Rechercher dans ce blog

AU CARREFOUR DU SIECLE

 

AU CARREFOUR DU SIECLE

Vo . THE BEGINNING OR THE END

 

Année : 1947
Pays : Etats-Unis
Durée : 1 h 52 min
Genre : drame
Noir et blanc

Réalisateur : Norman Taurog
Scénario : Robert Considine, Frank Wead
/span>

Acteurs principaux :
Brian Donlevy (Général Leslie R. Groves), Robert Walker (Colonel Jeff Nixon) Tom Drake (Matt Cochran) Beverly Tyler (Anne Cochran ), Audrey Totter (Jean O'Leary), Hume Cronyn (Dr. J. Robert Oppenheimer), Hurd Hatfield (Dr. John Wyatt ), Joseph Calleia, (Dr. Enrico Fermi ), Godfrey Tearle (Président Franklin D. Roosevelt ),Victor Francen (Dr. Marre), Richard Haydn (Dr. Chisholm )

Musique : Daniele Amfitheatrof
Photo : Ray June
Prise de vues aériennes : Paul Mantz
Producteur : Samuel MARX
Compagnie distributrice : MGM

Avions :

  • -Boeing B-29
  • -Douglas C-47
  •  

    Notre avis :

    « Au carrefour du siècle »  est le premier film d’Hollywood à raconter l’histoire complète de la première bombe atomique, de son développement à son lancement. Basé sur une histoire du correspondant de guerre, Bob Considine qui avait déjà écrit celle de « Trente secondes sur Tokyo » (1944), le film raconte de façon romancée, les événements qui conduisirent à la bombe A lancée sur Hiroshima, le 6 août 1945.

    Les origines de ce qui fut connu par la suite comme le projet « Manhattan » commença en 1939 quand les physiciens de l’université de Columbia (New York) réussirent à casser un noyau d’atome et à provoquer une réaction en chaîne libérant une énergie formidable. Quand Albert Einstein fit part au président Roosevelt des implications militaires d’une telle expérience, un programme de deux billions de dollars sur six ans fut aussitôt mis sur pied…Ce projet finira par concerner 25 universités, 37 entreprises et plus de 120.000 personnes dans dix neufs états de l’union, ainsi qu’au Canada. Le 16 juillet 1945, la première bombe atomique est essayée avec succès dans un coin du désert du Nouveau Mexique appelé « Jornada del muerta » (le jour de la mort ) ! Trois semaines plus tard, Hiroshima disparaissait en un éclair, ainsi que plus de 65.000 habitants, ce qui ne suffit d’ailleurs pas à mettre fin tout de suite à la guerre .

    Bien qu’ayant le mérite d’être le premier film à traiter de ce douloureux sujet, le film ne semble pas être à sa hauteur et donne une relation par trop théâtrale et romancée de l’événement. La reproduction de la première réaction en chaîne à l’université de Chicago est authentique et bien réalisée, de même que l’essai critique de la bombe à Los Alamos et son lancement sur Hiroshima. Malheureusement, les scénaristes, dans un réflexe bien hollywoodien, se crurent obligés d’introduire des personnages fictifs et une ou deux intrigues amoureuses qui nuisent à la crédibilité de l’ensemble, d’autant plus que le film utilise les vrais noms des participants de cette page d’histoire : Einstein, Fermi, Oppenheimer, Roosevelt…

    Le tournage commença en mai 1946, soit dix mois après les événements. Comme le gouvernement avait interdit au réalisateur d’aller tourner sur place, le film fut tourné en studio en utilisant en arrière plan des documents filmés de certains lieux importants comme le Pentagone, le laboratoire de physique de l’université de Columbia et les laboratoires de recherches nucléaires de Los Alamos.

    Le film commence par une cérémonie dans un parc national, où on enterre au pied d’un séquoia, une capsule métallique enfermant des témoignages sur la découverte de l’atome et la bombe atomique, et destinée à être ouverte en 2446 ! Puis, après un bref rappel de ce qui s’était passé en Allemagne en 1939, on passe à un laboratoire de l’université de Columbia où des chercheurs, dont Enrico Fermi, réussissent la première réaction atomique en chaîne contrôlée. Cette expérimentation qui permet de libérer une énergie fantastique a des implications très importantes, notamment sur le plan militaire. Le professeur Albert Einstein est désigné pour avertir le président Roosevelt. L’arme atomique signifie la fin de la guerre et il est décidé de l’utiliser, d’autant que les Nazis travaillent également sur le sujet et construisent des fusées susceptibles de porter une bombe atomique. Les principaux industriels du pays sont mis dans le secret et collaborent au projet « Manhattan ». Le général Leslie Groves est chargé de la coordination du programme. Il doit, entre autres, approvisionner les laboratoires avec d’énormes quantités de matériaux rares, uranium, mais aussi argent pour remplacer le cuivre... Des usines sortent de terre comme celle d’Oak Ridge dans le Tennessee, destinée à enrichir l’uranium. Le secret est absolu, même pour les simples ouvriers. Quant aux chercheurs, ils vivent à la base de Los Alamos avec leur famille, comme Mat Cochran et son épouse qui supporte plus ou moins bien cette vie recluse. L’essai de la première bombe a enfin lieu et montre sa colossale puissance dont sont témoins les populations alentours. Le président Roosevelt meurt et c’est son successeur Truman qui prend la décision de lancer la bombe, en prenant en considération l’hécatombe que la poursuite de la guerre entraînera tant chez les Américains, que chez les Japonais. C’est de la base de Tinian dans le Pacifique que le premier bombardier atomique prendra son envol vers le Japon. En s’entraînant à armer la bombe, le jeune Matt est gravement brûlé et irradié ; il meurt rapidement. Le B-29 « Enola Gay » décolle avec la bombe, accompagné de deux autres appareils. La bombe est lancée sur Hiroshima. Le film se termine au pied de la statue de Lincoln, à l’intérieur du Lincoln Memorial à Washington, où la veuve de Matt lit un lettre de son défunt mari parlant de l’espoir que comporte l’utilisation de l’énergie atomique : sera-ce le début d’une nouvelle ère de paix ou la fin de la planète ? « That’s the question » !

    Comme aucun film du lancement de la vraie bombe n’existait, les responsables des effets spéciaux furent obligés de reproduire le départ de la bombe et l’éclair aveuglant de l’explosion avec des projecteurs à arc. Le champignon atomique fut crée en filmant au ralenti un nuage de colorant versé dans un mélange d’eau et de glycérine. L’image fut surimposée sur un écran montrant une scène aérienne. Le tout impressionna tellement les responsables du Pentagone que ce film fut souvent utilisé par la suite dans des films d’entraînement de l’USAF ! Précisons que les conseillers techniques du film étaient des participants du projet Manhattan. Pour des raisons de secret, la forme des bombes ne correspond pas à celle des vrais engins. La première bombe expérimentée à Los Alamos était un grosse sphère ; celle d’Hiroshima « Little boy », était une sorte de cylindre muni d’empennages

    A sa sortie en février 1947, le film fut accueilli tièdement. Le magazine « Life » le jugea pseudo scientifique et lui déniait le droit d’être la véritable histoire de la bombe atomique comme la MGM le prétendait. De son côté, le public américain montra qu’il était saturé de films de guerre et désirait oublier au plus vite les horreurs de ce conflit.

     

    Les avions du film :

    A part un Douglas C-47 vu au début du film, le principal avion est le Boeing B-29 dont on peut admirer deux ou trois exemplaires. Ces appareils avaient été prêtés à la production par la First Motion Picture Unit de l’USAAF à Culver City, un temps commandée par le fameux pilote d’Hollywood, Paul Mantz qui fut chargé des prises de vues aériennes. Des scènes furent filmées à l’intérieur des appareils qui avaient déjà servi pour tourner des films destinés à l’entraînement des équipages. On remarquera les vues du cockpit et du poste du mécanicien. Les avions du film avaient conservé leurs postes de tirs latéraux alors que les vrais avions avaient été allégés au maximum en déposant les tourelles et le blindage, et n’avaient conservé que leurs mitrailleuses de queue. On n’avait donc pas beaucoup de crainte en ce qui concernait la chasse ou la DCA, à 9 600 m, altitude de largage de la bombe, ce qui en dit long sur l‘état de la défense aérienne du territoire japonais en août 1945...

    Ces avions reçurent les décorations des trois B-29 qui participèrent à la mission de bombardement sur Hiroshima : le bombardier piloté par Paul Tibbets, le n° 82 avec le nom de sa mère « Enola Gay » peint sous le cockpit ; le n° 91, l’avion transportant des instruments de mesure, et le n° 89, l’avion des observateurs et des cameramen. Notons que ces deux derniers avions n’avaient pas de « nose arts » au moment de la mission, contrairement à ce qu’on voit dans le film. Ils participèrent également au bombardement de Nagasaki, et ce n’est qu’après, qu’ils reçurent leur surnoms : « The great artiste » pour le B-29 n° 89, et « Necessary evil » pour le n° 91. Ces avions appartenaient au 393° Bombardment Squadron du 509° Composite Group, une unité spécialisée dans le bombardement atomique, et avaient reçu des numéros et des marques d’escadrilles fictives : le code "N" dans un triangle du 393° BS, devint un "R" dans un cercle, comme une escadrille du 6° Bombardment Group.

     

    Christian Santoir

    *Film disponible sur amazon.fr

    Enregistrer un commentaire

    Copyright © Aeromovies. Designed by OddThemes