BALGAN MAHURA
Vo. 빨간색 머플러
Année : 1965
Pays : Corée du sud
Genre : guerre
Durée : 1 h 40 min.
Couleur
Réalisateur : Sang-ok SHIN
Scénario : Woon Sa HAN
Acteurs principaux :
Eun-hie CHOI, Yeong-gyun SHIN, Mu-ryong CHOI, Eun-jin HAN, In-ja YUN
Photographie : Jong-rae KIM
Producteur : Tae-seon SHIM
Compagnie productrice : Shin Film
Avions :
- Curtiss Commando C-46
- North American F-86F Sabre
- Republic F-84F Thunderstreak, extr. de film
Notre avis :
Les années 60 connurent, en Corée du sud, l'âge d'or du cinéma, mais aussi un interventionnisme accru des militaires dans les productions. Plusieurs films de cette époque avaient, cependant, une approche plus humaine de la guerre, décrivant notamment les drames subis par les familles des combattants, dans les limites permises par la censure. Ce film fut dirigé par Shin Sang-Ok, un réalisateur touche à tout, dans les premières années de la dictature de Park Jeong Hee. Son scenario revisite la guerre de Corée, en insistant sur la souffrance des épouses, des mères, dont les maris, les fils, sacrifièrent leur vie en combattant l'ennemi du Nord.
L'histoire commence quand une bande de jeunes pilotes de chasse arrivent à la base de Kangreung en 1952, peu avant la fin de la guerre de Corée. Ils se présentent à leur commandant par leur surnoms : Nice guy, Pebble, Sissy, etc..Un des leurs, Bae Tae-bong, se distingue par son esprit frondeur. Dès sa première sortie, il mitraille des cibles non autorisées. Mais le lendemain, il réussit à se poser alors qu'il a une panne de train. Le major Na Gwan-jung, portant casquette penchée sur l'œil et écharpe rouge, avec une coupe de cheveux à la Elvis Presley, invite son équipe dans un bar où il retrouve Jee-Sun, une belle jeune femme dont le regard triste trahit la tragédie qui l'habite. Na essaie de lui venir en aide comme un grand frère. Un retour en arrière montre comment Na et le lieutenant Noh Do-Sun trouvèrent un jour l'orpheline Jee-Sun, marchant dans la neige, sur la route de la base de Kangreung où elle espérait trouver du travail. Ils l'adoptent et Noh, qui est tombé amoureux d'elle, l'épouse après une rapide cours, mais meurt peu après en opération. Na n'est pas impliqué sentimentalement avec Jee Sun, il préfère la voluptueuse patronne du bar, mais il lui recherche un mari capable de prendre soin d'elle, pour lui éviter de devenir une fille de bar. Le lieutenant Bae qui est originaire du Nord comme Jee Sun, est aussi séduit par le joli minois, de la jeune femme; mais un pilote de chasse qui risque sa vie tous les jours, peut-il se marier ? Lors d'une mission, un des pilotes est effectivement descendu et on doit le récupérer en pays ennemi, grâce à un système permettant de récupérer des hommes au sol, sans que l'avion ait à se poser. Mais une fois à bord, on constate qu'il est mort. Les missions continuent, notamment pour détruire un pont stratégique, une tâche que les Américains n'ont pas pu remplir. Le major Na, gravement touché, choisit de s'écraser dessus, afin de le détruire pour de bon. Peu après, à la base, sa mère rend visite à ses coéquipiers qui doivent lui apprendre la mort de son fils. D'abord choquée, c'est elle qui devra consoler les pilotes en pleurs et les exhorter à se monter braves. Le film se termine sur une démonstration de la ROKAF (Republic of Korea Air Force) avec largage de parachutistes, bombardement au napalm, complétés par un vaste défilé aérien sur fond de musique martiale.
L'ambiance du film est résolument américaine et traduit la forte influence de l'USAF sur la ROKAF. Les uniformes, les écharpes rouges, les badges sur les combinaisons de vol (dont celui, porté à gauche, du 10th Fighter Wing, une des premières unités de chasseur de la ROKAF pendant la guerre de Corée), le comportement assez "débridé" des pilotes, leurs surnoms, leurs virées dans les bars à filles, sont plus proches de l'Occident que de l'Orient.
"Balgan mahura" est sans aucun doute un film de propagande, comme ceux que Shin réalisera plus tard pour le dictateur nord-coréen Kim Jong-Il, mais il n'y a pas ici de message politique vraiment apparent, ni d'anti-communisme virulent. L'ennemi nordiste se fait discret, et les alliés américains ne sont évoqués que lors de l'attaque d'un pont, un scène qui rappelle inévitablement "Les ponts de Toko-Ri", sorti en 1955. Le film célèbre seulement la guerre aérienne dans un concert de jets hurlant et d'explosions, plutôt que la lutte contre un ennemi spécifique. Ce n'est pas non plus une reconstitution historique des événements passés. Les combats se concentrent sur le travail des pilotes confrontés à une DCA intensive, pas sur les dégâts "collatéraux", au sol. Les avions montrés ne correspondent même pas à l'époque ! Ils ont été filmés au sol, les prises de vues aériennes étant vraisemblablement réalisées par la ROKAF.
Les avions du film ;
Tous les avions du film sont des North American F-86F de la ROK Air Force avec une dérive à damier rouge et jaune.. On en observe de très nombreux, dont les serials : 494 (s/n 52-5494), 637 (s/n 52-4637), 917 (s/n 52-4917), 006, 094, 248, 305, 368, 440, 946…Le problème est que, pendant la guerre de Corée, les Coréens du sud n'avaient que des F-51D Mustang qui restèrent en service jusqu'en 1960 (Cf. "Dragonfly squadron" -1954, "Les ailes de l'espérance" -1956). Aucun pilote coréen ne fut lâché en opération, sur jet. Ces F-86 ne furent livrés qu'à partir de 1956, seulement. Notons que pendant la guerre de Corée, le F-86 fut surtout utilisé comme chasseur et plus rarement, vers la fin de la guerre, comme chasseur-bombardier, contrairement au Republic F-84 Thunderjet et au Lockheed F-80C Shooting star qui furent chargés des missions d'attaque au sol.
Un Curtiss Commando C-46 récupère un pilote qui s'est parachuté, selon un procédé mis au point par l'USAAF, lors de la seconde guerre mondiale, mais surtout utilisé par la CIA à partir de 1952, en Asie. A la fin de la guerre de Corée, la ROKAF ne possédait qu'un seul C-46.
Il n'y a pas d'autres avions en vue dans ce film, à part des Republic F-84F Thunderstreak, avec des bouts d'ailes rouges, qui jouent les MiG-15. Il sont issus du film "Flammes sur l'Asie" (1958), la ROK Air Force n'ayant jamais eu de Thunderstreak.
Christian Santoir
*Film rare
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