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BOMBARDIER

 
BOMBARDIER

 

Année : 1943
Pays : USA
Genre : Drame
Durée : 1 h 33 min.
Noir et blanc

Réalisateur : Richard Wallace
Scénario : John Twist, Martin Rackin

Acteurs principaux :
Eugene L. Eubank (lui-même), Pat O'Brien (Major Chick Davis), Randolph Scott (Capitaine Buck Oliver), Anne Shirley (Burton Hughes), Eddie Albert (Tom Hughes), Walter Reed (Jim Carter), Robert Ryan (Joe Connors), Barton MacLane (Sergeant Archie Dixon), Leonard Strong (officier japonais), Richard Martin (Chito Rafferty), Russell Wade (Paul Harris), John Miljan (Chaplain Charlie Craig), Charles Russell, (Instructeur)

Musique : Roy WEBB
Photo : Nicholas MUSURACA
Producteur : Robert FELLOWS
Compagnie distributrice : RKO

Avions :

  • -Beechcraft AT-11
  • -Boeing B-17E 
  • -Boeing Y1B-17, extr. de film 
  • -Douglas B-18A Bolo
  • -Douglas UC-67, en arrière-plan
  • -North American B-25C Mitchell, document.
  • -Vought SB2U Vindicator,  extr. de film 

 

Notre avis :

Après « Aerial Gunner » et « Air Force », « Bombardier » traite de l’entraînement des équipages de B-17 et plus particulièrement des bombardiers. C’est aussi un hommage à l’avion de Boeing désigné dans le film « comme le plus grand bombardier du monde », rien que ça !

Suivant les autres studios de cinéma, RKO décida d’examiner l’entraînement rigoureux des hommes utilisant le viseur de bombardement Norden. Le scénario est vaguement inspiré par des faits réels, à savoir l’ établissement de la première école de bombardement de l’US Army Air Force (la Bomber Command School dépendant de l’Army Air Force School of Applied Tactics) crée en novembre 1942 et qui forma 45.000 bombardiers pendant la guerre. Le film commence par une présentation du brigadier général Eugene L. Eubanks commandant du Bomber Command qui participa à la défense des Philippines en décembre 1941 avec le 19th BG. Le général met l’accent sur l’importance des bombardiers dans le nouveau conflit et sur la mise en place, dès avant la guerre, de l’organisation nécessaire pour entraîner ces spécialistes, afin d’être près à combattre.

Le film ouvre sur le débat entre partisans du bombardement en piqué et ceux du bombardement de précision à haute altitude. En réponse au capitaine Buck Oliver qui défend le premier procédé, le major Chick Davis fait amener par deux gardes armés le viseur de haute précision appelé familièrement « the golden goose ». ! Il ne s’agit pas d’un vrai mais d’une maquette en forme de cube avec un oeilleton sur le couvercle…Davis indique que l’ « on est remboursé s’il ne met pas la bombe dans un tonneau à partir d’une altitude de 8 000 mètres et dans un sou, d’une altitude de 6 000 mètres » ! Lors d’une démonstration devant des officiels, Oliver avec son bombardier en piqué, manque la cible de près, alors que Davis détruit la cible d’une altitude de 7 000 mètres. Une école est alors installée à Hughes Field situé à Almanzor, au Nouveau Mexique. Cette base fictive est censée avoir été fondée par un ancien pilote bombardier du nom de Hughes dont la fille Burton et le fils Tom, y travaillent encore. Tom s’engagera dans les bombardiers. Buck arrive à la base comme pilote et semble connaître Burton de longue date.. Le film s’étend ensuite sur la formation des bombardiers qui commence par des cours théoriques et des exercices au sol dans des simulateurs, avant que les cadets montent dans un avion. Après une série d’accidents improbables (fusée éclairante en feu dans la cabine, commandes bloquées, membre d’équipage tombant de l’avion sans parachute..), les cadets sont évalués par une commission chargée de retenir les meilleurs. Burton est pratiquement le seul personnage féminin du film ; elle n’est pas seulement l’objet des attentions de Buck et du jeune Carter, mais elle contribue aussi à policer le rude Chick dont elle est la secrétaire loyale et raisonnable. Après le raid japonais sur Pearl Harbor, on passe à la préparation d’un raid sur une usine d’aviation de Tokyo, à une date indéterminée. Oliver, en tête, doit marquer la cible avec des bombes éclairantes. Mais il est descendu et réceptionné par des Japonais peu amènes. Après les tortures d’usage, Oliver réussit à s’échapper et à éclairer la cible à l’aide d’un camion chargé de fûts d’essence. Les bombardiers de Davis aperçoivent alors l’usine. Quand la formation retourne à la maison, une voix off déclame « Combattre le feu par le feu ! C’est la croisade  des bombardiers qui sont à l’origine d’une grande tradition américaine  », une tradition qui se perpétue jusqu’à nos jours, serait-on tenté d’ajouter…

« Bombardier » est sans doute un pur produit Hollywoodien du temps de guerre. Mais à l’époque, il embarrassa sans doute les pilotes de B-17 qui n’avaient pas fait d’étincelles, ni dans les Philippines, ni à Java (où il abandonnèrent aux mains des Japonais trois appareils, dont 2 B-17e!), ni à Midway. A l’inverse, ceux de la Marine qui avaient coulé quatre des principaux porte-avions japonais dans la même bataille, en juin 1942, devaient bien rire.

Il est exact que le viseur Norden fut pendant longtemps un équipement gardé secret. Les bombardiers devaient effectivement s’assurer, si l’avion était touché, que le viseur soit détruit ; plus tard, on installa un dispositif d’autodestruction à l’intérieur. Les bombardiers devaient jurer qu’ils défendraient le secret du Norden même au péril de leur vie. Au départ, il était destiné à la Marine. Ce viseur comportait un petit télescope et un calculateur de tir intégrant l’altitude, la vitesse sol de l’avion, la dérive, pour calculer la trajectoire de la bombe. A proximité de la cible, le Norden était couplé avec le pilote automatique de l’avion pour l’amener sur la position exacte de l’objectif, et il déclenchait le largage les bombes. En théorie, avec ce viseur, on pouvait toucher une zone de 30 mètres de diamètre, d’une altitude de 7000 mètres. En réalité, une telle exactitude ne fut presque jamais atteinte en opération, car le Norden avait été testé dans des conditions fictives par l’USAAF, en l’absence de flak et de conditions météo très sévères (vents violents en altitude, couche nuageuse..). En outre, la forme des projectiles, même leur peinture, changeait leurs propriétés aérodynamiques; les vitesses supersoniques atteintes par les bombes en fin de trajectoire posaient des problèmes insolubles à l’époque. Enfin, comme le film le laisse supposer, tout dépendait de celui qui utilisait le viseur. Les meilleurs bombardiers étaient mis dans les avions de tête ; les autres s’alignant sur l’impact de leurs bombes.

Les B-17 ne firent pas de « frappes chirurgicales » pendant la guerre, et on eut recours le plus souvent au tapis de bombes. Les Français qui habitaient à coté des gares, des centrales électriques, des usines, ont payé de leur vie pour le savoir. Exemples de bombardement de « précision »: (bombardement du 26 mai 1944) Nice, gare de triage de St Roch : 284 morts, 100 disparus, 480 blessés, 600 immeubles détruits ou endommagés; gare de triage de Chambéry : 200 morts, 300 blessés; gares de triage de Lyon-Mouche et de Lyon-Vaise et siège de la Gestapo : environ 1000 morts; Saint-Etienne , gare de triage ; environ 1000 morts, parmi lesquels tous les élèves d'une école primaire. Cela fait beaucoup de dommages collatéraux. pour une seule journée ! 

Dans le film, Robert Ryan, joue le rôle d’un cadet qui a été contacté par une personne désirant acheter un Norden. Cela rappelle que le secret du Norden avait été percé dès 1937, par les Allemands, quand un employé de Norden vendit les plans à Goering pour 3 000 $ ! Mais les Nazis décidèrent (heureusement) de ne pas l’utiliser... En 1942, le Norden était passé du statut « Top secret » à celui de « Restricted » seulement.

Bien que ce film fusse nominé pour un oscar pour ses effets spéciaux, ces derniers sont très inférieurs à ceux d’ « Air Force » sorti la même année. Le bombardement de Tokyo est assez mal rendu et les maquettes font « carton pâte ». Rappelons que le premier bombardement de Tokyo fut le fait des B-25 de Jimmy Doolittle, le 18 avril 1942 ; puis il fallut attendre novembre 1944 pour revoir des bombardiers américains (B-29) au dessus de la capitale impériale.

 

Les avions du film :

Le film montre d’authentiques avions filmés sur la base de Kirtland. Le réalisateur y passa six semaines à filmer l’entraînement quotidien des cadets, alors qu’on leur enseignait le maniement délicat du viseur Norden. Beaucoup de cadets apparaissent sur l’écran.

L’avion que l’on voit le plus souvent est le Douglas B-18A Bolo, dont le Q-111 (s/n 38-956). Cet avion qui utilisait les ailes, les empennages et les moteurs du DC-2, était en service en 1940, mais avait été remplacé par le B-17, dès 1942. On voit bien la disposition de l’intérieur de l’avion et la curieuse position du mitrailleur avant, sous le poste du bombardier. On remarquera, au passage, le masque à oxygène type A-7, porté par l’équipage ; avec son faux nez et ses tuyaux de chaque coté de la bouche laissée libre ; c’est un vrai masque…de carnaval ! Il fut même utilisé dans certains avions de transport civils. Mais comme on ne devait respirer que par le nez, il fut jugé dangereux en combat et dûment remplacé. En arrière plan, on aperçoit un Douglas UC-67, un avion destiné à succéder au Bolo mais qui était converti en transport à l’époque du tournage.

Avant les Bolo, on observe des Beechcraft AT-11 utilisés pour l’entraînement des bombardiers et des mitrailleurs. Vers la fin du film, les Boeing B-17E du 19 B.G. volent en formation. Cette unité était basée temporairement à Kirtland et revenait récemment de son tour d’opération dans le Pacifique, en attendant une nouvelle affectation. A la mi 1943, la plupart des B-17 avaient été retirés du Pacifique en faveur des B-24 Liberator, au rayon d’action supérieur, et dont on voit un exemplaire en arrière plan. Au dessus de Tokyo, les B-17 sont attaqués par des maquettes de chasseurs japonais non identifiés, car pratiquement invisibles la nuit….

Le film utilise également un document filmé pour montrer un North American B-25C Mitchell, sans doute pour évoquer le raid de Doolittle. On y trouve également un Y1B-17 sorti tout droit de «Test pilot » (1941) et un Vought SB2U Vindicator de la VB-3 extrait de « Dive bomber » (1941). Au début du film, une bande d’actualité montre des Junkers Ju 87B dans leurs oeuvres. Rappelons ici que ce furent les Américains et l’US Navy qui développèrent au début des années trente, les premiers bombardiers en piqué appelés « Helldivers », seuls susceptibles de toucher les cibles réduites que constituent les navires. C’est Ernst Udet qui ramena l’idée des Etats-Unis et imposa, de façon excessive, ce procédé à tous les bombardiers allemands, d’où le rejet par les services techniques allemands (dont il était le directeur), du Norden.


Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.fr

 

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