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LES CHEVALIERS DU CIEL

 

LES CHEVALIERS DU CIEL

Vo. Captains of the clouds

 

 

Année : 1942
Pays : USA
Genre : Drame
Durée : 1 h 54 min.
Couleur

Réalisateur : Michael Curtiz
Scénario : Arthur T. Horman,Richard Macaulay, Norman Reilly Raine
Histoire originale : Arthur T. Horman, Roland Gillett

Actes principaux :
James Cagney (Brian MacLean), Dennis Morgan (Johnny Dutton), Brenda Marshall (Emily Foster), Alan Hale (Francis Patrick 'Tiny' Murphy), George Tobias (Blimp Lebec), Reginald Gardiner( Scrounger Harris), Air Marshal W.A. Bishop (Lui-même), Reginald Denny (le commandant), Russell Arms (Louis 'Alabama' Prentiss), Paul Cavanagh (Group Captain Clem Bevans)

Musique : Max STEINER
Photo : Wilfred M. Cline
, Sol Polito
Conseiller technqiue : Squadron leader Owen Cathcart Jones
Producteur : Hal B. Wallis
Compagnie productrice : Warner Bros. Pictures

Avions :

  • -Avro Anson Mk.I 
  • -Fairchild 71C, CF-NBP
  • -Fairey Battle Mk.I
  • -Fleet Fawn 
  • -Hawker Hurricane Mk I 
  • -Lockheed 12A Electra Junior, en arrière-plan
  • -Messerschmitt Bf 109E, maquette
  • -North American NA-75 Harvard II  
  • -Noorduyn Norseman hydro, CF-HGO
  • -Waco cabin, ZQC-6, YKC, CF-BDO et CF-AWI

 

Notre avis :

Quand le film fut tourné, la deuxième guerre mondiale battait son plein, alors que les Etats Unis goûtaient les derniers mois de leur neutralité, et que le Canada, membre du Commonwealth britannique, fournissait une aide soutenue à l’Angleterre. Selon le Neutrality Act, les USA n’étaient pas les alliés du Canada et ne devaient pas leur fournir d’aide, ni faire de la propagande au profit de cette nation belligérante. Néanmoins, les films glorifiant la cause alliée étaient de plus en plus nombreux en 1941. Hollywood qui comptait de nombreux producteurs et réalisateurs d’origine européenne, était déjà parti en guerre ! Le film de la Warner est un hommage, en couleur, aux « bush pilots » canadiens, mais aussi et surtout, aux forces aériennes canadiennes (RCAF). Il est également l’aboutissement d’un projet destiné à favoriser l’enrôlement dans les forces aériennes canadiennes d’hommes en provenance du Commonwealth mais aussi des Etats-Unis. L’Air Marshall William Bishop, un as de la première guerre mondiale et un héros au Canada, apparaît dans le film lors d’une cérémonie de remise des ailes aux cadets d’une nouvelle promotion, à la base d’Uplands. Bishop dirigeait un vaste programme de formation de pilotes, navigateurs, mitrailleurs, spécialistes, appelé le « British Commonwealth Air Training Plan » (BCATP). Ce programme entraîna environ 130.000 hommes dans cent sept bases dispersées dans le pays. Les élèves venaient de Grande Bretagne, d’Australie, de Nouvelle Zélande, mais aussi des Etats-Unis. Bishop présidait également le Clayton Knight Committee, basé à New York, et formé par le peintre Clayton Knight pour attirer des pilotes américains. En décembre 1941, cette organisation avaient déjà traité 6.700 candidatures d’Américains désireux de s’engager dans la RCAF ou la RAF. ; 92% des pilotes américains qui rejoignirent les « Eagle squadrons » en Angleterre étaient passés par le Canada et le Comité Knight. Le film fut appelé « Les chevaliers du ciel » d’après un phrase d’un discours de « Billy » Bishop. La chanson "Captains of the Clouds" (musique de Harold Arlen, paroles de Johnny Mercer) devint la chanson officielle de la RCAF.

Dès le départ du projet, la Warner avait décidé de tourner la plupart des scènes au Canada. Le producteur travailla plusieurs mois avec les responsables du département de la Défense Nationale canadien, pour choisir les sites de tournage. Finalement, les scènes sur les pilotes de brousse seront tournées dans les environs de North Bay (Ontario), et les séquences militaires sur plusieurs bases de la RCAF : Central Flying School de Trenton (Ontario), N°2 RCAF Service Flying School d’Uplands (Ottawa), RCAF Manning Depot n°1 (Toronto), N°6 RCAF Bombing and Gunnery School de Mountain View (Ontario), Dartmouth (Nova Scotia). Le tournage commença officiellement le 16 juillet 1941 sous la direction de Michael Curtiz qui venait d’achever « Dive bomber ». L’équipe du film, environ deux cent personnes, passa trois mois sur place, tournant par tous les temps et dans des conditions d’un pays en temps de guerre. Les scènes de pilote de brousse furent filmées à Woodcliff Camp, près de North Bay (Ontario). Elmer Dyer fut chargé des prises de vues aériennes à partir d’un avion de Paul Mantz, un Stinson A trimoteur. Associé depuis longtemps à Mantz, Frank Clarke fut nommé chef pilote après que Mantz ait été blessé lors d’un accident de la route. Ce fut son plus important travail depuis « Hell’s angels » en 1930. Après North Bay, Curtiz et son équipe se déplacèrent vers Trenton, où la plupart des scènes impliquant la RCAF furent tournées. Le vol d’Hudson au dessus de l’Atlantique, à la fin du film, fut tourné à 300 km en mer, avec cinq bombardiers de la base de Dartmouth, à Halifax (Nova Scotia). Un des Hurricanes de Dartmouth fut repeint aux couleurs de la Luftwaffe et les batteries de DCA nombreuses dans la zone, durent être averties à chaque décollage de l’appareil ! En septembre 1941, le tournage se poursuivit en Californie, en studio, et se termina en novembre.

Dans le nord de la province d’Ontario au Canada, peu avant la seconde guerre mondiale, Mac Lean est un pilote de brousse, une tête brûlée toujours en conflit avec trois autres collègues dont il vole le travail en cassant les prix. McLean se marie à la petite amie de Dutton, Emily, une allumeuse qui cherche n’importe quel homme susceptible de l’emmener vivre en ville ... Les relations entre Dutton et McLean deviennent encore plus conflictuelles. Déprimé, Dutton donne ses économies à un fond de charité et s’engage dans la RCAF. Après avoir entendu le discours du premier ministre britannique Winston Churchill (« We shall fight.on the beaches… ») le 4 juin 1940, McLean et ses collègues décident de s’engager à leur tour dans la RCAF. Croyant être accueillis à bras ouverts, ils sont navrés d’entendre qu’il sont trop vieux pour être des pilotes de chasse et qu’ils ne peuvent prétendre qu’à des emplois d’instructeurs ! Habitué à piloter « aux fesses », McLean a un mépris total des règlements et des instructions ; il manque de provoquer la mort d’un de ses élèves ce qui entraîne son renvoi. Un de ses amis, renvoyé pour alcoolisme, se tue en faisant des acrobaties avec Mac Lean, lors d’une cérémonie de remise des ailes aux cadets. Toujours désireux d’aller combattre en Europe, il usurpe l’identité d’un pilote décédé et réussit à intégrer une escadrille de convoyage qui emmène des Lockheed Hudson en Angleterre. Pendant le vol transatlantique, les avions non armés sont interceptés par un Messerschmitt. Dans un acte de courage, Mac Lean percute le chasseur pour que ses camarades puissent rejoindre l’Angleterre sains et saufs.

L’interprétation de Cagney dans ce film est en tout point semblable à celle du rôle de Tommy O’Toole dans  « Devils dogs of the air » (1935). Il y perturbait avec ses rase-mottes une cérémonie sur la base de la Navy à North Island ; ici, la même scène est répétée deux fois. Rappelons que James Cagney qui tourna six films d’aviation, détestait voler !

« Les chevaliers du ciel » fut le dernier film d’aviation tourné avant l’entrée en guerre des Etats-Unis. Le film sortit en février 1942 avec un très bonne critique et fut nominé pour deux oscars (Meilleure Photo couleur et Meilleurs décors de plateau). Quant à son impact sur le recrutement des pilotes américains pour aller combattre en Angleterre, il fut sans doute des plus faibles. Les Etats-Unis avait depuis décembre 1941, un problème plus pressé : reprendre une à une le îles du Pacifique aux mains des Japonais.

 

Les avions du film :

La Warner embaucha plusieurs pilotes cascadeurs d’Hollywood parmi les meilleurs : Frank Clarke, Jerry Phillips, Howard Balt, Herb White, Garland Lincoln. Ils se firent très vite au pilotage des hydravions, quant à celui des Harvard, certains avait passé les mois précédents le tournage à les convoyer entre la Californie et le Canada !

Les studios louèrent à plusieurs compagnies canadiennes (Dominion Skyways, Laurentian Air Service) au moins huit avions qui furent repeints avec des couleurs voyantes pour le Technicolor, et de fausses immatriculations. Ces avions étaient des modèles utilisés couramment sur les lacs canadiens : un Fairchild 71C (CF-NBP), un Noorduyn Norseman hydro (CF-HGO) et deux Waco cabin, ZQC-6 et YKC (faux matricules CF-GHV et CF-GPY, en réalité CF-BDO et CF-AWI). 

Le Norseman était le tout premier construit; il fut livré à la Dominion Skyways Ltd. le 18 Janvier 1936 et immatriculé CF-AYO, sous le nom d’ «Arcturus ». Il fut détruit dans un crash survenu à Algonquin Park in 1952. Son épave est exposée  au  Canadian Bushplane Heritage Centre à Sault-Ste.-Marie (ON).

Ces appareils pouvaient être équipés de skis ou de roues comme on le voit lorsqu’ils atterrissent sur la base d’Uplands où on demande à leurs pilotes de dégager le terrain dans les plus brefs délais...Pour cette dernière séquence, les Waco précédents ont été remplacés par un ZQC-6 (CF-GHY) et par ce qui semble être un UIC (CF-JPY) (on le voit très mal). Le Fairchild 71C (de son vrai matricule CF-ATZ) fut accidenté en 1949, restauré en 1987, puis donné au musée d’aviation de l’Alberta, à Edmonton.

Tous les autres avions sont des appareils de la RCAF, très hauts en couleurs. L’entraînement de base des quatre compères se fait sur de petits Fleet Fawn dont les cockpits sont équipés d’une verrière nécessitée par les températures hivernales particulièrement basses au Canada. Au premier plan, devant un décollage d’un groupe de Fleet, on aperçoit un bout du moteur et l’aile gauche d’un North American NA-67, sans décoration, avec juste une peinture anti reflet sur le capot, et sur l’aile, une petite cocarde qui ne peut être que française. Une telle cocarde « basse visibilité » utilisée au début du conflit était encore apposée en 1940 sur certains  avions commandés par la France à la sortie des usines américaines. Il s’agirait donc d’un des NA-64 français qui furent reversés à la RCAF sous le nom de Yale, en août 1940. On voit plusieurs formation de Yale survoler les environs de Trenton, mais ceux ci ont reçu leurs marques canadiennes tout en conservant leur fini métallique. Un de ces avions ayant participé au tournage pouvait être vu en en 2006 à Guelph Air Park (Ontario). 

Mais la RCAF préfère montrer ses nouveaux North American NA-75 Harvard II (dont les Nos 2505, 2588, 2689, 2897). Ces appareils remplaçaient progressivement les Yale mais aussi les vieux Fairey Battle Mk.I servant d’avions d’entraînement pour les mitrailleurs, comme on le voit dans le film qui est le seul à montrer ce genre d’appareil. Ces Fairey filmé à Uplands appartenaient au Bombing and Gunnery school No. 1 de Jarvis. Autre avion déclassé, très courant dans les écoles, le Northrop/Douglas A-17A Nomad, avait été transformé en 1941 en remorqueur de cible, d’où sa livrée à rayures jaune et noir (un costume de bagnard pour un avion de servitude !).

Des Avro Anson Mk.I avec (N°6598) ou sans tourelle de mitrailleuse (N°6165) qui servaient dans les écoles de bombardiers et de mitrailleurs, passent devant un avion de transport rapide, un magnifique Lockheed 12A Electra Junior décoré d’un simple filet rouge sur le fuselage et les moteurs.

A la fin du film, l’alignement de bombardiers Hudson a été filmé à l’usine Lockheed de Burbank qui apparaît dans de nombreux films de l’époque. Ce sont des Lockheed Hudson Mk.III (modèle 414) (dont les Nos. 3951 et 3952, et l'avion codé AE597c/n 3954 et AE601, c/n 3956) flambant neufs qui furent livrés à la RAF, selon le contrat A-68 du 22 novembre 1939. Au-dessus de l’océan, ces avions sont remplacés par cinq Hudson Mk.III munis de leur tourelle Boulton Paul appartenant au Bomber Reconnaissance Squadron N° 11 de Darmouth. Ils sont attaqués par un Hawker Hurricane Mk I censé être un Messerschmitt Bf 109E, sans doute un modèle secret à très long rayon d’action pouvant opérer au large de l’Irlande !! La maquette du « Messerschmitt » est assez approximative à part la verrière, et dispose d’un viseur à grille qui n’équipait plus les chasseurs allemands depuis longtemps (contrairement aux Hudsons...). A part d’immenses croix noires et la svastika, la décoration du Hurricane est entièrement noire comme un chasseur de nuit.

 

 Christian Santoir

*Film disponible sur  amazon.fr

 

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