empêcher sa diffusion ! C’est ainsi qu’il faudra attendre 1967, pour que le grand public le découvre lors de sa diffusion sur la deuxième chaîne de l'ORTF.
C’est Henri AISNER qui découvrit Jean Paul Belmondo dont c’est ici le premier grand rôle. Le metteur en scène cherchait un jeune comédien qui ne semblait pas issu de la bourgeoisie (comme l’était pourtant J. P. Belmondo !)...On y trouve également Michel Piccoli dans une brève apparition, et un certain Bernard FRESSON, dans un rôle anonyme.
Trébois est un jeune ouvrier métallurgiste dans une usine aéronautique et voudrait bien trouver un nouveau loisir, autre que la guitare ou le camping sauvage, pour agrémenter ses dimanches. La télé est réservée à ceux qui en ont les moyens. A la cantine de l'usine, Casti lui propose de passer son baptême de l'air et il vit là un grand moment. Sur un terrain voisin, ils rencontrent le vieux mécanicien Manaquin qui veille sur l'épave d'un avion de tourisme ayant appartenu à un pilote décédé. Encouragé par Trébois, Casti rend visite à Jean Raymond, surnommé «Raf» car il a fait la guerre dans la Royal Air Force, pour qu’il les aide à retaper l'avion, avec comme but ultime de créer un aéro-club. Grâce à l’énergie et aux talents multiples d’un petit groupe d’amis, l'avion peut à nouveau voler, mais de graves problèmes financiers subsistent ; il faut souscrire une assurance, acheter du matériel, s'affilier à une Fédération...Lemoine, un responsable syndical, propose alors à Casti de faire financer le projet par le comité d'entreprise. Malgré leur souci de ne pas se laisser embrigader dans un syndicat dont ils ne semblent pas partager l’idéologie, Casti et Raf montent un projet qui est soumis au comité qui finit par accepter. L’aéro-club pourra prendre son essor avec Raf comme moniteur.
Ce happy end tendait à prouver que même les ouvriers pouvaient trouver les moyens de voler et que ce passe-temps n'était pas seulement réservé à la bourgeoisie oisive ou à une jeunesse « dorée », adepte du poker et des parties de billard, alors que les métallos travaillaient comme des forcenés pendant leurs 55 heures hebdomadaires. Le film veut faire passer le message que l’union fait la force ; prolétaires, unissez vous et demain vous volerez ! (le film s'intitulait initialement "Demain nous volerons"). Tout cela dans une ambiance très aviation populaire, avec des relents de front tout aussi populaire ; mais en 1958, la lutte des classes se fait autour d’une table de négociation. Le délégué syndical a l’esprit large et n’hésite pas à aider ceux qui se méfient du syndicalisme.
Cinquante ans plus tard, les ouvriers ne travaillent plus 55 heures par semaine (dans le bureau du délégué syndical on remarquera sur le mur, une affiche : « Unité pour les 40 heures » …) et tout le monde, même les pauvres, a accès à la télé, le nouvel « opium du peuple ». Mais les métallos font toujours du camping (plus dans la nature, c’est interdit ! ), et les membres des aéro-clubs se recrutent toujours chez les cadres supérieurs et les professions libérales, plus que chez les ouvriers. L’aviation en France reste en 2009, quoiqu’on dise, un sport de privilégiés argentés. L’espoir du film est donc resté un peu vain, hélas...
Les avions du film :
Nous n’avons pas pu situer l’usine dans laquelle travaille Trébois (la SNCAN des Mureaux ?). Il semblerait que cette usine fasse l’entretien de moteurs d’avions dont certains munis d’hélices quadripales (moteur de Noratlas ? mais on reconnaît aussi un moteur de Lockheed Constellation). Dans le bureau du directeur, on ne voit qu’une photo de DC-4 et une, plus petite, de l’Arsenal VB-10 (un chasseur abandonné en 1948). Réalisé avec l’aide de l’aéro-club Central des Métallurgistes basé à Persan-Beaumont (lors du baptême de Trébois, l’avion survole l’abbaye de Royaumont située à côté) on ne voit dans le film, que les bâtiments de l’aéro-club d’Enghien-Moisselles où Jean Dréville avait tourné quatre ans auparavant « Horizons sans fin ».
L’avion restauré par Belmondo et son équipe est un De Havilland 82A Tiger Moth construit en Angleterre par Morris Motors (c/n 806603) pour la RAF (PG706-61) qui le céda à l’Armée de l’Air. Réformé, il fut immatriculé F-BFVU et acquis par l'aéro-club de Picardie-Amiens. En France, les Tiger Moth furent modérément appréciés et furent appelés les « tigres mous »…
Trébois fait son baptême de l’air dans un Piper Grasshopper qui apparaît sous deux formes : un L-4H (F-BFCA, c/n 11877, s/n 44-79581) de l'aéro-club "Les ailerons" d'Enghien-Moiselles, et L-4J (F-BDTC, c/n 12890, s/n 44-80594) de l'Aéro-club central des Métallurgistes de Persan-Beaumont. Ces avions étaient d’anciens avion de l’USAAF cédés à la France. En août 1976, le F-BDTC fut vendu en Angleterre où il reçut l’immatriculation G-BEDJ. Il est actuellement stocké à Lower Upham..
Les jeunes «bourgeois » volent dans un avion anglais, un Auster AOP IV (c/n 863,) F-BAVT, un ancien de la RAF (MT141) et appartenant à un particulier. On voit en arrière-plan, un autre Auster, un J-2 Arrow (c/n 1878/1) F-BAVS, un avion anglais (G-AGVT, AICA) acheté par l'aéro-club de Moiselles en décembre 1950.
Les seuls avions français (ou presque), sont des avions fabriqués par la SNCAN, un Stampe et un Norécrin, aperçus furtivement.
Christian Santoir
*Film disponible sur amazon.fr
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