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CASABLANCA

 

Casablanca

 

Année : 1942
Pays : Etats-Unis
Genre : drame
Durée : 1 h 42 min.
Noir et blanc

Réalisateur :Michael Curtiz
Scénario : Murray Burnett,Joan Alison

Acteurs principaux :
Humphrey Bogart (Rick Blaine), Ingrid Bergman (Ilsa Lund), Paul Henreid (Victor Laszlo), Claude Rains (Capitaine Renault), Conrad Veidt (Major Strasser), Sydney Greenstreet (Ferrari), Peter Lorre (Ugarte), S. Z. Sakall (Carl), Madeleine LeBeau (Yvonne), Dooley Wilson (Sam)

Musique : Max Steiner
Photographie : Arthur Edeson
Producteur : Hal B. Wallis
Compagnie productrice : Warner Bros

Avions :

  • -Brown B3, en arrière-plan
  • -Fokker Super Universal
  • -Lockheed Electra 12-A Electra Junior, NC17370

 

Notre avis :

Ce film culte fut analysé, critiqué, disséqué, à longueur de livres, d'articles, et il est, de plus, amplement étudié sur le net. Nous nous contenterons donc de commentaires succincts. Ce film à petit budget n'est pas un film d'aviation, mais un film "avec" avions, qui seuls, focalisent notre attention, et, sur ce sujet, il y beaucoup moins de commentaires et beaucoup plus d'erreurs.

A Casablanca, après l'invasion de la France, une foule cosmopolite fréquente chaque soir "Chez Rick", le cabaret à la mode. La majorité de la clientèle est constituée de personnes qui fuient le joug nazi en Europe, et essaient par tous les moyens d'obtenir un visa de sortie pour rejoindre les Etats-Unis. Un soir, le capitaine Renault, le chef de la police de Vichy, y fait arrêter Ugarte, un trafiquant soupçonné d'avoir assassiné deux agents nazis, pour dérober les sauf-conduits qu'ils détenaient; mais il est tué en s'enfuyant. Renault, en réalité, a monté cette opération pour satisfaire le major Strasser, le chef de la commission d'armistice allemande, nouvellement arrivé à Casablanca. Ce même soir, Victor Laszlo, un tchécoslovaque connu pour ses activités anti-nazies, se trouve également chez Rick, en compagnie de sa femme Ilsa. Le major Strasser veut faire arrêter Laszlo. Rick, qui a connu et aimé Ilsa une année plus tôt, à Paris, répugne à fournir à ce dernier les sauf-conduits qu'Ugarte lui a remis juste avant de se faire tuer. Ilsa ne lui avait pas dit qu'elle était mariée et que son mari était dans un camp de concentration quand elle l'avait connu. Pourtant, après une ultime entrevue avec Ilsa, où elle lui avoue qu'elle l'aime toujours, Rick vient en aide au couple. Mais Renault, pressé par Strasser, arrête Laszlo. Rick se rend alors au commissariat et sous la menace de son pistolet fait libérer Laszlo; puis, il force Renault à les emmener à l'aéroport. Tandis qu'Ilsa et Victor s'embarquent à bord d'un avion pour Lisbonne, Rick tue le major Strasser qui survient. Renault lance ses policiers sur une fausse piste, mais conscient que le vent va tourner, il s'apprête à changer de camp. Rick et Renault s'éloignent dans la nuit, en devisant sur leur avenir...

Le film ne fournit pas de date précise, mais l'action doit se situer entre juin 1940 (armistice) et novembre 1941, date de la destitution du général Weygand, Délégué Général de Vichy en Afrique. C'est lui qui est censé avoir signé les fameux saufs conduits, ou "lettres de transfert", que Renault et Lazlo recherchent. Dans la version originale, Ugart parle de visas signés par...De Gaulle ! Une signature bien compromettante en 1940-1941, dans un territoire contrôlé par Vichy et qui n'avait d'autre utilité que de vous faire arrêter immédiatement ! Signés par un général ou un autre, on ne voit pas de toutes façons, pourquoi ces documents étaient en possession de deux Allemands.

La politique de Vichy semble personnifiée par le commissaire Renault, qui navigue à vue entre ce qu'il croit être ses intérêts personnels et les exigences de l'occupant allemand. C'est un personnage corrompu qui délivre les visas moyennant paiement en espèces, ou…en nature. C'est aussi un opportuniste qui passe chez les Gaullistes à la fin du film. Un comportement qui deviendra banal vers la fin de la guerre…De même, Ricks personnifie les USA, d'abord peu enclins à aller au secours des démocraties européennes qui ont signé les accords de Munich, puis qui se décident à la fin, à sortir de leur neutralité et à intervenir par les armes.

Le film fait de Casablanca une sorte de nid d'espions, où tous les trafics, toutes les intrigues se trament et où tous les fugitifs de l'Europe entière aboutissent. Ce n'était pas entièrement faux, mais beaucoup plus de gens traversèrent clandestinement l'Espagne, les ports français étant très surveillés. Un clandestin avait beaucoup plus de chance de se faire prendre en traversant l'Algérie et le Maroc. En 1940-1941, Air France n'avait pas de ligne Casablanca–Lisbonne, via Tanger, les seuls vols autorisés par les conventions d'armistice étant des vols entre la métropole et ses colonies. Le seul moyen pour rejoindre la capitale portugaise était le bateau.

Ce film anti nazi à destination du public américain, pêche par optimisme. La scène où les clients de Rick et des militaires, chantent la Marseillaise avec ferveur, pour contrer le chant des Allemands, donne l'impression que l'opinion publique au Maroc et l'Armée, étaient farouchement anti-allemands, et donc, plutôt pour les Alliés…Il s'agissait là d'une conclusion hâtive, la situation réelle étant beaucoup plus nuancée. Deux semaines avant la première du film (26 novembre 1942), les "libérateurs" américains allaient s'apercevoir, à leurs dépens, en débarquant à Casablanca, que l'ambiance n'y était pas exactement identique à celle du film. Il est néanmoins exact que beaucoup de militaires français dans les colonies n'avaient qu'une envie, prendre leur revanche sur les Allemands…

Enfin, le Maroc est considéré comme un sol français, alors que le sultanat du Maroc n'était ni un département français, comme l'Algérie, ni une colonie, mais un protectorat depuis 1912. Il était sous la juridiction française, mais n'était pas considéré comme une part du territoire national. L'écusson tricolore vu au dessus du Palais de Justice, avec un croissant et l'étoile chérifienne dans le blanc, n'a jamais existé. Michael Curtiz ne cherchait nullement à respecter la vérité historique et partait du principe que le spectateur ne s'y intéressait pas…

Ce film comporte peu d'avions, bien que tout le monde dans le film veuille en prendre un, pour quitter le Maroc vichyssois et rallier le Portugal neutre.

 

Les avions du film :

Il convient tout d'abord de préciser que le tournage ayant commencé peu après Pearl Harbor, (7 décembre 1941), alors que l'on attendait une invasion japonaise, les activités cinématographiques dans la zone côtière californienne et sur les aéroports étaient strictement réglementées. Ainsi, on ne voit aucun avion en vol, seulement des maquettes. Mais les studios de la Warner étant trop exigus pour contenir un véritable avion, la production fut autorisée à tourner sur le Metropolitan airport de Los Angeles, dont on remarque la tour de contrôle caractéristique. La scène de début du film montrant l'arrivée du major Strasser à Casablanca y fut tournée le 10 juillet 1942, quand la menace japonaise s'était estompée.

L'officier allemand débarque d'un Fokker Super Universal civil, portant le faux matricule allemand D-AGDF. En arrière plan, on observe un Brown B3 biplace et un Lockheed Vega, mis là pour peupler le tarmac. Rappelons que pendant la guerre, la Lufthansa ne desservait pas l'Afrique du Nord et que la commission allemande d'armistice se déplaçait en avion militaire (He-111…).

L'autre véritable avion du film est un Lockheed Electra 12-A Electra Junior passant pour un avion d'Air France, dont il porte la "crevette" (surdimensionnée) sur le nez. Cet appareil (c/n 1220, NC17376), appartenant à un particulier, fut réquisitionné le 25 juillet 1942 (peu avant la fin du tournage) et sera détruit au sol par accident à Mitchell Field, en octobre. Il a dans le film le vrai faux matricule F-AMPJ, qui était en réalité attribué à un petit avion de tourisme, un Potez 43.5. On voit l'avion mettre en route ses moteurs, puis rouler. Après c'est une maquette qui décolle (en piquant un peu du nez !). Les scènes précédentes, à la porte du hangar, ont été réalisées en studio avec une maquette du même avion, réduite au trois quarts et éclairée de l'intérieur. On aurait employé des nains pour figurer le personnel au sol se déplaçant autour, pour respecter l'échelle…Le tout est filmé de nuit et baigné dans un brouillard assez dense (plus anglais que marocain), pour camoufler le tout. Air France n'a jamais compté de Lockheed 12 dans sa flotte.

 

Christian Santoir

 *Film disponible sur amazon.fr

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