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AIR FORCE

 AIR FORCE

 

Année : 1943
Pays; Etats-Unis
Durée: 2 h 05 min.
Genre: guerre
Noir et blanc
 

Réalisateur : Howard Hawks
Scénario : Dudley Nichols

Acteurs principaux :

John Ridgely (Capitaine Mike "Irish" Quincannon), John Garfield (Sergent Joe Winocki), Harry Carey (Sergent Robby White), Gig Young (Lieutenant Bill Williams), Arthur Kennedy (Lieutenant Tommy McMartin), Charles Drake (Lieutenant Munchauser), George Tobias (Cpl. Weinberg), Robert Wood (Copilote Peterson), Ray Montgomery (Chester).

Musique : Franz Waxman
Photographie : James Wong Howe, Elmer Dyer, Charles A. Marshall
Producteur : Hal B. Wallis
Compagnie productrice: Warner Bros.

Avions :

  • -Bell P-39D Airacobra  
  • -Boeing B-17B/C/D
  • -Martin B-26 Marauder
  • -North American T-6 Texan 
  • -Republic P-43A Lancer  

 

 Notre avis :

En 1943, les films de guerre tournés à Hollywood prirent un ton plus authentique et réaliste. Le public américain put alors, avec ce film à gros budget, avoir une idée de la façon dont la guerre se déroulait dans les airs. Fait à l’instigation du général « Hap » Arnold, le commandant des forces aériennes des Etats-Unis, et réalisé par l’ancien pilote de la première guerre mondiale, Howard Hawks, le film suit les exploits de l’équipage du B-17 « Mary Ann » pendant les premiers mois de la guerre dans le Pacifique (décembre 1941-mai1942).

« Air Force » est sans doute un des meilleurs films sorti des studios d’Hollywood pendant la guerre. En offrant la coopération de l’USAAF, le général Arnold insista sur le fait que la Warner devait se baser sur les faits réels pour construire son histoire. Le scénariste Dudley Nichols put ainsi consulter les archives des 7th et 19th Bomb Group qui étaient stationnés aux Philippines avant la guerre. En écrivant son scénario, il s’inspira des exploits de certains pilotes du groupe comme le capitaine Colin Kelly, ou le lieutenant Hewitt T. Wheless. William Faulkner, qui n’est pas cité dans le générique, scénariste de plusieurs autres films signés par Hawks, aurait écrit la scène de la mort du capitaine, entouré de ses hommes. Pour les aspects techniques, les capitaines John Coulter et Samuel Triffy furent affectés aux studios pour la durée du tournage. Près de trois millions de dollars et six mois d’un travail intense furent nécessaires pour transformer le scénario en un grand « air epic ». Le tournage commença le 18 mai 1942 après l’approbation du script par l’Armée. L’une des premières difficultés pour Hawks et son équipe, fut de recréer la bataille de la mer de Corail, un des grands moments du film. Avec l’aide du département des effets spéciaux de la Warner, Hawks envoya une équipe de tournage vers Santa Barbara, où toute la bataille fut filmée en utilisant une flottille de bateaux japonais miniatures, certains atteignant néanmoins la taille d’un wagon de chemin de fer... Le tournage se poursuivit dans le studios de Burbank. La maquette grandeur de B-17 employée dans «I wanted wings » (1941) fut louée à la Paramount pour les scènes en studios. Pendant ce temps, le tournage des scènes aériennes étaient organisé avec les autorités de Washington. Les restrictions sur les vols au dessus de la côte californienne, et la volonté d’Hawks de reproduire le plus fidèlement possible la zone de combat du sud Pacifique, amena la production à filmer tous les extérieurs en Floride.

Le 24 juillet 1942, la production se déplaça vers la base de l’Armée de Drew, près de Tampa, en Floride. Situé au bord de la baie de Tampa, Drew était une base d’entraînement de la 3rd Air Force pour les équipages devant être envoyés outre mer, et devint le site principal de tournage pour toutes les scènes aériennes, ainsi que pour les séquences prises au sol. Travaillant en relation avec les autorités de la base, les capitaines Coulter et Triffy réquisitionnèrent près d’une trentaine d’appareils. De Hendrick Field, à Sebring (Floride,) arrivèrent dix B-17 qui furent les vedettes du film. Drew Field fournit les chasseurs servant aux programmes d’entraînement : P-39, P-40 et P-43. En dépit d’une directive interdisant cette pratique, une demi douzaine de B-26 du 397th Bomb Group de la base de Mac Dill, et un même nombre de P-43 et de T-6, furent repeints aux couleurs japonaises pour la durée du tournage.

Paul Mantz, dont c’était le dernier travail avant son enrôlement dans l’USAAF, fut chargé des prises de vues aériennes avec ses trois avions, le Lockheed Orion, le Boeing 100 et le Stinson A, d’où filma Elmer Dyer. Le film se déroula sans incident majeur, bien que le capitaine Triffy confiât plus tard, que Hawks était impitoyable, et que s’il avait pu saboter un avion pour provoquer un accident devant les caméras, il l’aurait fait ! Le film de Hawks fut d’ailleurs salué pour son authenticité et son réalisme rarement atteint jusqu’ici…

L’histoire commence à Hamilton Field près de San Francisco, le 6 décembre 1941. Plusieurs B-17, dont le « Mary Ann », doivent rallier Hawaï. Pendant les premières heures du 7 décembre 1941, l’équipage capte l’annonce du raid japonais sur Pearl Harbor. Atterrissant à Hickam Field, il trouve la base en ruines, et se dépêche de ravitailler pour redécoller vers l’île de Wake où la situation est tout aussi critique. Le « Mary Ann » est finalement dirigé vers les Philippines, où son équipage aura au moins une chance de combattre. Parvenant à destination, l’avion est armé et décolle pour sa premier mission de bombardement. Trois bateaux japonais sont coulés, mais la Forteresse volante est touchée ; l’équipage doit évacuer, à l’exception du pilote, le capitaine Quincannon, et d’un mitrailleur qui ramènent l’avion à Clark Field. Le capitaine meurt de ses blessures. Ignorant les ordres visant à brûler l’appareil afin qu’il ne tombe pas dans les mains ennemis, l’équipage travaille toute la nuit pour réparer les dégâts de leur avion. Décollant alors que les troupes japonaises ont atteint les abords du terrain, le « Mary Ann » repère un convoi japonais se dirigeant vers l’Australie et dirige vers lui les bombardiers américains. Sa mission accomplie, le bombardier héroïque parvient à se poser en catastrophe sur une plage australienne où l’équipage se regroupe pour poursuivre la lutte contre l’ennemi. Prochain objectif : Tokyo !

Le film est lourdement chargé de propagande, et veut à l’ évidence « casser du Jap ». En 1942, le vent avait tourné depuis la victoire de Midway, et les Américains s’étaient rendus compte que les Japonais n’étaient pas invincibles. On sent dans « Air Force » une volonté d’effacer les débuts calamiteux de la guerre pour les Etats-Unis, car la réalité fut bien différente des exploits de l’équipage du « Mary Ann ». L’attaque du croiseur japonais « Haruna » vue dans le film, fut basée sur une attaque réelle effectuée par Colin Kelly avec son B-17, basé à Clark Field, le 9 décembre 1941. Mais la cible n’était pas le « Haruna » (coulé en 1945) et le bateau attaqué ne fut pas coulé. Cependant dans la pagaille ambiante, et devant le niveau des pertes américaines, le quartier général aux Philippines « voulut » croire que les faits étaient exacts, et Kelly devint un héros. Quant au bombardement de Tokyo, il avait effectivement eut lieu peu avant le tournage, par les B-25 de Doolittle ; mais il faudra attendre trois ans avant de revoir des bombardiers américains (et pas des B-17) dans le ciel de la capitale nipponne.

L’arrivée de Forteresses volantes non armées à Pearl Harbor en pleine attaque japonaise, est un fait réel, les opérateurs radar ayant d’ailleurs pensé que les avions japonais détectés étaient en fait les B-17  attendus! Par contre, les B-17 se montrèrent dans les combats contre les forces d’invasion japonaises, d’une inefficacité totale, étant trop peu nombreux et de plus, mal adaptés aux missions qu’on leur confia. Dans la panique, les Américains abandonnèrent, à Java et aux Philippines, des Forteresses volantes (B-17D et E) pratiquement intactes, que les Japonais s’empressèrent d’étudier. C’est d’ailleurs ce qui manque d’arriver à «Mary Ann» dans le film !

Côté bataille maritime, le premier combat de la mer de Java fut désastreux pour les Alliés. La bataille de la mer de Corail (4-8 mai 1942) ne fut pas exactement une victoire américaine, le porte avions USS « Lexington » ayant été coulé. Néanmoins, les Japonais ne purent débarquer à Port Moresby (Nouvelle Guinée), et l’expérience acquise fut précieuse lors de la bataille de Midway, un moins plus tard.

Enfin, un an après les faits, le film véhicule un sentiment anti-japonais très fort. Des Japonais tirent sur l’équipage d’un B-17 à Maui; à Hickam Field, le commandant indique que des camions de civils japonais ont détruit toute une rangée de P-40, juste avant l’attaque. On n’établit plus tard, qu’à l’exception d’un incident dans l’île de Kauai, il n’y eut aucun sabotage effectué par la population japonaise d’Hawaï qui resta loyale dans sa très grande majorité…

Le tournage s’acheva le 26 octobre 1942. La première eut lieu le 3 février 1943 au Radio City Music Hall de New-York. Les critiques furent unanimement bonnes et le film fut nominé pour plusieurs Oscars. Le public fut également au rendez-vous et « Air Force » fut le grand succès de la Warner pour 1943, même auprès des militaires qui savaient pourtant de quoi il retournait.

 

Les avions du film :

Le film met une fois de plus en valeur le Boeing B-17, comme « Flying fortress » (1942) avant lui ; il s’agit d’ailleurs à peu près des mêmes types. Les dix B-17 fournis par l’USAAF sont un mélange de types B, C et D, tous stationnés à Sebring. Le serial de la Forteresse n° 10 « Mary Ann » est faux ; « 05564 » (s/n 40-5564) ne correspond à rien, les B-17D ne dépassant pas le numéro 40-3100. Le seul vrai serial apparaît furtivement au début du film (quand le mitrailleur Winocki embarque), sur la dérive du n°15 : 9001 (s/n 39-001) ce qui en fait un B-17B. Bien que ressemblant à un B-17D avec sa gondole ventrale et ses « blisters » plats, le « Mary Ann » serait plutôt un B-17B mis au standard B-17C, mais ayant conservé sa coupole transparente située à droite du cockpit (et non au centre, comme sur les B-17D), ainsi que les prises d’air des radiateurs d’huile et les échappements de l’ancien modèle. Quant au vrai serial de cet appareil, il reste un mystère. Si on prend en considération les serial des B-17B, ce pourrait être le serial 38-584 (les chiffres 8584 pouvant être facilement maquillés en 5564) mais ce n’est que pure spéculation... Après le film, le « Mary Ann » participa à une tournée de propagande à travers les Etats-Unis.

Il semblerait exact que, comme dans le film, on installa en unité, une mitrailleuse dans la queue de l’appareil pour couvrir cet angle mort. Mais le mitrailleur ne devait pas être très grand…

Les autres avions du film ne correspondent pas à ceux mis en œuvre sur les théâtres indonésien et philippin au début de 1942. Les Bell P-39D Airacobra (dont les s/n 41-28378 et 41-28345) sont bien représentés, mais ils n’entrèrent en action qu’en avril 1942, en Nouvelle-Guinée, aux cotés de Martin B-26 Marauder que l’on voit décoller dans le film. Six Marauders de la base de Mac Dill servirent également de bombardiers japonais. Ils figureront ainsi dans le film «A guy named Joe» (1943). On aperçoit également un North American T-6 Texan (s/n 40-3143) qui se fait abattre par un P-43 japonais…Le tournage utilisa dans ce rôle de trois à cinq Republic P-43A Lancer de la base de Drew Field.

Cette petite armada fut complétée par des maquettes de B-17C ou E . Lors de son atterrissage forcé sur la plage, le « Mary Ann » est doublé par une maquette de B-17E. Il y a également des maquettes de P-40 et de P-35, plus d’autres maquettes non identifiées figurant des chasseurs japonais. Le cockpit d’un SB2U-1 construit à l’origine pour « Dive bomber » (1941), apparaît à la fois comme le cockpit d’un chasseur japonais, et celui d’un bombardier en piqué américain.

Des films d’actualité furent également inclus dans le film, montrant des scènes de combat naval, dont le chavirement d’un navire de guerre qui pourrait bien être le « Szent Istvan », un croiseur austro-hongrois coulé lors de…la première guerre mondiale ! Sur ces films, il y a aussi plusieurs types d’avions issus de documentaires de l’US Navy ou de l’USAAF : Grumman F4F-3 Wildcat et Brewster F2A Buffalo du porte-avions USS « Enterprise », des TBD et SB2U du film « Dive bomber » (1941), des P-36, et des Lockheed Hudson de « Captains of the clouds » (1942).

 

Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.fr.

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