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L'AEROPOSTALE, courrier du ciel

        L’AEROPOSTALE

courrier du ciel

 

Année:1980
Pays: France
Durée: 6 épisodes de 55 minutes environ
Genre: aventure
Couleur

Réalisateur : Gilles Grangier
Scénario : Edouard Bobrowski, Marcel Jullian

Bernard Fresson (Didier Daurat), Michel Duchaussoy (Pierre Latécoère), Robert Rimbaud (Beppo de Massimi), Jean-Pierre Bouvier (Jean Mermoz), Michel Bedetti (Paul Vachet), Renée Faure (Mme Latécoère), Anne Jolivet (Mme Daurat), France Valéry (Mme Vachet), Jean-François Garreaud (Jules Pranville), Patrick Floersheim (Raymond Vannier), Benoît Allemane (Antoine de Saint-Exupéry), Jean-Pierre Richepin (Henri Delaunay), Patrick Massieu (Amédée Jayet), Pascal Jolly (Portal), Jean-Paul Tribout (Marcel Reine), Jean-Pierre Bacri (Beauregard), Jean Reno (Moraglia).

Photo : Claude ROBIN
Musique : Alain LE MEUR
Conseillers techniques et pilotes: Jean SALIS, Claude ROUSSEAU
Producteurs : Cyril GRIZE, Pierre DARCAY
Compagnie productrice : : France Région FR3, Pathé, RTBF

Avions :

  • -Breguet 14P, F-AZBH et F-AZBP, répliques
  • -Latécoère 17, réplique
  • -Latécoère 28, réplique
  • -Potez 25, F-AIDZ, maquette éch. 1/1
  • -Salmson 2A2, réplique

 

 Notre avis :

La série télévisée « L’aéropostale » essaie de retracer le plus fidèlement possible l’épopée de la « Ligne » entre Toulouse et Santiago du Chili. La réalisation fut confiée à Gilles Grangier, un réalisateur chevronné qui, depuis les années 1970, travaillait surtout pour la télévision. Un des scénaristes, Edouard BOBROWSKy était un ancien journaliste qui avait interviewé Didier Daurat en 1967 pour le tournage d’un court métrage. La distribution comprenait de grands acteurs comme Bernard Fresson et Michel Duchaussoy, mais aussi des inconnus comme Jean Pierre Bacri et Jean Reno, jouant les seconds rôles. La production fit de gros efforts, malgré un budget visiblement limité, pour montrer des avions de l’époque, et fit appel à Jean Salis, un des rares collectionneurs d’avions anciens en France, et à Claude Rousseau qui dirigeait alors une petite compagnie aérienne bretonne, ainsi qu’un atelier de réparation d’avions de tourisme.

Ce feuilleton fut diffusé par FR3 à raison de quatre épisodes par semaine entre le 13 décembre 1980 et le 3 janvier 1981, en début de soirée. Il fut édité en VHS en 2000 par Warner Vision France sous la forme d’un coffret de trois cassettes de deux épisodes chacune. C’est cette version dont nous résumons les épisodes ici.

 

Episode 1 : « Monsieur Daurat »

En 1918, la fin du conflit est envisageable et déjà l’industriel Pierre Georges Latécoère pense à l’après guerre, et aux milliers d’avions neufs qui vont être disponibles sur le marché. Il imagine de relier la France à l’Amérique du sud par un service régulier d’avions qui transporteront du courrier. Aidé par son principal collaborateur, Beppo de Massimi, Latécoère fondent les Lignes Aériennes Latécoère dés décembre 1918. Il reconnaît la route Toulouse-Barcelone, puis continue sur Rabat où il signe une convention postale avec Lyautey. Il embauche aussi un ancien pilote de la guerre, le capitaine Daurat, un homme à poigne. Ce dernier met aussitôt de l’ordre sur le terrain de Montaudran où règne une ambiance par trop laxiste, dans les bureaux, comme dans les ateliers. Mais le principal adversaire reste la météo qui interrompt souvent les liaisons, les pilotes devant se poser dans la nature. Daurat préconise l’achat de Breguet 14, supérieur au Salmson 2 que fabriquait Latécoère pendant la guerre. Ce choix appuyé par le gouvernement, aggrave les tensions entre Daurat et Latécoère, mais seul le Breguet peut permettre l’extension de la ligne vers Dakar.

Episode 2 : « Au-dessus des sables »

La ligne entre Casablanca et Dakar est parsemée d’escales dont une à Cap Juby, une autre à Villa Cisneros, dans le Rio de Oro espagnol. Les avions volent deux par deux pour s’entraider en cas de panne. A Toulouse, Daurat qui n’hésite pas à transporter le courrier lui-même à l’occasion, embauche de nouveaux pilotes dont un certain Jean Mermoz. C’est un excellent pilote, mais un peu trop fougueux pour Daurat. Il sera embauché, mais il devra d’abord passer par l’atelier de mécanique. Dans le Rio de Oro, Villes et Rozes ayant dû se poser, sont attaqués par les pillards maures . Ils se dégagent en tuant deux de leurs agresseurs ; c’en est fini du calme dans le désert ! Daurat se rend au Maroc pour rencontrer Lyautey, qui lui confie une lettre pour le gouverneur espagnol afin de faciliter l’installation de la Ligne dans un territoire gouverné par l’Espagne, peu favorable à l’établissement de la compagnie française. Il lui faut aussi parlementer avec un chef de tribus dissidentes pour lui expliquer ce que font exactement les avions : ils ne sont pas là pour les surveiller, mais juste pour transporter du courrier. Les choses se calment un peu, mais vu l’indépendance des tribus maures, les avions continuent à être attaqués.

Episode 3 : « Un interprète à bord des avions »

Les exactions des Maures continuent et des pilotes, des mécaniciens, sont tués comme Pintado, Gourp et Erable, ou blessés et retenus en captivité dans de conditions difficiles. Il faut négocier une rançon avec les tribus pour les récupérer. Dans ce rôle, la nouvelle recrue, Antoine de Saint-Exupéry, se montre fort utile grâce à son sens de la diplomatie. Les avions emmènent dorénavant un interprète maure dont la présence permet de sauver des vies. La compagnie est aussi chargée d’apporter son assistance à l’équipage uruguayen de Larre-Borges posé près du cap Juby, lors d‘une tentative de tour du monde. Ils sont prisonniers des Maures et seront libérés grâce à l’intervention des pilotes Reine et Antoine. Daurat prépare l'avenir en supervisant les essais de nouveaux avions comme le Laté 17. Latécoère est déjà parti au Brésil pour organiser une tête de pont de sa compagnie avec Roig, Hamm et Vachet, dont l’épouse joue un rôle non négligeable à ses cotés. Au Brésil, la concurrence est rude entre les Allemands, les Américains et les Français, mais peu à peu, la Ligne s’installe. Face à des difficultés financières de plus en plus graves, Latécoère vend sa compagnie au financier Marcel Bouilloux-Laffont, pour se consacrer uniquement à la construction d’avions. En 1927, la Compagnie Générale d’Entreprises Aéronautiques devient la Compagnie Générale Aéropostale.

Episode 4 : « Le Condor des Andes »

En 1927, Costes et Le Brix traversent l’Atlantique sud entre Dakar et Natal. A Rio, l’Aéropostale essaie de consolider sa place sur le marché du transport. Un accident fatal qui entraîne la mort de deux journalistes brésiliens ne fait rien pour sa publicité. A Juby, Reine est fait prisonnier par les Maures avec Serre, le directeur du service radio de l’Aéropostale. Ils ne seront libérés qu’après quatre mois de mauvais traitements. Un nouveau défi s'impose aux pilotes de l'Aéropostale : franchir la Cordillère des Andes. Il faut un avion capable de monter plus haut que les Laté, et l’Aéropostale achète des Potez 25 dont le plafond atteint 6000 mètres. Mermoz s’attaque à la Cordillère mais manque d’y rester avec Collenot. Posé sur une crête étroite, ils arrivent à réparer le moteur et à redécoller de justesse.

Episode 5 : « Jusqu’au Pacifique »

L’Aéropostale rayonne à partir de Rio vers l’Argentine et bientôt le Chili. Pour raccourcir les délais, Mermoz décide de voler de nuit. En 1928, la ligne France-Amérique du sud est ouverte ; entre Dakar et Natal, le courrier est transporté par des avisos rapides. Parallèlement à ce nouveau défi, Daurat ordonne la tentative risquée de traverser l'Atlantique sud en avion. Seul le Laté 28 a une autonomie suffisante pour une telle traversée. Le Laté 28-3 équipé de flotteurs, baptisé « Comte de la Vaulx » bat en avril 1930, le record de distance en circuit fermé. Le 12 mai, Mermoz, Dabry et Gimié s’envolent de St Louis du Sénégal et atterrissent à Natal 21 heures plus tard. L’équipage arrive au Brésil sans bagage et sans papiers ayant tout sacrifié au poids. L’Atlantique sud est vaincu !

Episode 6 : « Une civilisation à part »

Le retour Natal-Dakar s’avère plus difficile que prévu. Malgré des nombreuses tentatives, Mermoz, n’arrive pas à faire décoller le Late 28. Daurat envoie l’ingénieur Pierre Larcher sur place  pour rectifier les flotteurs. En juin 1930, Guillaumet doit poser son Potez 25 au milieu de la Cordillère des Andes. Il marchera pendant cinq jours dans la montagne avant de trouver un ferme. A Natal, le Laté 28 parvient à décoller mais doit amerrir en plein Atlantique, suite à une panne moteur. Mermoz et l’équipage sont repêchés par un aviso. Daurat fait part à Mermoz de sa déception et se demande s’il n’est pas en train de devenir une vedette qui recherche l’exploit à tout prix.. En 1931, l’Aéropostale ayant été liquidée, Daurat, reçoit chez lui la visite de Saint Exupéry qui lui apporte un exemplaire dédicacé de son livre « Vol de nuit ».

 

Il y a eu trop de livres écrits sur l’Aéropostale, Mermoz, Saint Exupéry et les autres, pour qu’on ne soit pas un peu déçu par ce feuilleton. A l’évidence, il manque de souffle épique pour traduire en images ce qu’était la mystique de « la » Ligne et du courrier. Il aurait fallu un Kessel ou un Saint Ex comme scénariste, et un Howard Hawks comme réalisateur. Mais ce n’est qu’une série télé…Le scénario suit de très près l’histoire de l’Aéropostale, presque de trop près, et on a parfois l’impression de regarder un documentaire.Jean Pierre Bouvier campe un Mermoz peu convaincant, ne serait ce que par son apparence physique ; sa perruque à cheveux longs ne suffit pas à le faire ressembler à l’ « Archange » qui n’avait pas un tel « casque » sur la tête et qui, en outre, avait une taille et une carrure à faire pâlir Tarzan !

Le film fut tourné à La Ferté Alais, mais aussi sur l’étang de Biscarosse, à l’ancienne base des Hourtiquets qui tient lieu de Marignane, de St Louis du Sénégal et de Natal. Pour les scènes de désert, l’équipe de tournage se transporta au Maroc. Les paysages y ressemblent très vaguement à ceux du Rio de Oro, ou des environs de St Louis, qui sont beaucoup plus secs. Les connaisseurs de la Mauritanie remarqueront que les « Maures » du film portent des djellabas marocaines au lieu du traditionnel boubou bleu ou blanc. Les selles de dromadaires n’ont rien à voir avec la «rahla» maure, il en est de même des tentes. Les Maures ont, en outre, un armement très en avance sur leur temps, des MAS 36 ! Quant au chef des tribus nomades dissidentes, recevant dans un palais avec colonnades et mosaïques, il y a, là également, erreur sur la personne, quand on connaît la vie frustre et austère des « beïdanes », même de grande tente. Le petit fort que l’on voit dans la série n’est ni celui du Cap Juby, ni celui de Villa Cisneros. Il est regrettable que, sans doute pour des raisons de budget, aucune scène n’ait été tournée au Sénégal où pourtant certaines infrastructures utilisées par l’Aéropostale, à St Louis (la base de la Langue de Barbarie, le terrain de Dakar-Bango), comme à Dakar-Ouakam (deux pistes en X), existaient encore en 1979..

 

Les avions du film :

Au début du feuilleton (épisode 1) on peut apercevoir une réplique de Salmson 2 A2 construite par Jean Salis et Robert Payen à partir d’une cellule de Caudron Luciole, équipée d’un moteur Salmson de 135 chevaux. Cet avion est apparu dans plusieurs téléfilms comme l’ « Equipage » (1978) ou la série « Le temps des as » (1978). Le vrai Salmson 2, construit par Latécoère en 1918, était un appareil extrêmement simple à mettre en service et à entretenir, hormis le moteur, un Salmson 9Z de 230 chevaux.

Deux répliques de Breguets 14P (F-AZBH et F-AZBP) furent également construites chez Jean Salis d’après les plans de Roland Payen. Le F-AZBP existe toujours et peut être vu dans les meetings à La Ferté Alais. Le second est actuellement au Royal Thaï Air Force Museum. Ces avions peints en jaune sont équipés de deux containers à courrier sous les ailes qui sont en fait des réservoirs de carburant. On remarquera sur les capots moteur les pipes d’échappements des moteurs Hispano 12X, les Renault 12 Fe d’origine étant introuvables. Ces avions sont également équipés d’une roulette de queue au lieu de la traditionnelle béquille qui tenait lieu de frein. Ces deux Breguets (épisodes 1, 2, 3) portent de nombreux matricules fictifs (F-AFFM, AEVN, AFDK, AFTZ, AFWD, AFNT, AFBT..) pour faire nombre. Lors d‘une scène de voltige, un des Breguet est doublé par un Bücker Jungmann.

La réplique de Latécoère 17 fut construite pour le tournage du film TV «La conquête du ciel» (1980). Suite à la réussite des répliques truquées de Salmson, on décida d'agir de même pour le Laté 17. Ce dernier ayant en gros les dimensions du mono-moteur canadien Noorduyn « Norseman » dont un exemplaire (F-AZBD) peut être vu au sol dans l’épisode 3, il fut décidé de confier une nouvelle fois à Roland Payen cette transformation. Le travail n'était cependant pas facile, et les travaux commencées à la fin de 1978, n'arrivèrent a leur terme qu'en mai 1979. L’avion était propulsé par un moteur Pratt et Whitney de 9 cylindres en étoile de 600 ch, et avait une cabine qui n’était pas aménagée pour recevoir des passagers. Le résultat est un Laté 17 hybride avec le fuselage du prototype (sans tôle ondulée et porte à gauche), une aile à bouts elliptiques comme les modèles de séries, et un moteur en étoile, comme un Late 17 J ; il est dommage que le train d’atterrissage ne corresponde pas à l’original avec une voie trop large, et surtout, des roues beaucoup trop petites. Lui aussi reçoit dans le feuilleton, toute une série de fausses immatriculations (F-AIDK, F-AJBD…)(épisodes 3, 4, 5). Cet avion tient lieu aussi de Late 25 dans la scène qui relate l’exploit de Mermoz et de Collenot dans les Andes (dont le véritable avion F-AIEH est pieusement conservé en Argentine). Une fois le tournage terminé, ne présentant plus un gros intérêt dans la collection de Salis, il fut destiné a servir à la construction d'une autre réplique dès que la nécessité s'en ferait sentir.

Le Potez 25 portant le vrai matricule (F-AJDZ) de l’avion de Guillaumet est une maquette grandeur nature qui ne vole pas (épisodes 4, 5, 6). Mais la perle de cette petite collection est sans conteste la réplique du Latécoère 28-3 « Comte de la Vaulx » (épisodes 5 et 6).

Sans plans d’origine, Claude Rousseau fut chargé de fournir une maquette hydroplanante d’un Laté 28 muni d’un moteur Renault de 600 chevaux prêté par l’Armée de l’Air ; les flotteurs étaient en bois. 310 000 francs et cinq mois plus tard, un Laté 28 relativement conforme fut livré au réalisateur. Le principal défaut était le capot moteur de l’avion trop sobre, sans ses multiples ouies d’aération et prises d’air, et surtout l’hélice tripale moderne. La livrée de l’avion, rouge orangé, ne correspond pas à celle de l’époque qui était beaucoup plus foncée, rouge « postal », c’est à dire bordeau. Néanmoins, l’ensemble est très réaliste. S’il faut en croire Gérard Bousquet (Cf. le Fana de l’Aviation n° 387, pp 78-81), c’est Claude Rousseau qui décida, une fois les scènes prévues terminées, de faire voler cette réplique. Il fit plusieurs vols filmés à partir d’une vedette et d‘un hélicoptère, à la grande satisfaction des cinéastes qui n’en avaient pas demandé tant. Cet avion est actuellement présenté au musée de Melun Villaroche, en attendant un avenir meilleur.

Enfin, dans un hangar, on aperçoit un Caudron G3. C’est avec ce type d’appareil qui plafonne à 4000 mètres, qu’Adrienne Bolland avait traversé, seule, la Cordillère des Andes dès 1921...

 

Christian Santoir

*Serie disponible  sur amazon.fr

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